À la fin de 1944, la Hongrie demeure l'un des seuls alliés duTroisième Reich. Des efforts désespérés sont donc entrepris pour conserver dans l'alliance allemande ce pays dont les richesses sont nécessaires au Reich et à son effort de guerre, d'autant plus que la dernière raffinerie de pétrole de l'Axe encore intacte se trouve dans le sud-ouest du pays.
Troisième front ukrainien (maréchalFiodor Tolboukhine, commandant aussi les troupes roumaines du général Teodor Tulaş[N 1]) :31 divisions d'infanterie, 1 corps blindé, 2 corps mécanisés, 1 corps de cavalerie, 1 brigade d'infanterie.
Armées
Les armées soviétiques qui participèrent à cette bataille sont:
À ces unités terrestres s'ajoutent les forces aériennes duroyaume de Hongrie, recomposées entre l'automne et l'hiver1944, puis renforcées au fil des mois. Ainsi, le royaume aligne 32 escadrilles de chasse dans la défense de sacapitale[4].
Le, Rodion Malinovski envoie deux émissaires pour négocier la capitulation de la ville. Ces émissaires ne reviendront jamais. Plusieurs hypothèses sont envisagées. Certains historiens anglais et hongrois pensent que les émissaires ont été exécutés. D'autres pensent qu'ils ont été accidentellement tués sur le chemin du retour. En tout cas, les commandants soviétiques considèrent cet acte comme un refus et commencent le siège de la ville.
Pour le Reich, le contrôle de la Hongrie, appuyé sur un régime totalement soumis, constitue un élément stratégique pour la conduite de la guerre.
La plaine hongroise est en effet productrice d'hydrocarbures et constitue, à l'automne 1944, la dernière source d'approvisionnement accessible pour le Reich. En effet, depuis la perte des gisements roumains duPloesti, en, leroyaume de Hongrie fournit la majeure partie des hydrocarbures nécessaires à l'effort de guerre du Reich[6].
De plus, Budapest et la Hongrie occidentale constituent le dernier rempart avant la conquête de l'Autriche, que Hitler et Jodl privilégient, au détriment de la Prusse et de l'Allemagne orientale, chères àGuderian[7].
Le, l'Armée rouge et lesforces roumaines commencent leur offensive surBudapest. Les troupes germano-hongroises multiplient les contre-offensives afin de tenter d'éloigner l'Armée rouge de la capitale hongroise[5]. Plus de 1 000 000 d'hommes se divisent en deux corps se ruant en direction de la ville, dans le but de la couper du reste des troupes germano-hongroises, concentrées dans l'Ouest du pays. Le caractère massif de ces opérations menées par les Soviétiques et les Roumains en Hongrie induit les services de renseignement allemands en erreur : enoctobre, puis ennovembre 1944,Gehlen propose une analyse faisant de la poussée soviétique dans la plaine hongroise l'une des tenailles destinées à écraser le Reich dans les délais les plus rapides[8].
Plaque commémorative du ghetto de Budapest voué à la famine et à l'extermination par l'occupant nazi et les Croix Fléchées, libéré par l'Armée rouge le 18 janvier 1945. Plaque apposée pour lacommémoration de la Shoah le 16 avril 2018.
Les Juifs ayant survécu aux déportations du printemps et de l'été précédent vivent regroupés dans deux ghettos, l'un peuplé de 32 000 Juifs hongrois, l'autre, le ghetto international, peuplé de 150 000 Juifs officiellement ressortissants d’États neutres, placé sous la protection précaire de diplomates suisses, suédois, portugais et espagnols[9].
Cinquante mille Juifs sont alors évacués vers Vienne au cours de marches forcées, encadrées par des gendarmes hongrois, puis, dans le Reich, des SS allemands, dans le but d'ériger des fortifications dansVienne, elle aussi menacée par l'Armée rouge[10]. Organisés en bataillons de travail, 35 000 Juifs et plusieurs milliers deRoms restant à Budapest sont alors affectés à la construction de lignes de défense ; ces Juifs et Roms deviennent alors la cible privilégiée des Croix fléchées, qui les assassinent en grand nombre lors de leur retraite vers la ville[11], malgré des velléités de protection de la part du gouvernement militaire de la cité assiégée[10]. Rendus furieux par les défaites essuyées par les armées allemandes et hongroises, les escadrons du parti des Croix fléchées assassinent par fusillade, sur les berges du Danube, ou par noyade les Juifs de la ville assiégée, ainsi que les Roms, les opposants au régime fasciste et les soldats qui refusent de combattre ; les corps sont abandonnés sur place ou jetés dans le fleuve[12].
362 050 soldats soviétiques reçurent cette médaille (Pour la Capture de Budapest) établie le par décret duPræsidium du Soviet suprême.
L'offensive soviéto-roumaine débute dans les quartiers est, avançant à traversPest, profitant des larges avenues centrales pour accélérer la progression. Les défenseurs allemands et hongrois, écrasés, essayent de gagner du temps. Finalement ils se retirent pour raccourcir leurs lignes, en espérant tirer profit de la nature accidentée deBuda.
Après l'offensive des Ardennes, le haut-commandement allemand procède à un dernier renversement des priorités, redéployant ainsi ses troupes face aux Soviétiques. Dans le cadre de ce changement stratégique, les unités demandées par Guderian depuis l'automne sont déployées en Hongrie[N 2],[13]. Les Allemands décident d'organiser plusieurs offensives pour débloquer Budapest et sécuriser les puits de pétrole hongrois, dernière source d'approvisionnement du Reich en hydrocarbures[13]. Au mois dejanvier 1945, les Allemands lancent trois offensives successives, sous le nom d'opération Konrad. Les opérations Konrad I, II et III constituent des tentatives germano-hongroises pour libérer la garnison encerclée deBudapest.
Le1er janvier, l'opération Konrad I est lancée. La3e Panzerdivision SS Totenkopf allemand attaque deTata à travers le terrain accidenté du nord deBudapest pour briser le siège soviétique. Simultanément, des forcesWaffen-SS frappent à l'ouest deBudapest tentant d'obtenir un avantage tactique. Le, le commandement soviétique envoie quatre divisions de plus pour contenir la menace. Cette action soviétique bloque l'offensive près deBicske, à moins de20 kilomètres au nord deBudapest. Le 12 janvier, les Allemands sont forcés de reculer.
Après l'échec de ces deux tentatives, les Allemands ne s'avouent pas encore vaincus. À partir du 11 janvier, dans le plus grand secret, le IV.SS.Panzer Korps du général Gille est envoyé un peu plus au sud pour lancer une dernière offensive pour sauver la garnison de Budapest, Konrad III. A priori, l'Axe a regroupé un ensemble de troupes impressionnant pour lancer son offensive, il regroupe ainsi 3 corps d'armée :
le IV SS Panzer Korps avec deux divisions SS : laWiking et laTotenkopf ;
L'offensive est lancée le 18 janvier, au matin, par une aube froide et brumeuse. Contre toute attente, les assaillants ouvrent rapidement une brèche à travers les champs de mines, les combats sont âpres, notamment autour de la ville deSzékesfehérvár. Le lendemain l'offensive se poursuit. Le premier moment de surprise passé, les Soviétiques se ressaisissent et préparent des contre-attaques. Mais le 20, leur contre-attaque blindée échoue et les forces de l'Axe continuent de progresser vers le Danube, qui est atteint ce même jour par la3e Panzerdivision, semant la panique dans les arrières soviétiques. Le 22, Szekesfehérvar finit par tomber, mais la garnison réussit à s'échapper. Cependant ces succès ne peuvent masquer l'état déplorable des unités allemandes, déjà en sous-effectif avant le début de l'offensive. Le 22, elles ne comptent plus que 123 blindés pour toutes les unités engagées, dont 27 pour les deux divisions SS, sans compter les charsTigre. Néanmoins les Allemands reçoivent le renfort d'une petiteAbteilung de 36 charsPanther qui vient renforcer les SS et leur permet de poursuivre leur offensive vers Budapest. Mais les Soviétiques ont rassemblé des réserves et contre-attaquent avec 2 corps mécanisés de la Garde et un corps blindé composé de chars soviétiques T-34/76.
Les troupes allemandes sont à bout de souffle, mais le 24 les SS parviennent à repousser les assauts soviétiques. Même incomplètes, les unités allemandes gardent une impressionnante efficacité guerrière qui leur permet de continuer à avancer. Ladivision SS Wiking s'empare de deux têtes de pont sur la rivière Vali, mais ne peut les exploiter immédiatement, faute de réserves. Les Allemands ne sont plus qu'à 30 km de Budapest et de sa garnison encerclée. Le 25, laTotenkopf et la1re Panzerdivision percent les lignes soviétiques à Petend, mais doivent reculer dès le 26, car les positions conquises sont la cible de contre-attaques puissantes.
Les Allemands sont à bout de force et le 27, les Soviétiques lancent une offensive qui force les Allemands à abandonner les positions conquises durant Konrad III. La garnison de Budapest, qui ne tient plus que Buda[14], sans plus aucun espoir de secours, se rend le 13 février. L'Axe perd ainsi près de 190 000 soldats aguerris : 138 000 partent en captivité, 50 000 ont été tués dans les combats à l'extérieur et l'intérieur de la ville assiégée[15]. Seuls 750 survivants arrivent à s'échapper de la ville.
Quelques jours après avoir pris la ville, les soviétiques décrètent un moratoire de trois jours durant lesquels la loi ne s'applique plus, et ce afin que les populations affamées puissent prendre ce qu'ils veulent dans les magasins et les entrepôts. L'armée rouge se lance quant à elle à la recherche de bijoux et autres richesses. Le pillage continue ensuite plusieurs jours[16].
Dans les jours et les semaines qui suivent la prise de la ville, des civils sont capturés par les soldats soviétiques, qui leur annoncent avoir besoin d'eux pour faire dumalenkirobot (du « petit travail »)[17]. Il s'agit en fait de les emmener vers l'Union soviétique, où ils sont mis au travail forcé afin de reconstruire le pays[18].