L'ombre desMongols pèse sur la région après leurinvasion de la Géorgie (1220) et au moment dutraité de Jaffa (1229), mais la menace qu'ils représentent puis leur raids se transforment en présence écrasante après que legrand khanMöngke ordonne en 1253 à ses frères de conquérir le monde. L'ouest échoit àHoulagou Khan, et après avoir conquis l'Irak ducalifat abbasside en prenantBagdad en 1258, et laSyrie (prise d'Alep en mars 1260, puis de Damas), il menace le Proche-Orient et l'Égypte. Mais la mort de Möngke fin 1259 perturbe le déroulement de la campagne mongole ; Houlagou se replie surTabriz, ne laissant en Syrie qu'une partie de l'armée sous le commandement du généralKetboğa.
LeRoyaume de Jérusalem desCroisés existe encore sur la côte (comté de Tripoli, et une bande côtière de Jaffa à Sidon), mais il n'est pas moins hostile aux Mongols qu'aux Mamelouks. LepapeAlexandreIV avait interdit l'alliance avec les Mongols, qui viennent en outre de ravager les environs deSidon en représailles à une opération de razzia deJulien de Sidon. La route directe entre l'Égypte et Damas est sous leur contrôle, mais ils laisseront passer les Mamelouks, dont le sultanSayf ad-Dîn Qutuz a décidé d'attaquer lesMongols après avoir rejeté leurs offres de négociation (de soumission) et exécuté les ambassadeurs.
L'avant-garde égyptienne quitteLe Caire pour la Syrie le.
Les troupes de l'il-khan mongol avec à leur tête le gouverneur de la région,Ketboğa, vont à leur rencontre, avec quelques auxiliairesarméniens etgéorgiens qui leur étaient inféodés, et sans attendre des renforts. L'affrontement a lieu en Palestine, quelques kilomètres à l'ouest d'Afoula dans la vallée de Jezréel, àMaayan Harod (“Source d'Hérode” ; Aïn Djalout en arabe, “Source de Goliath”), le (25ramadan 658AH).
Au premier assaut, lesMamelouks s'enfuient, attirant lesMongols vers le fond de la vallée dont les hauteurs sont occupées par des unités d'infanterie recrutées localement.
Lorsque Ketboğa se rend compte du traquenard, il stoppe la poursuite et fait manœuvrer le gros de ses troupes. Tandis que ses premiers rangs s'enfoncent dans l'avant-garde mamelouke, ses cavaliers légers opèrent un mouvement tournant vers les collines deGalilée afin d'attaquer l'aile gauche de son ennemi.
L'avant-garde mamelouke est décimée, mais le gros des forces parvient à décrocher. Durant une grande partie de la matinée, la bataille est confuse, lesultan tente de reformer son aile gauche en y transférant des hommes de l'aile droite et en lançant des assauts violents.
Galvanisés par les appels dusultan qui monte en première ligne avec sa garde personnelle, les Mamelouks réussissent à tenir devant l'armée mongole et la mettent en échec.
Ketboğa tente de rétablir la situation qui tourne à son désavantage, mais en vain ; il est contraint de reculer jusqu'au village de Boisin près duJourdain. Les Mamelouks donnent un dernier assaut, qui oblige les Mongols et leurs alliés à s'enfuir. En ce qui concerne Ketboğa, on ignore s'il est tué durant ce dernier combat ou s'il est faitprisonnier puis exécuté.
Cette première grande défaite des Mongols marque la fin de leur avance vers l'ouest. Par la suite, d'autres tentatives mongoles pour s'emparer de la Syrie échoueront, définitivement après labataille de Marj as-Suffar opposant de nouveau les Mongols aux Mamelouks en 1303.
Cette victoire augmente grandement le pouvoir des Mamelouks, lesquels conserveront le contrôle de la Palestine et de la Syrie jusqu'à laconquête ottomane en 1516.