Avec 47 459 habitants (recensement de 2022), Bastia est la deuxième commune la plus peuplée deCorse aprèsAjaccio. Elle est la capitale de laBagnaja, pays du nord-est de l'île, s'étendant entre le cours duGolo et leCap Corse.
Sa situation géographique face à lapéninsule italienne a fait de la ville la plaque tournante du commerce insulaire pendant la période dedomination génoise sur l'île. Jusqu'au milieu duXXe siècle, elle est la principale ville de l'île avant d'être devancée parAjaccio. Elle fut lapréfecture dudépartement unique de 1790 à 1792 puis du département duGolo de 1796 à 1811. Elle est la deuxième ville portuaire insulaire à subir unsiège pendant laRévolution française. Après la proclamation duRoyaume anglo-corse, elle est choisie au détriment deCorte comme capitale du royaume. Bastia est la première ville insulaire à être occupée par l'Armée royale italienne après le succès de l'opérationTorch qui voit le débarquement des Alliés enAfrique du Nord. Elle est également la dernière à être libérée, le, ce qui marque la fin de lalibération de la Corse.
La ville se situe au nord-est de laCorse, à la base duCap Corse entre les montagnes et lamer Tyrrhénienne[1]. Sa situation géographique, notamment la proximité avec l'île d'Elbe et les côtes italiennes, fait de Bastia le principal port de l'île et le principal centre d'activités économiques.
La commune se situe dans la Corse Alpine (orientale)[Note 1] laquelle est formée par« une succession d’unités autochtones (terrains en place), para-autochtones (terrains faiblement déplacés) et surtout allochtones (terrains fortement déplacés). Les deux premières coïncident grossièrement avec la dépression centrale. L’allochtone, appartenant essentiellement à la zone des schistes lustrés et des ophiolites, correspond aux reliefs orientaux (Cap Corse et Castagniccia) »[2].
Son sol repose sur un socle en partie granitique (granites leucocrates Hercynienne, roches claires), qui a été recouvert des nappes océaniques de :
roches sédimentaires (Miocène àQuaternaire) de la côte orientale, qui vont depuis l'embouchure du ruisseau de Lupinu au nord jusqu'à l'embouchure du Travu au sud,
Bastia se caractérise par sa position entre la mer et la montagne. La commune se situe sur le flanc oriental de la « Serra di Pignu », une montagne qui culmine à 957 m d’altitude[3]. Cette montagne pentue forme avec d’autres collines bastiaises le relief typique duCap Corse. Ce relief prononcé explique en grande partie le développement de la ville sur une bande côtière d’environ 1,5 km de largeur, soit une partie très limitée des 19,38 km2 que compte la commune.
Bastia se situe sur le versant méridional de l'arête formant le Cap Corse, la chaîne de la Serra-di-Pignu. Plusieurs ruisseaux ont profondément creusé une série de petites vallées au fond desquelles coulent de petits ruisseaux, si bien qu'elles en portent les noms de : vallée du Lupinu, vallée du Fangu, vallée du Toga, vallée du Griscione, vallée du Miomu, etc.
Source :Météo-France, données sur la période 1981-2010
Nuage lenticulaire au large de Bastia.
La commune est concernée par deux étages de végétation qui sont l’expression d’un climat mais aussi d’une flore :
Étage thermoméditerranéen (de1 à 100m d’altitude aux adrets). Cet étage se caractérise par une saison estivale sèche de deux à trois mois qui favorise l’olivier sauvage, l’asperge blanche, le lentisque, l’euphorbe arborescente, la clématite, etc.
Étage mésoméditerranéen (de100 à 1 000m d’altitude aux adrets, de0 à 700m aux ubacs). Cet étage aux températures plus fraîches, est caractérisé essentiellement par le chêne vert, les maquis à bruyère et arbousier mais aussi par le chêne liège et le pin maritime (adret), le chêne pubescent (ubac), le châtaignier ou encore la lavande, le genêt, les cistes et le lentisque[8]. Sur les hauteurs, entre des roches à nu, la végétation est rase, balayée par les fréquents et violents vents d'ouest et du sud-ouest (libeccio) qui se renforcent en franchissant la ligne de crête de la Serra di Pigno et dévalent le long des vallons jusqu'à la mer, formant de remarquablesnuages lenticulaires au large de Bastia.
Il existe trois routes principales donnant accès à Bastia :
par le sud, avec laRT 11 (ex-RN 193), dont une portion d'environ 23 km est à 2 × 2 voies jusqu'à Arena-Vescovato depuis l’inauguration en janvier 2013 de la voie expresse Borgo-Vescovato. C'est l'axe routier majeur de la région bastiaise car elle relie directement ou indirectement la ville de Bastia aux autres villes corses (Ajaccio,Corte,Porto-Vecchio,Calvi…) tout en passant par les communes du sud de l'agglomération bastiaise telles queFuriani,Biguglia,Borgo etLucciana où se situe l'aéroport de Bastia-Poretta. Cette route est aussi appelée laRoute du front de mer à partir du quartier de Montesoro car elle longe le bord de mer, jusqu'au tunnel du Vieux-Port qui passe sous la citadelle et le Vieux-Port. Cette route s'achève àAjaccio ;
Port de commerce de Bastia.Navire mixte de la compagnieCorsica Linea.Le phare de la jetée du dragon et la citadelle.
Malgré ses dimensions restreintes, le port de Bastia est le plus fréquenté des ports français de lamer Méditerranée ; 2 291 944 passagers en 2011[11]. Cela en fait le deuxième port français derrièreCalais (environ quinze millions de passagers).
- Dessertes
Les principaux ports desservis sont (Source : CCI Haute Corse - Statistiques Portuaires 2011)[11] :
Le trafic national s'élève à 52 % contre 48 % pour l'international (avec l'Italie).
Nombre de passagers par mois transitant par le port de Bastia en 2011[11].
- Évolution mensuelle
Comme le montre le diagramme ci-contre, le trafic de navires et de passagers est caractérisé par une « saisonnalité » très marquée. Cela est explicable par l'importance du tourisme estival pour l'économie de la Corse. Ainsi, le trafic est multiplié par onze entre les mois les plus creux de la hors-saison (novembre-mars) et les mois les plus importants de la haute-saison (juillet-août). Cette saisonnalité a un impact très fort sur la ville de Bastia, comme sur toute la Corse. En effet, la ville se doit d'être dotée d'infrastructures nécessaires capables d'accueillir un tel nombre de passagers bien que cela soit pour une courte durée chaque année.
Au, Bastia est catégorisée centre urbain intermédiaire, selon la nouvelle grille communale de densité à sept niveaux définie par l'Insee en 2022[12].Elle appartient à l'unité urbaine de Bastia[Note 2], une agglomération intra-départementale regroupant sept communes, dont elle estville-centre[Note 3],[13],[14]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Bastia, dont elle est la commune-centre[Note 4],[14]. Cette aire, qui regroupe 93 communes, est catégorisée dans les aires de 50 000 à moins de 200 000 habitants[15],[16].
La commune, bordée par lamer Méditerranée, est également une commune littorale au sens de la loi du, diteloi littoral[17]. Des dispositions spécifiques d’urbanisme s’y appliquent dès lors afin de préserver les espaces naturels, les sites, les paysages et l’équilibre écologique dulittoral, tel le principe d'inconstructibilité, en dehors des espaces urbanisés, sur la bande littorale des 100 mètres, ou plus si leplan local d’urbanisme le prévoit[18].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de labase de donnéeseuropéenne d’occupationbiophysique des solsCorine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des forêts et milieux semi-naturels (55,6 % en 2018), néanmoins en diminution par rapport à 1990 (58,1 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (52,6 %), zones urbanisées (38,9 %), zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication (3,2 %), espaces ouverts, sans ou avec peu de végétation (3 %), zones agricoles hétérogènes (2,3 %), eaux maritimes (0,2 %)[19]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : lacarte de Cassini (XVIIIe siècle), lacarte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Carte des infrastructures et de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).
Le Vieux-Port de Bastia, encorseU Vechju Portu, est situé dans une remarquable anse étroite qui offre une bonne protection naturelle contre les aléas météorologiques de la Méditerranée. Il a donc été au cœur du développement initial de la ville.
De nos jours, il héberge toujours de nombreux navires de plaisance et de pêche, mais il n’est plus aussi économiquement indispensable à la ville que les autres ports plus modernes, bien que son attrait touristique et esthétique en fait un emblème presque officiel de la ville de Bastia. De fait, de nombreux bar-cafés et restaurants se sont installés sur ses quais dont la mairie restreint l’accès aux piétons en période estivale.
Un peu plus au nord se trouve le port de commerce de Bastia. Atout économique majeur, le port de commerce est le pouls de la ville de Bastia. Ceci est d’autant plus vrai en période estivale, durant laquelle les arrivées et départs de milliers de passagers et véhicules peuvent parfois causer de longs embouteillages tout le long de l’axe routier nord-sud, laroute territoriale 11, malgré l'existence du tunnel sous le Vieux-Port. Le rocher du Lion, qui fermait l'anse au Sud et rendait dangereux l'accès au port, fut détruit en 1860.
Face au port de commerce, la grandeplace Saint-Nicolas représente le cœur de la ville. Juxtaposé au nord du port de commerce, leport de plaisance de Toga « à cheval » surVille-di-Pietrabugno et Bastia, héberge de nombreux bateaux, tels que voiliers et yachts. Il existe aussi quelques bars, restaurants et discothèques sur ses quais.
Le centre-ville et les agglomérations périphériques
Aujourd'hui, le centre-ville regroupe principalement la citadelle (aussi appeléeTerra Nova) avec le palais des Gouverneurs, le Vieux-Port avec son quartier avoisinant et la place du marché (Terra Vecchia) , et enfin l'ensemble d'immeubles le long du boulevard Paoli, principale artère commerciale de la ville, qui s'étend du Palais de Justice jusqu'à l'avenue du Maréchal-Sebastiani. Le centre bénéficie duProgramme national de revitalisation des quartiers anciens dégradés (PNRQAD)[20].
Ces dernières décennies, Bastia et sa région se sont développées au travers d'une forte croissance démographique, qui pousse désormais hors des limites communales, en raison du site trop enserré de la ville-centre.
Le quartier de Saint-Antoine est un quartier résidentiel dans le nord de la ville. Il abrite le couvent de Saint-Antoine. Il est aussi un axe entre la ville de Bastia, Cardo et de Saint-Florent.
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La place du Marché était autrefois la place très animée de la ville. Autour de cette place, on trouve l'égliseSan Ghjuvà, l'ancien Hôtel de Ville, la maison Suzzoni.
C'est le quartier le plus ancien de Bastia. Avant la fondation de la ville, c'est là qu'était située la marine de pêcheurs du village de Cardu. La marine s'appelait alors Portu Cardu. La fondation de laCitadelle par les Génois en 1380 a donné lieu à une nouvelle appellation : la ville basse, c'est-à-dire le Vieux-Port,Terra Vechja, et la ville haute,Terra Nova.
Le quartier de Saint-Joseph est un quartier populaire et particulièrement ancien. Il abrite l'église Saint-Joseph, le collège de Saint-Joseph. Il est aussi un axe important nord-sud de la Ville, connectant les quartiers du centre-ville, de Toga et du Fango aux quartiers sud.
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Paese Novo est unquartier résidentiel dominantMontesoro, sur l'ancienne « route Impériale » qui contourne la ville par ses hauteurs. Le Centre hospitalier de Bastia est implanté dans ce quartier.
Montesoro est un autrequartier résidentiel au sud de Bastia. Il se présente par de grands ensembles d'immeubles récents avec de nombreux commerces. Montesoro abrite de grands établissements scolaires : lycées technique et professionnel, collège d'enseignement secondaire.
Erbajolo est un autrequartier à l'extrémité méridionale de la commune. Elle marque le début de zone industrielle au sud de l'agglomération bastiaise. S'y trouve la plus grande surface commerciale de la ville (E.Leclerc Grand Bastia), un stade de football.
Bastìa signifie encorse« poste fortifié »[22]. Pendant longtemps, le port ne sera qu'un point d'appui génois sur les côtes corses[23]. Enitalien,Bastia ouBastita signifie« retranchement » ou« bastide », ce qui indique la fonction militaire que la ville à longtemps occupé[24].
Les seules traces de présence humaine dans la région seraient les ossements d'unlièvre appeléLagomys corsicanus et quelques débris humains dans le quartier de Toga, qui dateraient dunéolithique[25]. Le géographe grecPtolémée mentionne une cité de Mantinon dont aucune trace ni aucune information n'est parvenue auxarchéologues et auxhistoriens[22].
Au début duXIVe siècle, il n'y avait dans la région qu'une chapelle pisane en l'honneur deSaint-Nicolas[22]. À l'époque, Gênes est en conflit avec leroyaume d'Aragon pour la possession de l'île, Gênes ayant pris pied dans leDeçà des Monts et l'Aragon dans leDelà des Monts. La ville est fondée en 1383 parLeonello Lomellini, l'un des deux gouverneurs envoyés sur l'île par larépublique de Gênes en 1370, en réponse à la mainmise aragonaise sur le nord de l'île[26], avec l'apport financier de laMaona, une association de riches propriétaires génois[27]. L'emplacement est choisi pour tenir compte des possibilités d'aménager le territoire environnant[22]. La ville est prise parVincentello d'Istria en 1405, avant d'être reprise par Gênes deux ans plus tard grâce au cousin de Vincentello, Francesco della Rocca, qui est d'ailleurs tué pendant le siège de la ville[28].
La ville connaît un développement dès lors que Gênes à délégué la gestion des affaires de l'île à une banque privée génoise, l'Office de Saint Georges[29]. En 1453, le gouverneur de l'île quitteBiguglia pour s'installer à Bastia[30]. Néanmoins, sa situation géographique ne lui est pas favorable — notamment pour la navigation — au point qu'en 1484, l'Office de Saint Georges proposa des exemptions fiscales pour les familles génoises qui s'installeraient dans la ville autour de la forteresse[31],[32]. En 1605, le papeClément VII accorde à la ville le titre deCivitas.Gênes en fait une ville de garnison en 1613[30]. Cependant, comme les autres villes de l'île, le développement reste limité. Comme les autres places fortifiées, Bastia est alors une ville ayant pour seule fonction la fonction militaire[33]. Cela n'empêche pas le débarquement de la flotte franco-ottomane le qui marque le début de laconquête de la Corse par la France[34]. La ville est prise en quelques heures, pratiquement sans résistance[35]. Cependant, la ville ne reste française que quelques mois, étant rapidement reprise par Gênes[36].
La ville connaît un développement modeste auXVIIe siècle, accompagné par l'intégration des populations autochtones au peuplement ligure originel. Pendant longtemps, Gênes a fixé à dix ans le délai pour obtenir la citoyenneté[37]. À la fin du siècle, la ville compte entre 8 000 et 10 000 habitants[38],[39]. Bastia est alors le poumon économique de l'île, même si la ville est fortement soumise aux taxes imposées par Gênes[40]. La Corse connaît une relative tranquillité, mais un évènement vient tout changer. En décembre 1729, une jacquerie éclate après qu'un collecteur d'impôt ait été trop insistant auprès d'un villageois deBustanico pour le versement de laDue Seini, l'un des nombreux impôts prélevés par Gênes. Le collecteur et ses hommes sont dépassés par le mouvement spontané qui se forme dans les villages alentour et doivent se replier surCorte. Le gouverneur décide alors d'organiser une expédition punitive, mais celle-ci doit rapidement se replier sur Bastia[41]. En février 1730, les émeutiers s'emparent de la ville, très mal défendue malgré son statut de ville de garnison. Le gouverneur parvient à reprendre le contrôle de la situation, mais la révolte gagne l'ensemble de l'île. À la fin de l'année, les émeutiers menacent à nouveau la ville[42]. Elle devient ensuite le point d'appui des puissances étrangères qui cherchent à restaurer l'ordre dans l'île, ce que Gênes est incapable de faire. Successivement,Autrichiens etFrançais débarquent à Bastia pour s'installer temporairement sur l'île. La ville est bombardée par la flotte anglaise en novembre 1745 alors qu'une coalition anglo-sarde tentait d'aider Gênes à conserver sa possession. Cependant, entre-temps, la coalition se brise et laGrande-Bretagne proposa à l'Espagne de lui offrir la Corse[43]. Cependant, à partir de 1748, les Français reprennent pied sur l'île, d'abord temporairement puis définitivement après laGuerre de Sept Ans.
En 1764, la ville fait partie des cinq que Gênes demande à la France d'occuper dans le cadre dusecond traité de Compiègne[44]. Quatre ans plus tard, leTraité de Versailles est signé et l'année suivante, l'île est annexée par la France. Là encore, Bastia est utilisée pour le débarquement des troupes françaises[45]. La non maîtrise maritime fut donc fatale à la Corse indépendante. Lacitadelle de Bastia est reconstruite durant le règne deLouisXVI[46].
Lamonarchie de Juillet cherche rapidement à moderniser la ville, mais les travaux ne commencent qu'en 1845 quand la construction d'un nouveau port est décidée[51]. L'épidémie decholéra que connaît la ville en 1837 n'est pas étrangère à cette accélération[27]. En 1842, deshauts fourneaux ouvrent dans le quartier de Toga[52]. 200 ouvriers y travaillaient, produisant environ 15 000 tonnes de fonte chaque année[53]. La ville est modifiée considérablement sous leSecond Empire,NapoléonIII gardant toujours un œil attentif sur les affaires de l'île. Les travaux pour le nouveau port commencent en 1862, mais il n'est achevé que près d'un demi-siècle plus tard[54]. C'est à cette époque que le port peut desservir toute l'île[38],[55]. À l'époque, il était très difficile de relierAjaccio à Bastia autrement que par la route[56]. En 1869, l'impératriceEugénie de Montijo posa la première pierre du futur hôpital. Cependant, le déclenchement de laguerre contre la Prusse empêche la réalisation des travaux[51]. Les hauts fourneaux installés dans le quartier de Toga ferment en 1885[52].
Le, face à la montée de l'irrédentisme italien, 20 000 personnes se rassemblent dans la ville pour participer au« serment de Bastia » où les Corses partisans du maintien dans la République s'engagent à défendre l'unité nationale[57]. Beaucoup d'anciens combattants sont présents ce jour-là[58].
Lorsque est signé l'armistice du 22 juin 1940, les Corses sont encore traumatisés par laPremière Guerre mondiale pour laquelle la Corse a payé un lourd tribut sur le plan humain. Une bonne partie des anciens combattants s'engagent dans laLégion française des combattants mise sur pied parJoseph Darnand. Néanmoins, leur engagement ne signifie pas pour autant que la plupart des légionnaires adhèrent aurégime de Vichy. La peur d'une annexion italienne — la France ayant signé unarmistice avec l'Italie — explique en partie ces réticences. Les chefs de garnisons et les commandants militaires appellent d'ailleurs à la résistance armée en cas de débarquement[59]. Lorsque l'armée royale italienne occupe l'île à partir du[59], une bonne partie des légionnaires rejoint le mouvement de résistanceCombat[60].
Le, l'armée royale italienne envahit la Corse. Près de 80 000 soldats débarquent à Bastia[57],[59]. Sur les quais, un vers deDante est écrit à la hâte :Lasciate ogni speranza, voi che'ntrate ! (ou« Laissez toute espérance, vous qui entrez ! » enfrançais)[61]. La résistance s'organise rapidement. Le commando de lamission secrète Pearl Harbour (Roger de Saule, Laurent Preziosi et les cousins Toussaint etPierre Griffi) a été déposée dans la nuit du 13 au 14 décembre 1942 par le sous-marinCasabianca dans la baie de Topiti. Après avoir organisé un réseau dans cette région (Piana), elle est ensuite parvenue à Corte pour organiser un deuxième réseau dirigé localement par Pascal Valentini, puis a rejoint Bastia pour le troisième réseau de la région de Bastia et du Cap Corse. C'est autour de Hyacinthe de Montera, au 35 du boulevard Paoli, que s'est organisé le mouvement. Laurent Preziosi participait déjà aux premières réunions en 1941 avant de retourner à Alger et être recruté pour la mission. Le mouvement s'est ensuite organisé dans le cadre duFront national. Le radioPierre Griffi fut malheureusement arrêté à Ajaccio, atrocement torturé et fusillé à Bastia, sans avoir parlé, le 18 août 1943. À partir d'avril 1943, la Corse est soumise à un gouvernement militaire commandé par le généralGiovanni Magli[62]. La ville est bombardée pendant la retraite allemande qui est la conséquence directe de l'opération delibération de l'île qui commence dès l'annonce de l'armistice de Cassibile[57]. Quelques jours auparavant,Jean Nicoli et Michel Bozzi sont fusillés par les soldats italiens[62]. Bastia est libérée le par l'armée d'Afrique[57]. La Corse sert alors de base arrière pour ledébarquement de Provence.
Longtemps cantonnée à son rôle de sous-préfecture, la croissance de Bastia stagne durant la deuxième moitié duXXe siècle et la ville perd son statut de principale ville de l'île au détriment d'Ajaccio. Mais face à la montée dunationalisme corse, Bastia devient lapréfecture du département correspondant auDeçà des Monts, laHaute-Corse, en1975[63]. La même année des troubles éclatent dans la ville suite auxévénements d'Aléria. La ville bénéficie toutefois du développement du tourisme.
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers lesrecensements de la population effectués dans la commune depuis 1800. Pour les communes de plus de 10 000 habitants les recensements ont lieu chaque année à la suite d'une enquête par sondage auprès d'un échantillon d'adresses représentant 8 % de leurs logements, contrairement aux autres communes qui ont un recensement réel tous les cinq ans[66],[Note 5].
En 2022, la commune comptait 47 459 habitants[Note 6], en évolution de +5,87 % par rapport à 2016 (Haute-Corse : +5,15 %,France horsMayotte : +2,11 %).
Bastia est l'une des raresvilles moyennes à ne pas avoir d'antenne universitaire[63]. Elle possède cinq collèges : quatre publics (collège Giraud, collège Montesoro, collège Saint-Joseph et collège Simon Vinciguerra dit le « Vieux Lycée ») et un privé (collège Jeanne d'Arc).
Bastia possède cinq lycées, qui sont trois lycées généraux ou technologiques (lycée Giocante-de-Casabianca et lycée Paul-Vincensini, publics, et lycée Jeanne-d'Arc, privé) et deux lycées professionnels (lycée Jean-Nicoli et lycée Fred-Scamaroni, publics).
Bastia accueille un des instituts de recherche de l'école d'ingénieurs desArts et Métiers ParisTech (ENSAM). Cet institut, ouvert en 2000, offre des programmes d'études doctorales et des mastères spécialisés dans le domaine des énergies renouvelables.
Bastia possède un hôpital dans le quartier de Paese Novu (hôpital de Falconaja), ainsi qu'une clinique (clinique Maymard) en centre-ville et une autre clinique spécialisée en ophtalmologie (clinique Filippi) quartier Saint-Antoine.
Bastia s'est distingué au travers de son club defootball leSporting Club de Bastia. Lestade Armand-Cesari se situe sur la commune voisine deFuriani.Le club a été finaliste de laCoupe UEFA en1978 et vainqueur de laCoupe de France de football en1981.Il a également été finaliste de cette dernière en1972 et en2002, Champion de France deLigue 2 en 1968 et en 2012, ainsi que Champion de France de National en 2011. En 2015, le SC Bastia a disputé et perdu la finale de la Coupe de la Ligue contre le PSG, vingt ans après celle de 1995 contre ces mêmes adversaires. Le club évoluait enLigue 1 de 2012 à 2017.
Bastia est une importante ville de football. Outre le SCB, on y trouve deux autres clubs amateurs : leCercle athlétique bastiais (CAB) évoluant actuellement en National et l'Étoile filante bastiaise (EFB). Un quatrième club, leFootball Corsica Club Bastiais (FCCB) a disparu après s'être offert six championnats amateurs de Corse dans les années 1950. Historiquement, chacun de ces quatre clubs était soutenu par une partie différente de la ville : les alentours de laplace Saint-Nicolas étaient bleus (SCB), le Vieux-Port était noir (CAB), la citadelle et le quartier Saint-Joseph étaient blancs (EFB) et le quartier du marché était rouge (FCCB). La domination du Sporting a éclipsé les autres clubs bastiais au fil du temps. À l'issue de la saison 2012/2013, il y a pour la première fois deux clubs professionnels à Bastia, le SCB en Ligue 1 ainsi que le CAB promu de National, pour un total de quatre clubs professionnels corses (avec l'AC Ajaccio en Ligue 1 et leGFC Ajaccio, relégué enNational mais ayant conservé son statut professionnel).
Quelques spécialités culinaires de Bastia et de sa région :
sardines aubrocciu : sardines fraîches farcies deBrocciu, fromage constitué de lait caillé de brebis ;
lebaccalà : c'est de lamorue ; ce plat a été longtemps considéré comme le plat du pauvre en Corse parce que son prix était abordable et que, fortement salé, il se conservait facilement ;
lespanzarotti : beignets sucrés à la farine de pois chiches mangés traditionnellement le 19 mars, à la Saint-Joseph, la fête de la ville.
Le siège de la CCI régionale (résultant de la fusion des CCI des deux départements corses) sera implanté à Bastia, officialisant d'une certaine manière son statut de capitale économique de l'île.
Sur la région bastiaise, la Chambre de commerce et d'industrie gère les infrastructures suivantes :
Leport de commerce ou port Saint-Nicolas, sur le territoire de la commune, peut accueillir huit navires de gros tonnage (six navires à passagers et deux autres), en plus des remorqueurs et des pilotines. Il est le deuxième plus important de France en matière de trafic passagers aprèsCalais ;
Point de vue sur la Citadelle depuis le Vieux-Port de Bastia.Laplace Saint-Nicolas.
Le kiosque du sous-marinCasabianca sur laplace Saint-Nicolas, symbole de la Résistance corse. Échappé de la rade deToulon en novembre1942, il effectua ensuite la liaison entre l'île et l'Algérie dans le cadre de lamission secrète Pearl Harbour et connut de nombreux succès militaires. La tourelle est dorénavant placée sur un socle au bas de la place Saint-Nicolas face au port de commerce et de la mairie.
On trouve de nombreux cafés et commerces sur laplace Saint-Nicolas, sur le Vieux-Port et sur le Quai des Martyrs reliant ces deux endroits.
Le nouveau musée a été inauguré le 25 juin 2010. Les collections[72], enrichies en 1841 par le legs deGiuseppe Sisco, premier chirurgien du papePie VII, puis par une partie des 100 tableaux italiens légués en 1844 à la ville par lecardinal Fesch, par l'intermédiaire de son neveuJoseph Bonaparte comte de Survilliers (œuvres sur la base Joconde), s'articulent autour de quatre thèmes : naissance et croissance urbaine, centre des pouvoirs, foyer culturel et le palais des Gouverneurs. De plus la conservation présente des expositions temporaires dans des espaces spécialement affectés. Le jardin des gouverneurs, dont l'accès se fait par le musée, offre une vue remarquable. Dans la cour était conservée jusqu'aux travaux de rénovation la tourelle du sous-marinCasabianca.
L'église Saint-Jean-Baptiste, rue Saint-Jean, est un des monuments les plus emblématiques de la ville de Bastia. Dominant le Vieux-Port, elle fut construite à partir de1583. Trop petite pour accueillir les fidèles, elle fut démolie au milieu duXVIIe siècle pour faire place à un nouvel édifice.
« La chiesetta di S. Giovanni parocchiale di Terravecchia della Bastia non era congrua a tanto popolo ; però fu demolita ed in suo luogo si è data principio a una chiesa nova dedicata al medesimo Santo assai magnifica, nell’effettuazione della quale converrà al sicuro spendere gran denari, per la cui scarsezza l’opera tarderà ad avere la totale perfezione. »
L'église Saint-Étienne de Cardo, Strada di à Processio, a été construite en deux étapes : 1838 et 1875, à la place d'une ancienne église.L'église Saint-Étienne est inscrite au titre des Monuments historiques[77].
L'église Saint-Joseph, rue Saint-Joseph.
L'église Notre-Dame de Lourdes, rue José Luccioni.
L'église de l'Annonciade, chemin de l'Annonciade.
L'église, rue Sainte-Elisabeth.
L'église Christ de Miracles, montée Montepada.
L'église Notre-Dame des Victoires, rue Santa Madalena, de Lupino.
L'église Saint-Pierre, avenue Paul Giacobbi de Montesoro.
Charles Alerini (1842-1901), militant Anarchiste, né à Bastia, mort à Vinh (Tonkin).
Hyacinthe de Montera (1876-1966), ancien maire de Bastia, grand résistant, magistrat
Vincent de Moro-Giafferri (Xavier Étienne dit Vincent) (1878-1956), avocat et homme politique français.
César Campinchi (1882-1941), avocat, ministre et homme d'État français, ministre de la marine et ministre des gouvernements Daladier et Reynaud entre autres en1939 et1940.
Armand Cesari (1903-1936), footballeur et capitaine duSC Bastia entre 1922 et le 21 janvier 1936 date de sa mort. Le stade de Furiani, anciennement nommé stade du Docteur Luciani fut renomméStade Armand-Cesari en son honneur.
Jean Zuccarelli (1907-1996), homme politique français, maire de Bastia de 1968 à 1989, député de laCorse de 1962 à 1967, en 1968, de 1973 à 1978 puis de laHaute-Corse de 1981 à 1986.
Jean-Vitus Marcantei (1913-2012), juge de paix
Pierre Griffi (1914-1943), grand héros de la Résistance.
Joseph Pasteur (1921-2011), journaliste et présentateur de télévision.
Charles Ceccaldi-Raynaud (1925-2019), avocat et homme politique français.D'abord secrétaire général de laSFIO dans les Hauts-de-Seine, puis secrétaire général duRPR dans le même département il devint ensuite maire dePuteaux de 1969 à 2004, Député puis Sénateur des Hauts-de-Seine, Président de l' EPAD (établissement public d'aménagement de la Défense)
Yves Simonpaoli, dit Paoli (1928-), peintre et professeur en chirurgie dentaire.
Éric Fraticelli (1969-), surnommé aussi Pido humoriste et acteur.
Cécile Lignot (1971-), est une athlète française, spécialiste dulancer du marteau ayant remporté trois titres de championne de France en 1994, 1997, 1999.
Antoine-Marie Graziani,Histoire de la Corse : Des Révolutions à nos jours. Permanences et évolutions, Ajaccio, Éditions Alain Piazzola,, 480 p.(ISBN978-2-36479-107-7).
Patrimoine de la commune sur le site duministère français de la Culture (base architecture et patrimoine), photographies de Frères Neurdein, Georges Louis Arlaud, Guy Dauphin DRASSM, Ministère de la Culture (France), Médiathèque de l'architecture et du patrimoine (archives photographiques) diffusion RMN, et service de l'inventaire général de la Région Corse.
↑La « Corse orientale alpine » est composée de terrains divers, issus d’un océan disparu appelé liguro-piémontais (océanThétys dont l’âge est compris entre -170 à -60 Ma) et de ses marges continentales. L’âge des terrains de la Corse alpine va duTrias à l’actuel
↑Une unité urbaine est, en France, une commune ou un ensemble de communes présentant une zone de bâti continu (pas de coupure de plus de200 mètres entre deux constructions) et comptant au moins 2 000 habitants. Une commune doit avoir plus de la moitié de sa population dans cette zone bâtie.
↑Dans une agglomération multicommunale, une commune est dite ville-centre lorsque sa population représente plus de 50 % de la population de l’agglomération ou de la population de la commune la plus peuplée. L'unité urbaine de Bastia comprend une ville-centre et six communes de banlieue.
↑Par convention dans Wikipédia, le principe a été retenu de n’afficher dans le tableau des recensements et le graphique, pour les populations de référence postérieures à 1999, que les populations correspondant à une enquête exhaustive de recensement pour les communes de moins de 10 000 habitants, et que les populations des années 2006, 2011, 2016, etc. pour les communes de plus de 10 000 habitants, ainsi que la dernière population de référence publiée par l’Insee pour l'ensemble des communes.
↑Population municipale de référence en vigueur au 1er janvier 2025, millésimée 2022, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2024, date de référence statistique : 1er janvier 2022.