Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant lesréférences utiles à savérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références ».
Bassorah (ouBassora ouBasra, enarabe : al-Baṣra,البصرة) est la deuxièmeville d’Irak, aprèsBagdad, la capitale, avec une population estimée en 2008 à environ 2 300 000 habitants. C'est la capitale de la province d'Al-Basra. Principal port du pays, la ville est située sur leChatt-el-Arab, estuaire commun des fleuvesTigre etEuphrate, à 55 km en amont dugolfe Persique et à 550 km de Bagdad.
Le secteur entourant Bassora jouit de ressources substantielles de pétrole. De nombreux puits y sont situés et la raffinerie de la ville a une capacité de production de 140 000 barils par jour. L'aéroport international offre une desserte rapide.
Un réseau de canaux a traversé la ville, lui donnant le surnom de « Venise duMoyen-Orient ».
Bassora est une région fertile, avec une production importante de riz, de maïs, d’orge, de millet, de blé, de dattes et de bétail. Pendant longtemps Bassora produisait des dattes très réputées[1].
Les musulmans de cette région sont principalement adeptes duchiisme duodécimain. Un grand nombre desunnites et un nombre restreint dechrétiens vivent également à Bassora. Vivent aussi parmi eux les restes de la sectegnostique préislamique desmandéens.
Bassorah a été fondée au début de l’ère islamique en636 comme un campement de garnison pour les membres des tribusarabes constituant les armées du calife bien guidéOmar. Untell à quelques kilomètres au sud de la ville actuelle, indique toujours l'emplacement original de la colonie, qui était un site militaire. Tout en battant les forces de l'Empire sassanide, le commandant musulmanUtbah ibn Ghazwan a érigé son camp sur le site d’une ancienne colonie militairepersane appeléeVaheštābād Ardašīr, qui a été détruite par les Arabes[2]. Le nom Al-Basra, qui signifie enarabe« celle qui voit tout », lui a été donné en raison de son rôle de base militaire contre l'Empire Sassanide. Cependant, d'autres sources affirment que le nom provient du motpersan Bas-rāh ou Bassorāh, qui signifie« où de nombreux chemins se rejoignent »[3].
En639, Omar a transformé le campement de Bassorah en une ville composée de cinq districts, et a fait d'Abou Moussa al-Achari son premier gouverneur. La ville a été construite selon un plan circulaire conforme à l’architecture Partho-Sassanide[4]. Abou Moussa a mené la conquête duKhouzistan de 639 à642 et a reçu l’ordre d’Omar d’aiderOthman ibn Abi al-'As(en), puis de combattre les Sassanides à partir deTawwaj(en), un nouveaumisr situé plus à l'est. En650, le calife bien guidéOthman réorganisa la frontière persane, installaAbdallah ibn Amir comme gouverneur de Bassorah, et plaça l’aile sud de son armée sous commandement bassorien. Ibn Amir a mené ses forces à leur victoire finale surYazdgard III, le chahanchah sassanide.
LesSofianides ont tenu Bassorah jusqu’à la mort deYazīdIer en683. LorsqueMou'awiya devintcalife en661, il renommaAbdallah ibn Amir au poste de gouverneur de la ville, avant de l'écarter du pouvoir en664 au profit deZiyad ibn Abi Sufyan, surnommé Ibn Abihi (« fils de son père »), qui deviendra tristement célèbre pour ses mesures draconiennes concernant l'ordre public. Lorsque Ziyad mourut en673, c'est son filsUbayd Allah qui lui succéda. En680, Yazid ordonna à Ubayd Allah de prévenir une insurrection àKoufa, oùHussein, le petit-fils deMahomet avait gagné en popularité. Hussein envoya son cousinMoslim ibn Aghil comme ambassadeur aux habitants de Koufa, mais Ubayd Allah l'exécuta par crainte d'un soulèvement populaire. Ubayd Allah amassa une armée de milliers de soldats et écrasa l'armée d'Hussein composée d'environ70 hommes dans un endroit appeléKerbala, au nord de Koufa. Ce fut laBataille de Kerbala :Hussein et ses partisans ont été tués et leurs têtes ont été envoyées à Yazid en guise de preuve.
Un événement marquant du règne abbasside fut larévolte des Zanj, esclaves agricoles. Elle marqua le début du déclin du grandCalifat de Bagdad. La ville fut tout au long du Moyen Âge un centre important de rayonnement et d'innovations scientifiques et culturelles ; elle donna naissance à de nombreux savants, souvent spécialisés enthéologie islamique[5]. La cité et sa région connurent grâce au commerce - favorisé par une position géographique exceptionnelle - une prospérité assurant à ses habitants un haut niveau de vie, malgré les très nombreux bouleversements politiques de l'ère islamique. Le grand intérêt économique que représentait Bassorah faisait d'elle un objet de grande attention de la part du pouvoir central bagdadien, et sa vie culturelle ajouta prestige à son épanouissement urbain, marqué notamment par les innovation architecturales successives (universités, canaux, réseaux d'assainissement...)[6].
Malformations congénitales observées à l'hôpital de l'université de Bassorah.
Depuis les guerres de 1991 et 2003, Basra est contaminé par l'uranium appauvri employécomme une munition par les armées américaine et britannique. Les niveaux extrêmes de malformations congénitales et cancers ont été liés à des munitions qui restent dans le sol autour de la région[8],[9]. Les États-Unis et l'Organisation mondiale de la santé sont accusées de cacher aussi bien l'usage d'uranium appauvri que les conséquences délétères[10],[11],[12]. Entre 1994 et 2003, le nombre de malformations congénitales pour 1 000 naissances vivantes à la maternité de Bassorah avait été multiplié par 17, passant de 1,37 à 23 dans le même hôpital[13].
Patrouille britannique dans le secteur de Bassorah, en 2003.
Après la guerre qui emporta le régime deSaddam Hussein, le secteur du sud de l'Irak a été confié aux soldats britanniques de lacoalition.
Le, un grave incident a opposé les militaires anglais aux policiers irakiens[14]. La foule s'en est prise aux blindés en jetant descocktails Molotov.
Char britannique dans les rues de Bassorah en 2003.
Fin 2018, d'importantes manifestations degilets jaunes se sont produites à Bassorah contre le chômage, ainsi que les pénuries d'eau et d'électricité[15] mais les mesures prises ensuite par le gouvernement ont évité qu'une telle situation ne se reproduise en 2019.
Bassorah était autrefois le siège duPerat de Maïsan (ouPerath-Mesenae enlatin, ouMaishan), une province de l'Église de l'Orient, érigée en 410 et devint par la suite une archéparchie de l'Église catholique chaldéenne.
Pendant longtemps, Bassorah était une ville à majoritésunnite[17]. Ainsi, en 2006, les sunnites représentaient encore 55 % de sa population selonGulf News[18]. Les politiquessectaires deNouri al-Maliki et les violences communautaires ont cependant eu pour effet de faire descendre cette proportion à 40 % en 2014[18],[19]. Cependant, selon d'autres sources, Bassorah était déjà majoritairementchiite avant 2006[20],[21]. Quoi qu'il en soit, les sunnites de Bassorah sont une communauté marginalisée politiquement, ne disposant que de deux sièges au conseil de laprovince (soit autant que les chrétiens et lessabéens réunis) et d'un seul auparlement irakien[17].