LeBaroque sibérien est le terme le plus fréquemment utilisé pour désigner les édifices religieux de style baroque duXVIIIe siècle deSibérie. En 1803, on dénombrait en Sibérie 115 églises construites en pierre. La grande majorité d'entre elles appartenait, quant à leur style, à une variante provinciale dubaroque russe, avec des influences provenant dubaroque ukrainien et dans certains cas des décors dubouddhisme tibétain. Un grand nombre d'édifices se retrouvent dans les villes d'Irkoutsk, deTobolsk et deTomsk et deTioumen. Les intérieurs originaux qui ont subsisté sont rares et ne se trouvent pratiquement qu'à Irkoutsk, dans l'Église de l'Élévation de la Croix d'Irkoutsk[1].
Les églises de Sibérie duXVIIIe siècle, comme la plupart de celles de Moscou, baroques etrococos sont construites sans piliers[1] Le réfectoire et le clocher contigus sont situés à l'ouest. Elles se caractérisent souvent par de pittoresques volumes de plus en plus petits, empilés les uns au-dessus des autres[2]. La décoration se démarque par des emprunts d'origine orientale comme leslinteaux en forme delancettes, ainsi que par des motifs d'inspirationbouddhiste tels la « Roue de Dharma » ouDharmachakra[3].
AuXVIIe siècle, on ne trouve de bâtiments en pierre en Sibérie qu'auKremlin de Tobolsk et auMonastère Notre-Dame-du-Signe d'Abalak[1]. Ce sont des constructions dans lesquelles apparaissent de la décoration caractérisée par de la décoration soignée, des arabesques, des ramages. C'est dans cet esprit dubaroque Narychkine qu'est réalisé le bâtiment en pierre le plus ancien duTioumen : la Cathédrale de l'Annonciation, qui date de 1700-1704 et a été détruite durant la période soviétique en[4]. La construction de la Cathédrale de la Trinité au sein duMonastère de la Sainte-Trinité de Tioumen qui a suivi, présente dans son style de nombreuses similitudes avec lebaroque ukrainien. C'est la présence à cette époque de la nombreuse hiérarchie d'origine ukrainienne dans l'église en Sibérie qui explique cette influence. Les édifices sibériens qui ont suivi ont conservé d'autres éléments du baroque ukrainien et en particulier la dominante des cintrages verticaux[3]. Les historiens d'art remarquent également des similitudes entre les premières églises de Tobolsk et les édifices religieux du début duXVIIIe siècle dans l'Oural. Par exemple en étudiant le style de la Cathédrale de la Trinité àVerkhotourié (qui est unique en son genre dans le stylebaroque Stroganov)[5] ou encore le monastère de la Dormition Dalmatovski, dans l'oblast de Kourgan.

Parmi les premiers édifices en pierre à l'est de la Sibérie on peut citer : le monastère de la Dormition Nertchinski (1712), le monastère de la Transfiguration du Sauveur de Posolski (1718), l'église du Sauveur d'Irkouts et lacathédrale de l'Épiphanie d'Irkoutsk, l'église de la Dormition àIenisseïsk, le monastère du Sauveur àIakoutsk.
Parmi les édifices religieux sibériens anciens de style baroque[6], l'Église de l'Élévation de la Croix d'Irkoutsk (1747-58), avec ses éléments décoratifs d'inspiration bouddhiste, attire déjà l'attention des chercheurs avant laRévolution d'Octobre 1917. Elle réunit avec bonheur ses sources culturelles ethniques variées. Cet ensemble unique rivalise avec les églises de l'Oural àSolikamsk :Église Saint-Jean-Baptiste (Solikamsk), ou, plus à l'Ouest, à celle deSolvytchegodsk : l'église du monastère de la Présentation de Marie au Temple[7], ou encore dans le Nord, avec celle deSiméon-le-Stylite àVeliki Oustioug.Igor Grabar, voyant dans cette église d'Irkoutsk la continuation provinciale et tardive du stylebaroque moscovite, avec ses tendances à l'exubérance décorative, écrit : « c'est une combinaison naïve de l'art de Moscou et de celui de l'Ukraine reliés entre eux comme dans un tapis aux motifs épais, mais avec une saveur particulière qui lui vient de l'Orient voisin »[8].Les termes « baroque sibérien » apparaissent à partir de 1924 dans les textes du spécialiste régional d'Irkoutsk D. A. Boldyrev-Kazarine[1] qui ajoute encore, à propos de l'église de l'Élévation de la Croix d'Irkoutsk, les termes « d'orgies exubérantes », de « coulées d'arabesques » auxquels se sont livrés les artistes sur les murs livrés à leurs talents[9]. Partant de l'hypothèse suivant laquelle les artisans locauxBouriates ont pris part à ces constructions, Boldurev-Kazarine, exprime ce constat qu'en Sibérie « certaines réalisations architecturales mongoles et chinoises ont repris la forme deskokochniks familiers aux Russes tandis que les « Ostyaks,Tatars etOuzbeks » ont repris leur décoration spécifique dans les villes d'Ichim, deTara et deIaloutorovsk[9]
La question des emprunts de l'Ukraine et de la Russie occidentale à l'architecture sibérienne duXVIIIe siècle se posait déjà à l'époque soviétique[1] Les chercheurs observaient que la « décoration bouriate » des églises d'Irkoutsk et l'organisation de leur volume se retrouve dans les villes du Nord russe occidental tellesTotma etVeliki Oustioug[10] T. S. Proskouriakovoï considère quant à lui que l'on peut distinguer deux types sub-régionaux de styles architecturaux sibériens ; celui de l'Ouest (Tobolsk,Tioumen et la région Est de l'Oural) et celui de l'Est avec Irkoutsk[11] Henri Kaptikov distingue également deux types de styles sibériens : l'occidental et l'oriental. Il voit également dans l'architecture sibérienne duXVIIIe siècle une école provinciale dubaroque russe. Il considère celle-ci comme une école russe de province au même titre que les régions deTotma,Veliki Oustioug, de l'Oural et deKirov (oblast de Kirov) dans le nord de la Russie européenne[2].
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