Le territoire de Barles est très compartimenté, divisé en vallées séparées par des montagnes hautes et des barres abruptes. La vallée du Bès réunit ces vallées, mais coupée par descluses, elle n’est un trait d’union que depuis quelques décennies, l’essentiel des déplacements se faisant auparavant à pied et à mule, par des chemins muletiers empruntant les hauteurs.
le ravin de Charrui, qui passe au pied du hameau du même nom ;
le torrent de Val-Haut, formé du torrent des Cabanes et de l’Embournié, et qui reçoit les eaux de très nombreux ravins intermittents, dont ceux de Paravoux et du Villard ;
la Descoure, formée du ravin des Gardettes et du Collet de Chine : elle tire son nom, qui signifie « qui sort de son lit », de son régime torrentiel[5]. Elle recueille elle aussi les eaux de nombreux ravins intermittents ;
puis le Gros Vallon et le ravin des Graves, dont le nom témoigne de sa capacité à arracher des graviers à la montagne et à les transporter dans la vallée[5].
Aucune des 200 communes du département n'est en zone de risque sismique nul. Lecanton de Seyne auquel appartient Barles est en zone 1b (risque faible) selon la classification déterministe de 1991, basée sur lesséismes historiques[8], et en zone 4 (risque moyen) selon la classification probabiliste EC8 de 2011[9]. La commune de Barles est également exposée à quatre autres risques naturels[9] :
avalanche,
feu de forêt,
inondation,
mouvement de terrain.
La commune de Barles n’est exposée à aucun des risques d’origine technologique recensés par la préfecture[10].
Parmi les principales inondations, celle causée par l’orage du 18 août1739 provoque une crue du Bès, qui emporte lesdigues et une partie des terres cultivables, et inonde les maisons basses[5]. En 1917, de fortes pluies provoquent un glissement de terrain qui barre le lit du Bès. Le barrage naturel ne peut être dégagé par les travaux, et c’est une crue qui dégage le passage à l’automne[5].
Au, Barles est catégorisée commune rurale à habitat dispersé, selon la nouvelle grille communale de densité à7 niveaux définie par l'Insee en 2022[22].Elle est située hors unité urbaine[23]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Digne-les-Bains, dont elle est une commune de la couronne[Note 2],[23]. Cette aire, qui regroupe 34 communes, est catégorisée dans les aires de moins de 50 000 habitants[24],[25].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de labase de donnéeseuropéenne d’occupationbiophysique des solsCorine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des forêts et milieux semi-naturels (93,5 % en 2018), une proportion sensiblement équivalente à celle de 1990 (93,2 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante :milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (46,5 %), forêts (26,9 %), espaces ouverts, sans ou avec peu de végétation (20,1 %), prairies (6,5 %)[26].
L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : lacarte de Cassini (XVIIIe siècle), lacarte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Carte de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).
La localité apparaît pour la première fois dans les textes en 1193 (de Barlis)[27].
Le nom de la localité provient, selon Charles Rostaing, de la racine oronymique (désignant une montagne)*BAR. Selon Ernest Nègre, qui adopte une explication proche, le nom est formé du gauloisbarro, qui désigne un sommet, et du diminutif-ulus, ce qui lui donne comme sensla petite montagne[28],[29]. Selon Rostaing, le toponyme serait antérieur aux Gaulois[30].
Ce nom pourrait aussi être lié au provençalbarlac signifiant « bourbier, point de franchissement usuel d'un cours d'eau, plus profond qu'ungué », d'où le verbebarlacar, « tremper, se mouiller, s'embourber ». Ce toponyme pourrait alors désigner un passage où se mouiller est obligatoire[31].
Sonchâteau fort existe en 1206[33]. En1300, une petite communautéjuive était établie à Barles[34]. Un hôpital accueillant les malades et les voyageurs était implanté à Barles en1351[33].
Au Moyen Âge, certains impôts étaient payés collectivement par la communauté. La répartition par tête était de sa responsabilité et l’autorité n’intervenait pas dans cette répartition. Pour certains impôts, la communauté de Barles était imposée avec celle deFeissal. AuxXIIIe et XIVe siècles, Barles dépend de laviguerie deDigne[35].
En 1602, une mine deplomb est brièvemement exploitée (ou simplement explorée) à Barles[39], au lieu-dit Les Cluses, leminerai contenant également de l’argent et ducuivre[40]. En 1614, la même mine est à nouveau concédée[41].
Ladéforestation excessive aggrave les phénomènes climatiques naturels, comme inondations et glissements ou éboulements de terrain. Les éboulements de 1746 et 1755 causent la destruction de 20bastides[33]. À la veille de la Révolution française, il existait deuxfiefs sur le territoire de Barles : le fief de Barles proprement dit et celui d’Auzet (d’après l’état d’afflorinement de1783[42]). Des troubles liés à la crise frumentaire et au nouveau système d’imposition ont lieu à l’été 1790[43].
En 1820, un mineur italien exploite pendant quelques jours une mine de cuivre gris[44] : c’est la dernière tentative d’une exploitation du minerai dans la commune, et finalement aucune n’a été rentable.
Comme de nombreuses communes du département, Barles se dote d’écoles bien avant leslois Jules Ferry : en 1863, elle en possède deux, installées au chef-lieu et dans un hameau, qui dispensent uneinstruction primaire aux garçons[47]. Bien que laloi Falloux (1851) n’impose l’ouverture d’une école de filles qu’aux communes de plus de800 habitants, la commune instruit ses filles dès 1863[48]. Ce manque de routes entraîne la multiplication des écoles : d’une en 1863, destinée aux garçons[47], la commune en crée cinq : au chef-lieu (104 habitants, 170 avec les hameaux dépendants en 1881), à Vaux (49 habitants en 1881), au Forest (108 habitants), aux Sauvans (82 habitants avec les Bloudes et le Mas en 1881) et à Saint-Clément (87 habitants avec le Lauzet à la même date)[49]. La commune profite des subventions de la deuxième loi Duruy (1877) pour construire une école neuve aux Sauvans et rénover les autres[50].
Le tunnel de Barles, construit dans les années 1900.
La construction de la route passant par lesclues de Barles est entamée en 1882[45] : reliantDigne à Verdaches, puis Coni, elle est inaugurée en juillet 1913[51],[52]. Le chantier fut long et difficile : commencé en 1891[53], il n’aborde les clues de Saint-Clément (actuellement dites clues de Barles) qu’en 1908[46] qu’il franchit grâce au percement de nouveaux tunnels[35]. L’ouverture de la route permet la création d’un service dediligence par un aubergiste de Barles, remplacé par unautocar auXXe siècle[54].
Le cheptel de la finXIXe siècle témoigne de la dureté des cultures et de la subsistance : peu de chevaux et de bœufs sont utilisés pour travailler les terres (19 chevaux et 14 bœufs), et on leur préfère lesmules et mulets, plus aptes à travailler les terres en pente et les sols légers. Quelques années plus tard, la foire qui avait lieu à Barles le lundi suivant le 16 mai disparaît : les Barlatans fréquentent préférentiellement les foires d’Authon, les habitants de Saint-Clément celles deDigne[55].
Dans lesannées 1950, des routes sont construites pour desservir les hameaux, qui ont conservé l’usage de la mule, dubât et dutraineau jusqu’à ce moment[56].
La commune vit de l’exploitation forestière, de l'agriculture, de l'élevage ovin, et du tourisme.
En 2009, la population active s'élevait à67 personnes, dont16 chômeurs[57] (11 fin 2011[58]). Ces travailleurs sont majoritairementsalariés (40 sur 51)[59] et travaillent majoritairement hors de la commune (36 travailleurs sur 51)[59]. L'essentiel des établissements de la commune relèvent du secteur primaire (15 sur 27 en 2010)[60]. L'industrie et la construction représentent trois établissements, et les services et l'administration, neuf[60].
Fin 2010, le secteur tertiaire (commerces, service) comptait trois établissements (sans emploi salarié), auxquels s'ajoutent les six établissements administratifs (salariant quatre personnes)[60].
D'après l'Observatoire départemental du tourisme, la fonction touristique est importante pour la commune, avec entre 1 et5 touristes accueillis pour un habitant[63], l'essentiel de la capacité d'hébergement étant non-marchande[64]. Plusieurs structures d'hébergement à finalité touristique existent dans la commune :
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers lesrecensements de la population effectués dans la commune depuis 1765. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations de référence des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[75]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2008[76].
L’histoire démographique de Barles, après la saignée desXIVe et XVe siècles et le long mouvement de croissance jusqu’au début duXIXe siècle, est marquée par une période d’« étale » où la population reste relativement stable à un niveau élevé. Cette période, particulièrement longue à Barles, dure de 1811 à 1872. L’exode rural provoque ensuite un mouvement de recul démographique de longue durée. En 1926, la commune enregistre la perte de la moitié de sa population du maximum historique de 1861[79]. Le mouvement de recul se poursuit jusqu’auxannées 1970. Depuis, la population s’est remise à croître.
Barles est surtout connue pour lescluses de Barles, deux courtes gorges très resserrées situées sur la route en aval du village. Il existe une formation analogue en amont, les clues deVerdaches.
Le pont sur le Bès, composée d’une seule arche, date de1740. Il est construit sur l’ancien cheminmuletier de Digne à Barles parTanaron. Les trous de boulins ayant servi à fixer lecintre lors de la construction sont encore visibles[80].
L’égliseNotre-Dame est construite en 1853 sur l’emplacement de la chapelle Saint-Roch, détruite à cette occasion, pour remplacer l’église Saint-Pierre. Elle possède uneabside à chaque bout de la nef[81]. Elle reprend la titulature de l’église castrale Notre-Dame, qui fut église paroissiale de façon concomitante avec l’église Saint-Pierre du cimetière[33] Au cimetière, la chapelle Saint-Pierre, ancienne église paroissiale, en appareil régulier de pierres grises et jaunes, a été restaurée au début desannées 1980[82],[33].
Lachapelle du prieuré Saint-André, au Forest, fait encore l’objet d’un pèlerinage annuel. Il existe encore une église priorale Saint-Clément[33].
Émile Armand Faure, dit Milllon (1891-1971), émigra aux États-Unis en 1908 et s'installa comme cultivateur dans la région deSan Diego (nord de la Californie). Revenu en France en 1921, il participa à l'expédition française au Levant (1921-1923) puis se retira au village. Tout en vivant des rentes acquises en Amérique, il était un chasseur professionnel et alimentait en gibier les restaurants du pays.
Son frère, Bienaimé Henry Faure (1889-?), qui tenait l'épicerie du village, fut le dernier colporteur itinérant de la région de Barles, la balle au dos avec son mulet. Ancien combattant de la guerre de 1914.
↑Population municipale de référence en vigueur au 1er janvier 2025, millésimée 2022, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2024, date de référence statistique : 1er janvier 2022.
↑abc etdJean-Christophe Labadie et Irène Magnaudeix,La route de Barles : le centenaire : 1913-2013, Digne-les-Bains, Conseil général des Alpes-de-Haute-Provence, Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence,(ISBN978-2-86-004-017-4), p.30.
↑Dossier départemental sur les risques majeurs dans les Alpes-de-Haute-Provence, Préfecture des Alpes-de-Haute-Provence,(lire en ligne), p.39.
↑a etbMinistère de l’Écologie, du développement durable, des transports et du logement,Notice communale sur la base de données Gaspar, mise à jour le 27 mai 2011, consultée le1er juillet 2012.
↑a etbDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale »,Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography,no 501,(DOI10.4000/cybergeo.23155,lire en ligne, consulté le)
↑Charles Rostaing,Essai sur la toponymie de la Provence (depuis les origines jusqu’aux invasions barbares, Laffite Reprints, Marseille, 1973 (1re édition 1950),p. 89.
↑Irène Magnaudeix,Pierres assisses, pierres mouvantes : Usages et représentations de la pierre par les habitants du Haut-Vançon, Mane, Les Alpes de Lumière, Forcalquier, 2004.(ISBN2-906162-73-6),p. 122.
↑La Révolution dans les Basses-Alpes, Annales de Haute-Provence, bulletin de la société scientifique et littéraire des Alpes-de-Haute-Provence, no 307,1er trimestre 1989,108e année,p. 11.
↑a etbMinistère de l'Agriculture, « Orientation technico-économique de l’exploitation »,Recensements agricoles 2010 et 2000. (lien : attention, le fichier fait 4,4 Mio).
↑Notice qui lui est consacrée par Guy Barruolin Guy Barruol, Philippe Autran et Jacqueline Ursch,D'une rive à l'autre : les ponts de Haute-Provence de l’Antiquité à nos jours, Les Alpes de Lumièreno 153, Forcalquier 2006,p. 57.