Elle commence au cinéma dès la fin dumuet et est lancée par le metteur en scèneFrank Capra qui lui donne ses premiers rôles importants. Elle incarne les stéréotypes de l’héroïne dufilm noir, et aborde d'autres genres cinématographiques parmi les plus variés[1] : lemélodrame, lewestern, lefilm policier, lacomédie, lefilm social. Proposée quatre fois pour unOscar, elle n'en reçoit aucun. Cependant en 1982, elle reçoit unOscar d'honneur pour l'ensemble de sa carrière.
Ruby Catherine Stevens naît en 1907 àNew York dans le quartier deBrooklyn. Issue d’un milieu pauvre, elle est d'ascendance écossaise et irlandaise[2]. Elle n’a que4 ans lorsque sa mère meurt accidentellement, poussée par un homme ivre à la sortie d’un tramway[3]. Deux semaines après les funérailles, son père part travailler à la construction ducanal de Panama et ne donne plus signe de vie. Ruby, cadette de cinq enfants, est alors élevée par sa sœur aînée et des familles d’accueil[4]. Elle commence dès l’adolescence à travailler, notamment comme emballeuse puis standardiste[réf. nécessaire].
Elle tente sa chance dans le milieu du spectacle. Dès l’âge de15 ans, elle chante et danse dans des cabarets[5] et music-halls, avant d’obtenir un engagement commeshowgirl dans lesZiegfeld Follies[6] en 1923[4].
Ruby Stevens apparaît sur les scènes deBroadway dans des premiers rôles, notamment à l'Hudson Theatre dansThe Noose(en) en 1926[7] et dansBurlesque en 1927 où elle obtient un gros succès et de bonnes critiques.Willard Mack, imprésario à l’origine de ses débuts à Broadway dansThe Noose, change son nom en Barbara Stanwyck, disant que celui de Ruby Stevens faisait vraiment « trop strip-teaseuse »[8].
Au cours de cette période, son amiOscar Levant, auteur-compositeur rencontré lorsqu'elle étaitshowgirl, lui présenteFrank Fay, acteur célèbre de New York spécialisé dans le vaudeville[3]. La jeune actrice est séduite et l'épouse le — elle avouera plus tard qu’il était comme le père qu’elle n’avait jamais eu[8]. Barbara Stanwyck ne pouvant avoir d’enfant, le couple adopte le Dion Anthony, né en février de la même année[9].
Parallèlement à sa carrière théâtrale, Barbara Stanwyck débute dans le cinéma avec unfilm muet,Broadway nights (1927), avec l'appui de son mari. Elle est également remarquée grâce à ses succès théâtraux par le producteurJoseph M. Schenck qui l’engage pourLe Signe sur la porte[10] dont le tournage a lieu à New York[5]. Mais ces premiers films sont des échecs.
C’est la rencontre avecFrank Capra qui lance la carrière de Barbara Stanwyck. Le réalisateur impose, contre l’avis des studios Columbia, Barbara Stanwyck en 1930 dansFemmes de luxe (Ladies of Leisure).
C’est en visionnant un bout d’essai que l'actrice avait fait pour laWarner que Capra l’engage.«… Au bout de trente secondes seulement, j’avais le cœur serré comme dans un étau. Elle suppliait le gouverneur de gracier son mari emprisonné. Jamais de ma vie je n’avais vu ou entendu une telle sincérité dans l’expression des sentiments humains. J’avais les larmes aux yeux lorsque la lumière revint. J’étais comme foudroyé. »[11]
Capra est conquis par la personnalité de l’actrice ; il l’aide à adoucir son image un peu trop abrupte et lui ouvre de nouveaux horizons àHollywood. Le réalisateur lui fait signer un contrat non exclusif avec laColumbia Pictures, ce qui permet à l’actrice de tourner également pour les studiosWarner Bros.[6] ainsi qu’avec toutes les principales compagnies hollywoodiennes, de laRKO à la20th Century Fox.
Capra et Stanwyck enchaînent avecThe Miracle Woman en 1931 dont le sujet est inspiré de la vie d’Aimee Semple McPherson, célèbre prédicatrice qui, en exploitant la crédulité religieuse, se bâtit une fortune au milieu desannées 1920 auxÉtats-Unis. C’est le troisième film avec Capra,Amour défendu (Forbidden) (1932), qui la révèle au grand public. Le réalisateur tourne encore deux films avec elle :La Grande Muraille (The Bitter Tea of General Yen) et huit ans plus tard,L'Homme de la rue (Meet John Doe) (1941) avecGary Cooper.
Elle incarne des femmes combatives et indépendantes dans l’Amérique en crise du début desannées 1930 à l’ère duPré-Code, dans des films aussi divers queIllicit (1931),Toujours dans mon cœur (Ever In My Heart, 1933) etFranc Jeu (Gambling Lady, 1934), tous trois signésArchie Mayo,Ladies They Talk About (1933) de Howard Bretherton,Liliane (Baby Face, 1933) d'Alfred E. Green,Mariage secret (The Secret Bride, 1935) deWilliam Dieterle ouLa Dame en rouge (The Woman in Red, 1935) deRobert Florey. Elle fait une composition remarquée spécialement dansLiliane (1933), d'après un scénario du producteurDarryl F. Zanuck, où elle use de ses charmes pour se retrouver au sommet de l’échelle sociale sans se soucier de briser des carrières ou de provoquer des suicides. L’histoire, par trop sulfureuse, eut des problèmes avec la censure.Jack Warner, directeur de laWarner Bros., édulcora quelque peu le scénario et imposa une fin plus conforme à la morale de l’époque.
Elle joue dans lemélodrame deKing Vidor,Stella Dallas (1937), grâce auquel elle obtient sa première nomination auxOscars : elle y incarne un personnage de femme élevant seule son enfant et qui finit par se sacrifier pour faire le bonheur de sa fille.
Dans cette première partie des années 1930, ses relations avec son mari se dégradent car, contrairement à celle de Barbara Stanwyck, la carrière de Frank Fay est au point mort : il se met à boire et devient violent[3]. Ils finissent par divorcer en 1935 et se déchirent pour la garde de leur fils adoptif. Certains historiens prétendent que leur relation a inspiré le film deWilliam A. Wellman,Une étoile est née[8].
En 1936, sur le plateau deLa Fièvre des tropiques, elle rencontre un des jeunes premiers les plus séduisants d'Hollywood,Robert Taylor. Une relation naît entre eux, qui se concrétise trois ans plus tard par un mariage, organisé par laMetro-Goldwyn-Mayer, pratique courante à l’époque à Hollywood. Lassée des infidélités de son mari, l’actrice finit par divorcer le.
Au début desannées 1940, Barbara Stanwyck est une des rares stars indépendantes libres d’engagement à long terme avec les studios : elle gère seule sa carrière. Viennent les années de gloire : en 1944, elle est classée par leministère du Trésor américain la femme la mieux payée aux États-Unis, avec plus de400 000 dollars par film[2].
Refusant de se cantonner à un certain type de rôles[12], elle compose des personnages des plus éclectiques dans tous lesgenres cinématographiques[1]. Comme l’écritNoël Simsolo : « Parfaite dans lacomédie, lemélodrame ou la tragédie, chaque film lui est un moyen de renouveler son image et de prouver l’étendue de son jeu[12]. »
Elle aborde la décennie 1940 dans le genre de lacomédie. Elle démontre un réel talent comique dansUn cœur pris au piège (The Lady Eve), tourné par un maître du genre,Preston Sturges ; elle y incarne une aventurière sans scrupules qui séduit un milliardaire timide incarné parHenry Fonda ; également dansTu m'appartiens où elle retrouve Henry Fonda. Elle joue une voleuse impénitente aux côtés deFred MacMurray dansL'Aventure d'une nuit (Remember the Night).Howard Hawks lui fait interpréter une pétulante chanteuse de cabaret qui bouleverse la vie de professeurs dont fait partieGary Cooper dansBoule de feu. Le réalisateur prend plaisir à travailler avec Barbara Stanwyck et la range ainsi parmi les meilleures actrices qu’il a dirigées[13]. Son « abattage » et sa fantaisie hors pair dans ce film sont récompensés par une nomination auxoscars. DansL'Homme de la rue (Meet John Doe) de son réalisateur féticheFrank Capra, elle côtoie le drame et la comédie.
C’est dans lefilm noir qu’elle connait la consécration. En 1944,Billy Wilder lui confie un rôle très sombre dansAssurance sur la mort (Double Indemnity) qui est déterminant pour la suite de sa carrière. D’abord réticente en raison de la noirceur du personnage, Billy Wilder la convainc d’accepter en lui lançant un défi : « Êtes-vous une souris ou une actrice ? », « J’espère être une actrice » lui répond-elle, « Alors, acceptez le rôle. » Elle l’accepte en lui en étant très reconnaissante[16]. Transformée pour l'occasion en une vamp blonde, séduisante et perverse face àFred MacMurray, elle incarne alors un de ses meilleurs personnages. Ce chef-d’œuvre du film noir impose Stanwyck dans la mythologie du genre. Sept nominations aux Oscars couronnent le film (dont celle des meilleurs film, scénario, réalisation et actrice) mais il n’en remporte aucun.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, avec d’autres stars du cinéma elle participe auHollywood Victory Caravan, en 1942[17], une tournée en train de deux semaines à travers les États-Unis, destinée à récolter des fonds pour le soutien à l'effort de guerre.
En1948, pour la quatrième et dernière fois, elle échoue auxOscars malgré la qualité du sombreRaccrochez, c'est une erreur ! (Sorry, Wrong Number) d’Anatole Litvak et celle de son interprétation d'une femme malade qui surprend une conversation téléphonique entre deux tueurs préparant son assassinat (les votants des Oscars lui préfèrent en effetJane Wyman dans son personnage de sourde-muette duJohnny Belinda deJean Negulesco).
Elle se consacre par la suite au petit écran, participant à la sérieThe Barbara Stanwyck Show (1960-1961) pour laquelle elle remporte le premier de sesEmmy Awards en 1961. Elle obtient son deuxième Emmy Award en 1966 pour son rôle de Victoria Barkley dansLa Grande Vallée (1965-1969) qui fait d'elle l'une des actrices les plus populaires à la télévision. Âgée de60 ans, elle effectue sans doublure toutes les cascades dans cewestern où elle incarne une veuve énergique et chef de famille à la tête d’un ranch.
Barbara Stanwyck a pour amie l'actriceCaryl Lincoln qui épouse, en 1934, son frèreByron.
Concernant sa vie amoureuse, Stanwyck n'a jamais véritablement correspondu au moule voulu par Hollywood. Nombre d'historiens du cinéma ont analysé son mariage avecFrank Fay (avec qui elle a adopté son fils Anthony Dion Fay), puis avecRobert Taylor comme desmariages lavande, soit des relations de convenance, fictives, montées de toutes pièces pour cacher la véritable orientation sexuelle de Stanwyck (et de Taylor)[20]. Car si Stanwyck n'a jamais ouvertement parlé de son identité sexuelle, son biographe Axel Madsen la décrit « avecGreta Garbo, comme la plus célèbre lesbienne cachée d'Hollywood »[21]. Au-delà d'une aventure avecTallulah Bankhead, sa compagne la plus importante a été l'actrice devenue son agent artistique,Helen Ferguson. Stanwyck a aussi eu des aventures avecHumphrey Bogart,Gary Cooper ouWilliam Holden en plus de ses liaisons avecFrank Capra etRobert Wagner. Privilégiant les rôles de femmes fortes, Stanwyck a représenté un modèle pour des générations de lesbiennes desannées 1960 auxannées 1980[22].