Bien qu’elle soit imprécise sur les lieux et les personnages, la chronique historique hongroiseGesta Hungarorum évoque ces divers événements en mettant en scène un duc appeléGlad, souverain du territoire du Banat, qui venait deVidin et était un vassal dutsar deBulgarie. Son descendantAhtum ou Ajtony est le dernier souverain qui s’opposa auroyaume de Hongrie. L’archéologie et l’épigraphie confirment ce tableau général (à défaut des existences individuelles de Glad et d’Ahtum) à travers le site de Morisena (aujourd’hui Cenad), capitale du territoire et siège d’une abbaye bénédictine.
Le titre deban de Severin s’est transmis longtemps après la division du banat deSeverin en banat deTemesvar et banat deCraiova (Olténie,valaque) en1330, et après la division du premier encomitats au début duXVe siècle, mais il est devenu honorifique.
Le Banat est graduellement conquis par lesOttomans et en1552 devient uneyalet (province) nomméEyâlet-i Temeșvar. AuXVIe siècle le Banat, jusque-là principalement peuplé deValaques (Roumains), accueille environ 55 000 Slaves (Serbes) réfugiés du despotat de Serbie déjà occupé par les Ottomans.
En1594, ces populations chrétiennes lancent une grande révolte contre la domination turque. Elle est écrasée et de nombreux habitants s'enfuient vers laTransylvanie et laValachie.
Le Banat, province de la Monarchie des Habsbourg en 1739Selon les aspirationsirrédentistes desBalkans en 1912, le Banat était destiné à être partagé entre laSerbie et laRoumanie.
Les Habsbourg trouvent les zones basses du Banat peu habitées, enfriche ou redevenues deszones humides naturelles. Le comteClaude Florimond de Mercy,Feld-maréchal duSaint-Empire (1666-1734), nommé gouverneur du Banat en1720, prend des mesures importantes pour valoriser la région. Les marais à côté duDanube et de laTimiș sont drainés, des routes et des canaux construits à grand-peine, des artisans et des fermiers pour la plupartLorrains,Alsaciens,Badois,Souabes etHongrois sont attirés par la distribution de terres, l'agriculture et le commerce sont encouragés. Alors que les Roumains et les Serbes sontorthodoxes, la majorité des nouvelles populations estcatholique. La province (kreis) du Banat est dissoute en1778 et trois des quatrecomitats hongrois rétablis, sauf dans la partie sud du Banat (Krajina du Banat ou Valko/Vâlcu) qui fait dès lors partie de la frontière militaire (lesconfins militaires) jusqu'à la dissolution de celle-ci en1871.
L'impératriceMarie-Thérèse d'Autriche s'intéressa beaucoup au Banat : elle fit coloniser la région par de nouveaux paysans catholiquesallemands, fit fonder plusieurs villages, encouragea l'exploitation des richesses minérales, et d'une manière générale développa les mesures introduites par le comte de Mercy. Les Allemands arrivaient deSouabe, d'Alsace, deLorraine allemande et duLuxembourg (dont des francophones parfois dénommés « Français du Banat »[N 2]), deBavière, d'Autriche, voire d'Italie du nord et même d'Espagne. Beaucoup de colonies de l'est du Banat étaient occupées principalement par des Allemands, appelés lesSouabes du Danube (Donauschwaben) avec la seconde vague duDrang nach Osten. Les villages francophones de Charleville, Seultour, Saint-Hubert[1] (aujourd’huiBanatsko Veliko Selo) se trouvent de nos jours du côté serbe de la frontière.
Au terme de soixante années de contrôle Habsbourg sur la région, la population du Banat était composée, selon les données du recensement fait par lesHabsbourg en1774, de :
L'effondrement de l'Autriche-Hongrie fin1918 crée les conditions du partage du banat roumain, but de guerre serbe et roumain, promis par lesAlliés, à la fois auxSerbes (ouest) et auxRoumains (est).
les Conseils nationaux desRoumains locaux avec leur député Sever Bocou deLipova proclament leur union avec la Roumanie (moitié nord-est du Banat) ;
lesSerbes proclament leur réunion à la Serbie (moitié sud-ouest du Banat), tandis que leurs troupes et celles françaises deFranchet d'Espèrey occupèrent Timișoara et le pays début[4].
Après une évaluation sur place faite par les délégationsalliées et américaine, la Serbie et la Roumanie convinrent de se partager le pays sur des critères démographiques, à raison deux tiers pour la Roumanie avec Timișoara, et d'un tiers pour la Serbie.
↑Le motBanat utilisé sans autre qualificatif désigne leBanat de Timișoara-Vâlcu, dont le titre a été officialisé par letraité de Passarowitz en1718, alors qu'il n'était plus gouverné par des bans depuis 1524.
↑Association des Lorrains du Banat,Lorrains du Banat, éd. Gérard Louis, 2021, 96 p.(ISBN9782357631595)
↑Lucas Joseph Marienburg:Geographisches Handbuch von dem Oestreichischen Staate Vand 4Ungarn, Illyrien und Siebenbürgen, J. V. Degen, Vienne 1791,p. 491–549
↑Service historique de la Défense,Maréchal Louis Franchet d'Espèrey (1856 - 1942) (Extraits du dossier conservé au Service historique de la Défense / CHA, sous la cote GR 9 YD 534), Vincennes,Ministère des Armées(présentation en ligne,lire en ligne[PDF])
↑Olivier Lowczyk,La fabrique de la paix : du Comité d'études à la Conférence de la paix, l'élaboration par la France des traités de la Première Guerre mondiale, Economica, coll. « Bibliothèque stratégique », Paris 2010, 533 p.