Lebambara (autonyme :bamanankan) est une deslangues nationalesmaliennes. Elle est la principale langue maternelle du pays (60 %) et la plus parlée (88 %)[2].
Le bambara est une langue très utilisée comme langue véhiculaire et commerciale en Afrique de l'Ouest.
C'est une langue du typesujet-objet-verbe, et plus précisément S AUX O V X (sujet - marque prédicative - objet direct - verbe - objet indirect ou circonstanciel) avec deuxtons (ton haut et ton bas).
Au vu de la délimitation complexe des différents parlers, on considère tantôt «le mandingue» comme une seule langue divisée en plusieursdialectes et tantôt «les langues mandingues» comme un ensemble, en fonction du degré de similitude ou différence qu'on accorde aux diverses variantes. C'est cependant la seconde option qui est généralement suivie par la littérature scientifique contemporaine.
Le Bambara est la langue la plus communément comprise au Mali. Elle est la principale langue maternelle et elle sert de langue véhiculaire aux Maliens àBamako et sur la quasi-totalité du territoire[3].
Les principaux dialectes du bambara au Mali sont:
dans l'ouest: Kaarta, parler de Tambacounda;
dans le nord: Beledugu, Bananba, Mesekele;
au centre: Jitumu, Jamaladugu, Ségu;
dans le sud: Cakadugu, Keleyadugu, Jalakadougu, Kurulamini, Banimɔncɛ, Cɛmala, Cɛndugu, Baninkɔ, Shɛndugu, Ganadugu;
dans l'est: Kala, Kuruma, Saro, dialectes au nord-est du Mopti (surtout Bɔrɛ);
dans le sud-est: Zegedugu, Bɛndugu, Bakɔkan, Jɔnka;
Woyo Couloubaly a créé à partir des anciens idéogrammes Bambara en1930, dans la région deKaarta, unsyllabaire Bambara, appelémasaba, comportant 123 caractères; cette écriture est d'une diffusion très restreinte.
Depuis 1967, le bambara est écrit enalphabet latin (vingt-trois lettres de base ; les trois consonnes « Q/q », « V/v » et « X/x » ne sont utilisées que pour les emprunts directs à d'autres langues). Après la réforme orthographique de 1982, on utilise quatre lettres phonétiques additionnelles (deux voyelles « Ɛ/ɛ » et « Ɔ/ɔ », et deux consonnes « Ɲ/ɲ » et « Ŋ/ŋ ») pour étendre l'alphabet à 27 lettres (à la place des anciens digrammes ou anciennes voyelles diacritées). Les accents ne sont plus utilisés que pour indiquer la tonalité, mais dans les publications faites au Mali, les tons ne sont pratiquement jamais marqués. La notation des voyelles longues utilise le redoublement de la voyelle (les accents de tons sont alors généralement marqués sur la seconde voyelle).
Une active communauté malienne de langue Bambara utilise l'écrituren'ko. Normalement écrit de droite à gauche, l'alphabet (monocaméral) comprend 26 lettres de base (7 voyelles et 21 consonnes) et 2 autres consonnes pour la variantewoloso (ouwolusu) proche du Bambara officiel du Mali actuel ; il comprenait également 3 autres consonnes (archaïques) pour l'ancienne variantejona.
Le bambara, comme toutes les langues mandées, est aussi une langue tonale où la variation du ton change le sens du mot (bá = maman / bǎ = chèvre). L'écriture utilise signes signes diacritiques, dont sept diacritiques (ajoutés au-dessus des voyelles) destinés à marquer les combinaisons entre un des quatre tons et une des deux longueurs vocaliques (aucun diacritique pour les voyelles courtes descendantes), et un diacritique supplémentaire (un point souscrit) pour marquer leur nasalisation.
ton
longueur
haut
bas
montant
descendant
court
ߊ߫
ߊ߬
ߊ߭
long
ߊ߮
ߊ߯
ߊ߰
ߊ߱
Pour noter certaines consonnes absentes des langues mandées, un signe diacritique (comme le point en chef notant normalement une voyelle courte de ton montant, ou le double point en chef pour une distinction supplémentaire) peut être également utilisé sur certaines consonnes pour les modifier.
En cas d'élision vocalique, des signes apostrophes (non diacritiques) conservent l'information tonale de la syllabe élidée. S'y ajoutent également des signes de ponctuation, dont un signe diacritique souscrit sous une lettre pour indiquer l'abréviation (notamment des unités de mesure). Un signe tiret bas (lajanyalan), sans valeur phonétique ou orthographique, peut également étendre typographiquement les lettres afin de mettre en valeur et lier les lettres des mots dans un style élargi.
L'écriture comprend aussi dix chiffres décimaux (également écrits de droite à gauche) et deux symboles monétaires.
La littérature en langue Bambara se développe lentement, du fait de la prédominance dufrançais comme «Langue des élites», mais il existe cependant une tradition orale vivante, constituée, avant tout, d'épopées de rois et de héros. Cette tradition orale se transmet par lesgriots, qui sont à la fois des conteurs, des chanteurs et des livres d'histoire humains qui ont étudié l'art du chant et du récit pendant de longues années. Beaucoup de leurs épopées sont très anciennes, la tradition les fait remonter pour certaines aux temps de l'ancienempire du Mali.
Il y a sept voyelles orales qui peuvent être courtes ou longues : /a/, /e/, /ɛ/, /i/, /o/, /ɔ/ et /u/. L'orthographe latine de 1930 utilisait les lettresa/A,e/E,è/È,i/I,o/O,ò/Ò etu/U pour ces 7 voyelles, celle de 1970 utilise les lettresa/A,e/E,ɛ/Ɛ,i/I,o/O,ɔ/Ɔ etu/U en évitant les accents (réservés pour transcrire la tonalité).
L'allongement de chaque voyelle est orthographiée par redoublement de la voyelle latine de base avant la même voyelle éventuellement accentuée ou nasalisée. Chacune des sept voyelles peut aussi être nasalisée et l'orthographie latine les transcrit alors avec un digramme :an,en,ɛn (ouèn en 1930),in,on,ɔn (ouòn en 1930) etun.
L'alphabet officiel du bambara au Mali comporte 20 consonnes : b, c, d, f, g, h, j, k, l, m, n, ɲ, ŋ, p, r, s, t, w, y, z[4].
Le plus souvent, chaque consonne correspond à un seul son. Il y a toutefois quelques exceptions :
‹ w › se prononce généralement[w], mais placé à la fin d'un mot, ‹ w › est la marque du pluriel et se prononce alors[u] ;
‹ s › se prononce le plus souvent comme dans le mot français « sapin », mais il peut parfois se prononcer[ ʃ ] comme dans le mot « chapeau », ou encore[z], notamment après une voyelle nasale ;
‹ g › se prononce le plus souvent comme dans le mot français « gare », mais à l'intérieur d'un mot il peut se prononcer[ɣ]), et au début parfois[gw].[réf. souhaitée]
Les phrases sont construites sur le modèle S AUX O V X (sujet - marque prédicative - objet direct - verbe - object indirect ou circonstanciel) .
Il n'y a aucun genre grammatical en bambara. Le genre pour un nom peut être spécifié dans certains cas en ajoutant un suffixe-cɛ pour les noms masculins et-muso pour les noms féminins. Le pluriel se forme en ajoutant « -w » ou (pour 4 mots) « -nu » aux noms ou adjectifs.
Il n'y a pas de conjugaison. La marque du temps et les formes affirmatives/négatives sont restituées par des marques prédicatives placées après le sujet :ù yé sògo` dún : ils ont mangé de la viande,ù tɛ́nà sògo dún : ils ne mangeront pas de viande, avecù = ils (ou elles),yé = marque du complétif affirmatif,tɛ́nà = marque du futur négatif,sògo = viande,dún = manger.
Les déterminants des noms (adjectifs, nombre) sont postposés.jíri tán = dix arbres,jíri misɛn = un petit arbre.
Le bambara utilise des postpositions, commebólo, qui indique la possession,lá qui a une valeur locative, etc. Beaucoup de postpositions ont la même forme que des noms : par exemple,bólo signifie aussi 'main'.
Le bambara dispose de beaucoup de conjonctions, mais beaucoup d'entre elles ont été remplacées dans l'usage quotidien par des mots empruntés au français tels queparce que.
Le bambara est une des épreuves de langues facultatives du baccalauréat français, à l'écrit, parmi les langues dites « rares » (c'est-à-dire peu enseignées en France)[12]. Le bambara fait partie des six langues africaines que l'on peut présenter au baccalauréat avec le peul, lehaoussa, leberbère, leswahili, lemalgache et l'amharique[12].
Louis-GustaveBinger,Essai sur la langue bambara parlée dans le Kaarta et dans le Bélédougou ; suivi d'un vocabulaire, avec une carte indiquant les contrées où se parle cette langue, Paris, Maisonneuve frères et C. Leclerc,(lire en ligne)