Enfin, à l'est, la province se termine par le fleuveIndus et la frontière deKarachi, la première capitale pakistanaise, avec ce que l'on appelle « le cimetière de bateaux » : laplage de Gadani.
En outre, le peuplementbaloutchi s'étend sur le sud-est de l'Iran (province duSistan-et-Baloutchistan), essentiellement désertique où vivent environ un million deBaloutches ainsi qu'enAfghanistan, dans le sud du pays (100 000) et au Turkménistan (28 000).
Les langues des premiers habitants du Baloutchistan s'approchaient deslangues munda. On pense que lesDravidiens ont migré du plateau iranien et se sont installés dans le Baloutchistan et dans la vallée de l'Indus vers -4000. Les plus anciens établissements d'agriculteurs sont ceux deMehrgarh, remontant au sixième millénaireav. J.-C.
LesBrahouis vivant au Baloutchistan parlent encore unelangue dravidienne, dont on pensait qu'il s'agissait de restes de cette migration, mais dont on sait maintenant qu'ils ont émigré depuis le nord-ouest duDeccan vers leXIIIe siècle. À partir d'environ 2000av. J.-C. et avec le déclin du royaumeHarappa vers -1600, différentes tribus, probablement d’origineindo-iranienne, peuplent le Baloutchistan et ses régions adjacentes, de façon dispersée. Ces populations devinrent plus tard lesPachtounes, les différentsNouristanis,Dardiques(en) et autres peuples tribaux. Les Brahouis vinrent tardivement, après l'arrivée des Pachtounes.
À partir de -540, et pendant deux siècles, la quasi intégralité du Baloutchistan et de l'actuel Pakistan était sous contrôleachéménide. Dans l'antiquité, le Baloutchistan est appeléArachosie par lesGrecs[1]. Le Balouchistanpakistanais correspond à l’ancienne province achéménide deGédrosie. Celle-ci fut annexée après la défaite du roi HinduPoros (Pûru) par lesGrecs d'Alexandre le Grand, sur les bords de laJhelum, près de la ville portant le même nom en -326.
Après la mort d'Alexandre le Grand et une brève dominationséleucide, le Baloutchistan fit partie de l'empire perse.
DuIer auIIIe siècleapr. J.-C. la région fut dominée par lesPāratarājas(en) (« Rois Pārata »), une dynastie de rois indo-scythe ou indo-parthienne. On pense que cette dynastie est identique à celle des Pāradas duMahabharata, desPuranas et autres sources indiennes[3]. Ceux-ci sont surtout connus pour les pièces de monnaie, qui montrent le buste des dirigeants côté face et uneswastika dans une légendebrahmi côté pile (le plus souvent pour les pièces d'argent) oukharoshthi (pour les pièces en cuivre). Ces pièces ont été trouvées surtout dans la région deLoralai(en) dans le Nord du Pakistan actuel.
Baloutchistan en 1904 : États princiers sous suzeraineté britannique (en jaune) et Province à part entière duRaj britannique (en rose).
Les Britanniques, agrandissant leurEmpire des Indes, créent quatre États princiers au Baloutchistan :Makran,Kharan,Las Bela, etKalat, le plus vaste et le plus puissant. Ils délimitent les frontières avec les États voisins :
Mir Ahmed Yar Khan(en) règne sur le Kalat, et souhaite la réunification et l'indépendance du Baloutchistan vis-à-vis du Pakistan hindoustanique. En effet, immédiatement avant l’indépendance de l’Inde et du Pakistan (1947), les Britanniques ont laissé le choix aux princes indiens de rejoindre l’un des deux États, ou de devenir indépendants, bien qu'ils aient été inquiets du risque de multiplication éventuelle d’États indépendants.
Deuxtremblements de terre dévastateurs ont lieu pendant la domination britannique : l’un en 1935, qui ravageQuetta, et l’autre en 1945, auMakran.
Immédiatement après les indépendances indienne et pakistanaise, Mir Ahmed Yar Khan proclame celle du Kalat. L’armée pakistanaise intervient en avril 1948, et Yar Khan signe un accord, mettant fin à l’indépendance du Kalat. Son frère, leprince Abdoul Karim(en) refuse cet accord, et entame uneguérilla basée en Afghanistan (voir ci-dessousGuerres baloutches).
Cette guérilla, comme les suivantes, échoue, pour plusieurs raisons :
la répression pakistanaise efficace ;
l’absence de soutien de l’Union soviétique, un moment espéré, mais qui ne vint jamais ;
le soutien, uniquement électoral, de la minoritépachtoune qui ne participa à la révolte armée.
Province la plus vaste (près de la moitié du territoire) mais la moins peuplée (4 millions sur 165), elle cultive une rancœur particulière à l'encontre du pouvoir central.
L'influenceomanaise déclina dans l'est et la dernière possession,Gwadar, fut achetée par le Pakistan en1958.
Des essais nucléaires furent conduits dans la province pakistanaise du Baloutchistan.
Elles sont causées par la différence de culture et de développement entre les provinces orientales du Pakistan et le Baloutchistan. Cette province reçoit une faible part des richesses du pays, ce qui cause son sous-développement.
Les violences continuent depuis lesannées 1970, à un faible niveau. La situation générale est déstabilisée par les milliers de réfugiés venus d’Afghanistan, chassés par la guerre (à partir de 1979).
À partir de1998, le Pakistan procède à ses essais nucléaires dans les montagnes du nord de la province, à Razko[6].
Depuis 2005, leJoundallah s'est engagé en Iran dans la lutte armée. Néanmoins, ce groupe ne se proclame pas séparatiste mais pan-iranien, et revendique l'égalité des droits des sunnites baloutches de la province duSistan-et-Baloutchistan.
Officiellement, 70 % de la population du Baloutchistan vit toujours sous le seuil de pauvreté en 2025[7].
Depuis le début des années 1950, l'indépendance de la province duBaloutchistan est réclamée par leParti national baloutche ainsi que par de nombreuses organisationsnationalistes ouindépendantistes comme leFront de libération du Baloutchistan responsable de nombreuxattentats entre 2005 et 2015. Les attentats réalisés par l'organisation furent principalement menés contre les administrationspakistanaises. La région a aussi connu une forte volonté d'indépendance durant la période d'occupation des pays d'Asie de l'Ouest entre les années 1980 et 2010 parAl-Qaïda. Depuis le décès d'Oussama ben Laden en 2011 et la concentration d'activités terroristes islamistes auMoyen-Orient ainsi que le remplacement progressif d'Al-Qaïda parDaesh, les tensions et les attentats liés à l'indépendance du Baloutchistan ont grandement diminué.
Le Baloutchistan indépendant est parfois reconnu de manièrepatriotique par les locaux comme un État réellement indépendant, mais il n'a jamais été reconnu par un autre pays. Par conséquent, le militant nationaliste baloutcheAbdul Malik Baloch fut par défaut considéré comme le « dirigeant du Baloutchistan » et il devint plus tardministre en chef de la province.
Le Baloutchistan indépendant possède aussi un hymne national et un drapeau.
En2025, les dirigeants du Baloutchistan proclament l'indépendance de la République démocratique du Baloutchistan. Aucun État ne reconnaît officiellement le pays, bien quel'Inde[pas clair] ait annoncé sa déclaration d'indépendance[8].
En 2010, deux surfeuses européennes viennent faire dusurf dans le village de Ramin, proche deChabahar. Après avoir édité et publié en 2012 une vidéo de 3 minutes sur internet, cette vidéo devient virale en Iran.
Ce village devient alors l'une des villes les plus touristiques du Balouchistan iranien : depuis 2013, le village est devenu en cinq ans le spot de surf le plus célèbre du pays[9].
En 2017, l'émission d'ArteLe Dessous des cartes a consacré une de ses émission au Baloutchistan, en y analysant en particulier le bras de fer stratégique entre l'Inde et la Chine dans cette région.
↑DavidRigoulet-Roze, « Les tensions « ethno-confessionnelles » dans la province iranienne à majorité sunnite du Sistan-Baloutchistan sur fond de crise du nucléaire iranien »,Les Cahiers de l'Orient,no 98,,p. 115–150(ISSN0767-6468,lire en ligne, consulté le)