La chaîne montagneuse du centre de Bali comprend plusieurs pics de plus de 2 000 mètres d'altitude. Le plus haut est l'Agung (3 142 m), unvolcan actif baptisé la « Mère montagne ». La chaîne s'élève du centre vers l'est, avec l'Agung dominant à l'extrême-est. La nature volcanique de Bali contribue à son exceptionnelle fertilité et ses hautes chaînes montagneuses provoquent les fortes précipitations favorisant la forte production du secteur agricole. La vaste zone descendant du côté sud des montagnes est consacrée à la culture du riz. Les pentes du côté Nord descendent plus fortement vers la mer. C'est le principal secteur de la production de café de l'île, où l'on trouve également des légumes et du bétail. Le fleuve le plus long, la rivièreAyung, coule sur approximativement 75 km. Bali n'a pas de voies navigables importantes. La rivière Ho est cependant empruntée par de petitssampans.
L'île est entourée derécifs coralliens. Lesplages du Sud sont de sable blanc, quand celles du Nord et de l'Est sont desable noir. Les plages de sable noir entre Pasut et Klatingdukuh ont été développées pour le tourisme mais en dehors de celles proches du temple deTanah Lot, elles ne sont pas encore utilisées de manière significative.
La plus grande ville de l'île est la capitale provincialeDenpasar située près de la côte sud. Sa population était d'environ 491 500 habitants en 2002, mais elle a presque doublé en 15 ans (2017)[1].
La seconde plus grande ville de Bali est l'ancienne capitale colonialeSingaraja, sur la côte nord, peuplée d'environ 100 000 habitants. Les autres villes importantes sont la station balnéaire deKuta, pratiquement dans la zone urbaine de Denpasar, etUbud, au nord de Denpasar, connue comme étant le centre culturel de l'île.
La déformation locale de la plaque eurasienne créée par la subduction a provoqué le fissurage de la croûte, conduisant à l'apparition de phénomènes volcaniques. Une chaîne de volcans parcourt la partie nord de l'île, dans un axe ouest-est où la partie ouest est la plus ancienne et la partie est la plus récente[2]. Le volcan actif le plus haut est unstratovolcan actif, l'Agung, à 3 142 mètres d'altitude.
L'activité volcanique a été intense au cours des âges et la plupart de la surface de l'île (en dehors des péninsules deBukit et dePrapat Agung) a été recouverte par dumagma volcanique. Certains de ces dépôts, datant de plus d'un million d'années, subsistent, tandis que la plupart de la partie centrale de l'île a été recouverte par des dépôts volcaniques récents, de moins d'un million d'années, dont certains champs de lave très récents dans le nord-est, en raison de l'éruption catastrophique de l'Agung en 1963[2]. L'activité volcanique, du fait de l'épais dépôt de cendres et de la terre fertile, riche en minéraux qu'elle génère, est un facteur important pour la prospérité agricole de l'île[2].
L'île de Bali possède unclimat tropical marqué par de fortes chaleurs constantes et un contraste entre une saison des pluies de novembre à mars et une saison sèche d'avril à octobre.
Bali comporte de nombreuses espèces d'oiseaux, dont l'étourneau de Bali qui est le seul oiseauendémique de l'île (aujourd'hui extrêmement rare et en danger d'extinction).
L'unique prédateur endémique situé au sommet de la chaîne alimentaire était letigre de Bali. Cette sous-espèce dutigre s'est éteinte dans les années 1930.
Lesmacaques Crabier peuplent les forêts et fréquentent les abords des routes et des temples.
Leparc national de Bali occidental est une réserve naturelle située comme son nom l'indique dans l'ouest de l'île. Cette réserve naturelle constitue un refuge pour des espèces sauvages telles que leSambar. La végétation est très diversifiée :mangrove bordant la côte nord, prairies fertiles,savane sur les flancs nord de la chaîne montagneuse, ouforêt pluviale. Le parc comprend la petite île deMenjangan dont les côtes abritent une riche faune marine[4].
Même si l'activité touristique est prépondérante, l'agriculture, comme ailleurs en Indonésie, reste le secteur qui emploie le plus de main d'œuvre, notamment dans la culture du riz. L'agriculture balinaise comporte aussi en petite quantité des fruits et légumes, lecafé Arabica et d'autres espèces. La pêche en mer est également une ressource importante. Bali est aussi célèbre pour son artisanat qui produit desbatiks et des vêtements, dessculptures sur bois ou sur pierre, et de l'orfèvrerie.
Lecafé Arabica est essentiellement produit sur les hauts plateaux deKintamani (région), près du montBatur. Le café est généralement transformé par voie humide. Il en résulte un goût sucré, un café doux et une meilleure teneur en bouche. Les saveurs typiques comprennent le citron et d'autres sortes d'agrumes. De nombreux producteurs sont membres de fermes traditionnelles appeléessubak abian, basées sur la philosophie traditionnelle balinaise des "Tri Hita Karana". D'après cette philosophie, les trois sources du bonheur sont de bonnes relations avec Dieu, avec les gens et avec l'environnement. Le systèmeAbian Subak est adapté au commerce équitable. L'arabica de Kintamani est le premier produit d'Indonésie à faire l'objet d'une demande d'enregistrement à l'indication géographique[5]. On y retrouve également lecafé le plus rare et le plus cher au monde, leKopi Luwak.
L'activité touristique est importante dans toute l'île, mais surtout concentrée dans le Sud. L'aéroport international Ngurah Rai de Denpasar (inauguré en 1969)[6] se trouve à proximité deJimbaran, sur l'isthme joignant la partie la plus méridionale de l'île à sa partie principale. Le "tourisme de congrès", pour les fréquentes conférences internationales organisées sur l'île, constitue une autre source de revenus en progression, notamment à la suite de l'attentat de 2002 et officiellement pour aider à restaurer l'industrie touristique de Bali. L'île possède également une forêt des singes à Ubud où l'on peut observer des macaques crabiers en liberté.
Letourisme balinais, qui s'est développé dès les années 1930 et surtout dans les années 1970[7],[8], constitue sa principale ressource.
Les conséquences du tourisme de masse deviennent, pour certains observateurs, préoccupantes, notamment avec la dégradation du milieu et du patrimoine, ou encore avec la surconsommation des ressources[8],[9]. Si au début des années 2000, « 38 % de lapopulation active serait concernée par le tourisme, et l'activité contribuerait à plus de 50 % des revenus des Balinais », pour 1,5 million de touristes[7], on estime dix ans plus tard que la moitié des 3,8 millions d'habitants travaillent — directement ou indirectement — pour l'industrie du tourisme. L'économie a cependant souffert, un temps, des conséquences des attentats terroristes de2002[10] et de2005(en), avec une baisse de fréquentation notamment de 22 % entre les saisons 2002 et 2003 et de 13 % entre celles de 2005 et de 2006[11].
« En 2009, le tourisme devient la principale recette de l’économie nationale avec 42 % du revenu totalInterprétation abusive ? »[6]. L'île accueille plus de 3 millions de touristes, depuis l'année 2013[11], lui permettant ainsi d'être l'une des provinces les plus riches de l'Indonésie.
Toutefois, ce tourisme occidental reste confidentiel et élitiste jusqu'au début des années 1970. C'est l'époque où le régime deSoeharto entreprend de développer un tourisme de masse reposant sur Bali. Un bureau d'études français est consulté[12], dont les conclusions sont les suivantes :
il faut un lieu à grande capacité d'accueil ;
ce lieu doit être proche d'un aéroport ;
les touristes doivent être relativement isolés de la population locale.
Sur la côte Nord,Lovina Beach est la principale station balnéaire.Le Nord-Ouest et le Nord-Est (Amed) comportent les meilleurs sites deplongée ou dePMT.Le trajet nord sud prend environ trois heures en voiture ou en moto.
Ubud est le principal centre touristique de l'intérieur des terres[14].
Bali est l’île des dieux, mais aujourd’hui aussi celle desinfluenceurs : une récente étude la place en tête des îles les plus “instagramées au monde”[15].
Récifs coralliens, mer turquoise, dunes desable noir, bancs de sable blanc, palmiers et arbres fruitiers,rizières,volcans,temples etcerfs-volants, offrent un étalage de paysages paradisiaques tandis que bars de plage, piscines à débordement, restaurants luxuriants, magasins de vêtements, confortent le panorama alléchant et que sports d’eau, animaux, randonnées à vélo, balades en moto,yoga,méditation, bonne alimentation, musculation en plein air, cascades naturelles, visites culturelles, permettent d’agrémenter quotidiennement les posts aux couleurs vives des professionnels du secteur, parachevant ainsi lecliché de la vie rêvée sur lesréseaux sociaux.
Ainsi, en 2018, l’île de Bali accueillait plus de 15,8 millions de touristes[16], un nouveau record.
Ces dernières années, les nationalités des touristes visitant Bali ont beaucoup évolué. Aujourd'hui, on constate une prédominance d'Australiens et d'Américains, tandis qu'auparavant, c'étaient surtout des Chinois qui visitaient l'île[17].
L'année 2023 a été marquée par des données significatives concernant les visiteurs à Bali. En moyenne, près de 439 438 visiteurs étrangers ont été accueillis chaque mois sur l'île. Le point le plus bas a été atteint en février, avec 323 623 arrivées, tandis que le mois de juillet a enregistré le pic le plus élevé, avec jusqu'à 541 353 visiteurs. Ces chiffres reflètent les fluctuations saisonnières et les tendances de voyage qui ont caractérisé l'année[18].
En janvier 2024, les touristes australiens constituent la majorité des arrivées de visiteurs étrangers à Bali, représentant précisément 27,75 % du total[19].
Pêcheurs au lever du soleil sur la plage deNusa Dua.
L'île de Bali fait partie de laprovince dumême nom, l'une des trente-trois qui constituent l'Indonésie. La province est divisée en unekota, qui en est aussi l'ibu kota (le chef-lieu), et huitkabupaten correspondant auxanciens royaumes qui existaient dans l'île à l'arrivée desHollandais :
Comme ailleurs en Indonésie, l'indonésien, langue nationale, n'est qu'une seconde langue pour la majorité des Balinais.
6 % de la population parle anglais, soit environ 185 000 personnes, essentiellement en raison de relation avec les touristes, letourisme constituant la principale activité économique de l'île.
Le mythe répandu, entre autres par les guides touristiques, pour expliquer cette situation, affirme que lors de la conquête du royaume hindou-bouddhique deMajapahit par les musulmans, l'élite politique et culturelle se serait réfugiée à Bali[22]. Selon l'écrivain françaisJean Couteau, l’origine de ce mythe pourrait être l’histoire de Dang Hyang Nirartha, un brahmane duroyaume de Kediri qui se serait installé à Bali pour y réformer la religion hindouiste[23].
En dehors de Bali, on trouve encore aussi des populations restées hindouistes dans l'île voisine deJava, notamment lesOsing de la région deBanyuwangi (Java oriental), mais aussi dans la région de Blitar, dans la région duTengger autour du volcanBromo et sur les flancs de volcan Lawu à l'est deSolo. Banyuwangi est héritière de la principauté de Blambangan, vassale de Bali auXVIe siècle.
L' hindouisme s'est maintenu à Bali, car historiquement, il n'y avait pas beaucoup de Dalits ou intouchables, du fait d'une bonne distribution, et partage des terres, et aussi du fait de l'influence du bouddhisme, avec sans doute unculte des ancêtres plus marqué que dans les autres iles, avec des influences animistes, et des contacts avec des marchands chinois.
Il y a aussi 5 % de musulmans à Bali. On appelle ces Balinais musulmans « Bali Slam ». Culturellement, ils sont en effet balinais[24].
La présence de musulmans à Bali est ancienne. Des légendes mentionnent l'existence de communautés musulmanes à Bali, comme celle du roi Dalem Ketut Ngelesir de Gelgel, qui« convoqué à la cour de Majapahit, en serait revenu avec une garde de quarante musulmans qui auraient élu domicile sur place »[25].Tomé Pires, un apothicaire portugais qui a vécu àMalacca de 1512 à 1515, cite Bali parmi les lieux inclus dans le vaste réseau commercial de la cité. L’historien américain Ira Lapidus, spécialiste de l’islam, écrit qu’« [a]vec la consolidation de sa prospérité politique et commerciale, Malacca devint une base pour la diffusion de l’influence islamique à travers la région »[26]. Il n’est donc pas abusif de supposer que des marchands musulmans aient pu s’installer dans des ports balinais comme ailleurs dans l’archipel. On ne sait pas à quand remontent les premières communautés musulmanes de Bali. Mais la présence de musulmans dans le royaume javanais deMajapahit est attestée depuis au moins leXIVe siècle.
Comme de nombreux autres groupes ethniques indonésiens, les Balinais sont détenteurs d'une culture originale, qui est un des éléments de l'attrait touristique de l'île — avec les risques de perte d'authenticité que cette exploitation comporte. Une de ses manifestations les plus spectaculaires est la danse dont il existe plusieurs types, souvent dansées par de très jeunes filles (lelegong).
Hindouistes, les Balinais procèdent à lacrémation de leurs morts. Cette circonstance est l'occasion de ce qui a toute l'apparence d'une fête, avec défilé dans la ville, musique de gamelan, offrandes de toutes natures déposées sur le catafalque du défunt avant la crémation dans une ambiance bon enfant et décontractée.
On pratique à Bali des rites originaux tels que lelimage des dents ou la réclusion des jeunes filles.
On divise la littérature traditionnelle balinaise en trois groupes, sur la base de la langue utilisée : vieux-javanais, moyen-javanais (encore appelé « javano-balinais » ou « balino-javanais ») etbalinais.
Le premier groupe montre le rôle décisif joué par Bali dans la préservation de l'héritage littéraire de Java avant l'islamisation. La majorité des textes javanais de cette période, dont leNagarakertagama écrit en 1365 sous le règne du roiHayam Wuruk de Majapahit, nous sont en effet connus par des copies préservées à Bali et àLombok.
La tradition balinaise décrit l'aristocratie de l'île comme les descendants de princes du royaume hindouiste deMajapahit dans l'est deJava. Deux événements seraient à l'origine de cette filiation. Le premier, raconté dans leNagarakertagama, serait la victoire en 1343 d'une armée de Majapahit sur « le roi de Bali », un monstre à tête de cochon aux pouvoirs surnaturels. Les officiers de cette armée se seraient établis à Bali, créant quelques-unes des lignées royales actuelles. Le deuxième serait la victoire des armées musulmanes sur Majapahit, qui aurait provoqué la fuite des prêtres, aristocrates et artistes vers Bali.
En réalité, quand les troupes du royaume musulman deDemak ont conquis en 1527 le territoire qui avait été celui de Majapahit, ce royaume n'existait plus. À l'est de l'ancienne Majapahit, la principauté deBlambangan est restée hindouiste et s'est placée sous la protection de Bali.
Jusqu'à la perte de Blambangan, Bali s'est toujours efforcé de garder un lien avec la terre de Majapahit. La littérature en moyen-javanais est surtout composée dekidung,chansons de geste qui relatent des légendes sur l'âge d'or de Majapahit. Les plus connus sont leKidung Rangga Lawe, qui raconte la révolte du prince RanggaLawe deTuban contre son suzerain, le roi de Majapahit, leKidung Sunda, qui chante une histoire d'amour malheureux entre le roi Hayam Wuruk et la princesse Dyah Pitaloka, fille du roi deSunda, ce qu'on appelle le « cycle de Panji », un autre prince javanais, et de nombreuses histoires aux héros plus populaires, comme le cycle deCalon Arang avec sa sorcièreRangda. L'argument de la majorité deskidung est situé à Java. LePararaton ou « Livre des rois », chronique qui décline la généalogie des rois duroyaume de Singasari dans l'est de Java et de son successeur Majapahit, est une autre œuvre importante écrite en moyen-javanais.
Les Balinais ont aussi écrit dans leur propre langue, surtout pour les chroniques de leurs propres royaumes, appeléesbabad (« chronique ») comme à Java. Leur principal but était d'établir la généalogie des familles de l'aristocratie. Certainesbabad ont un intérêt surtout littéraire. D'autres constituent des sources historiques de valeur.
Comme dans le reste de l'Indonésie, il y a à Bali des artistes qui créent selon une démarche personnelle. Ils peuvent prendre des éléments de leur culture traditionnelle, ou même s'en inspirer, mais fondamentalement, leurs œuvres sont le reflet d'un univers intérieur qui leur est propre.
De nombreux touristes apprécient au quotidien la littérature de Bali, en témoignent les nombreux blogs sur le sujet.
Les amateurs d'artisanat de toutes qualités, bois, pierre, béton, coquillages, argent, textiles (y compris lebatik, qui est une techniquejavanaise), seront séduits par les réalisations balinaises.
Le tissu traditionnel de Bali est lepoleng,vichy noir et blanc utilisé à des fins religieuses.
Le bois est notamment travaillé àMas, l'argent àCeluk, et lebatik àUbud.
L'architecture et la décoration sont également un domaine de prédilection des balinais et des architectes du monde entier y trouvent leur inspiration.
Jacques Lanzmann,Le Raja - Mythe. aventures et chasse au trésor, Éditions Ramsay, Paris, 1995 : sous le nom de Timor Wandewelle se cache le fils du dernier Raja de Bali. Âgé de 88 ans, il raconte son histoire à un jeune médecin qui l'a sorti d'un mouroir où il était enfermé.
↑a etbFranck Michel, « Bali (Indonésie) : le patrimoine culturel contre ou avec le développement touristique ? »,Études caribéennes, 20 | Décembre 2011, mis en ligne le 28 juin 2013, consulté le 01 juin 2016Lire en ligne.
↑Martin Ramstedt, « Relations Between Hindus in Modern Indonesia and India »,IIAS Newsletter Online No. 23
↑Par exemple, leLonely Planet écrit :« As the Majapahit kingdom fell apart, many of its intelligentsia moved to Bali […]. Artists, dancers, musicians and actors also fled to Bali at this time, and the island experienced an explosion of cultural activities. The final great exodus to Bali took place in 1478. » (Indonesia,p. 259, 2010)
↑« Bali et l'islam : 1. Rencontre historique »,Archipel, volume 58, 1999,p. 159-188
↑Lene Pedersen, "Keeping Bali strong?",Inside Indonesia 95, janvier-mars (2009)