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Baiser

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Baiser
Il bacio (Le Baiser),Francesco Hayez, huile sur toile, 1859.

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Lebaiser est un mouvement qui consiste à toucher une personne avec seslèvres grâce auxmuscles orbiculaires des lèvres. Il peut s’agir d’un comportement social (le baise-main ou la bise), affectueux ou amoureux. Lamain, lajoue et lefront font partie des endroits où l’on pose traditionnellement les lèvres enEurope et en Amérique du Nord. Il s'agit d'une marque d'affection ou derespect dans 90 % des cultures du monde[1]. Dans d'autres cultures (Afrique subsaharienne,Asie,Polynésie), le baiser n’est pas pratiqué, et peut même être réprimé, du moins avant les premiers contacts avec les cultures occidentales[2].

Le baiser est un facteur de transmission desmaladies contagieuses.

Le mot français tire ses racines du latinbasium (de même sens), dont l'origine seraitonomatopéique et correspondrait au bruit que font les lèvres donnant un baiser. On distingue en particulier les baisers sur la joue (ou bises) –amicaux – des baisersamoureux, sur la bouche (ou sur diverses autres parties du corps). Cela dit, dans la majeure partie desÉtats-Unis (entre autres), les parents ont pour habitude de donner des baisers sur la bouche à leurs jeunes enfants, en marque d'affection. AuQuébec, auNouveau-Brunswick et enSuisse, un petit baiser sur la joue ou la bouche est appelé unbec ; enwallon, c'est unbetch.

Histoire du baiser

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Anthropologie

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Le baiser labial et inter-buccal peut être une modification des activités alimentaires de nourrissage bouche à bouche des nouveau-nés et des petits enfants (pré-mastication des mères qui pratiquent la becquée). Ce comportement se retrouve chez tous les grands singes mais aussi les insectes (contacts mandibulaires lors de latrophallaxie) et est pratiqué, chez l'humain, dans des cultures très diverses. La littérature rapporte également que cette pratique était relativement courante, en occident, dans certaines régions rurales. Chez lechimpanzé commun, les adultes en font un geste amical et ils le font avec ou sans nourriture, lechimpanzé bonobo le pratique avec la langue[3].

Il peut provenir aussi d'une modification du reniflement. Certains anthropologues pensent que la première salutation de ce type serait un échange nez à nez pour humer l'odeur de l'autre afin de le reconnaître ou vérifier son état de santé[1],[4]. On retrouve peut-être un vestige de cette pratique dans lebaiser olfactif des Lapons[5].

D'autres y voient un rite issu du détournement du toilettage entre individus, cette activité animale étant parfois intégrée dans la parade sexuelle (à l'instar du maquillage chez les humains)[6].

Alexandre Lacroix y voit plus une origine culturelle qu'animale car toutes les cultures n'ont pas adopté le baiser, notamment en Afrique où des tribus pensent que l'âme de l'individu peut s'échapper par le souffle ou d'autres qui portent lelabret[7]. Ainsi, certains ethnologues font dériver la pratique du baiser de l'inspiration mutuelle de l'haleine symbolisant l'union ou la fusion des âmes[8].

Psychanalyse

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Au vu de la psychanalyse, le baiser est perçu comme un héritage dustade oral qui se tient au cours de l'enfance. La bouche fait figure d'organe sexuel. Le nourrisson tête pour se nourrir, et la succion liée à la satisfaction de ce besoin vital va alors induire du plaisir, parétayage. Le baiser est donc un moyen de revivre fantasmatiquement à l'âge adulte le plaisir de succion du sein maternel. Selon le psychanalysteAdam Phillips (en), le baiser, en faisant revivre des séquences très anciennes de son passé affectif, définit chaque personne qui a sa propre manière d'embrasser[9].

Biologie

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Le baiser avec échange de salive est pratiqué par de nombreuses espèces animales et trouve sa signification évolutive dans l'exploration dusystème immunitaire du partenaire sexuel, via lesystème voméro-nasal, favorisant, selon le biologisteThierry Lodé la rechercheexogamique d'un partenaire et l'évitement deconsanguinité[4].

Perspective historique

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Antiquité

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Éraste et Éromène, coupe attique à figures rouges,Ve siècle av. J.-C.,musée du Louvre.

Les tablettes d'argile portant des textes cunéiformes, trouvées enMésopotamie, mentionnent la pratique du baiser dès 2500 avant J.-C. Selon une étude réalisée par Arbøll et Rasmussen et parue dans la revueScience en 2023, la pratique du baiser n'a pas émergé soudainement et son origine ne peut pas être rattachée à une culture en particulier. Selon cette étude, la pratique du baiser n'a pas non plus été un facteur d'une brusque transmission de pathogènes, comme l'affirmaient des études plus anciennes[10],[11].

Le baiser sur les lèvres est mentionné dans la littérature indienne d'environ1500 av. J.-C. Destextes védiques décrivent des amants qui« posent leur bouche l'une contre l'autre », comment un« jeune seigneur de la maison lèche souvent la jeune femme » ou une pratique qui consiste à se humer avec la bouche. D'autres textes évoquent une ancienne loi hindoue condamnant« l'homme qui boit l'eau des lèvres d'une esclave[1]. » LeKamasutra recense près d'une trentaine de formes de baisers.

Dans la Bible hébraïque, leCantique des Cantiques commence par les mots« Yisshaqeni minneshiqot pihu », « Qu’il m’embrasse des baisers de sa bouche ». Le texte est daté de la période post-exilique, soit dans les environs duVIe au IIIe siècleav. J.-C. Il s'agit donc clairement d'un baiser amoureux. Le récit biblique du baiser deJudas Iscariote àJésus Christ[12] est célèbre.

L'auteur romainPlutarque, à l'occasion d'une fable sur l'origine deRome, indique en reprenant la trame narrative desNauprestides, que la tradition romaine pour les femmes d'embrasser sur la bouche amis et parents remonterait à une époque après laguerre de Troie (autour duXIIIe siècle av. J.-C.). Des réfugiés troyens auraient échoué sur les terres de la future Rome parce que les femmes, lassées par les dures conditions d'une longue navigation, mirent le feu aux navires. Pour apaiser le courroux de leurs hommes constatant l'irréparable, elles les caressèrent, leur baisèrent la bouche pour les amadouer[13]. PourPolybe cependant, cette tradition romaine provient plutôt du désir masculin de vérifier que les femmes respectaient l'interdiction qui leur était faite de consommer du vin[14].

Ce sont lesRomains qui popularisent cette technique et le diffusent en Europe et en Afrique du Nord. Les Romains ont trois termes pour désigner le baiser : l’osculum (littéralement « petite bouche ») est le baiser lèvres fermées sur la main, la joue, la bouche, que l'on échange entre membres d’une mêmecorporation ou d’un mêmeordre social (baiser social) et qui se retrouve encore dans le baiser à la russe ; lebasium (« baiser »), terme introduit au temps deCatulle, est le baiser sur la bouche de la tendresseamoureuse qu'on se donne entreépoux ou entre membres d’une mêmefamille (baiser familial) ; lesuavium est le baiser sexuel, érotique, profond (avec intromission de la langue), qu'on donne à unecourtisane[15].

Le baiser est le signe de reconnaissance des premierschrétiens entre eux et rappelle lebaiser de paix[16] donné pendant lamesse[17].Paul de Tarse finit ses lettres en disant aux fidèles :

« Saluez-vous les uns les autres par un saint baiser[18]. »

Moyen Âge

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  • Enluminure : baiser de la cérémonie de l'hommage entre le roi de France et le roi d'Angleterre, XIVe / XVe siècles.
    Enluminure : baiser de la cérémonie de l'hommage entre le roi de France et le roi d'Angleterre,XIVe / XVe siècles.
  • Mort de Tristan et Iseult, enluminure du XVe siècle.
    Mort de Tristan et Iseult, enluminure duXVe siècle.

Suspecté d'alimenter la débauche, le baiser chrétien de paix sur la bouche est réglementé lors des offices religieux : leConcile de Carthage en 397 l'interdit entre les hommes et les femmes. Le papeInnocent III le réserve à sa propre mule, aux anneaux des évêques et aux reliques des saints. Il l'autorise entre les clercs mais l'interdit entre les fidèles, ce qui atteste que le baiser de bouche (osculum oris) entre les laïcs est encore pratiqué[19]. Pendant l'office, le baiser des fidèles se reporte sur des objets. Ils posent leurs lèvres sur l'autel, les Évangiles ou lecrucifix tandis que les pèlerins embrassent les reliques. À partir duXIIIe siècle, se développe un autre substitut, l'oscularium, objet liturgique (tablette ou disque métallique ou en bois, marqué souvent de la Croix du Christ), les fidèles l'embrassant chacun à leur tour[20].

Les puissants du monde baisent les pieds du pape. Gravure deLucas Cranach l'AncienPassional Christi und Antichristi.

Au Moyen Âge, les fidèles embrassent les pieds dupape, l'anneau de l'évêque ou la main de leur seigneur, en signe d'hommage ou de soumission. Dans certaines régions, la cérémonie de l'hommage comporte un baiser (osculum). La fonction de garantie du sceau occupe la même fonction que l'osculum-confirmation (d'où l'expression « sceller un baiser ») par les gens illettrés qui apposaient unseing (souvent des croix autographes) sur des contrats et les baisaient[19].

Le baiser sur la bouche n'était pas réservé aux relations érotiques entre hommes et femmes. Il pouvait être une manifestation parmi d'autres de l'amitié, notamment entre chevaliers[21].

Renaissance

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Avec l'affirmation de la monarchie et du pouvoir royal, le baiser d'hommage décline. Parallèlement, les poètes de la Renaissance amorcent une mondialisation du baiser en renouvelant la tradition antique de célébrer l'amour sensuel en louant les baisers, tel le poète néo-latinJean Second qui publie sonLivre des Baisers ouRonsard qui les insère dans sesOdes[22].

Époque moderne

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Le baiser social reste prisé, même s'il connaît un déclin en Angleterre à la suite de lagrande peste de Londres en 1655. LeSiècle des Lumières est pour l'imaginaire de certains le siècle des baisers, qu'il s'agisse du baisemain, du baiser galant, du baiser libertin ou du baiser romantique dans la nature[23].

Époque contemporaine

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Le baiser deGregory Peck etAnn Todd dansLe Procès Paradine (1947).

AuXIXe siècle, l'intimité conjugale est confinée à la chambre conjugale, le seul geste érotique public restant le baiser sur la bouche mais il se doit d'être chaste. La mondialisation du baiser est parachevée avec le baiser hollywoodien qui le mythifie comme l'acte fondateur de l'amour. LeXXe siècle voit la libéralisation du baiser profond en public tandis que la révolution demai 68 le banalise, lui faisant perdre sa connotation sexuelle[7].

Le cinéma hollywoodien popularise et mondialise lebaiser amoureux, sous le nomFrench kiss (« le baiser à la française ») mais le puritanisme américain s'exprime à travers lecode Hays qui s'applique au cinéma américain entre 1934 et 1966, la seule manifestation d'érotisme permise étant des baisers mais chastes et dont la durée est limitée[24].

S'il existe autant de traditions du baiser que de coutumes et de régions du monde, la philosophe serbeZorica Tomić (sh) s'interroge sur la place que cet acte socioculturel occupe en public au début duXXIe siècle : en une époque de désintégration de « l’érosphère », « la culture contemporaine, soumise au principe de transparence, a fait voler en éclats la magie du baiser, et l’a dépouillé de tout esprit d’aventure en le réduisant à ses composantes physiologiques, biochimiques, hygiéniques, médicales, psychologiques, anthropologiques et culturelles »[25].

Types de baisers

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Baiser sur le front

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Il est un signe de protection en général.

C'est également lebaiser duparrain délivrant une condamnation à mort à celui qui le reçoit[26].

Baiser sur la joue

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Dans la cultureoccidentale, c'est le plus souvent un signe d'affection.

Entre gens qui partagent une relation proche, le baiser est donné comme un accueil ou un départ, s'embrassant l'un l'autre sur la joue (ou près d'elle dans l'air, pendant que les joues se touchent) ; on parle alors de « bises ».

Baiser sur les lèvres

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Le baiser sur les lèvres peut s'effectuer entreamis proches. Ce geste est un signe d'affection amical. Contrairement au baiseramoureux, il n'a pas de connotation sexuelle. Le baiser sur les lèvres est une pratique que l'on peut trouver au temps despatriarches, c'est-à-dire avant le1er millénaire[27]. Dans laGrèce antique, le baiser sur la bouche sert à exprimer un concept d'égalité entre personne de même rang[28]. Dans le début duIer siècle,Paul de Tarse etPierre, ont recommandé, dans leurs lettres qui composent labible, lebaiser de paix entre croyants et cette pratique s'est répandue dans lechristianisme[29]. AuMoyen Âge, on trouve des écrits de l'Église catholique qui atteste que cette recommandation était toujours actuelle[30]. Le baiser sur les lèvres était également fréquent entre chevaliers. Cela était signe de reconnaissance et de soutien mutuel[28]. AuXXIe siècle, le geste est redevenu populaire auprès des jeunes, notamment en Angleterre, qui y voient un moyen légitime de démontrer de l'affection à un ami[31],[32],[33].

Baiser amoureux

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Le Baiser deRodin,musée Rodin.
Article détaillé :Baiser amoureux.

Une expression d'affection ou dedésir sexuel implique deux personnes s'embrassant sur les lèvres, et peut aussi impliquer une personne embrassant l'autre sur diverses parties de son corps, ou plusieurs personnes embrassant plusieurs autres personnes sur diverses parties de leurs corps.

Lalangue est plus ou moins souvent utilisée dans le baiser amoureux, du moins, les peuples anglophones semblent avoir coutume d'appeler ce baiser avec la langue « baiser à la française » (French kiss), ce qui laisse supposer que cette particularité est (était initialement ?) bien moins courante dans les autres pays qu'en France.

Baiser papillon

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Caresse que l'on donne en battant descils.

Baiser inuit

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Article détaillé :Bisou esquimau.

Frottement réciproque de l'extrémité du nez pratiqué en particulier par lesInuits et entre les membres d'une même famille. L'habitude en viendrait du risque d'avoir le nez gelé par les températures extrêmes, l'échange des frottements permettant de vérifier que la sensation tactile est toujours présente.

Le baiser inter-buccal n'est quant à lui pas pratiqué par lesInuits deThulé, d'après les observations faites parJean Malaurie en 1950 et rapportées dans son livreLes Derniers Rois de Thulé[34]. Son interlocuteur décrit même cela comme étantdégoûtant.

Baiser sexuel

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Le Baiser à la capucine, caricature dansLe Bon Genre, vers 1800.
Le Baisemain polonais, parJohann Joachim Kändler, milieu duXVIIIe siècle,musée national de Varsovie.

Différents types de baisers sexuels sont pratiqués dans le monde : le baiser japonais (fait de plaquer ses lèvres sur celles de son partenaire et de lui souffler dans la bouche), indien (pratiqué immédiatement après une fellation avec éjaculation), baiser allemand (appelé aussigerman kiss, « baiser marron » ou « feuille de rose », il est pratiqué immédiatement après unanulingus), à la capucine (sur la bouche alors que les deux partenaires se tournent le dos et se tiennent les mains), etc[35].

Le baisemain

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Lebaisemain est un geste degalanterie inventé à la fin duXIXe siècle[36] pratiqué par les hommes pour présenter leurs hommages à une dame, en référence à l'amour courtois du Moyen Âge. L'homme prend délicatement la main de la dame en l'approchant de ses lèvres. Il est d'usage, probablement pour des raisons d'hygiène ou de pudeur, de ne pas poser ses lèvres sur le dos de la main, mais uniquement de les approcher le plus près possible.

Dans la tradition arabe le baise-main est utilisé comme un signe de respect pour les plus âgés.

Cette pratique a tendance à tomber en désuétude, notamment en Occident.

Pratiques

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En France

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Nombre de bise(s) en France.
Joue tendue en premier pour faire la bise en France.

En France il est très commun de se « faire la bise » pour se dire bonjour et au revoir. La bise, comme la poignée de mains, fait depuis longtemps partie des rituels depolitesse. Même si leur pratique et leur importance ont pu varier au cours des siècles, elles sont profondément inscrites dans lessalutations et codifiées[37].

Autrefois la bise s'effectuait presque uniquement entre deux femmes, un homme et une femme, ou deux hommes de la même famille. Mais une certaine évolution des mentalités a eu lieu et il est devenu plus courant que les hommes s'embrassent entre eux[38]. Toutefois, la bise n'est pas véritablement un baiser, puisqu'il s'agit d'effleurer la joue de l'autre, généralement en mimant le son du baiser avec ses lèvres[39].

La bise ne bénéficie pas d'une « règle nationale », ainsi selon les régions et les départements, le nombre de bises ainsi que la joue tendue en premier seront différents[40].

Le nombre de bises le plus fréquent est de deux. Il existe néanmoins quelques particularismes régionaux sur cette question. Ainsi, dans la région de Brest, il est de coutume de ne faire qu'une bise ; d'ailleurs, en avril 2014, un Groupement de Réhabilitation de l'Usage de la Bise Unique (GRUBUB) a été créé pour préserver, sous forme de farce, cette coutume. Il s'agissait d'une performance artistique développée par Vincent Cabioch, d'une durée limitée à un mois, qui a reçu un écho dans la presse française[41] et internationale[42].

Dans leMassif central, les départements de laDrôme, l'Hérault (partie est), leGard, laLozère, l'Ardèche, enVaucluse, dans la région d'Arles, lesHautes-Alpes et l'Ain, on pratique généralement trois bises. C'est aussi le cas dans leGenevois français, par l'influence de la Suisse romande. C'est dans les départements de l'Aube, de l'Yonne, de laHaute-Marne, ainsi que de laVendée qu'on pratique le plus de bises en France : quatre en tout[43].

En ce qui concerne la joue tendue en premier, on commence en règle générale par la joue droite dans le nord, l'ouest et le centre du pays, tandis que l'on commence bien souvent par la joue gauche dans l'extrême-sud-ouest, le sud-est, ainsi que l'extrême-est du pays. Il est à noter que l'on commence également par la joue gauche dans l'ancienneHaute-Normandie, spécificité très locale[réf. nécessaire].

Dans le monde

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Le roiWillem-Alexander embrasse sa mèreBeatrix qui vient d'abdiquer en sa faveur.
  • AuLuxembourg, on pratique généralement trois bises.
  • EnBelgique francophone, on pratique généralement une seule bise (baise)[44] en commençant par la joue droite[45] ; la bise existe aussi enFlandre, mais est moins répandue[46].
  • AuQuébec, où la pratique ne s'est généralisée que depuis quelques décennies, on donne 2 ou parfois 3 bises en commençant par la joue gauche tout en se serrant la main droite. Une enquête journalistique canadienne de 2015 constatait la popularité des baisers enbromance, parmi les jeunes adultes masculins francophones[47].
  • EnSerbie, le nombre de bises doit être impair. La seule exception est lors des événements tristes, notamment les funérailles, où le nombre de baisers est alors pair.
  • EnAllemagne, la bise n'est pas une coutume. Certains auteurs témoignent qu'on fait parfois, dans certains milieux sociaux restreints, une ou deux bises aux amis ou aux personnes que l'on connait[48].
  • AuxPays-Bas, on fait trois bises en commençant par la joue droite de la personne.
  • EnSuisse romande, on fait trois bises (becs) en commençant généralement par la joue droite de la personne[44] ; cette pratique est rare enSuisse alémanique[49].
Un baiser entre deux amis au Maroc.

Des familiers peuvent embrasser des enfants pour les réconforter ou leur montrer de l'affection, et inversement. On s'embrasse sous le gui lors dunouvel an, et quelqu'un qui reçoit des cadeaux peut remercier en faisant la bise.

On peut aussi donner un baiser sur la joue en signe d'amour familial.

En France et en Belgique francophone, tout comme dans certaines cultures d'Europe de l'Est, du Sud ou du Moyen-Orient, deuxhommes peuvent s'embrasser en signe de salut, principalement dans le cadre d'une parenté, d'une amitié ou entre jeunes. Dans beaucoup d'autres pays, le baiser sur la joue n'est pas courant, même entre deuxfemmes, ou entre un homme et une femme. Pour les moments importants, l'embrassade est alors remplacée par une intense accolade. Pour les moments plus détendus, l'habitude de se tenir par la main, ou bras-dessus-bras-dessous, peut remplacer cette marque de respect ou d'attachement (ce qui éventuellement contraste avec l'habitude des sociétés occidentales où l'acte de se serrer la main peut être bien plus chargé que l'acte d'embrasser).

Dix-huit mois après le début de lapandémie de covid-19 en Europe et malgré le maintien des recommandations desautorités sanitaires d’éviter cette pratique, la bise est redevenue habituelle entre proches, en, pour deux tiers des Français, la moitié des Espagnols, un quart des Britanniques et un cinquième des Allemands[50].

Physiologie et hygiène

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Au cours d'un baiser intime, les partenaires partagent leurmicrobiote buccal[51],[52].

Baiser et maladies contagieuses

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Le baiser est un facteur detransmission decertaines maladies.

Une mesure d’hygiène pour éviter la contagion est donc d’éviter les baisers. Lors d’épidémies, les baisers sont donc déconseillés et parfois interdits par les pouvoirs publics. Ce fut le cas enFrance sousHenri IV lors d’une épidémie de peste[53], et c'est également le cas durant lapandémie de Covid-19 en 2020[54].

Polysémie

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Leverbe « baiser » a longtemps conservé un sens proche du bas-latinbassiare qui signifie « poser ses lèvres sur une personne ». Le sens debaiser pour désigner le coït est attesté dès leXIIe siècle dans leRoman de Troie de Benoit de Sainte-More, un poète normand ou tourangeau,« Alques (Achille) se torne à sa mesure/ O lie se coche, molt li plest/ Qu'il la conoisse et qu'il la best (baise),/ Et si fait il, c'est veritez[55]. »

Pour éviter l'ambiguïté, on emploie aujourd'hui le verbe embrasser dans le sens de « donner un ou plusieurs baisers ». Dans le cas des baisers sociaux sur les joues, on dit de plus en plus souvent « se faire la bise ». Le verbeembrasser est lui-même ambigu — étymologiquement se tenir entre les bras — dans son sens premier il désigne une étreinte car la majorité des baisers amoureux sont accompagnés d'une étreinte.

Si à l'origine le verbe « baiser » signifie « embrasser, donner un baiser », il possède de nos jours une autre signification populaire, celle d'avoir unrapport sexuel[56].

Notes et références

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  1. ab etcSheril Kirshenbaum,The Science of kissing (La Science du baiser), éd. Grand Central Publishing, 2011.
  2. (en) Marvin K. Opler, « Cross-cultural aspects of kissing »,Medical Aspects of Human Sexuality, Vol. 3, No. 2, février 1969,p. 11, 14, 17, 20-21.
  3. Voirinstinct.
  4. a etbThierry Lodé,La guerre des sexes chez les animaux : une histoire naturelle de la sexualité, Paris, Odile Jacob,, 361 p.(ISBN 978-2-7381-1901-8,présentation en ligne).
  5. Marie-Pierre Genecand, « Le baiser, un monde pour deux », surletemps.ch,.
  6. Claude Rivière,Les Rites profanes, Presses universitaires de France,,p. 40.
  7. a etbAlexandre Lacroix,Contribution à la théorie du baiser, Éditions Autrement,, 135 p..
  8. Zorica Tomić,Le baiser en voie de disparition ?, L’Âge d’homme,,p. 14.
  9. (en) Adam Phillips,On Kissing, Tickling, and Being Bored. Psychoanalytic Essays on the Unexamined Life, Harvard University Press,,p. 98, traduit en français parBaisers, chatouilles et autres petits riens, Bayard, 1997.
  10. Arbøll et Rasmussen (2023).[lire en ligne].
  11. "Humans were kissing as early as 4,500 years ago – research", article de Nilima Marshall dansThe Independent le 18 mai 2023. Page consultée le 18 mai 2023.
  12. Évangile deMatthieu, ch. 26, 47-50.
  13. Plutarque,Vies parallèles[détail des éditions][lire en ligne]Romulus, 1 et 2.
  14. Polybe,Histoires[détail des éditions][lire en ligne],VI, 2, 5.
  15. Philippe Moreau, « Osculum, basium, suavium »,Revue de Philologie,vol. 52,no 1,‎,p. 87-97.
  16. osculum pacis.
  17. VoirThessaloniciens, 5, 26.
  18. basium.
  19. a etbYannick Carré,Le baiser sur la bouche au Moyen Age : rites, symboles, mentalités, à travers les textes et les images,XIe – XVe siècles, Le Léopard d'Or,, 437 p..
  20. John Bossy, « Essai de sociographie de la messe, 1200-1700 »,Annales. Économies, Sociétés, Civilisations,vol. 36,no 1,‎,p. 62.
  21. Claude Gauvard, « Quand les chevaliers s'embrassaient sur la bouche »,L'Histoire,no 172,‎,p. 76-77.
  22. Colette Becker et Isabelle Pantin,La Poésie duXVIe siècle, Éditions Bréal,,p. 84.
  23. Alain Montandon,Les baisers des lumières, Presses Universitaires Blaise Pascal,,p. 7.
  24. Olivier Caïra,Hollywood face à la censure, CNRS éditions,,p. 39.
  25. Zorica Tomić,Le baiser en voie de disparition ?, L’Âge d’homme,,p. 164.
  26. « Le baiser du parrain ou baiser de la mort », sur le siteedarling.fr.
  27. William Smith, Smith's Bible Dictionary,Kiss, UK, 1901.
  28. a etb Marine Gasc,racontemoilhistoire.com,« Le bisou », France, 20 janvier 2016.
  29. Romains 16:16, I Corinthiens 16:20, II Corinthiens 13:12, I Thessaloniciens 5:26, I Pierre 5:14.
  30. Yannick Carré,Le Baiser sur la bouche au Moyen Âge : rites, symboles, mentalités, à travers les textes et les images,XIe – XVe siècles, Le Léopard d'Or, 1992, page 357.
  31. Eric Anderson, Adi Adams, Ian Rivers, Archives of Sexual Behavior,“I Kiss Them Because I Love Them”: The Emergence of Heterosexual Men Kissing in British Institutes of Education, UK, Octobre 2010, Volume 41. 2, pages 421–430
  32. Journal 7sur7.be,Nouvelle tendance: des bisous sur la bouche entre amis!, Belgique, 29 octobre 2010.
  33. Daily Mail Reporter, dailymail.co.uk,How men kissing each other on the lips in friendship is 'no longer taboo', UK, 29 october 2010.
  34. Jean Malaurie,Les Derniers Rois de Thulé, éd. Plon, 1989,p. 246.
  35. Jérémy Patinier, « Le tour du monde des baisers », 27 juin 2008, surPlanet.fr.
  36. Frédéric Rouvillois,Histoire de la politesse[source insuffisante].
  37. DominiquePicard,Politesse, savoir-vivre et relations sociales, Paris, Presses universitaires de France,coll. « Que sais-je ? »,(ISBN 978-2-7154-0138-9 et2-7154-0138-8,OCLC 1127389449).
  38. « La bise, une affaire d’hommes », surleparisien.fr du 25 mars 2013, consulté le 22 octobre 2017.
  39. « La bise, un rituel "so chic" qui déroute les Américains »,L'Obs,‎(lire en ligne, consulté le).
  40. Combien de bises fait-on chez les Français ?, sur combiendebises.com, consulté le 22 octobre 2017.
  41. Sylvaine Salliou,Brest défend la bise unique, le pourFrance 3 Bretagne.
  42. (en)France's pecking order is a complex matter, sur nzherald.co.nz du 4 avril 2014, consulté le 22 octobre 2017.
  43. CentreFrance, « Le mystère des quatre bises dans l'Yonne », surwww.lyonne.fr,(consulté le).
  44. a etbMathieu Avanzi, « Et vous, comment faites-vous la bise ? »,The Conversation,‎(lire en ligne).
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  46. « Les wallons font la bise, les flamands serrent la main », surRTBF(consulté le).
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Voir aussi

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