Pour le royaume de Bactres, ou pour ses habitants - les Bactriens, voirBactriane.
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En pratique :Quelles sources sont attendues ?Comment ajouter mes sources ?Bactres ou Bactra, en perse بلخ -Balkh, est identifiée au site de l'actuelleBalkh dans le nord de l'Afghanistan. Bâtie entre 2.000 et 1.500 avant notre ère, c'est l'une des plus anciennes villes de l'Asie centrale : elle est considérée comme la première ville bâtie par les populationsindo-iraniennes du nord de l'Amou-Daria.
Unchangement climatique est intervenu à partir duVIIIe siècle, juste après l'Antiquité tardive, et conduisit à ladésertification du pays, alors qu'auparavant la région était très fertile.
L'ancienneté et l'importance du lieu sont reconnues par les populations, qui parlent de la ville comme de « la Mère des villes » ou « la Mère des cités ». Elle est mentionnée dans l’inscription deBéhistoun deDariusIer (-522/521/-486), sous le nom de Bakhtrish, de Bakhdi dans l’Avesta et de Bahlika dans leMahabaratha. En arabe elle est appelle « Umm Al-Belaad » ce qui signifie « Mère des villes », en raison de son ancienneté.
Pendant un millénaire, la ville a été le siège central de la religionzoroastrienne, dont le fondateur,Zoroastre, est mort à l'intérieur de ses murs, selon leShâh Nâmeh (ouLivre des rois) du poète persanFirdûsî (ouFirdousi).
Ensuite elle devient un important centre de diffusion dubouddhisme et celui de l'hellénisme au temps du règne d'Alexandre le Grand. La ville a donné son nom à la région deBactriane.
Bactres est située à 20 km au nord-ouest de l'actuelle capitale provinciale,Mazar-e-Charif, et à 74 km au sud du fleuveAmou-Daria (ouOxus ouOxos), au cœur du delta duDarya-i-Balk[1].Une oasis s'y est constituée qui sert de relais sur la route de la soie autant à ceux qui se rendent depuis l'Iran vers la Chine, en longeant les monts duKhorassan et de l'Hindou Kouch, que ceux qui cherchent à gagner l'Inde en traversant les montagnes via la vallée duDarya-i-Shuf, affluent de la rivière de Bactres[2].
Les premières fouilles sont menées à Bactres par laDélégation archéologique française en Afghanistan (DAFA) sous l'égide de son premier président,Alfred Foucher, de janvier à juillet 1924[3]. L'objectif des fouilleurs est de découvrir des traces d'occupation de laBactriane par des colons grecs et c'est tout naturellement que la DAFA commence ses recherches àBalkh. Mais les découvertes n'ont pas été pas au rendez-vous des espoirs. En effet, à cause des conditions particulièrement éprouvantes des fouilles, du manque de temps et de l'absence d'expérience de Foucher dans l'archéologie de terrain, les niveaux plus anciens ne purent être atteints[4].Alfred Foucher exprima sa déception en parlant de "mirage bactrien", renvoyant la recherche de la culture hellénistique enBactriane à une chimère et discréditant pour quarante ans de telles études[4].
En 1947 ont lieu de nouvelles fouilles qui mettent au jour quelques modestes vestiges, principalement de la céramique, témoignant d'une occupation antérieure à l'époque de l'empire kouchan[5]. Quelques fouilles éparses sont encore réalisées dans les années 1950, sans plus de résultats. Il faut attendre les années 1960 et la découverte de la colonie grecque d'Aï Khanoum, située sur l'Amou-Daria, plus à l'est de Bactres, et d'impressionnants témoignages de son caractère hellénistique pour balayer la notion de "mirage bactrien"[6]. L'intérêt pour cette région est alors relancé et aboutit, au début des années 2000, à la découverte d'éléments architecturaux typiquement grecs sur le site de Bactres.
L'occupation du site remonte au milieu duIIe millénaire av. J.-C. La ville antique s'organise autour du Bala Hissar, une enceinte fortifiée située au nord de la ville actuelle. Les fouilles confirment qu'elle est la partie la plus ancienne de la ville puisque des céramiques typiques de la période 1500-1000 av. J.-C. ont été découvertes[7]. La fondation mythique de la cité est attribuée àKeyoumars (Premier Shāh du monde selon leShâh Nâmeh du poète persanFirdousi, leRomulusperse en quelque sorte). Il est probable que dans l'Antiquité, la cité ait rivalisé avec de grandes villes commeBabylone,Ecbatane ouNinive. Selon une très ancienne tradition c'est là que se trouvait le sanctuaire d'Anahita (ou Aredvi Sura Anahita, divinité de l'eau, de la fertilité, de la guérison et de la sagesse) avec un temple si riche qu'il a été pillé.
Les chercheurs proposent que, dès l'Antiquité, un certain nombre de rois ont régi un vaste espace autour de Bactres, et que cette région et la ville deBalkh correspondent auroyaumeBahlikâ dont il est question dans l'épopéeindienne duMahābhārata (une des deux grandes épopées de l'Inde ancienne, l'autre étant leRāmāyana), ce qui signifierait que la civilisation de cette région a eu des liensvédiques avec le nord de l'Inde au cours duIer millénaire.
AuVIe siècle av. J.-C., la Bactriane devient, avec laMargiane et laSogdiane, la douzièmesatrapie de l'empire perse et Bactres sa capitale. Elle est en effet citée dans l'inscription deBehistoun à ce titre. Elle doit aussi, comme toutes les possessions achéménides, verser un tribut dont le montant est cité par les « Chartes de Suse » : 360 talents (une tonne) d'argent ainsi que diverses cadeaux en or et vases précieux, représentés sur les bas-reliefs dePersépolis et deSuse[8]. La Bactriane et sa capitale sont donc bien intégrées au fonctionnement de l'empire. De même, plusieurs découvertes archéologiques ont mis en avant la réalité de la présence de l'administration achéménide en Bactriane. C'est ainsi que des bâtonnets inscrits et des tablettes en élamite (Kandahar) ont été découvertes[9]. La ville se dote alors d'une imposante muraille de briques crues dont les vestiges ont été retrouvés à 32 km au nord de Bactres[2].
Mais Bactres se révèle également une importante capitale religieuse. C'est ici que, selon l'Avesta,Zoroastre aurait trouvé du soutien pour l'instauration de la pratique du décharnement des cadavres[9]. Ainsi, la découverte au Tepe Zargaran, à l'est de la ville actuelle, d'une structure funéraire avec des ossements humains, dont certains portaient des traces de découpes sur os frais, fait écho au témoignage deStrabon sur la conquête de Bactres parAlexandre :
« [...] les alentours de leur capitale n’offraient aux yeux aucun objet impur, presque tous les quartiers de l’intérieur n’étaient remplis que d’ossements humains[9]. »
Le caractère de capitale religieuse est encore confirmé par la découverte d'un imposant autel du feu, taillé dans un bloc de calcaire, typique du cultezoroastrien[9]. Enfin, l'un des rois perses,Artaxerxès II Mnémon (-404/-359) y aurait consacré une statue de la déesseAnahita[2].
En ce qui concerne l'occupation du site, un niveau achéménide est attesté au sud du secteur du Bala Hissar par des restes de céramiques découvertes par les fouilles de 2004 à 2006. De même, des briques rectangulaires, typiques de l'architecture achéménide ont été retrouvées[10].
En-329, Bessos, lesatrape perse ayant assassiné le dernier roiperseachéménide,Darius III (-335/-330), se réfugie enBactriane. Il se fait reconnaître à Bactres « roi de Perse » sous le nom d'Artaxerxès V.Alexandre le Grand (-336/-323) le vainc et le tue, puis y installe une puissante garnison et y épouse, en-327,Roxane, fille d'Oxyarte, roi deSogdiane[11]. C’est à Bactres qu’Alexandre aurait déjoué le complot dit « des Pages »[2]. Tout naturellement, la ville conserve son statut de capitale régionale après la conquête macédonienne. Après les épreuves de la conquêtes, Bactres s'étend vers le Tepe Zargaran et les Remparts Nord[9]. Des chapiteaux corinthiens ou encore des bases de colonnes sont retrouvés sur le premier site lors des fouilles de 2004-2006[6]. De fait, ces vestiges témoignent de l'occupation grecque de Bactres et du réaménagement de la ville selon les critères de l'hellénisme au cours duIIIe siècle av. J.-C.[12]. Bactres devient ainsi le centre d'un royaumegréco-bactrien, même si, auIIIe siècle av. J.-C., des sourcesarméniennes indiquent que le roipartheArsaceIer (-250/-247) y aurait temporairement établi sa capitale. De même, la ville résiste victorieusement au siège d'Antiochos III lors d'une tentative de reconquête séleucide du royaume[2]. En-185 le royaumegréco-bactrien est au faîte de sa puissance et s'étend jusqu'à l'océan Indien.
AuIer siècle av. J.-C., ce royaumehellénistique est remplacé par l'Empire desKouchans ou Tokhariens (autre peuple iranien), dont Bactres devient la capitale. La cité, prospère grâce à laRoute de la soie et au commerce des pierres précieuses, notamment lelapis-lazuli, était un haut lieu dubouddhisme avec le célèbre monastère deNaubahar. Dans lesMémoires deXuanzang (moinebouddhistechinois, savant et voyageur,602/664), nous apprenons qu'au moment de sa visite auVIIe siècle, il y avait dans la ville ou dans ses environs près d'une centaine de couventsbouddhistes avec 3 000 moines, et un grand nombre destupas et d'autres monuments religieux. AuIIIe siècle, lesKouchans/Tokhariens cèdent la place à d'autres iraniens : les persesSassanides.
Les Iranienssassanides sontislamisés auVIIIe siècle ; à ce moment la population locale est toujours en majorité kouchane, comme en témoigne le nomarabe de la Bactriane :Tokharistan. Déjà en partie abandonnée en raison de ladésertification, la ville est définitivement ruinée en1220 par les hordes deGengis Khan. Le site deBalkh est aujourd'hui, pour sa grande majorité, une masse de ruines à une altitude d'environ 365 m. La population localement majoritaire est aujourd'huiouzbèque, delangue turque, mais un peu à l'est de Balkh, leBadakhchan, de languetadjiqueiranienne, témoigne des antiques racines iraniennes de la Bactriane. L'action de l'opéraLe Mage deJules Massenet s'y déroule en partie.