Dans le cadre de la désintégration de l'Empire timouride, il subit une série de vicissitudes et d'échecs, jusqu'à être abandonné par tous à certains moments, n'ayant que quelques dizaines d'hommes sous ses ordres, il parvient toutefois à prendreKaboul, d'où il lance des raids dans lesultanat de Delhi et dans d'autres royaumes musulmans d'Inde avant de s'étendre à toute laplaine indo-gangétique et étendre considérablement son territoire enInde. Lorsqu'il meurt, son territoire s'étend d'Afghanistan auBengale et comprend certaines des villes les plus peuplées et les plus riches du monde, commeDelhi ouLahore.
Religieusement, il commence sa vie comme un musulman intransigeant, mais il évolue énormément et, au fur et à mesure qu'il conquiert de nouveaux territoires et qu'il prend de l'âge, Babur devient plus tolérant, permettant à d'autres religions de coexister pacifiquement dans son empire et à sa cour[2]. Il montre aussi une certaine attirance pour lathéologie, lapoésie, lagéographie, l'histoire et labiologie, des disciplines qu'il favorise à sa cour, ce qui le pousse à être fréquemment rangé dans les représentants de laRenaissance timouride[3]. Ses positions religieuses et philosophiques sont qualifiées d'humanistes[4].
Il est l'auteur du « Livre de Babur », ouBaburnama, rédigé entchaghataï, unelangue turcique ancêtre de l'ouïghour et de l'ouzbek. Il est traduit enpersan après sa mort. Le livre sont ses mémoires qu'il rédige à la fin de sa vie. Il y adopte une prose humble et peu tournée vers la grandiloquence, reconnaissant ses erreurs et ses fautes, ce qui en fait une source importante d'informations sur sa vie et son époque par leur aspect relativement objectif[3]. Il s'agit d'une des rares autobiographies objectives de la littérature islamique médiévale[3].
Omar Cheikh II meurt le[5], et à 12 ans, Babur hérite du trône. Une tentative de renversement par ses oncles échoue et aussitôt son trône assuré, il réfléchit à étendre son territoire.
En1497, il attaque et prendSamarcande, sur laquelle il pense avoir un droit légitime héréditaire en tant que descendant de Tamerlan. Une rébellion parmi ses nobles éclate dans son royaume. En route pour le reconquérir, ses troupes l'abandonnent et il reperd Samarcande. Il reprend ses territoires perdus, mais en est finalement chassé en1501 par son ennemi principal,Mohammad Chaybani, lekhan desOuzbeks. Pendant trois années, il erre, tentant en vain de récupérer ses possessions perdues, puis en1504, rassemblant quelques troupes fidèles, il traverse l'Hindou Kouch enneigé, prend la ville forte deKaboul et se retrouve à la tête d'un riche royaume.
De nouveau, après la mort de Shaibani en1510, Babur réclame ses possessions originelles, et reçoit l'aide déterminante d'Ismaïl Safavi, et en1511 fait une entrée triomphale dans Samarcande. Mais en1512 il est à nouveau défait par lesOuzbeks et retourne difficilement àKaboul en1514.
Il semble maintenant avoir perdu tout espoir de récupérer laFerghana, et comme il redoute aussi une invasion des Ouzbeks à l'ouest, il se tourne vers l'Inde et en particulier lePendjab qu'il considère comme son héritage légitime de Tamerlan. Plusieurs incursions préliminaires avaient été déjà faites, quand en1521 une occasion se présente pour une expédition plus sérieuse.Ibrahim Lodi,sultan de Delhi, est détesté de tous, même par les noblesafghans, et Babur s'allie avec un rebelle, Alam Khan. Il rassemble ses forces, 12 000 hommes et quelques pièces d'artillerie et marchent sur l'Inde. Ibrahim, avec 100 000 soldats et de nombreux éléphants, avancent contre lui. La grande bataille a lieu àPanipat le : Ibrahim est massacré et son armée mise en déroute. Babur se proclame alorsPadshah Ghazi, empereur de l'Inde, puis avec l'aide de son filsHumayun s'empare immédiatement d'Agra. Mais, un autre ennemi redoutable l'attend,Rana Sangha deChittorgarh qui a rassemblé contre lui une énorme armée de 210 000 hommes. Son cas paraît désespéré, il fait le vœu de renoncer au vin, qu'il consomme sans modération. À Kanwaha, le 10 ou[réf. nécessaire], il remporte une grande victoire, tandis que son fils pacifie la vallée duGange, et devient alors le maître absolu de l'Inde du nord.
Il passe la fin de sa vie à organiser son nouvel empire et à embellir Agra, sa capitale. En, son fils aîné et préféré Humayun tombe malade. Alors que tous les médecins s'accordent à annoncer sa mort prochaine, c'est Babur qui meurt, anéanti à l'annonce de la maladie de son fils. Selon la légende, il aurait donné sa vie pour sauver celle de celui qu'il désigne comme son successeur. Il décède le durant sa quarante-huitième année et est enterré à Kaboul. Humayun lui succède alors.
Fin lettré, il aime la musique, compose des poèmes et dicte ses mémoires, leBabur Nama, chronique de sa vie et de celle de ses proches entre1494 et1529, texte autobiographique écrit en turctchaghataï, qui n’a été précédé, dans le monde islamique, que par « Les enseignements de la vie » d’Usama Ibn Munqhid, émir de Chaysar, au XIIe siècle.
De son père,Omar Sheikh Mirza, fils d'Abu Saïd Mirza, arrière-petit-fils et successeur deTamerlan assassiné en 1469, dont il hérite une bonne partie de la personnalité, Babur nous a laissé ce portrait émouvant de précision :
« C'était un homme corpulent et de petite taille, à la barbe clairsemée et au teint coloré. Il portait sa tunique très serrée et comme, pour en nouer les cordons, il avait coutume de contracter son ventre, il arrivait souvent qu'en lui rendant la liberté les cordons se rompissent. Il ne faisait qu'un seul tour avec son turban alors qu'en ces temps-là il était de coutume d'en faire quatre ; en outre, il n'y faisait pas de pli et en laissait pendre les bouts. L'été, à moins qu'il ne fût au Conseil, il ne portait la plupart du temps que le bonnet mongol. Il appartenait au ritehanéfite et avait des opinions très orthodoxes. Il ne négligeait aucune des cinq prières quotidiennes et s'acquitta toute sa vie de ses devoirs religieux. Il passait une partie de son temps à lire et à méditer leCoran. Il était disciple de Khadja Ubaydullah et aimait converser avec lui. Celui-ci, de son côté, l'appelait son fils. Ses lectures favorites était lekhamsa[6], lesmesnevi[7], les livres d'histoire et surtout leShah Nameh. Il avait une disposition naturelle pour la poésie, mais ne s'était pas appliqué à cultiver cet art.
C'était un prince doué d'une grande générosité : elle était chez lui la qualité dominante. D'un bon naturel, subtil, éloquent, il n'en était pas moins brave. En deux occasions, il marcha seul en avant de tous sesnöker[8] et fit au sabre des prodiges de valeur... Il était d'une force moyenne dans le maniement de l'arc mais il avait une vigueur extraordinaire dans les bras de telle sorte qu'il n'était pas de lutteur qui ne fût renversé sous ses coups... C'était un agréable compagnon. À l'occasion, il récitait fort joliment des vers. C'était un homme unique en son genre. Il jouait beaucoup, surtout autric-trac et parfois même aux dés. »
Sa mère, Kutlug Nigar Khanim, était une des cinq filles de Yunus Khan, prince deTachkent descendant de Gengis Khan à la onzième génération par son filsTchagataï, fondateur dukhanat qui porte son nom. Par ses origines autant que par son milieu, Babur était donc un authentiqueTimouride.
Babur reçoit plusieurs précepteurs aux compétences inégales, mais dont deuxkhojas le marquent plus particulièrement : Ubaydallah, qui lui donne son nom et lui inculque la compassion pour les pauvres, vertu qu'il pratiqua toute sa vie et Mevlana-i-Kadi, issu d'une prestigieuse lignée, et que son élève admire pour sa sainteté et son courage.
Il pratique toutes les activités aristocratiques de son temps : équitation, tir à l'arc, escrime, natation.
Sa langue est leturc tchagataï, rameau oriental du turc commun, la plus importante après l'ottoman. LesMémoires qu'il dicte lui-même passent pour le chef-d'œuvre littéraire de cette langue. Il maîtrise lepersan, alors langue vernaculaire de toute l'Asie orientale, jusqu'à composer des poèmes de très bonne facture. Il ignore vraisemblablement lemongol (malgré ses origines maternelles) de même que l'arabe, devenu déjà très minoritaire à cette époque dans la région.
Sa ville natale, bien que de taille provinciale, subit le rayonnement de la prestigieuseSamarcande qu'il rêve de conquérir sans succès durant toute sa vie.
La mort accidentelle de son père en 1494 lui permet de poser sa candidature à la succession au trône duFerghana dans une Asie centrale dépourvue de règle de succession et déchirée par les rivalités des princes locaux, turcs ou mongols.
« Ce fut alors que je rencontrai le fils d’un marchand d’un bazar du camp, nommé Baburî dont le nom me convenait singulièrement, et pour lequel je me découvris une singulière inclination […] Dans le bouillonnement de la passion et de l’amour, et sous l’emprise de l’ardeur et de la fureur, je me promenais tête et pieds nus, sans prêter attention aux gens de connaissance ni aux étrangers et sans me soucier de moi-même »
Babur a eu une nombreuse descendance. De l'union avec la sultanebégum Aisha (Khodjent,), fille de Sultan Ahmed Mirza et de la bégum Qataq (1484 - v. 1531) :
Fakhrunnisa Begum, (1501) morte à l'âge d'un mois.
De l'union avec Zainab Sultan Begum (Kaboul, 1504), fille de Sultan Mahmud Mirza et de Khwanzada Begum Termizi, morte de la petite vérole en 1507 : aucune descendance.
De l'union avec Maham Begum (Hérat, 1506), parente de Sheikh Ahmed Jami (morte àAgra le) :
Barbul Mirza (Kaboul 1509/1510 - mort jeune avant) ;
Mihrjahan Begum (Khost 1511 - morte jeune avant) ;
Esan Daulat Begum (Kaboul (1516) - morte jeune avant) ;
Na Begum (Kaboul (1517/1518 - morte jeune avant) ;
Farouk Mirza (Kaboul - 1527).
De l'union avec Masuma Sultan Begum (Kaboul, 1507), fille de Sultan Ahmed Mirza et de Habiba Sultan Begum Arghun (morte en couches à Kaboul vers 1509/1510) :
Masuma Sultan Begum (Kaboul 1509/1510 - ??), mariée en 1515/1516 avec Mirza Mohammed Zaman, fils de Badiuzaman Mirza et de Urun Sultan Khanum ; mort noyé dans le Gange à Causa en 1539.
De l'union avec Gulrukh Begum Taghay Begchik (1508), sœur de Sultan Ali Mirza Taghay Begchik et de Yadgar Taghai (morte avant 1545) :
Kamran Mirza (Kaboul 1509 - La Mecque), gouverneur de Kaboul, Kandahar et Multan le ; gouverneur de Ghazni et du Punjab 1530-1553 ; aveuglé en 1553 ;
Mohammed Askari Mirza (Kaboul 1516 - La Mecque 1554), gouverneur de Multan, de Chandiri en ; de Sarkar Sambhal 1530 ;
Shahrukh Mirza (Kaboul (1518 - ?), mort jeune ;
Ahmed Mirza (Kaboul (1520 - ?), mort jeune ;
Gulizar Begum (Kaboul (1522 - ?), mort jeune.
De l'union avec Dildar Agha Begum (1510/1514), morte après 1550 :
Gulrang Begum (Khost 1511/1515 - après 1543) ; mariée à Esan Timur Chaghatai Moghol, fils d'Ahmed Khan Chaghatai Moghol, puis Mirza Nureddin Mohammed, fils de Kwaja Alauddin Mohammed ;
Gulchihra Begum (Kaboul 1516/1517 - après 1557) ; mariée à Sultan Tukhta Bugha Khan Chaghatai Moghol, fils d’Ahmed Khan Chaghatai Moghol, + 1533 puis Abbas Sultan Uzbeg ;
Abul Nasir Mohammed Hindal (Kaboul - tué en Arabie le) ; gouverneur Sarkar Alwal 1530 ; marié à Sultanam Begum, sœur de Mohammed Mahdi Kwaja ; père de :
Ruqqaya Sultan Begum (1542 - Agra), mariée àAkbar, son cousin ;
Gulbadan Begum (Kaboul 1523 -), mariée à Khizr Khwaja Khan Chaghatai Moghol, fils d'Aiman Khwaja Khan ;
Alwar Mirza (Kaboul (1524/1525) - Âgrâ 1529).
Bibi Mubaraika Begum (Kehraj le), fille de Malik Shah Mansur Yusufzai, morte après 1556.
↑Shripad Rama Sharma,Mughal empire in India : a systematic study including source material, Volume 1, Atlantic Publishers & Distributors,, 302 p.(ISBN978-81-7156-817-8,présentation en ligne)
↑SimonBerger,"Une armée en guise de peuple" : la structure militaire de l'organisation politique et sociale des nomades eurasiatiques à travers l'exemple mongol médiéval, Paris, EHESS,(lire en ligne)