Dans lenom hongroisKunBéla, le nom de famille précède le prénom, mais cet article utilise l’ordre habituel en français BélaKun, où le prénom précède le nom.
Béla Kun, né Béla Kohn àSzilágycseh enTransylvanie austro-hongroise, est issu d'un père notaire, d'originejuive hongroise et d'orientation politiquesocial-démocrate[1]; sa mère était uneHongroise transylvaine d'une famillecalviniste[2], mais aucun des deux n'était pratiquant. Béla Kohnmagyarisa son nom en Kun en 1904. Après avoir brièvement commencé des études de droit à l'université deKolozsvár, il entre assez jeune en politique, d'abord en Transylvanie puis àBudapest. Il est mobilisé en 1914 et part se battre sur le front russe. Fait prisonnier en 1916, il est interné dans un camp de prisonniers. Là, avec d'autres hongrois commeTibor Szamuely, il découvre lebolchevisme, les textes deKarl Marx et les révolutionnaires, qu'il décide de rejoindre.
EnRussie soviétique, il rencontreLénine. Ce dernier le juge intelligent, énergique, doté d'un grand charisme, mais trop impulsif[3]. LesBolcheviques considèrent que Kun est apte à transposer le modèle communiste en Hongrie. Béla Kun suit alors des cours en tactique révolutionnaire ainsi qu'enpropagande. En 1918 et avec la défaite desempires centraux, l'Autriche-Hongrie se disloque. Lénine et Trotsky pensent alors qu'il est temps pour Béla Kun de repartir au pays afin d'y mettre en place une mouvance révolutionnaire[4]. Kun et les autres sympathisants communistes hongrois se joignent à d'autres groupes politiques pour fonder, au mois de, leParti des communistes de Hongrie.
Béla Kun détenu par leNKVD à Moscou en 1937.Monument deTibor Szamuely, Béla Kun (centre) et Jenő Landler (1875–1928), à Budapest[5].
Au début, Béla Kun bénéficie d'un soutien relatif d'une partie de l'opinion, y compris dans la bourgeoisie et l'armée, parce qu'il tente de récupérer par les armes les territoires hongrois où lesRoumains,Serbes,Slovaques etUkrainiens avaient fait sécession. Mais il perd ce soutien en voulant mener de front la guerre de reconquête et la collectivisation forcée des terres et des entreprises, en faisantemprisonner ou exécuter tout opposant ou présumé tel[7], en faisant interdire tous les partis d'opposition et aussi lafranc-maçonnerie[8].
Au cours desGrandes Purges staliniennes, accusé detrotskisme, il est arrêté en1937. Torturé, comme tous les autres « déviationnistes », par leNKVD, il est envoyé et exécuté augoulag le selon les révélations du gouvernement soviétique en (antérieurement il était supposé mort sur le site deKommounarka àMoscou).Mátyás Rákosi, un de ses camarades ducoup d'État de 1919, voit paradoxalement sa vie épargnée des Purges car emprisonné dans les geôles hongroises jusqu'en 1940 avant de devenir un des plus fidèles lieutenants dustalinisme en Hongrie après 1945.
Béla Kun a été réhabilité politiquement en 1956 dans le cadre de la déstalinisation. LaRépublique populaire hongroise lui a élevé un monument aujourd'hui visible auMemento Park, à Budapest.
↑György Borsányi,The Life of a Communist Revolutionary: Béla Kun. Mario D. Fenyo, trans. Boulder, CO: Social Science Monographs/Atlantic Research and Publications, 1993;p. 1.
↑Reeves, Zane T.Shoes Along the Danube: Based on a True Story, Durham, Strategic Book Group, 2011.
↑Victor Méric,Coulisses et tréteaux déjà cité.lire en ligne].
↑SelonRobert Service,Comrades : Communism : a World History, Pan Books, 2007, page 95, Béla Kun semble avoir été envoyé en Allemagne à l'instigation du président du KominternGrigori Zinoviev et deRadek, apparemment sans queLénine en ait été informé. Les instructions données à Béla Kun par Zinoviev et Radek ne sont pas connues avec précision.
↑Méric 1931 :« Me voilà loin de Bela Kun et de ses « kuneries », comme disait irrespectueusement Lénine. »
↑Jacques Droz,Le Socialisme en Allemagne, dansHistoire générale du socialisme,t. 3 : de 1918 à 1945, Presses universitaires de France, 1977,p. 220-221.