LesBédouins sont desnomadesarabes vivant de l'élevage descaprins, desovins et descamélidés[2], principalement dans les déserts duMoyen-Orient et l'Afrique du Nord. Cette population arabe d'environ 25 millions de personnes[3] est reconnaissable par sesdialectes, sa culture et sa structure sociale spécifiques[2]. De nos jours, seuls environ 5 % des Bédouins duMoyen-Orient sont encore nomades, tandis que quelques Bédouins du désert du Sinaï sont encore semi-nomades[2]. Pour certains Bédouins, il suffit d'appartenir à unetribu d'origine bédouine pour se dire Bédouin, mais pour d'autres il faut de plus mener une vie de nomade, ce qui en exclut les sédentaires[4].
Le nom « bédouins » est issu debadw (البدو) oubadawi (بَدَوِي) ou au plurielbadawiyoune (بَدَوِيُّون) qui désigne enarabe les habitants du désert qui se déplacent fréquemment[5].
Le pays d'origine des Arabes bédouins est ledésert d'Arabie. Cependant, certains groupes ont migré vers le nord. La Syrie est l’un des premiers territoires habités par les Bédouins, et plus d’un million de personnes vivent encore dans le nord du désert syrien[6]. Ils parlent lebadawi (arabe bédouin).
Au cours duXXe siècle, la société bédouine a connu de grands bouleversements, tendant à faire disparaître ou à modifier un certain nombre de ses traditions. Ces bouleversements ont principalement été entraînés par la rencontre avec le mode de vie occidental, à partir des années 1920, lorsque laFrance et laGrande-Bretagne ont reçu desmandats pour gouverner les pays arabes nouvellement créés. Ces bouleversements avaient été largement amorcés dès leXIXe siècle par lesOttomans, notamment par leur politique de la « terre morte » (mawat en arabe), destinée à limiter le pouvoir des tribus bédouines[8].
Parmi ces bouleversements, on peut compter l’apparition des véhicules motorisés, qui ont dans bien des cas remplacé les chameaux, l'animal de bât et de monte traditionnel, entraînant l’effondrement d’un élément majeur de l’économie bédouine.
Le découpage en pays des territoires habités par les bédouins a en outre restreint les déplacements des familles et tribus dans leurs migrations annuelles, même si ces déplacements internationaux bénéficient d’une tolérance particulière dans le cas des nomades bédouins.
On trouve des tribus d’origine Bédouines dans toute laTunisie. Il y a principalement lesBanu Sulaym, lesBanu Hudhayl(en),Banu Chammar etBanu Hilal. De nos jours, ils sont peu nomades, la plupart habitent en ville et sont détribalisés.
Les Bédouins, qui autrefois traversaient les déserts de la péninsule d'Arabie ou laPalestine sans se préoccuper des frontières, représentent enSyrie un peu moins de 1 % de la population. Le gouvernement a cherché à sédentariser depuis des années ces nomades. Pasteurs pour la plupart, les Bédouins continuent néanmoins à voyager avec chevaux et chameaux.
Les Bédouins dePalestine se désignaient par le terme’Arab, qui « renvoie aux distinctions que les habitants duNéguev faisaient avant1948 entre les possédants (’Arab) et les paysans (Fellahin) qui louaient la terre aux Bédouins », auxquels s'ajoutaient les anciensesclaves originaires d’Afrique, notamment duSoudan, appelésHumran (« rouge » en arabe). « Le qualificatifBedu, qui renvoie simplement aux habitants du désert, n’était à l’époque généralement utilisé que par les paysans arabes de la région »[9].
L’enrôlement d’un grand nombre de Bédouins dans des armées nationales a quant à lui considérablement freiné les affrontements inter-tribaux, une armée régulière ne sachant tolérer que ses soldats s’affrontent entre eux, ni qu’ils attaquent des soldats d’une autre armée sans en avoir reçu l’ordre.
Bédouins dans l'armée israélienne (2012).
EnIsraël, le gouvernement tente lui aussi desédentariser ces populations présentes dans leNéguev (140 000 personnes originaires du Sinaï et d’Arabie Saoudite) et enGalilée (60 000 personnes deJordanie et deSyrie)[9], Les Bédouins servent dans l'armée israélienne sur la base du volontariat, souvent en tant quegardes-frontières ou dans d'autres unités, à la différence des autresArabes israéliens qui, le plus souvent (sauf lesDruzes), n'effectuent pas leservice militaire[9]. Malgré cela, les Bédouins restent peu intégrés à la société israélienne[10] et ont beaucoup de mal à y être acceptés pleinement[11],[12]. Un village bédouin du Néguev,Wadi al-Khalil, a été détruit en 2024 pour faire passer une autoroute[13].
Famille bédouine d'éleveurs de moutons près dePalmyre (Syrie).
La plupart des bédouins sont des éleveurs de moutons et de chèvres. Le groupe le plus connu est le Rwala. Les Bédouins appartiennent à deux classes sociales principales : une classe connue sous le nom de « vrais » bédouins qui vivent comme des bergers nomades et un autre groupe connu sous le nom defellahin, ayant adopté l'agriculture. Lesfellahins mènent donc une vie plus sédentaire au bord du désert. En revanche, les « vrais » bédouins sont réputés pour avoir attaqué toutes les caravanes qu'ils ont croisées en traversant des déserts stériles[6].
Ils se déplacent dans le désert pendant les saisons d'hiver pluvieuses et reviennent au bord du désert pendant les étés chauds et secs.
Les Arabes bédouins ont une existence relativement dure, entre les températures extrêmes du jour et de la nuit auxquelles ils se sont adaptés. Les nomades n'ont pas de domicile permanent mais vivent dans destentes noires portables en poils de chèvre tissés. Les tentes sont divisées par une cloison décorative appeléegata. La moitié de la tente est destinée aux femmes, aux enfants, aux ustensiles de cuisine et au stockage. L'autre moitié contient une cheminée et est utilisée pour les réceptions.
Les femmes effectuent la majeure partie du travail, tandis que les hommes socialisent et planifient pour le groupe.
La culture matérielle des Bédouins est limitée. Leurs tentes sont leurs biens principaux et les animaux sont très importants pour leur mode de vie nomade. Les chameaux sont leur principal moyen de transport, tandis que lesovins et lescaprins sont achetés et vendus. Les produits laitiers sont la principale source de nourriture des bédouins. Le lait de chameaux et de chèvres est transformé en yaourt et beurre.
Pour supporter la chaleur extrême du désert le jour, les Bédouins portent des vêtements légers et de couleur claire. Ces vêtements sont très lâches, permettant la circulation de l'air.
Bien que les Bédouins aient jugé autrefois dégradant d’avoir des emplois manuels, cette attitude a quelque peu changé ces dernières années. En raison de la nécessité de meilleures conditions de santé, de plus d'argent et de meilleures conditions de vie, certains ont accepté des emplois rémunérés. Cependant, la plupart d'entre eux méprisent encore ce type de travail.
Presque tous les Bédouins en Syrie sont des musulmanssunnites.
L'islam a beaucoup influencé la vie des Bédouins. Par exemple, pour préserver leur peuple, les Bédouins ne sont autorisés à épouser que ceux de leur propre groupe. En outre, la société estpatrilinéaire, ce qui signifie que les héritages sont transmis par les hommes.
Campements de tentes noires dans le désert, entreJéricho et laMer morte.
Bédouines puisant de l'eau dans un réservoir du désert de Jordanie (v. 1900).
Bédouins fabriquant du pain plat dans leSinaï (Égypte) (2007).
La plupart de leurs repas consistent en un bol de lait (de chameau ou de chèvre), de yaourt ou de riz. Des pains ronds de pain sanslevain sont servis lorsqu'ils sont disponibles. Lesdattes, que l’on trouve dans lesoasis du désert, se mangent en dessert. La viande est servie uniquement lors d'occasions spéciales telles que les fêtes de mariage, les cérémonies ou lorsque des invités sont présents.
La société bédouine s’organise sur les liens du sang. Lafamille, c'est-à-dire un individu, ses parents, ses frères et sœurs, son époux/épouse, ses enfants, est un premier niveau de liens. Puis vient une notion de famille plus élargie, oncles, cousins, beaux parents, beaux frères, etc., au-delà de laquelle apparaît celle du clan ; et enfin la notion detribu avec d’éventuelles ramifications, voire de confédération de tribus. Le regard de ces différents groupes a une influence fondamentale sur les comportements individuels. Leshonneurs et déshonneurs d’un individu sont partagés par sa famille ou sa tribu, pouvant entraîner de grandes célébrations, ou d’impitoyables représailles.
La taille des tribus varie énormément, de quelques milliers d’individus à plusieurs centaines de milliers. Il peut arriver que de grandes et riches familles constituent de nouvelles tribus, ou encore que des tribus en crise (économique, démographique, etc.) intègrent des groupes plus stables.
Chaque clan, tribu, ou confédération reconnaît l’autorité d’uncheikh. Celui-ci n’est pas un chef, mais plutôt un sage, dont les avis bénéficient d’une grande légitimité.
Dans les tribus bédouines, les femmes effectuent la majorité des travaux, en plus de leurs occupations de mères de famille, tandis que les hommes s'occupent à la planification des tâches, aux projets de déplacement et aux réceptions.
L’activité agricole bédouine est essentiellement pastorale. Les principaux animaux élevés sont lemouton, lachèvre, lechameau et les dromadaires (surtout auMoyen-Orient).
Course de dromadaire (Festival bédouin de douz enTunisie.)
Traditionnellement, lesdromadaires sont les principaux animaux élevés par les bédouins. Leurs particularités physiologiques, excellente adaptation aux milieuxdésertiques, les rendent particulièrement appréciables pour les Bédouins, qui les élèvent avec beaucoup de soin.
Les chameaux sont utilisés comme animaux de monte ou de bât. Les Bédouins en tirent également des ressources telles que le lait ou la viande des petits, ce qui donne une plus grande valeur aux femelles, ou encore la laine.
Le chameau est l’animal le plus prestigieux du cheptel bédouin. C'est pourquoi les éleveurs portent généralement une grande attention à leurs chameaux et nomment chacun d’entre eux.
Avec l’importation des moyens de transports modernes par lesEuropéens à l’issue de laPremière Guerre mondiale, le chameau a perdu une grande partie de sa valeur, et un pan de l’économie bédouine s’est écroulé. Il s’agit d’un des facteurs de l’abandon progressif du mode de vie traditionnel bédouin.
Devant l'accroissement de l'intérêt touristique, les Bédouins et les pays qui les abritent organisent des circuits de visite où les touristes essaient de vivre « à la manière bédouine ».
Campements pour touristes gérés par les Bédouins dans le désert duWadi Rum (Jordanie).
Dans le campement pour touristes de Zedane Al-Zalabieh, Bedouin Meditation Camp, Wadi Rum (Jordanie).
↑abcdefghijklmnopqrs ettSuwaed, Muhammad (2015). Historical Dictionary of the Bedouins. Rowman & Littlefield. p. 7.(ISBN9781442254510). Retrieved 23 February 2019.
Wilfred Thesiger,Le désert des déserts : avec les bédouins, derniers nomades de l'Arabie du Sud (trad. de Michèle Bouchet-Forner), Pocket, Paris, 1999 (rééd.), 463 p.(ISBN978-2-266-09656-0)