Labéatification est la déclaration, par décretpontifical, qu'une personne défunte defoi chrétienne a pratiqué au cours de sa vie lesvertus naturelles etchrétiennes de façon exemplaire, ou même héroïque. De plus, la reconnaissance d'un miracle obtenu par sonintercession suppose que la personne est auparadis.
La publication de ce décret est suivie d'une célébration solennelle de béatification. La vénération publique de celui ou celle qui est alors appelébienheureux ou bienheureuse est par la suite autorisée localement. Il faut attendre lacanonisation pour que le culte soit étendu à toute l'Église.
Il existe un nombre indéterminé de bienheureux et bienheureuses par acclamation populaire et près de 3000 bienheureux et bienheureuses officiels, à ne pas confondre avec les milliers desaints et saintes.
Jusqu'àBenoît XVI, ce sont lesSouverains-Pontifes qui célébraient en grande pompe lamesse de béatification dans laBasilique Saint-Pierre deRome. Du fait de sa rareté, une béatification constitue un événement d'une grande importance. Les festivités, qui pouvaient s'étendre sur plusieurs jours, attiraient àRome des milliers de fidèles.
Béatification et canonisation ont pour but, de la part de l'Église catholique, de proposer au peuple chrétien des exemples de vies éminemment chrétiennes. Il s'agit donc, le plus souvent, de prêtres, de religieux ou de religieuses.
Vénération et prières sont proposées ou autorisées, localement s'il s'agit d'une béatification (ou même universellement — dans certains cas — s'il en est décidé ainsi). Le culte se traduit par l'attribution d'un jour de commémoration au calendrierliturgique, autant que possible celui de la mort terrestre (ou « naissance au Ciel », selon l'expression classique du martyrologe) de l'intéressé.
Pour les catholiques, ce culte dedulie n'est pas à confondre avec la commémoration des défunts. Ce n'est pas non plus unculte des morts. LesBienheureux et lessaints participent à la vie même de Dieu dans l'éternité, et ils y sont en compagnie de tous « Ceux qui meurent dans la grâce et l'amitié de Dieu, et qui sont parfaitement purifiés, vivent pour toujours avec le Christ. Ils sont pour toujours semblables à Dieu, parce qu'ils Le voient tel qu'Il est, face à face» (CEC n°1023). Dans la foi, une communion spirituelle et mystique s'établit avec eux ; c'est lacommunion des saints. La croyance à lacommunion des saints et à lavie éternelle font partie dusymbole de foi. Voir aussi leCode de droit canonique de 1983, canons 1186-1187 et suivants.
En principe[3], unbienheureux ne peut pas être choisi comme patron titulaire pour la dédicace d'uneéglise, ce « privilège » étant réservé aux saints dûment canonisés.
Aujourd'hui, la béatification est souvent la première étape, nécessaire mais non suffisante, vers la sainteté. LaCongrégation pour les causes des saints statue uniquement sur base des pièces du dossier, constitué à l'issue du procès diocésain, et défendu par le postulateur de la cause .
Une béatification n'aboutit qu'après une longue procédure (ouprocès) préparatoire ; elle est mise en route par l'évêque du lieu où le serviteur de Dieu a vécu la majeure partie de sa vie d'adulte, généralement celui où il est décédé.
Selon l'article 9a desNormes pour la cause des saints (Novæ leges pro causis sanctorum), promulguées le, lesévêques doivent attendre cinq ans après la mort de la personne concernée avant d'introduire sa cause, afin que l'émotion n'entre pas en ligne de compte.
La phase diocésaine qui a recueilli tous les témoignages et compilé la documentation dure en moyenne de un à cinq ans. L'évêque charge de ce travail une commission canonique (historiens, théologiens) qui fait une étude critique des écrits et recueille des témoignages. La demande y est soutenue par le postulateur qui peut représenter tantôt le diocèse lui-même, tantôt un groupe de fidèles, tantôt la famille religieuse à laquelle appartenait le serviteur de Dieu,... Elle fait appel aux témoins — favorables ou défavorables — et examine les écrits. Si les résultats de cette première enquête sont positifs, la phase diocésaine est solennellement conclue par l'évêque. L'ensemble des documents et témoignages recueillis est transmis à Rome et présenté par lepostulateur à laCongrégation pour les causes des saints, qui mène l'instruction finale. Si la Congrégation accepte le dossier, un collège de cardinaux et d'évêques se prononce sur l'héroïcité des vertus. Le« décret d'héroïcité des vertus » qui fera du serviteur de Dieu unvénérable est soumis à l'approbation pontificale. En cas de décision favorable, le décret est publié[5] et le nouveau vénérable pourra faire l'objet d'un culte public, c'est-à-dire que son image pourra être exposée dans les églises et les chapelles et que des prières, publiques ou privées, pourront demander son intercession en vue de l'obtention d'un miracle portant sur une guérison physique. Ce miracle doit avoir été reconnu successivement :
par une commission médicale, sur base d'un dossier qui permet d'établir avec certitude la pathologie préexistante et le caractère inexplicable de la guérison en l'état actuel de la science;
par une commission de théologiens chargés de vérifier dans quelle circonstances le miracle s'est produit. En effet, le miracle doit avoir été obtenu par l'intercession de la personne concernée.
Seule exception à la règle générale, il n'est pas exigé de miracle pour la béatification d'unmartyr[6]. Mais il est indispensable que le procès ait permis de mettre en évidence que les auteurs étaient mus par l'odium fidei, la haine de la foi, et non par quelque autre motif de tuer. « Le martyr rend témoignage au Christ, (...) Il rend témoignage à la vérité de la foi et de la doctrine chrétienne. Il supporte la mort par un acte de force. » (CEC n°2473).
La déclaration de béatification se fait lors d'une liturgieeucharistique solennelle, après la proclamation de l'Évangile. Aucun riteliturgique particulier n'y est attaché.
Le papeJean-Paul II a, durant de son pontificat, voulu illustrer la vocation universelle à la sainteté en promouvant des hommes et des femmes appartenant à tous les états de vie. Jusqu'en, il a béatifié 1 340 personnes, soit plus que l'ensemble des béatifications effectuées par ses prédécesseurs depuis le papeSixte V.
498 martyrs de la persécution religieuse en Espagne ont été béatifiés le à Rome[7].
Antonio Rosmini (1797-1855), prêtre et fondateur d'une congrégation : ses écrits ont été mis à l'index en 1849 ; cette censure est levée peu avant sa mort intervenue en 1855 ; 40 de ses thèses ont été condamnées parLéon XIII en 1887. Sa redécouverte fut progressive auXXe siècle, et il a été béatifié en 2007.
Carlo Acutis[8], jeune Italien mort à l'âge de 15 ans, qui s'est distingué par son engagement eucharistique précoce et par ses remarquables capacités en informatique mises au service de cet engagement.
↑Christian Trottmann,La vision béatifique, des disputes scolastiques à sa définition par Benoît XII, École française de Rome,,p. 3-7.
↑Yves Poutet,La sainteté d'après le droit canon et les normes en usage pour les causes de béatification du Concile de Trente à nos jours, Histoire et Sainteté, Presses de l'Université, 1982,p. 53-64.
↑Sauf indult du Saint-Siège : cf. commentaires du canon 1218.