Dans leRuralium commodorum opus dePierre de Crescent, premier traité d’agriculture écrit depuis l’Antiquité, le mois d'avril est symbolisé par la tonte des moutons par un berger équipé de grands ciseaux appelés forces.
Son nom vient dulatinaprilis, qui était le nom donné à ce mois par lesRomains.
Selon le poèteOvide[1], Aprilis est dédié àVénus : « Nous voilà arrivés au quatrième mois où on t'honore particulièrement : tu sais, Vénus, que le poète[2] et le mois sont à toi. »[3] Il justifie cette attribution d'abord par la proximité avec Mars (lemois et ledieu) et par le fait que lagens Iulia, qui est notamment la gens deJules César, prétendait faire remonter ses origines à la déesse. Il ajoute : « Quirinus affirma toujours que Mars et Vénus étaient ses parents et il mérita d'être cru ; pour que ses descendants ne pussent l'ignorer, il voua aux dieux de sa famille deux mois successifs[4]. Ovide justifie l'étymologie grecque (Aphrodite) du mois par la forte présence grecque dans laGrande-Grèce.
Ovide récuse l'autre explication par le verbeaperire : « Quelle n'est pas la prétention des envieux ? Certains voudraient te ravir, ô Vénus, le patronage de ce mois et ils te jalousent. Comme le printemps ouvre alors toutes choses et que se dissipe l'âpreté du froid qui resserrait le sol, comme la terre fécondée ouvre son sein, ils disent qu'avril (aprilem) est ainsi appelé parce que c'est la bonne saison où tout est éclos (aperto tempore), mais la bonne Vénus met la main sur ce mois et le revendique[5]. »
Le dictionnaireGaffiot[6], après avoir relevé son origine peu claire, rapprocheaprilis de l'adjectifapricus (« exposé au soleil, qui aime le soleil, ensoleillé ; clair, pur »).
Ces dictons traditionnels[7], parfois discutables, ne traduisent une réalité que pour les pays tempérés de l'hémisphère nord : « en avril, ne te découvre pas d’un fil ; en mai, fais ce qu’il te plaît ; en juin, tu te vêtiras d’un rien », « au mois d'avril, tout arbre a son bourgeon », « avril pluvieux et mai venteux ne rendent pas le paysan disetteux », « achète des chevaux, bœufs, vaches et brebis en avril »[8].
Lydie Wilson emploie l'adjectif « aprilin » dans son poèmeRiez bien, les frais innocents du recueilAu bord du Lez (1891) :
Mieux qu'un chamaillis aprilin, Riez bien, les belles enfances ! Avec vos bouchettes de lin, De lin sauvage et purpurin. — Les chamaillis sont sans offenses Qui rient au taillis aprilin. — Riez bien, les belles enfances !