L'avenue est ouverte à partir de 1680 dans la campagne de Grenelle, au niveau d'anciens marais insalubres[3]. Elle débute à la façade sud de l'église Saint-Louis-des-Invalides, inaugurée en 1706 parLouis XIV.
Projet non réalisé de colonnade par Jules Hardouin-Mansart.
Les plans deJules Hardouin-Mansart prévoyaient une colonnade monumentale composée de deux ailes, afin de mettre en valeur l’entrée du sanctuaire.
La partie comprise entre laplace de Breteuil, ouverte en 1782, lors du tracé de l’avenue de Saxe, et larue de Sèvres est cédée par l'État à la ville en vertu de la loi du 19 mars 1838[4]. La section restante, de la place de Breteuil à laplace Vauban, est cédée aux termes de la loi du 4 juin 1853[5]. L'actuelle avenue est percée en 1860[3].
Le caractère bourgeois et résidentiel de l'avenue de Breteuil la fait figurer sur le dernier et donc le plus cher des quatre côtés du plateau traditionnel du jeuMonopoly.
Protection de l’avenue de Breteuil, site patrimonial national
L’avenue de Breteuil estclassée au titre des monuments et des sites pour le caractère exceptionnel de son paysage (Code de l’Environnement, article L 341-1 et suivants, issu de la loi du 2 mai 1930, qui précise la loi de 1906). Elle est doncpréservée de toute atteinte grave (destruction, altération, banalisation), à l’instar des autres monuments naturels et sites présentant un intérêt général aux motifs scientifique, pittoresque, artistique, historique ou légendaire. Cette protection en tant que patrimoine national constitue une servitude d’utilité publique. Le caractère paysager remarquable doit être rigoureusement préservé[8].
Vue aérienne du projet de l’hôtel des Invalides avec, au sud, les trois avenues en patte d’oie.
Laperspective sud des Invalides (façade de la cathédrale Saint-Louis-des-Invalides et dôme), œuvre magistrale de Jules-Hardouin Mansart (1646-1708), premier architecte de Louis XIV, est effectivement un ensemble unique au monde. Les architectes et les urbanistes dusiècle des Lumières ont voulu l’inscrire dans le paysage dès l’achèvement du monument, comme une volonté de l’architecte Mansart lui-même, l’esplanade et la colonnade projetées par l’architecte n’ayant pas été réalisées. L’avenue a donc été tracée à travers champs, afin d’offrir une allée majestueuse aux visiteurs arrivant du sud-ouest, et plantée d’une double rangée d’arbres. Les autres allées rayonnantes, en application du principe d’un urbanisme en patte d’oie, ont été percées ultérieurement (avenue de Ségur etavenue de Villars en 1780). Le plan deNicolas de Fer (1705) est le premier à présenter ce tracé d’une vaste allée dégagée et plantée d’arbres, allant jusqu’à larue de Sèvres, également visible sur les plans de Jaillot (1713, 1717, 1760, 1775), Delagrive (1728,1740, 1760),Roussel (1730),Turgot (1736). À partir de 1760, les potagers qui séparaient encore la rue de Sèvres de l’avenue plantée ont disparu, comme le montrent les plans de Seutter (1760), Vaugondy (1760), Deharme (1763), Esnault et Rapilly (1780), Brion de la Tour (1787), etc. À partir du plan de Verniquet (1790), les cartes intègrent, au croisement de l’avenue de Breteuil et de l’avenue de Saxe, percée an 1782, une large place circulaire, l’actuelleplace de Breteuil.
En 2021 devait y être installé leMur pour la Paix, malgré l'opposition de nombreux riverains qui appelaient les élus à respecter la protection du site[9]. En 2023, après un recours en justice, le permis de construire du mur est finalement annulé par le tribunal administratif de Paris[10].
Plusieurs permis de végétaliser l'avenue de Breteuil ont été accordés. En conséquence, une trentaine d'arbres ont été entourés par des potagers, qui ont notamment donné des tomates en 2018. L'évolution de ces potagers peut être suivie sur la page facebook « Les jardins de Breteuil ».
En 1974, dans la sérieAu plaisir de Dieu,France Lambiotte, interprétant la marquise Paul du Plessis-Vaudreuil, déclare : « Maintenant que nous sommes ruinés, je serai beaucoup mieux dans cet appartement de l'avenue de Breteuil où trois domestiques me suffiront largement ».
En 1976, dans le filmLe Jouet,Pierre Richard remonte l'avenue en compagnie du jeune Fabrice Greco, de la rue d'Estrées vers la place Vauban. Sur la gauche de l'écran, on voit le banc sur lequel s'étaient assis huit ans plus tôtJean-Pierre Léaud etClaude Jade.
En 1980, dans le filmInspecteur la Bavure deClaude Zidi,Coluche est garé à l'angle de l'avenue Duquesne. Des cambrioleurs soulèvent la voiture pour la déposer sur le socle d'une statue deNapoléon (le socle et la statue ayant été ajoutés pour les besoins de cette scène), au niveau de l'actuelleplace El Salvador.
↑Loi qui autorise la cession, par l'État, à la ville de Paris, de l'esplanade des Invalides, de la place Vauban, des avenues de Villars et de Ségur, et d'une partie de l'avenue de Breteuil,Bulletin des lois de la République française,vol. 11,p. 919.
↑Paul Claval,Ennoblir et embellir. De l’architecture à l’urbanisme, Les Carnets de l’info, 2013.
↑Explication des peintures, sculptures et autres ouvrages, 1883,p. 25.
↑Françoise Goy-Truffaut,Paris façade, un siècle de sculptures décoratives à Paris, Hazan, 1989(ISBN978-2850252082).
↑Ville de Paris, « Végétalisons Paris: le concours photo des plus belles plantations - Remise de prix »,Site internet de la ville de Paris,(lire en ligne, consulté le).