| Population totale | 1 807 250 (2021)Statistiques Canada, 2022 |
|---|
| Langues | Langues autochtones canadiennes Anglais canadien Français canadien |
|---|---|
| Religions | Christianisme (catholicisme,protestantisme) Animisme |
| Ethnies liées | Amérindiens aux États-Unis Groenlandais Amérindiens |
LesAutochtones au Canada sont lespremiers occupants du territoire qui constitue de nos jours leCanada et leurs descendants. Les fouilles archéologiques récentes démontrent des vestiges datant de 30 000 ans. Parmi ces peuples, certains auraient rejoint le continent en traversant ledétroit de Béring à partir de laSibérie orientale enAsie pour se rendre en Alaska.
Le gouvernement du Canada reconnaît trois groupes d'Autochtones : lesPremières Nations, lesInuit et lesMétis. Selon le recensement de 2021, il y aurait environ 1,8 million d'Autochtones auCanada, soit 5 % de la population totale du pays[1]. Parmi eux, 58 % sont membres des Premières Nations, 34,5 % sont métis et 3,9 % sont Inuits[1]. En 2017, lesAffaires autochtones et du Nord Canada reconnaissent environ 630 bandes au Canada.
Depuis lacolonisation européenne des Amériques, de nombreux autochtones ont été victimes d'assimilation culturelle forcée avec l'interdiction de pratiquer leurs religions et leurs cultures traditionnelles ainsi que la séparation des familles et l'envoi forcé de leurs enfants dans despensionnats pour autochtones.
De nos jours, ils ont des problèmes socio-économiques importants. Plusieurs vivent sous leseuil de pauvreté et ils sont surreprésentés au sein de lapopulation carcérale du pays.
Leur reconquête d'identité face à la violence colonialiste est en émergence et soutenue par plusieurs groupes canadiens. Les peuples autochtones sont néanmoins encore victimes de racisme et de colonialisme.


Selon les études archéologiques et génétiques, lesAmériques ont été les derniers continents du monde à connaître une habitation humaine[2]. Durant laglaciation du Wisconsin, il y a 50 000 à 17 000 ans, le niveau de la mer baissant a permis aux humains de traverser laBéringie, unpont terrestre entre l'Alaska et laSibérie orientale[3]. Puisque l'Alaska était dégagée de glace à cause des faibles précipitations de neige, une petite population a pu s'y établir. Cependant, l'inlandsis laurentidien couvrait la majeure partie du Canada, confinant ces nouveaux habitantsnomades à l'Alaska pendant plusieurs milliers d'années[4].
Lesétudes génétiques des peuples Autochtones des Amériques (en) suggèrent que les premiers habitants des Amériques partagent tous la même population ancestrale qui s'est développée en isolation[5],[6],[7]. En combinant ses résultats avec les études archéologiques, on conjecture qu'il s'agit de la population de la Béringie qui a été isolée de 10 000 à 20 000 ans[8],[9]. Il y a environ 16 500 ans, les glaciers commencèrent à fondre, permettant ainsi aux humains de se déplacer vers le sud et l'est au Canada et plus loin en Amérique[10],[11].
Les premiers habitants de l'Amérique du Nord arrivèrent au Canada il y a au moins 15 000 ans[12],[13],[14]. L'hypothèse la plus probable est que ces premiers habitants ont pénétré en Amérique en poursuivant des mammifères duPléistocène tels que descastors géants, desbisons des steppes, desbœufs musqués, desmastodontes, desmammouths laineux et descaribous anciens[15]. Des recherches archéologiques auYukon, dans une région qui n'a pas été touchée par lesglaciations quaternaires, ont montré qu'il y a une présence humaine au Canada depuis environ 12 000 ans[16],[17].
Le climat enAmérique du Nord s'est stabilisé il y a environ 10 000 ans pour ressembler aux conditions climatiques que l'on y retrouve de nos jours. Cela a permis les migrations et l'augmentation des populations humaines en Amérique[18]. La grandeur et la variété des climats, de l'écologie, de la végétation, de la faune et des divisions des masses terrestres ont fait émerger des divisions culturelles et linguistiques parmi ses premiers habitants.
Le Nord-Ouest du territoire qui forme aujourd'hui le Canada était occupé par les peuplesna-dénés à partir duVIIIe millénaireav. J.-C.. Ils sont les ancêtres des peuples de la famille deslangues athapascanes. Les peuplesHurons-Wendats s'établirent dans le territoire qui forme de nos jours leSud de l'Ontario le long de larivière Eramosa (en) vers leVIIIe etVIIe millénaireav. J.-C., principalement entre lelac Simcoe et labaie Georgienne. À partir duVIe et duVe millénaireav. J.-C., plusieurs différentes culturesamérindiennes se développèrent autour de la chasse auxbisons dans l'Ouest canadien. La côte ouest, à partir duVIIe auVe millénaireav. J.-C., a vu le développement de différentes cultures basées autour de la pêche ausaumons. À la même époque, lesNuu-chah-nulth de l'île de Vancouver commencèrent à chasser lesbaleines[19].

Après la guerre de conquête par les Anglais auXVIIIe siècle, legouvernement du Canada encourageait l'assimilation des Autochtones à la « culture canadienne »[20]. Cette stratégie a atteint son point culminant à la fin duXIXe et au début duXXe siècle avec une série d'initiatives ayant pour but l'assimilation et la subjugation complètes des Autochtones. Ces politiques étaient rendues possibles grâce à des lois telles que l'Acte pour encourager la civilisation graduelle et laLoi sur les Indiens qui promouvaient des idéaux européens tels que lechristianisme, la vie sédentaire, l'agriculture et l'éducation formelle. Bien que la christianisation des Autochtones du Canada ait commencé dès l'arrivée des premiersmissionnaires chrétiens dans les années 1600, elle est devenue plus systématique sous le régime britannique avec l'adoption de laLoi sur les Indiens en 1876 qui introduisait de nouvelles sanctions pour ceux qui ne se convertissaient pas au christianisme. Par exemple, la législation empêchait les Autochtones qui ne sont pas chrétiens à pouvoir témoigner ou avoir une cause entendue dans une cour et ils ne pouvaient pas consommer d'alcool. Lors de l'amendement de laLoi sur les Indiens en 1884, des pratiques religieuses traditionnelles telles que lepotlatch ont été interdites. D'autres amendements en 1920 interdisaient aux autochtones reconnus par la loi de porter des costumes traditionnels ou d'effectuer des danses traditionnelles dans le but de mettre fin à toutes les pratiques qui n'étaient pas chrétiennes[21].
Une autre stratégie du gouvernement canadien était de rendre les Autochtones sédentaires. Il croyait ainsi qu'ils seraient plus faciles à assimiler. Par exemple, auXIXe siècle, le gouvernement a commencé à appuyer la création de village fermier modèle afin d'encourager les Autochtones à s'établir et à commencer à pratiquer l'agriculture. Cette stratégie se révéla être un échec[22]. Le gouvernement se tourna donc vers la création deréserves indiennes établies selon laLoi sur les Indiens de 1876. La création des réserves était accompagnée de lois restreignant les activités des Autochtones telles que l'interdiction des boissons alcooliques, des restrictions sur éligibilité au vote lors de l'élection desconseils de bande, la réduction de la taille des territoires de chasse et de pêche et l'interdiction d'Autochtones reconnus par la loi de visiter d'autres groupes autochtones sur leurs réserves[23].
Grâce à laGradual Civilization Act de 1857, le gouvernement canadien encourageait lesAmérindiens à s'affranchir, c'est-à-dire d'enlever toutes distinctions légales entre les Autochtones et les autres sujets canadiens. En s'affranchissant, un Autochtone ainsi que sa famille, perdait tout titre autochtone. L'intention était que les Autochtones deviennent ainsi « moins sauvages » et « plus civilisés »[24].
La dernière stratégie du gouvernement pour assimiler les Autochtones était le système despensionnats autochtones établi selon laLoi sur les Indiens. L'intention était que les enfants sortent ainsi de leurs communautés « sauvages » pour devenir des « citoyens civilisés »[25]. De 1847 à 1996, le gouvernement du Canada, en partenariat avec l'Église catholique, a opéré 130 écoles résidentielles à travers le pays pour les enfants autochtones qui étaient forcés de quitter leurs maisons[26]. En 2008, lePremier ministreStephen Harper s'est officiellement excusé au nom du gouvernement du Canada et de ses citoyens pour les pensionnats autochtones[27]. Entre la fin duXIXe siècle et 1996, ce sont plus de 150 000 enfants autochtones qui ont été placés de force dans ces pensionnats religieux. La directrice de la Société de soutien à l'enfance et à la famille des Premières Nations du Canada indique que « Plusieurs des enfants envoyés aux pensionnats étaient emmenés sans que leurs parents le sachent. Ils jouaient dehors, par exemple, et ils étaient enlevés puis envoyés aux pensionnats. Certains ne revenaient jamais »[28].
En outre, entre les années 1960 et 1980, 20 000 enfants autochtones ont été enlevés de leur famille et placés dans des familles non autochtones dans le cadre de la rafle dite des « Sixties Scoop »[28].
Durant le dernier quart duXXe siècle, les revendications autochtones deviennent plus visibles dans les médias allochtones. On retient par exemple les actions militantes deMary Two-Axe Earley des années 1960 aux années 1980. Les films de la réalisatriceAlanis Obomsawin. La publication en 1976 du roman autobiographique de la cheffe innueAn Antane Kapesh. Les résistances très médiatisées de laCrise d'Oka de 1990. De même, on note la dénonciation par les femmes autochtones de leur faible présence médiatique lors de laMarche Du pain et des roses en 1995.
Ce genre de revendications, qui peuvent être analysées comme tenant d'un mouvement dedécolonisation, s'accentuent auXXIe siècle et ont de nombreuses répercussions. Ainsi, en 2008, laCommission de vérité et réconciliation du Canada est mise en place. En 2012, leMouvement Idle No More est lancé. En 2015, la table est mise pour que la juge en cheffe de la Cour suprême,Beverley McLachlin affirme publiquement que les politiques canadiennes des19e et20e siècles relatives aux peuples autochtones visaient à commettre ungénocide culturel[29].
En 2021, les corps anonymes de centaines d'enfants autochtones sont retrouvés sur les sites d'anciens pensionnats catholiques du Canada. Cette découverte a pour effet d'indigner communément les majorités autochtones et allochtones et d'illustrer, aux yeux de plusieurs, la validité des dénonciations autochtones. Le 26 juillet 2021,Mary Simon est la première personne d'origine autochtone à occuper le poste degouverneure générale du Canada.
La même année de nombreuses femmes autochtones accèdent à des postes de pouvoir au sein de leurs propres nations. Ainsi,Mandy Gull-Masty,Kahsennenhawe Sky-Deer etRoseAnne Archibald sont respectivement nommées à la tête de la nation crie, du Conseil mohawk de Kahnawake et de l'Assemblée des Premières Nations, ce qui préluderait à d'importants changements[30].
La constitution de 1982 divise les peuples autochtones du Canada en trois groupes :Premières Nations ouIndiens de l'Amérique du Nord,Inuit,Métis. Ces trois groupes sont reconnus par laLoi constitutionnelle de 1982[31].

LesPremières Nations sont les Autochtones prédominant enAmérique du Nord au sud de l'Arctique. Elles représentent 64 % de la population autochtone du Canada. Elles se répartissent en 50 peuples de langues et de cultures différentes. En 2017, il y a plus de 630 bandes et autres gouvernements des Premières Nations reconnus parAffaires autochtones et du Nord Canada à travers le pays. Environ la moitié de ceux-ci se trouvent enColombie-Britannique et enOntario[32]. La grande majorité des Premières Nations ont un territoire dont l'usage leur est réservé appelé « réserve indienne ». Cependant, de nos jours, la majorité des membres des Premières Nations vivent en milieu urbain et non pas sur une réserve[33].

LesInuits sont un groupe de peuples Autochtones vivant dans les régionsarctiques de l'Amérique du Nord. Ils partagent une descendancethuléenne. Ils ne sont pas considérés comme étant desPremières Nations, puisque leurs ancêtres seraient arrivés enAmérique plusieurs millénaires après l'arrivée de ceux-ci[34]. En fait, les Inuits partagent davantage de similarités avec les peuples habitant les régions arctiquesasiatiques qu'avec les peuples amérindiens[35]. Historiquement, les Inuits étaient un peuple de chasseursnomades. Bien que la majorité des Inuits vivent, de nos jours, de manière sédentaire, une grande partie vit toujours de la chasse et de la pêche. Au Canada, la population inuite est composée d'environ 40 000 personnes. Ils vivent principalement auNunavut, dans lesTerritoires du Nord-Ouest, auNunavik et auLabrador.
Collectivement, au Canada, les Inuits sont représentés par l'Inuit Tapiriit Kanatami qui négocie notamment les revendications territoriales des Inuits. D'ailleurs, le plus important processus de revendication territoriale dans l'histoire du Canada a mené, en 1999, à la création duNunavut, un nouveauterritoire dont le nom signifie « notre terre » eninuktitut, la langue principale des Inuits.

LesMétis sont un peuple autochtone duCanada descendant à la fois desAmérindiens et desEuropéens. En effet, la nation métisse est née de mariages anciens entre des femmescries,ojibwées etsaulteuses et desCanadiens français etanglais. Elle est présente dans l'Ouest canadien. Sa langue traditionnelle est lemétchif, uncréole développé à partir dufrançais et ducri. De nos jours, les Métis parlent principalement l'anglais, mais le français est encore présent. Le métchif a presque disparu, mais une volonté existe de le faire revivre. Selon laConstitution du Canada, le terme « Métis » fait spécifiquement référence à la nation établie auManitoba le long de larivière Rouge. De nos jours, on estime le nombre de Métis entre 300 000 et 700 000 personnes. Puisque les Métis sont reconnus par la Constitution canadienne, ils ont réussi à faire reconnaître leursdroits ancestraux, comme le droit à la chasse. De plus, le, un accord préliminaire a été signé entre leRalliement national des Métis et legouvernement du Canada en vue d'uneautonomie gouvernementale de la nation métisse sur son territoire d'origine.
Statistique Canada emploie différentes variables afin de recenser la population autochtone: l'ascendance autochtone et l’origine ethnique autochtone nord-américaine, l'identité autochtone et le statut d'« Indien inscrit » ou d'« Indien des traités »[36],[37].
L'origine ethnique autochtone nord-américaine et l'ascendance autochtone démontrent si la personne a des aïeux, généralement, au-delà des aïeuls, affiliés aux groupes autochtones (Premières Nations, Inuit, Métis)[38],[39].
L'identité autochtone englobe les « Indiens inscrits » et « les Indiens des traités », les membres d'une Première Nation ou d'unebande indienne et les personnes s'identifiant à l'un des trois groupes autochtones[40].
Le statut d'Indien inscrit ne concerne pas les Indiens non inscrits, les Métis ou les Inuit, puisqu'ils ne sont pas inscrits dans le registre des Indiens du ministèreAffaires autochtones et du Nord Canada[41]. Les Indiens des traités sont les membres d'une Première Nation ou d'une bande indienne qui a signé un traité, tel que lestraités numérotés, avec la Couronne. Les personnes ayant l'un de ces statut sont usuellement appelées « Indiens avec statut » ou « Indiens statués »[42].
Selon lerecensement du Canada de 2011 effectué parStatistique Canada, il y a 1 400 685 autochtones au Canada, ce qui correspond à 4,3 % de la population totale du pays. Ceux-ci se répartissent en 851 560 Premières Nations, 451 795 Métis et 59 445 Inuits[43].
| Province/territoire | Population | % de la province | Premières Nations | Métis | Inuits | Multiples | Autres |
|---|---|---|---|---|---|---|---|
| 220 695 | 6,2 % | 116 670 | 96 865 | 1 985 | 7 875 | 3 295 | |
| 232 290 | 5,4 % | 155 015 | 96 865 | 1 570 | 2 480 | 3 745 | |
| 2 230 | 1,6 % | 1 520 | 410 | 55 | 0 | 235 | |
| 199 940 | 17,0 % | 130 075 | 78 835 | 580 | 1 205 | 1 055 | |
| 22 620 | 3,1 % | 16 120 | 4 850 | 485 | 145 | 1 020 | |
| 33 845 | 3,7 % | 21 895 | 10 050 | 695 | 225 | 980 | |
| 27 360 | 86,3 % | 130 | 135 | 27 070 | 15 | 15 | |
| 301 430 | 2,4 % | 201 100 | 86 015 | 3 360 | 2 910 | 8 045 | |
| 141 915 | 1,8 % | 82 425 | 40 960 | 12 570 | 1 550 | 4 410 | |
| 157 740 | 15,6 % | 103 205 | 52 450 | 290 | 670 | 1 120 | |
| 35 800 | 7,1 % | 19 315 | 7 665 | 6 260 | 260 | 2 300 | |
| 21 160 | 51,9 % | 13 345 | 3 245 | 4 335 | 45 | 185 | |
| 7 710 | 23,1 % | 6 585 | 845 | 175 | 30 | 70 | |
| 1 400 685 | 4,3% | 851 560 | 451 795 | 59 445 | 11 415 | 26 470 |

De 1871 jusqu'à 1921, legouvernement du Canada a signé une série de onzetraités numérotés[44]. avec différentesPremières Nations, principalement dans les provinces de l'Alberta, duManitoba, de l'Ontario et de laColombie-Britannique. Ces accords avaient pour objectif d'ouvrir les territoires autochtones à lacolonisation, à l'exploitation de leurressources naturelles, et à la construction de chemin de fer. Cependant, pour que ces accords restent équitables, lespeuples autochtones avaient en retour des compensations. En effet, il leur était promis des terres de réserve, des paiements annuels, de l'aide matérielle, tels que des outils agricoles ou du bétail par exemple, ainsi que l'accès à certains services gouvernementaux, notamment l'éducation et la santé.
Cestraités sont donc présentés comme des ententes mutuelles mais sont en réalité signés dans un contexte d'inégalité de pouvoir. De faite, de nombreusesPremières Nations n'étaient pas totalement informées des implications juridiques des traités, sachant que les versions orales initialement présentées par les commissaires du gouvernement n'étaient généralement pas la version écrite finale. De plus, lesInuits[45] et lesMétis[46] n'étaient souvent pas inclus dans ces traités ce qui les laissait sans véritable reconnaissance ni protection juridique dans le cadre du système mis en place par le gouvernement canadien.
À la suite de la signature de ces traités, legouvernement canadien a adopté en 1876 laLoi sur les Indiens qui va venir structurer d'autant plus la vie despeuples autochtones, allant de leur gouvernance des bandes, jusqu'à la définition juridique de l'identité autochtone. Ainsi, cette loi est adoptée dans une dynamique d'assimilation des populations autochtones. Les poussant progressivement à abandonner leurs langues, leurs cultures et leurs modes de vie traditionnels.
Ainsi, l'ensemble de cestraités numérotés et laLoi sur les Indiens constituent les fondements d'une mêmestratégie coloniale qui visait à affaiblir l'autonomie des peuples autochtones. Aujourd'hui encore, malgré leur reconnaissance dans laConstitution canadienne de 1982, les droits issus de ces traités restent une source de tensions et de débats entre lesPremières Nations et legouvernement fédéral du Canada.
LaLoi sur les Indiens[47] adoptée en 1876, constitue la principale législation canadienne régissant le statut et les droits des membres desPremières Nations inscrits, sans s'appliquer auxMétis et auxInuits. Initialement issue d'une séries de lois coloniales antérieurs, cette loi a été instaurée pour encadrer les affairesautochtones et s'est avérée une politique d’assimilation des Première nations inscrites.
La loi confère augouvernement fédéral une autorité considérable sur les communautés autochtones, en réglementant notamment l'appartenance aux bandes, l'accès auxterres de réserve, ainsi que divers aspects de la vie sociale et politique des Premières Nations. Au fil du temps, elle a été modifiée à plusieurs reprises pour répondre aux critiques et auxrevendications des peuples autochtones. Parmi les réformes majeures figurent la reconnaissance accrue desdroits des femmes autochtones et des ajustements liés à l'inscription au statut d'Indien.
Cependant, bien que certaines dispositions aient été amendées pour mieux refléter lesdroits des Premières Nations, cette loi demeure encore controversée. Elle est souvent critiquée pour son caractèrepaternaliste et ses restrictions sur l'autonomie despeuples autochtones. De nombreux leaders et organisations autochtones exercent des pressions en vue du remplacement de ce cadre législatif par une législation plus respectueuse des droits et des traditions autochtones.
Les organismes représentant les Autochtones duCanada au niveau national incluent l'Assemblée des Premières Nations, l'Inuit Tapiriit Kanatami, leRalliement national des Métis, l'Association des femmes autochtones du Canada, l'association nationale descentres d'amitié autochtones et leCongrès des peuples Autochtones (en).
Les Autochtones duCanada réclament leurs droits à lasouveraineté selon laproclamation royale de 1763, qui est mentionnée dans laLoi constitutionnelle de 1982, lesActes de l'Amérique du Nord britannique et laconvention de Vienne sur le droit des traités dont le Canada est signataire[48].

En 2016, il y a plus de soixante-cinq langues et dialectes distincts de langues autochtones parlés auCanada. Sur ceux-ci, seulement lecri, l'inuktitut et l'ojibwé ont un assez grand nombre de locuteurs pour être considérés viables afin de survivre à long terme.
Deux desterritories canadiens ont accordé un statut officiel à des langues autochtones. LeNunavut a l'inuktitut et l'inuinnaqtun en tant que langues officielles aux côtés deslangues officielles du Canada. De leur côté, lesTerritoires du Nord-Ouest ont adopté uneLoi sur les langues officielles qui définit onze langues officielles dont neuf langues autochtones en plus de l'anglais et dufrançais : lechipewyan, le cri, l'esclave du Nord et du Sud, legwich’in, l'inuinnaqtun, l'inuktitut, l'inuvialuktun et letlicho (tłı̨chǫ, flanc-de-chien).
En 2019 est adoptée laLoi sur les langues autochtones qui accorde une protection légale aux langues des Autochtones du Canada.
| Langue | Nombre de locuteurs |
|---|---|
| Cri | 99 950 |
| Inuktitut | 35 690 |
| Ojibwé | 32 460 |
| Oji-cri | 12 605 |
| Innu-aimun | 11 815 |
| Chipewyan | 11 310 |
| Micmac | 8 750 |
| Sioux | 6 495 |
| Atikamekw | 5 645 |
| Pied-noir | 4 915 |
Le revenu annuel des Autochtones du Canada varie de 60 % à 90 % de celui des Canadiens. Le taux de chômage chez les Autochtones est le double du taux de chômage national. Plus de la moitié des Autochtones au Canada ont un revenu inférieur ou égal au seuil de pauvreté[50].
En octobre 2019, le Canada est épinglé par l'ONU pour les conditions de logement des peuples autochtones. La commission d’enquête souligne que les Autochtones sont « plus susceptibles d’être mal logés et d’avoir des problèmes de santé qui découlent de cette situation ». En outre, « le pourcentage des sans-abri parmi eux est disproportionnellement élevé et ils sont extrêmement vulnérables aux expulsions forcées, à l’accaparement de terres et aux effets des changements climatiques. Lorsqu’ils défendent leurs droits, ils sont souvent la cible de violences extrêmes ». Les communautés autochtones sont aussi fortement victimes de la pénurie de logements qui touche le nord du Canada : communautés à dormir en alternance. « Quinze personnes vivent dans une maison de la taille d’une caravane. (...) Elles doivent dormir à tour de rôle comme il n’y a pas beaucoup de place »[51].
Les Autochtones du Canada sont plus à risque d'être victimes d'un crime que les non-autochtones du pays. Ceci est particulièrement vrai pour les jeunes de 15 à 34 ans. La violence domestique et les abus sexuels contre des enfants sont plus fréquents parmi la population autochtone. En fait, les abus sexuels touchent de 25 à 50 % des jeunes filles tandis que ce taux est de 20 à 25 % parmi la population en général[52].
En 2007, 17 % des individus incarcérés au Canada étaient des Autochtones bien qu'ils ne représentent que 2,7 % de la population du pays[53]. Ceci représente un taux d'incarcération six fois plus élevé parmi la population autochtone que la population canadienne en général[52].
Les Autochtones du Canada ont un taux de suicide parmi les plus élevés au monde. Pour chaque tranche d'âge, les taux de suicide parmi les Autochtones sont trois fois plus élevés que chez la population canadienne en général[54].
Environ 400 communautés autochtones auCanada ont connu ou continuent d'avoir des problèmes sérieux avec la qualité de l'eau potable[55]. Le deux tiers des communautés autochtones du pays ont reçu au moins un avis concernant l'eau potable entre 2004 et 2014. En fait, les pires provinces sont laSaskatchewan et leNouveau-Brunswick où 93 % des communautés autochtones ont reçu au moins un avis durant ces années, suivies de l'Alberta avec 87 %. Le plus bas taux provincial est celui duManitoba avec 51 %. Par exemple, les résidents de laPremière Nation de Neskantaga enOntario doivent faire bouillir leur eau depuis 20 ans en raison d’un manque d’entretien[56],[57].
Au Canada, les femmes autochtones « sont douze fois plus susceptibles d’être victimes de violence que les femmes non autochtones », selon un rapport commandé en 2019 par l’État[58].
Selon la journaliste Emmanuelle Walter, « ce féminicide est le fruit de la pauvreté, et cette pauvreté découle directement d’un colonialisme qui est toujours vivant [...] enColombie-Britannique, une route est surnommée « l’autoroute des larmes », à cause du grand nombre de femmes autochtones disparues en faisant du stop. Pourquoi font-elles du stop ? Parce qu’il n’y a pas assez de transports en commun[58].»
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