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Unautel est une table consacrée sur laquelle, dans laliturgie catholique, le prêtre célèbre le saint sacrifice de la messe, ouEucharistie, comme mémorial de la dernièreCène duChrist et renouvellement non-sanglant du sacrifice de laCroix. Lemaître-autel est l'autel principal d'une église, celui qui se trouve au centre du sanctuaire. D'autrestraditions chrétiennes, en particulier celles qui ont une « célébration de laCène », ont également leur table d'autel.

Pendant les premiers siècles du christianisme, les autels sont généralement tournés vers l'Orient dans la partie de l'Europe correspondant à l'Empire byzantin et auProche-Orient ancien[1], enGaule et dans lapéninsule Ibérique ; et, souvent tournés vers l'orient en Europe occidentale. ÀRome et enAfrique du Nord, la situation est plus contrastée car il y existe plus d'autels tournés vers le peuple et l'orient en même temps (avec donc uneabside à l'occident) tel qu'était le cas dans la premièrebasilique Saint-Pierre. De plus, il n'existe pas de règle définie pour l'Églisepaléochrétienne[2] bien que les premiers siècles du christianisme esquissent déjà une tendance nette à l'orientation de l'autel vers l'Orient[3].
Pendant lehaut Moyen Âge, les églises deRome adoptent progressivement l'autel disposé au fond duchœur contre l'abside et vers lequel est tourné le prêtre, orientation dite justementad orientem. Puis, tout aussi progressivement et entre la fin duVIIe siècle et le milieu duXe siècle, leSaint-Siège influence la généralisation de cette orientation, partout dans le reste de l'Europe occidentale où ce n'est pas déjà le cas, grâce à la diffusion desordines romani successives. Lors de la période de laréforme grégorienne duXIe siècle,retables etchandeliers apparaissent sur les autels[4].
Les récitsvétérotestamentaire dusonge de Jacob et de l'Arche d’alliance sont des textes fondateurs qui servent de base aux théologiens du haut Moyen Âge pour établir la symbolique des autels (l'érection et l'onction de lastèle àBéthel serait le prototype des autels chrétiens et de leur consécration, les autels portatifs sont assimilés aupropitiatoire de l'Arche d'alliance). Leur lecture duNouveau Testament met l'accent sur la dimension christologique de l'autel[5].
Au milieu duXVIe siècle, leconcile de Trente codifie la célébrationad orientem (célébrant officiant dos au peuple) mais le missel traditionnel admettait déjà à cette époque que la célébration de la messe puisse se faire face au peuple (Versus populum)[6]. Cette « messe dialoguée » face au peuple se développe essentiellement à partir duXXe siècle et apparaît surtout comme une conséquence du renouveau liturgique voulu par leconcile Vatican II[7].
Dans latradition chrétienne, l'autel a acquis le double sens de table aussi bien sacrificielle que conviviale. Le riteeucharistique célébré sur l'autel est un mémorial du sacrifice unique deJésus, expiant les péchés des hommes par sa mort sur la croix : la nappe blanche figure son linceul, les cinq croix de consécration[note 1] sont lescinq plaies. L'auteleucharistique est également la table de convivialité autour de laquelle se rassemble la communauté des croyants qui dans la réception du corps (pain) et du sang (vin) duChrist en reçoivent force et grâce de son sacrifice salvateur de lacroix.
LeMissel romain, tant avant qu'après leconcile Vatican II, n'impose aucune position particulière du prêtre à l'autel par rapport au peuple comme obligatoire.

D’abord meuble de bois plus ou moins ouvragé, que l'on déplace pour l'office (les premiers lieux de culte ne comportaient habituellement pas d’emplacement consacré), l'autel prend une place fixe, à partir duIVe siècle, dans l'abside des églises nouvellement construites. Cependant, il existe encore des autels portatifs pendant leMoyen Âge et laRenaissance (l'abrogation touchant le privilège des autels portatifs ne date que du concile de Trente auXVIe siècle) car ils répondent aux besoins d'une pratique liturgique itinérante (évangélisation, pèlerinages, voyages, célébrations en temps de guerre sur les champs de bataille), notamment pour lesordres mendiants, selon des autorisations accordées par les papes à partir duXIIIe siècle. Unindult dePieXI du 15 juillet 1929 donne aux aumôniersscouts le privilège de l'autel portatif, un usage concédé aux missionnaires itinérants depuis au moins un siècle auparavant[8]. L'autel provisoire ou mobile servant pour lesprocessions ou de petitoratoire est appeléreposoir ou sépulcre.
L'autel devient inamovible vers leXIIe siècle, étant alors fait depierre ou de matériau noble, comme lemarbre, leporphyre, lejaspe, l'onyx, laserpentine. Dans les églises de l'époque, il peut être exceptionnellement en bois. Ledroit canonique établit toutefois qu'au moins la plaque scellant le « sépulcre », la cavité contenant lesreliques de saints, soit aussi en pierre. Ces reliquesthaumaturges ettutélaires scellées le plus souvent dans l'autel principal lors de la liturgie de ladédicace, sont généralement celle dusaint patron de l'église, mais c'est devenu une obligation dans ledroit canonique duXIXe siècle[9]. Les quelques exemples gaulois et hispanique du premier millénaire qui nous sont connus contiennent la relique dans une loge ménagée entre le pilier central et le plateau de l'autel, l'usage de la placer directement dans la table ne date que de la fin duXIe siècle, voire plus tard. Durant cette période, plusieurs formes et emplacements sont envisagées. Les autels hispaniques par exemple sont généralement placés au centre de l'abside qui les accueille, tandis qu'ailleurs ils peuvent être placées contre le mur. Le plateau de l'autel se présente dans l'ensemble du monde méditerranéen sous la forme d'un rectangle de pierre, souvent de marbre, à bord légèrement relevé, porté sur un, quatre ou cinq piliers. Les bords de certains peuvent être richement sculptés, comportant parfois des inscriptions en lien avec la consécration[10].
La présence d'une relique est riche en symbole. Placée sous l'autel, elle matérialise la croyance en l'intercession des saints, reprenant une image du livre de l'apocalypse, présentant les justes sous l'autel céleste, le Christ, agneau mystique, étant lui-même le prêtre, l'autel et la victime[10].
Lorsqu'une église contient plusieurs autels, celui au centre duchœur est appelé autel liturgique, le principal est appelé maître-autel et il est placé dans l'abside depuis le Moyen Âge.
Dans leséglises protestantes, l'usage des autels varie ; la majorité des églisesanglicanes etluthériennes les utilisent, mais dans quelques églises protestantes, il n'y a pas d'autel. Aussi, les autels dans les églises protestantes varient dans la présence de l'art ; certaines, dont les rites ressemblent beaucoup à ceux de l'Église catholique, ont les sculptures ou peintures similaires sur leurs autels ; à l'autre extrême, quelques autres ont les autels simples, sans sculptures, ni peintures.

Ci-dessous se trouvent aussi des autels auxquels a été attribuée une place spéciale mais sans qu'une fonction particulière ne la justifie.

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