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Aurélien (Imperator Cæsar Lucius Domitius Aurelianus Pius Felix Augustus, Germanicus Maximus, Gothicus Maximus, Carpicus Maximus, Dacicus Maximus, Arabicus Maximus, Palmyrenus Maximus), né le/215 àSirmium et mort assassiné en septembre275 àCaenophrurium, est unempereurromain qui règne de l'été270 à sa mort.
Originaire d'un milieu modeste enPannonie, il entre dans l'armée romaine en235 où il gravit les échelons. Les légions deSirmium le proclament empereur à la mort deClaude II, en mai270.
Les premières années de son règne sont marquées par des campagnes militaires victorieuses contre les peuples « barbares » tels que lesGoths ou lesVandales, ainsi que par la construction dumur d’Aurélien autour deRome. Aurélien entreprend ensuite de rétablir les anciennes frontières de l’Empire romain, en annexant l'Empire palmyrénien en273 puis l'Empire des Gaules en274.
Revenu à Rome, il introduit une nouvelle monnaie, l’Aurelianus, afin de freiner la dévaluation monétaire, puis institutionnalise la fête deSol Invictus le 25 décembre. Alors qu’il se rend en Perse pour y attaquer l’Empire sassanide, il est assassiné par sagarde prétorienne en275.
Sur les documents officiels, Aurélien est désigné commedominus et deus (« maître et dieu »), ce qui est inédit pour un empereur. LeSénat le qualifie également deRestitutor Orbis (« Restaurateur du Monde »). Ses succès auront joué un rôle déterminant dans la fin de lacrise du troisième siècle.
De nombreux détails sur les débuts d'Aurélien proviennent de l'Histoire Auguste et sont considérés comme peu fiables. Le chroniqueur grecJean Malalas écrit qu'il est mort à l'âge de 61 ans, donc né en 214. Aurélien serait né le 9 septembre, date écrite dans leChronographe de 354[3].
L'Histoire Auguste le décrit comme unPannonien deSirmium, tandis queJean Xiphilin situe son lieu de naissance autour de laMacédoine. Aurélien serait un Illyrien comme plusieurs autres empereurs de la fin du IIIe siècle (empereurs illyriens), qui partageaient tous une formation militaire commune[4].
Aurelius Victor décrit son père comme uncolonus (fermier) qui travaillait les terres d'un sénateur nommé Aurelius. Le père d'Aurélien était probablement un vétéran de l'armée romaine. Il épousa la fille d'Aurelius, dont Aurélien reçut le nom par sa mère. L'Histoire Auguste la décrit comme « prêtresse de Sol », dont Aurélien promut le culte comme empereur (Sol Invictus). Cela pourrait expliquer la dévotion au dieu solaire qu'Aurélien manifestait en tant qu’empereur.
Il est communément admis qu'Aurélien s'est engagé dans l'armée en 235 vers l'âge de vingt ans. On suppose également qu'en tant que membre du rang le plus bas de la société – bien quecitoyen – il se serait enrôlé dans les rangs deslégions. Les succès d'Aurélien en tant que commandant de cavalerie en firent finalement un membre de l'entourage de l'empereurGallien. En 268 ou 269, Aurélien et sa cavalerie participèrent à la victoire de l'empereur Gallien sur lesGoths à labataille de Naissus[9].
Sous le règne deClaude II, Aurélien continue de gravir les échelons. Il reçoit rapidement le commandement de la cavalerie d'élitedalmate. Au début de 269, Claude II et Aurélien marchent vers le nord pour rencontrer lesAlamans, les battant à labataille du lac Benacus. Par la suite, Claude envoie Aurélien dans lesBalkans pour contenir l'invasion des Goths. Aurélien les intercepte et pousse les Goths à battre en retraite enMésie.
Ignorant les conseils d’Aurélien, Claude II envoie seulement de l’infanterie contre les Goths, erreur qui s’avère lourde de conséquences. Aurélien chargea finalement avec sa cavalerie dalmate à hauteur desmontes Haemus. Les Goths réussirent néanmoins à s'échapper et poursuivirent leur marche à travers laThrace. L'armée romaine a continué à suivre les Goths au printemps et à l'été 270. Pendant ce temps, une peste dévastatrice a balayé les Balkans, tuant de nombreux soldats des deux armées.
Claude II tomba malade alors qu'il marchait vers la bataille et retourna à son quartier général régional de Sirmium, laissant Aurélien responsable des opérations contre les Goths. Aurélien utilisa sa cavalerie avec beaucoup d'effet, divisant les Goths en petits groupes plus faciles à gérer. À la fin de l'été, les Goths furent vaincus : tous les survivants furent dépouillés de leur butin et enrôlés dans l'armée, ou bien engagés comme agriculteurs dans les régions frontalières. Aurélien n'eut pas le temps de savourer ses victoires ; fin août, la nouvelle arriva de Sirmium que Claude II était mort.
À la suite de la mort deClaude II, son frèreQuintillus est proclaméempereur avec le soutien duSénat. Cependant, certaines fractions de l'armée refusent de le reconnaître, en particulier les légions commandées par Aurélien, qui proclament celui-ci empereur àSirmium, en septembre 270. Après avoir battu les troupes de Quintillus — qui est tué —, Aurélien est finalement légitimé et reconnu empereur par le Sénat. L'affirmation qu'il aurait été choisi comme successeur par Claude le Gothique sur son lit de mort est certainement fausse et relève d'une propagande développée vers 272, mais Aurélien fait toujours commencer ses « dies imperii » du jour de la mort de Claude, confirmant ainsi qu'il considère Quintillus comme illégitime.
Les attaques de 268-270 ayant révélé que Rome et l'Italie pouvaient être menacées, Aurélien commence la construction d'une nouvelle enceinte solide autour de la capitale — appelée lemur d'Aurélien — qui sera achevée durant le règne deProbus (276-282).Maxence etHonorius, ainsi que quelques autres empereurs, renforcent la muraille, notamment en la dotant d'un étage supplémentaire. De nombreux vestiges en sont encore visibles aujourd'hui.
En janvier 271, les Alamans se dirigent vers l'Italie, pénétrant dans laplaine du Pô et saccageant les villages ; ils occupentPlacentia et se dirigent versFano. Aurélien, qui était en Pannonie pour affronter les Vandales, entre rapidement en Italie, mais son armée subit une embuscade près de Placentia. Lorsque la nouvelle de la défaite arrive à Rome, elle provoque un vent de panique, mais Aurélien attaque lesAlamans qui campent près du fleuveMétaure. Les obligeant à repasser le fleuvePô, Aurélien les mit finalement en déroute àPavie. Pour cela, il reçut le titrede Germanicus Maximus.
L'empereur mena ses légions dans les Balkans, où il vainquit les Goths près duDanube, tuant le chef Cannabaudes et prenant le titre deGothicus Maximus. Une petite partie des Goths est autorisée à s'installer dans l'Empire romain. LaDacie, difficile à protéger, est abandonnée en 275 : les réfugiés sont autorisés à s'installer enMésie, dans des secteurs qui reçoivent alors le nom de Dacie ripuaire et Dacie méditerranéenne[10].
À Rome même, Aurélien en 271 déclenche une dure répression contre l'atelier monétaire, coupable de fraude sur l'émission des monnaies — fraude dont le détail est mal connu : soitrognage desflans, soit dégradation des types monétaires[11],[12].
En 272, Aurélien tourne son attention vers les provinces orientales ayant faitsécession, l'Empire palmyréen, gouverné parZénobie et englobant laSyrie, laPalestine, l'Égypte et une grande partie de l'Anatolie. La reine a interrompu l'exportation de céréales vers Rome et, en quelques semaines, les Romains ont commencé à manquer de pain.
L’Anatolie fut facilement récupérée ; toutes les villes, à l'exception deByzance et deTyane, se rendirent à lui sans grande résistance. En six mois, ses armées se tenaient aux portes dePalmyre, qui se rendit lorsque Zénobie tenta de fuir vers l'Empire sassanide. Finalement, Zénobie et son fils sont capturés. Une fois les réserves de céréales renvoyées à Rome, les soldats d'Aurélien distribuèrent du pain gratuit aux citoyens de la ville et l'empereur fut salué comme un héros par ses sujets. La riche province d'Égypte est également récupérée par Aurélien[14].
Après un bref affrontement avec les Perses et un autre en Égypte contre l'usurpateurFirmus, Aurélien fut obligé de retourner à Palmyre en 273 lorsque cette ville se rebella une fois de plus. Cette fois, Aurélien permit à ses soldats de mettre la ville à sac. D'autres honneurs lui sont attribués ; il fut désormais connu sous le nom deParthicus Maximus etRestitutor Orientis (« Restaurateur de l'Est »).
Ayant rétabli la domination impériale sur l’Orient, Aurélien se tourne vers l'Empire des Gaules en274. Aurélien a gagné cette campagne en grande partie grâce à la diplomatie :Tetricus Ier, l'Empereur des Gaules, était prêt à capituler pour permettre à la Gaule et à la Grande-Bretagne de revenir dans l'Empire, mais ne pouvait pas se soumettre ouvertement à Aurélien. Au lieu de cela, les deux semblent avoir conspiré de telle sorte que lorsque les armées se rencontrèrent à labataille de Châlons durant l'automne, Tetricus déserte simplement vers le camp romain et Aurélien triomphe facilement de l'armée gauloise qui lui fait face.
En274, Aurélien revient en vainqueur àRome, où il remporte son dernier titre honorifique du Sénat –Restitutor Orbis (« Restaurateur du monde »). Il célèbre un triomphe où figurent les captifs vaincus, dont Zénobie et son fils, ainsi queTetricus. Après cette démonstration, ces derniers seront traités avec clémence : Zénobie et son fils auraient vécu àTibur, l'ancienne reine aurait épousé unsénateur romain. Tetricus devient lui-même sénateur et administrateur enItalie.
Aurélien montre de grandes qualités d'homme d'État. Ses réformes prennent place après les grandes campagnes militaires.
Il cherche à remédier à la crise monétaire. Grâce aux métaux précieux rapportés dePalmyre, à la reprise de contrôle des mines d’Hispanie et deBretagne et à de meilleures rentrées fiscales, il frappe desaurei plus lourds que ceux émis par ses prédécesseurs[15]. Il fait surtout battre une nouvellemonnaie debronze argenté de meilleure allure, nommée l’Aurelianus, en rappel de son nom[16]. Cette monnaie dure une vingtaine d’années jusqu’à la réforme monétaire deDioclétien[15] (voirmonnaie romaine). Cette monnaie pouvait se retrouver sous la forme d'une pièce de monnaie coupée en deux, ce qui faisait un demi-Aurelianus et rappelait les demi-sesterces des règnes d'Auguste et deTibère.
Il s'efforce en outre de satisfaire aux exigences de la plèbe en améliorant le ravitaillement alimentaire de la Ville (il remplace les distributions de blé par des distributions de pain). Dans le même but, il organise les corporations de bateliers duTibre, de boulangers et de bouchers en liant définitivement leurs membres à leur métier. Il est également attribué à Aurélien l’augmentation de la taille des miches de pain sans hausse de prix.
On pense qu'Aurélien a mis fin au programmealimenta deTrajan. Le préfet romainTitus Flavius Postumius Quietus fut le dernier responsable connu de l'alimenta, en 271. Si Aurélien « a effectivement supprimé ce système de distribution alimentaire, il avait très probablement l'intention de mettre en œuvre une réforme plus radicale ». En effet, à cette époque, Aurélien remplaça la distribution de céréales par une distribution de pain, de sel et de porc, ainsi que des prix subventionnés pour d'autres produits comme l'huile et le vin[17].
Lesbornes milliaires dédiées à Aurélien sont nombreuses (89 dénombrées en 1961 sur l'ensemble de l'Empire, dont 52 pour les provinces africaines), elles attestent de l'entretien des routes et du loyalisme envers l'empereur[18].
Revers : Aurélien et son épouse Séverine, placée sous la protection d'un buste du Soleil radié.
Aurélien aurait eu diverses influences religieuses : sa mère aurait été une prêtresse du Soleil enPannonie[19]. L'Histoire Auguste en fait le témoin d'une apparition miraculeuse d'Apollonius de Tyane qui lui aurait promis la victoire surZénobie s'il épargnait la cité deTyane et ses habitants. SelonAndré Chastagnol, l’Histoire Auguste parodie la vision deConstantinIer racontée parEusèbe de Césarée, opposant le miracle païen d'Apollonius de Tyane au miracle chrétien[20].
L'idéologie impériale poursuit son évolution vers un pouvoir étroitement lié à un divin de tendance syncrétiste et monothéiste. Aurélien institutionnalise le culte solaire deSol Invictus, divinité très populaire dans les armées du Danube, et à laquelle peuvent adhérer aussi bien les Orientaux adorateurs deBaal d'Émèse que les élites cultivant lenéo-platonisme. Sur leChamp de Mars à Rome[21], un grand temple est dédié au dieu solaire, orné des dépouilles dePalmyre et desservi par un nouveau collège de prêtres, lesPontifices Solis. Le 25 décembre est inscrit au calendrier comme fête de la naissance de Sol Invictus (Dies Natalis Invicti Solis). En même temps, Aurélien s'identifie personnellement à cette divinité suprême au moyen de qualifications comme « deus » (Dieu), qui figure sur différentes inscriptions, et « deus et dominus natus » (né Dieu et Seigneur), sur de rares monnaies[22],[19],[23]. Selon l'Épitomé de Cæsaribus, cette glorification s'accompagne du port du diadème par Aurélien — une première pour un empereur romain[24] — ce qui toutefois ne se retrouve pas sur ses profilsmonétaires, sur lesquels il porte lacouronne de laurier ou lacouronne radiée.
Après avoir repoussé les barbares de Vindélicie, entre leNorique et laRhétie, Aurélien revient en Illyricum préparer une nouvelle campagne contre lesPerses[25]. En 275, il marche vers l'Anatolie dans le but de reprendre laMésopotamie, les décès des roisShapurIer (272) etHormizdIer (273) ouvrant la voie à une nouvelle expédition.
Aurélien est alors assassiné près de Byzance, fin, ou en octobre[26], àCænophrurium[27],[28],[29] (actuelÇorlu, enThrace orientale). Il aurait été victime de la peur que sa sévérité inspire à son entourage : tout manquement au devoir est suivi d’une exécution. Mnestée (ou Eros selon Zosime et Zonaras), l'un de ses secrétaires, avait fait l'objet d'une réprimande. Craignant ainsi d’être puni, il rédige en imitant l’écriture d’Aurélien un ordre d’exécution de plusieurs officiers, et le fait circuler parmi ceux-ci. Abusés, les officiers assassinent Aurélien pour protéger leur vie. Le successeur d’Aurélien,Marcus Claudius Tacite, le fait diviniser et fait exécuter les meurtriers du défunt empereur[30].
Les sources antiques latines font allusion à un interrègne entre la mort d'Aurélien et l'élection deMarcus Claudius Tacite comme son successeur.Aurelius Victor le fixe à six mois, durée reprise par l'Histoire Auguste, sept mois dans l'Épitomé de Caesaribus, ce qui ne correspond pas à la chronologie établie par les historiens modernes, avec la mort d'Aurélien en septembre ou octobre 275 et l'avènement de Tacite en décembre de la même année, soit un intervalle de deux mois environ. Aucune source, latine ou grecque, ne fait allusion à une régence quelconque durant cette période[31].
270, accède à l'Empire :Imperator Cæsar Lucius Domitius Aurelianus Pius Felix Invictus Augustus ;
270 et 271, gagne les surnomsGermanicus Maximus Gothicus Maximus Carpicus Maximus Persicus Maximus[32] ;
275, titulature à sa mort :Imperator Cæsar Lucius Domitius Aurelianus Pius Felix Invictus Augustus Germanicus Maximus Gothicus Maximus Carpicus Maximus Persicus Maximus, Pontifex Maximus, TribuniciæPotestatisVI,ConsulIII,ImperatorVI, Pater Patriæ.
Les titres commémorent ses victoires sur les Juthurnes (Germanicus Maximus), les Vandales alliés des Sarmates (Sarmaticus Maximus), les Goths (Gothicus Maximus), les Parthes alliés de Zénobie (Parthicus Maximus,Persicus Maximus etArabicus Maximus), les Carpes[32].
↑Près de l'actuelle Piazza San Silvestro,Filippo Coarelli,Guide archéologique de Rome, 1974,p. 233.
↑C200, bronze DEO ET DOMINO NATO AVRELIANO AVG,Henry Cohen,Description historique des monnaies frappées sous l'Empire romain, Paris, 1892,tomeVI,p. 197[lire en ligne].
MichelMolin, « Haud dissimilis Magno Alexandro seu Cæsari dictatori : l'empereur Aurélien »,Cahiers du Centre Gustave Glotz,,no 10,,p. 347-354(lire en ligne).