Lesaugustins etaugustines sont les religieux et religieuses vivant selon larègle de saint Augustin. Cette règle est une lettre authentique d'Augustin d'Hippone donnant des normes de vie religieuse communes à une communauté d'hommes (non identifiée), mais qui n'a rien à voir avec les amis groupés autour de lui, dont il parle dans sesConfessions. Augustin lui-même n'a jamais eu l'intention de fonder unordre religieux au sens institutionnel du terme.
Plusieurs familles religieuses de nature différente se réfèrent à Augustin. Les unes portent directement son nom et forment un ordre spécifique comme l'ordre de Saint-Augustin [O.S.A.], anciennement dénommé « l’ordre des ermites de Saint-Augustin » [O.E.S.A.], d'autres comme leschanoines réguliers de Saint-Augustin [C.R.S.A.]. D'autres encore suivent sarègle tout en adoptant en plus des constitutions propres qui précisent certains détails de l'organisation de leur vie, par exemple lesDominicains ou plus récemment lesAssomptionnistes.
La spiritualité augustinienne animant les Augustins inclut divers mots-clés tels que l'intériorité, laprière, la recherche de Dieu, lacorrection fraternelle, lebien commun, l'unité dans leChrist et lagrâce[1]. Robert Dodaro résume ces aspects par le termesacramentum caritatis[2] c’est-à-dire un « signe sacré » indiquant une réalité[3], ici l’Amour de Dieu. Augustin voulait créer ce signe pour ses communautés monastiques, il l’a présenté au peuple d'Hippone dans sa prédication et réalisé dans sa vie d’évêque.
L'idéal communautaire d'Augustin se fonde sur l’imitation de la communauté décrite dans lesActes des Apôtres[4], possédant un seul cœur et une seule âme à l’image duDieu unique et trine et mettant toutes choses en commun parmi les biens matériels et spirituels[5]. Lorsque la communauté des croyants reconnaît que son plus grand trésor est le partage commun de Dieu, « dont ils sont devenus les temples »[6] ; alors la réalisation de l'idéal d'Augustin prend place dans l'histoire[1] et ainsi tous les autres biens mis en commun trouvent leur juste place.
Le concept éclairant l’idéal augustinien est le "Christus Totus", comprenant le Christ comme le Corps du Christ, tant dans la Tête que dans ses membres. Augustin fonde son enseignement principalement sur le concept paulinien duCorpus Christi présent dans la première lettre de Paul aux Corinthiens « vous êtes le corps du Christ et ses membres, chacun pour sa part »[7]. Augustin insiste sur la présence du Christ dans la communauté et en chaque individu, soulignant l'importance de l'amour mutuel, du service, du partage des joies et des peines. Pour Augustin,Jésus-Christ se manifeste dans notre monde de trois manières : commeDieu, coéternel et égal au Père ; comme leVerbe incarné, médiateur et chef de l'Église ; comme le Christ tout entier dans la plénitude de l'Église[8]. Lesacrement de l’Eucharistie lors de la messe s’en trouve éclairé puisqu’il rend visible le Christ Totus, tête et membres[9]. La distinction entre le Christ et ses membres consiste dans le fait que le Christ est leSauveur et ses membres ont été sauvés.
Pour réaliser l’idéal, la notion de lagrâce, don gratuit de Dieu, est nécessaire dans une spiritualité augustinienne.
Dès le hautMoyen Âge, le pouvoir séculier et ecclésiastique entreprit de réformer la vie du clergé de certaines églises en le plaçant sous l'autorité de la règle de saint Augustin ou deChrodegang, évêque deMetz.
Auconcile de Latran IV (1215), l'Église prescrit aux ordres nouveaux de choisir entre les règles monastiques traditionnelles ou la règle de saint Augustin. Tous les mouvements nouveaux qui ne voulaient pas être astreints à la stabilité monastique ou à ses conditions économiques adoptèrent donc la règle de saint Augustin comme texte fondamental, tout en y associant des statuts conformes à leur vocation particulières. Ainsi fitsaint Dominique pour lesfrères prêcheurs.
À Paris, lesgrands augustins ou augustins chaussés, établis dès 1259, ne relevaient que de Rome. Leur couvent situé sur l'emplacement de larue Dauphine actuelle, servit souvent aux assemblées du clergé et du parlement. À Paris, quatorze d'entre eux desservaient la chapelle des Louanges de la rue dite « des Petits-Pères », bâtie en 1609 parMarguerite de Valois et devenue par la suite chapelle de l'hôpital de la Charité.
Plusieurs congrégations sont agrégées à l'Ordre dans une union spirituelle de collaboration bénéfique.« Tous sont unis par un lien spirituel intime et constituent un seul corps sous notre père saint Augustin. Ils utilisent des rites liturgiques similaires, ils partagent les mêmes grâces spirituelles, mais surtout, d'un seul esprit et d'un seul cœur tournés vers Dieu, ils maintiennent le même but et le même idéal, à savoir « l'édification du corps du Christ » »[11]
LesAugustins de l'Asssomption créés à Nîmes en1845 sont seulement agrégés à l'Ordre de Saint Augustin depuis le 22 mars 1927. Les tentatives d'union demandé par le Saint-Siège furent infructueuses. Elle essaya à ses débuts un rapprochement manifesté dans le chapitre général de 1862. Le chapitre de 1886 précisa qu'une union devrait préserver les constitutions.
En, un groupe de prêtres augustins se sont rencontrés au chapitre de Tolède pour demander une maison pour ceux qui voudraient vivre plus la vie de prière. Le chapitre a approuvé la demande et l'ordre desaugustins récollets. Après 38 ans, la province est élevée au niveau d'une congrégation. Ça veut dire qu'il peut se diviser en ses propres provinces. Et parmi les premières missions de la congrégation sont celles de la Columbie (où ils sont connus comme les pères Candelaries) et desPhilippines. Depuis l'occupation espagnole aux Philippines, les augustins récollets (ou simplement les récollets) sont un des ordres qui évangélisent les îles.
Finalement, le Vatican a élevé la congrégation au niveau d'unordre mendiant en 1912 et elle devenue la dernière parmi les ordres mendiants du monde. Aujourd'hui, il y a environ de 1200 religieux récollets dans le monde entier (dont environ 900 sont prêtres). Il existe aussi plusieurs congrégations pour les femmes, par exemple les sœurs augustines récollets à Manille.
À part des groupes religieux, il existe aussi la Fraternité séculière augustin récollets pour les laïcs et les Jeunes augustins récollets. La présence des augustins récollets est plus forte en Espagne, aux Philippines et en Colombie.
Les augustins déchaussés ou augustins déchaux (O.A.D.) (Petits Pères)
À Paris, après avoir acquis une partie dufiefde la Grange-Batelière, lesaugustins déchaussés ouPetits Pères occupaient lecouvent de Notre-Dame-des-Victoires, fondé parLouis XIII le. Ils faisaient partie de la province ditede France qui, avec celles deDauphiné et deProvence, constituait lacongrégation de France des augustins déchaussés. L'ordre, arrivé en France depuis l'Italie, s'est rapidement implanté en Dauphiné et en Provence. L'installation dans le Nord du Royaume a été plus compliquée puisqu'une première tentative pour ouvrir un couvent à Paris entre 1610 et 1615 s'est soldée par un échec. La fondation royale de 1629 a permis aux religieux d'essaimer dans les villes alentour (Saint-Germain-en-Laye, Clairefontaine, Rouen…), mais cette expansion s'est achevée dès le milieu duXVIIe siècle.
Les Petits Pères obtinrent plusieurs réformes adoucissant leurs constitutions très austères. La dernière, en 1746, les autorisa à porter des chaussures. Ils changèrent alors de nom et prirent celui d'augustins réformés. Après près d'un siècle de stabilité, l'ordre a rencontré des difficultés de recrutement et a subi, comme d'autres, des fermetures ordonnées par lacommission des réguliers. Les couvents restants, y compris celui de Paris, ont été fermés comme à la Révolution française et les religieux se sont alors dispersés. L'église Notre-Dame-des-Victoires, rouverte au culte sous l'Empire, est devenue uneparoisse puis, auXIXe siècle, un lieu de pèlerinage réputé[12].
Placées également sous le vocable de Saint-Augustin, les augustines suivent la règle que donna saint Augustin à un monastère fondé par sa sœur àHippone, se vouent à la garde des malades et au service des hôpitaux et portent une robe noire serrée par une ceinture de cuir.
« « La communauté des croyants avait un seul cœur et un seul esprit, et personne ne s'appropriait aucun de ses biens, mais ils avaient tout en commun. [...] Il n'y avait personne dans le besoin parmi eux, car ceux qui avaient des biens ou des maisons les vendaient, apportaient le produit de la vente et le déposaient aux pieds des apôtres, et il était distribué à chacun selon ses besoins » »
« « J'ai commencé à rassembler des frères de bonne volonté, mes compagnons de pauvreté, qui, n'ayant rien comme moi, m'imitaient. Tout comme j'avais vendu mes maigres biens en tant que pauvre et distribué le produit de la vente aux pauvres, ceux qui souhaitaient être avec moi ont fait de même, afin que nous puissions vivre de ce que nous avions en commun. Mais ce qui devait être notre propriété commune vraiment grande et profitable, c'était Dieu » »
« ...vous répondez Amen, et en répondant ainsi vous exprimez votre assentiment. Ce que vous ressentez, ce que vous voyez, c'est le corps du Christ, et vous répondez Amen. Soyez donc membre du corps du Christ, pour que cet Amen soit vrai... »
↑Pierre Salies,Les Augustins : origine, construction et vie du grand couvent toulousain au Moyen Âge (XIIIe – XVIe siècles), Archistra,,p. 15.