Augias (engrec ancienΑὐγείας /Augeías, qui signifie « brillant » ou « rayonnant ») a pour père, selon différentes traditions, le dieuPoséidon ouHélios, ou bien encore le mortelPhorbas, roi d'Élis[1] et pour mère, Hyrmine ou Hermione[2], Nausidame[3] ou encore Iphiboé[4].
Il a pour fils Agasthène[1] etPhylée ainsi qu'une fille,Agamédé[5], douée de talents de guérisseuse[6]. Certaines traditions y ajoutent ses filles Ambracie[7] et Épicaste[8].
Il a pour (demi-)frèreActor, lui-même père des jumeauxMolionides, Eurytos et Ctéatos[9].
Augias est d’abord cité dans le mythe desArgonautes, en tant que membre du groupe de héros accompagnantJason à la recherche de latoison d’or. Il participe en particulier à la quête dans le but de trouver son frère,Aeétès, qu'il n'a jamais vu.
L'auteur grecApollonios de Rhodes, dans lesArgonautiques, présente Augias en tant que compagnon de Jason : « Augée, que la renommée disait issu du Soleil, régnait sur les habitants de l'Élide. Fier de ses richesses, il souhaitait avec passion de voir la Colchide et le roi Eétès[10] ».
Le nettoyage des « écuries d'Augias » est, selon les computs, le cinquième ou sixième des douzeTravaux d'Héraclès et donne lieu à différents développements selon les auteurs.
Augias possède un immense troupeau de bétail[11], mais les étables où il séjourne, n'ayant pas été nettoyées depuis trente ans, sont devenues tellement sales qu'on ne peut plus y accéder[1].
Le roi de TiryntheEurysthée, qui impose àHéraclès une succession de tâches en réparation du meurtre de ses propres enfants, le contraint à nettoyer ces étables en une journée[1]. Ce dernier s'exécute en ouvrant une brèche dans un mur des étables puis en détournant les eaux des fleuvesAlphée etPénée pour les décrasser en profondeur. Dès qu'il estime qu'elles sont propres, il détruit les dérivations, permettant aux fleuves de retrouver leurs cours, puis, après que le soleil couchant a séché les étables redevenues de la sorte propres et saines[12], reconstruit le mur[1].
Héraclès demande alors à Augias la rétribution promise, consistant en un dixième des têtes de bétail, mais ce dernier, ayant compris le subterfuge du héros, déclare le contrat nul en arguant que c'est une demande d'Eurysthée[11], et nie même la réalité du travail, scandalisant ainsi son propre fils Phyleus, témoin de l'accord[1]. Le roi d'Élis chasse Héraclès ainsi que Phylée qui s'exile àDoulichion[1], où il fonde un royaume[13].
Ce travail n'est en outre pas comptabilisé parEurysthée[14] au prétexte qu'Héraclès a demandé d'être payé pour la tâche, bien qu'Augias n'ait pas honoré cette rémunération[1].
Plusieurs années plus tard, après que ses douze travaux ont été accomplis, Héraclès attaque l'Élide avec une armée d'Arcadiens. Il est cependant défait par l'armée d'Augias, dirigée par ses neveux les Molionides et parAmaryncée(en), recrutés en échange d'une partie de son royaume[1]. Quelque temps plus tard, Héraclès remonte une expédition, tue les Molionides dans une embuscade àCléones[5], envahit l'Élide et, selon les versions, dépose Augias[13] ou le tue ainsi que ses fils[14]. Il rappelle alorsPhylée de son exil pour le placer sur le trône du royaume[14] ou, selon une autre tradition, Augias confie l'Élide sur son lit de mort à son fils cadet, Agasthène, ainsi qu'aux fils des Molionides, tandis que Phylée s'en retourne à Doulichion[5].
L'exploit est devenu proverbial et, en français, les « étables » d'Augias sont progressivement devenues des « écuries », peut-être pour se rapprocher de l'expression « curer les étables » en usage entre lesXIIIe et XVIIe siècles[12]. Les « écuries d'Augias » font allusion à tout ce qui est sale ou corrompu et l'expression « nettoyer les écuries d'Augias » est ainsi devenue la métaphore de « toute entreprise d'envergure aussi nécessaire qu'irréalisable » ou encore d' « opération[s ayant] pour but de remettre de l'ordre dans une institution, une entreprise ou un pays »[12].
Dans l'Iliade, Nestor se souvient comment il a attaqué l'Élide à la suite du vol par Augias d'unattelage de char destiné auxjeux olympiques afin de l'empêcher d'y participer. Le beau-fils du roi, Moulios, est tué dans cette attaque[15].