L'Aude est unfleuve du Sud de laFrance dont le cours de 223,6 kilomètres[1] s'inscrit dans la régionOccitanie, depuis lesPyrénées catalanes jusqu'à lamer Méditerranée. Il a donné son nom au département de l'Aude.
Dans l'Antiquité, l'Aude était appeléeAtax par lesRomains[3]. Certains auteursantiques, commePolybe, ont nommé le fleuveNarbôn[4].
En1342, lecartulaire roussillonnais d'Alart la nommel'Auda ou laRibera d'Aude[5]. AuMoyen Âge, pour désigner l'Aude, on employa aussi les termesAdice, de nouveauAtax,Fluvium Atacis,Flumine Atace,Flumen Ataze ou encoreJuxta Aditum fluvium[5]. Selon toute vraisemblance, le nom actuel vient d'une évolution progressive d’Atax donné parStrabon, dans saGéographie[6], mot emprunté au terme gauloisatacos signifiant « fougueux » ou « très rapide »[7].
Le fleuve prend sa source dans lemassif du Carlit, quelques centaines de mètres en amont dulac d'Aude, à 2 172 m d'altitude[8], dans la commune desAngles (département desPyrénées-Orientales). Pour la simplicité, certains situent la source du fleuve dans le lac d’Aude[9], qui se trouve à 2 135 m d'altitude. Au début de son cours, l’Aude coule parallèlement à laTêt : la forêt domaniale de Barrès[10], puis lecol de la Quillane à une altitude de 1 713 mètres[11], marquent la ligne de partage des eaux entre les deux fleuves côtiers. L'Aude oblique ensuite vers le nord, puis vers l’est pour se jeter, après un parcours d’environ deux cents kilomètres, dans lamer Méditerranée, à quelques kilomètres au nord-est deNarbonne, à la limite des départements de l'Aude et de l'Hérault, entre les Cabanes de Fleury et Vendres.
Du massifpyrénéen àCarcassonne, son cours est orienté sud-nord. L'Aude présente alors les caractéristiques d'un cours d'eau de montagne, elle traverse leCapcir, en alimentant plusieurs lacs de barrage (Matemale,Puyvalador), s'enfonce dans des gorges (celles de Saint-Georges sont les plus pittoresques), traversant des terrains anciens. À partir d'Axat, après avoir reçu l'apport de l'Aiguette en rive droite et duRébenty en rive gauche àSaint-Martin-Lys, le fleuve traverse les barrescalcaires des pré-Pyrénées (défilé de Pierre-Lys) et arrose la petite commune deBelvianes-et-Cavirac à la sortie des gorges, puisQuillan,Campagne-sur-Aude,Espéraza,Couiza,Alet-les-Bains etLimoux. En aval de la grande cité médiévale de Carcassonne, l'Aude s'infléchit vers l'est. Ce coude résulte d'unecapture, l'Aude ayant jadis coulé dans le val de l'Hers, indice de surcreusement par unehydrologie ancienne à la suite du soulèvement desPyrénées[12].
À partir de Carcassonne, le fleuve s'assagit et suit le grand sillon tectonique qui sépare lesPyrénées (Corbières) duMassif central (montagne Noire), recevant de ces reliefs une série d'affluents dont les principaux sont l'Orbieu en rive droite, l'Argent-Double et laCesse en rive gauche. Désormais, longée par lecanal du Midi et sinuant au milieu desvignes, l'Aude pénètre dans la large plaine alluviale deNarbonne, en partie conquise sur legolfe du Lion et parsemée de sites d'anciensétangs, avant de se jeter dans lamer Méditerranée.
La source de l'Aude, quelques centaines de mètres en amont dulac d'Aude.
L'Aude présente unbassin hydrographique[13] de 6 074 km2 qui s'étend, inégalement, sur six départements : lesPyrénées-Orientales, l'Aude, l'Ariège, laHaute-Garonne, leTarn et l'Hérault (la Haute-Garonne et le Tarn ne sont concernés que par le cours des affluents ou sous-affluents du fleuve). Selon leSANDRE, l'Aude traverse vingt-cinq zones hydrographiques et son bassin versant est de seulement 5 327 km2[1]. Ce bassin versant est constitué à 48,51 % de« territoires agricoles », à 48,29 % de« forêts et milieux semi-naturels », à 2,51 % de« territoires artificialisés », à 0,52 % de« zones humides », à 0,16 % de« surfaces en eau »[1].
Un des organismes gestionnaires est le SMMAR (Syndicat mixte des milieux aquatiques et des rivières)[14].
La fédération « Aude claire » contribue à la gestion de sites mais aussi informe et sensibilise le public sur la protection et la gestion des milieux naturels[15].
L'Aude a cent-dix-sept tronçons affluents référencés[1].
AvantCarcassonne, l'Aude reçoit comme tributaires des cours d'eau de faible longueur qui présentent souvent des caractéristiques detorrents de montagne.
À partir de Carcassonne, préfecture de l'Aude, donc dans sa basse vallée, le fleuve reçoit des rivières plus puissantes, originaires, pour la plupart d'entre elles, de lamontagne Noire. De l'amont vers l'aval, les principauxaffluents de l'Aude[16] sont :
Dans son imposant ouvrage « Les Paysans de Languedoc » l’historienEmmanuel Le Roy Ladurie mentionne une inondation qui a détruit le village d‘Espéraza en 1626. Il n’en dit pas plus et ne cite pas de source. On ne connaît donc pas l’origine du sinistre. En date du, un acte de décès à peine lisible en atteste (AD 11 – 1E1 p 40d) : on parvient à lire « ….furent summergés 26 habitans …. » et suit une liste de noms. La crue a pu provenir de l'Aude, comme du ruisseau torrentueux le Ravanel.
Des précipitations exceptionnelles et brutales, si caractéristiques duclimat méditerranéen pendant la saison automnale, peuvent être à l'origine decrues dévastatrices comme celles des 12 et. Le bilan de ces dernières, qui affectèrent la basse vallée de l'Aude, fut catastrophique : trente-cinq victimes, des centaines de personnes hélitreuillées ou récupérées par moyens nautiques, des milliers d'habitations, d'entreprises et de locaux commerciaux plus ou moins endommagés,5 000 hectares de vignes plus ou moins dévastés, la voirie, les réseaux d'eau potable et d'assainissement gravement atteints[20]. L'ampleur de la catastrophe s'explique par la conjugaison de deux phénomènes : des précipitationsorageuses d'une ampleur exceptionnelle (jusqu'à 620 mm tombés en deux jours àLézignan-Corbières, c’est-à-dire plus que le total annuel) et une fortetempête sur legolfe du Lion qui entraîna une montée de 80 cm du niveau de la mer et empêcha, conjuguée avec la fortehoule et levent, le bon écoulement d'eaux déjà gonflées par les pluies diluviennes[20]. Unretour d'expérience réalisé pour le ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement[21] initia de nombreuses améliorations (enprévention, en alerte (météorologique,aux populations), engestion de crise)[22] au niveau national et au niveau local.
Unépisode méditerranéen intense a provoqué unecrue exceptionnelle dans la nuit du 14 au, sur l'Aude médiane et ses affluents, puis le, sur l'Aude aval.
↑Guy Barruol,Les Peuples préromains du Sud-Est de la Gaule : étude de géographie historique, Paris, Éd. de Boccard, 1969, Revue archéologique de Narbonnaise (RAN), Suppléments 1.p. 387.
↑Polybe,Histoire générale, Tome I, Livre III, chap 37.