La commune est dans lebassin versant de la Meuse au sein dubassin Rhin-Meuse. Elle est drainée par la Meuse, le canal de l'Est Branche-Nord, le ruisseau de Lire, le ruisseau de Thirissart, le ruisseau de Prailes et le ruisseau de Bourifosse[1],[Carte 1].
Au, Aubrives est catégorisée bourg rural, selon la nouvelle grille communale de densité à7 niveaux définie par l'Insee en 2022[11].Elle est située hors unité urbaine[12]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Givet, dont elle est une commune de la couronne[Note 2],[12]. Cette aire, qui regroupe 11 communes, est catégorisée dans les aires de moins de 50 000 habitants[13],[14].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de labase de donnéeseuropéenne d’occupationbiophysique des solsCorine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des forêts et milieux semi-naturels (70,8 % en 2018), une proportion sensiblement équivalente à celle de 1990 (70,9 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : forêts (70,8 %), prairies (15,4 %), zones urbanisées (5,6 %), eaux continentales[Note 3] (3,7 %),terres arables (3 %), zones agricoles hétérogènes (1,5 %)[15]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : lacarte de Cassini (XVIIIe siècle), lacarte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 2].
Carte des infrastructures et de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).
Les seigneurs et barons de Hierges élevaient leurs chevaux à Aubrives[18].
L'église d'Aubrives est au départ une chapelle, dépendante de la paroisse-mère d'Ham-sur-Meuse. Une confrérie du Saint-Sacrement y est érigée en 1560[19]. Elle est détruite en 1640, pendant un des sièges dufort de Charlemont, puis reconstruite en 1642 aux frais de Jehan d'Aubrebis, ou Auxbrebis, chanoine deLille issue d'une famille de notables de la vallée. Le plafond ornementé date de 1707[20].
Aubrives est située sous la souveraineté des princes-évêques de Liège jusqu'au traité dit des limites, signé le 24 mai 1772 par le roiLouis XV et l'évêqueFrançois-Charles de Velbrück.« Le Prince-Évêque de Liège et son Église cèdent et transportent au Royaume et à la Couronne de France la souveraineté des villages d'Hierges, de Han, et d'Auberive-sur-Meuse avec leurs territoires et dépendances, ces trois villages faisant partie de la baronnie de Hierges »[21].
La prise de possession par le subdélégué de Givet, Gérard de Contamine (1720-1779), date de novembre 1774.
Dès mai 1772, le duc de Bouillon,Godefroy de La Tour d'Auvergne (1728-1792), proteste contre ce traité qui cède au roi la souveraineté de la baronnie de Hierges, qu’il prétendait posséder : mais il n'obtient pas gain de cause. Certaines coutumes liégeoises sont cependant observées jusqu’à la Révolution[22]. Après le rattachement à la France, Aubrives appartient, comme toute la subdélégation de Givet, à lagénéralité deValenciennes et précisément aubailliage d’Avesnes.
Sous leConsulat puis sous lePremier Empire, Aubrives, qui n’avait que 204 habitants, tirait le plus gros de ses revenus de la forêt : sur les 1 826 francs des recettes de 1804, 1600 provenaient de la vente du bois communal. Les dépenses étaient nettement plus variées, et l’église Saint-Maurice en constituait à elle seule près de la moitié : l’ameublement pour 80 francs germinal, le logement du curé pour 60 francs, son traitement pour 300 francs. On peut les comparer avec les salaires du piéton, ou facteur communal (9 francs), du ramoneur (13 f 50), du greffier Joseph Waslet (24 francs), et même de l’instituteur (36 francs).
Le conseil municipal comprend en 1804 le maire, Jean Guilmin, nommé par le baron Frain, préfet des Ardennes depuis 1800, ainsi que JJ Joris, François Dinant, Piron, Nicolas Bourland, Lambert et Antoine Waslet. Si le maire reste en place en 1804, les conseillers sont en 1809 Joseph Dricot, Druot, Lambert et Nicolas Bourlard.
D'autre part, en février 1804, le budget est excédentaire de 760 francs environ (sur 1 826 francs de recettes), alors qu’en 1809 on trouve un déficit de 697 euros (sur seulement 732 francs). Cette diminution des revenus communaux est due à la perte des ventes de bois de la commune à la suite du règlement d'un reliquat de dettes de l'Ancien régime[23].
Une activité artisanale et industrielle se développe sur cette commune. La terre est utilisée pour la fabrication de poteries et de pipes. Des carrières de pierre sont exploitées. Une houblonnière crée des emplois. Mais surtout, à partir de 1858, une activité sidérurgique s'y développe[20].
Aubrives a été occupée par les Allemands dès le premier mois du conflit, à la suite de la défaite deCharleroi, le. Elle fut d’abord située dans la zone d’étapes, intermédiaire entre le front et l’intérieur. La commune a d’abord connu une période difficile avec des réquisitions, des prises d’otages, et des restrictions drastiques de circulation et de commerce : au début de l’hiver, la famine menaçait.
Heureusement, en janvier 1915, le canton deGivet, auquel appartient Aubrives, fut rattaché avec celui deFumay à laBelgique, sous une administration un peu plus clémente, et la commune bénéficia du ravitaillement américain et du commerce avec le sud de laBelgique.L’Ardennais de Paris, le journal hebdomadaire de la Fraternelle ardennaise, association responsable des réfugiés du département, publie par exemple ces deux courtes notices :
« Aubrives. Nouvelles reçues par la Hollande à la date du 13 décembre. Nous allons bien et ne sommes pas très malheureux. Aubrives, jusqu’ici, a été épargné et, sauf quelques réquisitions, nous sommes tranquilles[24].
Aubrives.On nous informe que la vie à Aubrives est assez tranquille. Le ravitaillement se fait normalement. Le directeur de l’usine et le fondé de pouvoir ont été arrêtés en octobre dernier, par suite du refus du personnel de travailler pour l’ennemi qui s’était emparé de l’usine[25]. »
C’est l’usine métallurgique de la SAV (Société d’Aubrives et deVillerupt) qui intéressait au premier chef les Allemands. Le directeur et maire de la commune était alors Edmond Bertin, qui sut négocier avec les autorités pour éviter à sa commune les réquisitions et le logement de troupes. Mais en1916 la situation se durcit, Bertin refusa de remettre l’usine en marche et les Allemands l’occupèrent en juillet pour en assurer eux-mêmes l’encadrement. Surgirent alors sur les murs des affiches du genre de celle-ci, parue en juillet 1916 :
« Le sergent Schlenck accepte pour l'usine d'Aubrives encore quelques ouvriers. Les conditions sont les mêmes qu'avant la guerre[26] »
Mais les ouvriers refusèrent ces offres, obligeant laKommandantur à prendre des mesures rigoureuses : Bertin et son adjoint Masson furent enfermés à la forteresse deNamur pendant trois mois.
Sans nouvelles des soldats et des réfugiés, les Aubrivois durent loger également en1917 300 évacués venus de la région de Lens et dépourvus de tout. En1918, le village rentra pour quelques mois dans la zone d’étapes, et la situation redevint critique. Heureusement, l’occupant n’eut pas le temps de détruire l’usine, ni de réaliser l’évacuation prévue deVireux-Wallerand à la fin d’octobre, une partie des habitants devant être relogés à Aubrives. Ils partirent enfin le 14 novembre1918, et l’arrivée des troupes françaises eut lieu le 20.
En1919, un nouveau curé fut affecté à la paroisse, où il resta vingt ans. C'était l’abbé Paubon, l’ancien desservant deFépin, qui avait servi les Alliés au sein deLa Dame blanche (réseau de renseignements), dirigé deLiège - plus précisément au sein du peloton 49 de Thérèse de Radigués[27] : il était chargé de repérer le trafic ferroviaire allemand sur la ligne Charleville - Givet, ce qui permettait d'établir la liste des unités engagées sur le front de Champagne[28].
En 2017, la commune d'Aubrives a voté majoritairement pourJean-Luc Mélenchon a 28,79% des suffrages exprimés (154 voix), devantMarine Le Pen avec 27,48% des suffrages exprimés (147 voix) etEmmanuel Macron avec 14,77% des suffrages exprimés (79 voix)[36].
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers lesrecensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations de référence des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[37]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2004[38].
En 2022, la commune comptait 984 habitants[Note 4], en évolution de +12,59 % par rapport à 2016 (Ardennes : −2,97 %,France horsMayotte : +2,11 %).
Aubrives fait partie dudomaine wallon de France. Le lexicographeJules Waslet(wa), qui a consacré un ouvrage au dialecte de la région de Givet, considère que le wallon d'Aubrives appartient à un ensemble qu'il appelle le sous-dialecte givetois d'oyi, d'après la manière d’exprimer l’adverbe d’affirmationoui dans certaines localités. Waslet précise toutefois que c'est l'adverbeayi qui est usité à Aubrives[41].
Un pôle scolaire, construit en 2015 et 2016, regroupe les salles d'accueil des petits, les salles scolaires du CP au CM2, l'accueil périscolaire, une bibliothèque et la cantine. Ce pôle s'adresse aussi aux écoliers de communes voisines :Foisches,Hierges etHam-sur-Meuse[42],[43].
Une salle des fêtes d'Aubrives a été construite en1909 par le directeur de la Société d’Aubrives et Villerupt, Edmond Bertin, né en1864 et responsable de l'usine de 1909 à 1935. Un nouveau projet de salle polyvalente culturelle et sportive a été réalisé dans lesannées 2010. C'est un espace polyvalent à vocation culturelle et sportive, disponible notamment pour les associations et pour les festivités des habitants[44].
Plusieurs associations aubrivoises contribuent à animer la commune, dont :
L'Arabesque pour la danse, créée en 1983 et qui organise un gala annuel.
Florilège pour le théâtre, créé en 1989 et qui organise un spectacle annuel.
Georges-Armand Favaudon (1921 à Chagny (Saône-et-Loire) - 2008). Ce peintre et sculpteur aubrivois, fils de berger et autodidacte, a exposé avec les plus grands, dontPablo Picasso etAlfred Manessier. Il avait appris son art lorsqu'il servait dans lesForces françaises libres dugénéral de Gaulle, en fréquentant pendant les escales la nouvelle école américaine deJackson Pollock à New York et à Philadelphie. Sur ses 1200 compositions, 600 sont situées dans les Ardennes, comme la fresque des scailleteux àFumay, une autre fresque de 300 mètres de long àChooz, et les Vierges du bord de Meuse à Aubrives. Il s'agit de dix grandes pierres levées représentant des femmes celtes, en bordure du chemin de halage[46]. La commune lui doit aussi les vitraux de l'église Saint-Maurice. Favaudon est mort en 2008 à Aubrives, où il avait pris sa retraite de chef de gare et où il avait établi son atelier. Il avait été adjoint au maire sous le mandat d'Alain Vandevelde, et avait eu à cœur de développer la vie culturelle dans la commune[47],[48],[49].
Albert Paubon (1864 - 1949). Né à La Neuvillette à côté de Reims, il est curé àFépin, pendant la Première Guerre mondiale et appartient au réseau de renseignement des Anglais et de RésistanceLa Dame blanche (réseau de renseignements). Moins d'un an après la fin de la guerre, le premier octobre 1919, il est affecté à Aubrives, et y officie pendant tout l'entre-deux-guerres, jusque sa mise en retraite en 1939. Il part alors pour une maison de retraite pour prêtres à Gargenville (Seine-et-Oise) où il décédera en 1949. Honoré de plusieurs décorations anglaises, il a reçu aussi laCroix de guerre 1914-1918 française et a été faitchevalier de la Légion d'honneur le 31 août 1937[28],[50].
Jean Baptiste Preyat. Artiste peintre né le 18 juin 1821 à Aubrives. Il fut l'élève deMichel Martin Drolling[51].
↑Les eaux continentales désignent toutes les eaux de surface, en général des eaux douces issues d'eau de pluie, qui se trouvent à l'intérieur des terres.
↑Population municipale de référence en vigueur au 1er janvier 2025, millésimée 2022, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2024, date de référence statistique : 1er janvier 2022.
↑a etbDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale »,Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography,no 501,(DOI10.4000/cybergeo.23155,lire en ligne, consulté le)
↑Recueil des principaux traités d'alliance, de paix, de trève, de neutralité, de commerce, de limites d'échange conclus par les puissances de l'Europe... par M. de Martems, Gottingue, 1791, vol.1,p. 295
↑Philippe-Antoine Merlin,Répertoire universel et raisonné de jurisprudence, Paris, 1812-1825, tome 7,p. 481-482.
↑M. Paganelli. "Aubrives : Budget de la Commune An 12 et 1809", dansArdenne Wallonne,no 19, décembre 1984.
↑L’Ardennais de Paris, rubrique "Au pays des sangliers", numéro du 20 février 1915.
↑Émile Neveux,Vireux-Wallerand sous la botte allemande : Histoire d’une commune occupée, Rocroi,(lire en ligne)
↑Pierre Decock,La Dame Blanche : un réseau de renseignements de la Grande Guerre, Université libre de Bruxelles,
↑a etbStéphanie Mercier et Jean-François Boulanger, article sur Albert Paubon et sa paroisse de Fépin pendant la Grande Guerre,Revue historique ardennaise,no 37 (2005)p. 255.
↑Almanach historique administratif et commercial de la Marne de l'Aisne et des Ardennes, Matot-Braine, Reims, 1876, p207.
↑Almanach historique administratif et commercial de la Marne de l'Aisne et des Ardennes, Matot-Braine, Reims, 1877, p239.
↑a etbO.R., « « L’État nous prend pour des exécutants » : « Être maire, c’est usant. L’expérience d’un mandat aura suffi à Gilbert Leclercq pour qu’il raccroche »,La Semaine des Ardennes,no 234,,p. 2.
↑Maya Bennani, Bruno Decrock, François Griot et Julien Marasi,Patrimoine industriel des Ardennes, Langres, Éditions Dominique Guéniot,, 288 p.(ISBN978-2-87825-458-7,lire en ligne), « Fonderie De Vennes, puis Forges et Fonderie d'Aubrives, puis Société métallurgique d'Aubrives-Villerupt, puis Pont-à-Mousson, actuellement Magotteaux »,p. 41-42