Il reste connu pour ses illustrations stylisées et sinueuses en noir et blanc, où l’on perçoit l’influence de l’art japonais et de l'artrococo. Son art, jugé grotesque et décadent par la bonne société de son époque, a plus tard été vu comme une critique de l'hypocrisie de lasociété victorienne[2],[3].
À l’âge de sept ans, Aubrey Beardsley apprend qu’il est atteint de latuberculose[4]. Il subit sa première attaque à l’âge de neuf ans[5].
En 1884, sa mère, Ellen Pitt, trop malade pour s’occuper de lui et de sa sœur Mabel, les envoie chez une tante proche. C’est à partir de cette année qu’Aubrey Beardsley assiste aux cours de la Bristol Grammar School pendant quatre ans[5].
En 1889 il travaille comme employé dans un bureau d’assurance à Londres, mais, las de cette profession, il quitte ce milieu pour rejoindre celui de l’art[5].
Au début de l'année 1893, ayant apporté ses illustrations à Paris, il y est, d'après une lettre envoyée à Scotson-Clarke cette année,« très encouragé parPuvis de Chavannes »[10].
Beardsley voit son style rencontrer un certain succès dès qu’il atteint l’âge de vingt ans, alors qu’il n’aura reçu qu’une formation succincte aux cours du soir de la Westminster School of Art[4].
Il fait ses débuts d'illustrateur en 1893 en se confrontant à un travail colossal pour un jeune artiste, à savoir les cinq cents vignettes et illustrations pourLe Morte d'Arthur deSir Thomas Malory, publié parJ. M. Dent.
En avril 1893 paraît le premier numéro de la revueThe Studio, dont Beardsley réalise la couverture[11]. L’illustrateur collabore par ailleurs àThe Idler.
Contemporain d’Oscar Wilde, Beardsley réalise pour celui-ci des dessins en 1893[6] pour la version traduite en anglais de sa pièceSalomé publiée en 1894[5]. Le succès est à la hauteur du scandale. Les deux esthètes se nouent d'amitié bien que leurs personnalités ne semblent pas s'accorder. Si les deux artistes sont scandaleux, Wilde reproche à Beardsley d'être trop paresseux dans son approche de l'art. Tandis que Wilde dévoue sa vie à la littérature et au théâtre, Beardsley est plus superficiel : il ne vit pas pour l'art mais en est simplement l'un des actionnaires. À plusieurs reprises, Wilde, pince-sans-rire notoire, se moque publiquement de Beardsley. À la fin de la vie d'Aubrey Beardsley, ce dernier et Wilde ne se fréquentent que par tiers interposé.
Il mène une vie mondaine et cultive le scandale. Son cabinet de travail n'est éclairé que par des bougies. Il joue du piano avec un squelette assis à coté de lui. Il reçoit ses invités dans son salon tapissé d'estampes japonaises érotiques. Il porte une rose fanée à la boutonnière, en référence au club deshédonistes, et s'adonne à lamagie noire[12].
Dandy et moderniste, Beardsley devient célèbre pour avoir fondé en 1894, avec la maison d'éditionThe Bodley Head, une revue-livre au format innovant intituléeThe Yellow Book, dont il sera le directeur artistique des cinq premiers volumes avant que, associé à tort au scandale du procès d'Oscar Wilde, il ne soit renvoyé de son poste, en avril 1895, un an après la parution du premier numéro, par l'un des éditeurs,John Lane[5].
À la suite de cet événement Beardsley est approché parLeonard Smithers pour créer une revue concurrente,The Savoy. Il participe activement à cette revue, dont il est le directeur artistique, et y publie ses dessins mais aussi des textes. En effet, il est l'auteur d'un roman unique,The Story of Venus and Tannhäuser: Under The Hill[13]. Beardsley commence la rédaction de ce roman baroque et érotique en 1892 et en publie les cinq premiers chapitres (sur dix) avant d'arrêter à cause de sa maladie. En 1895, il arrête définitivement l'écriture, laissant inachevé ce récit librement inspiré d'un opéra deWagner dont il appréciait particulièrement la musique. De plus, après sa participation aux trois premiers numéros, il cesse de collaborer àThe Savoy dont la parution est arrêtée en 1896[5].
De confessionanglicane, Aubrey Beardsley suit l'exemple de sa sœur Mabel et, sous la tutelle d'André Raffalovitch, se convertit au catholicisme, peu de temps avant sa mort. Il ordonne aussi à Smithers de brûler ses dessins érotiques et scandaleux, mais celui-ci ne le fera pas.
Venu dans le Sud de la France pour y soigner satuberculose, il meurt à Menton à l'Hotel Cosmopolitan le 15 mars 1898, à l’âge de 25 ans[5],[14].
Edward Burne-Jones a une influence importante sur l’art de Beardsley dans le début de sa carrière. Il est d’ailleurs assez clair que les dessins que Beardsley a présentés à Burne-Jones en 1891 étaient des imitations de son style[7]. On peut encore voir cette influence dans les illustrations qu’il réalise pourLe Morte d’Arthur[4], mais il s’en éloignera peu à peu.
Aubrey Beardsley est très influencé par l'art deWhistler qui l'éloigne de l'influence médiévale de Burne-Jones et cela bien avant qu'il ne le rencontre, par l'intermédiaire de ses œuvres commeHarmonie en bleu et or : la salle aux paons par exemple dont le style japonisant plait à Beardsley[15]. Les motifs deLa jupe-paon qu'il réalise pour illustrerSalomé seraient directement inspirés de ceux de Whistler[8],[16].
Aubrey Beardsley, Arthur H. Cornette (trad.), Jacques-Émile Blanche (préface),Sous la colline, Paris, H. Floury, 1908.
Gabriel Mourey, « Aubrey Beardsley », dans Georges Moreau (dir.),Revue encyclopédique : recueil documentaire universel et illustré, Paris, Larousse, 1898, p. 520-521[lire en ligne (page consultée le 22 octobre 2024)].
(en)Oscar Wilde,Salomé, tragédie en un acte, Paris, Librairie de l’art indépendant / Londres, E. Mathews et J. Lane, 1893[lire en ligne (page consultée le 22 octobre 2024)].
Evanghelia Stead, « Jarry / Beardsley »,L’Étoile-Absinthe. Les Cahiers iconographiques de la société des amis d’Alfred Jarry, automne 2002, p. 5-67[lire en ligne (page consultée le 30 juillet 2020)].