Attentat de la Ghriba | |
![]() Site de l'attentat le 8 janvier 2002. | |
Localisation | Erriadh,Djerba,Tunisie |
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Cible | Synagogue de la Ghriba |
Coordonnées | 33° 48′ 50″ nord, 10° 51′ 33″ est |
Date | 9 h 35 (UTC+1) |
Type | Attentat auvéhicule piégé |
Morts | 19 |
Blessés | 30 |
Auteurs | Nizar Naouar |
Organisations | ![]() |
Mouvance | Terrorisme islamiste |
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L'attentat de la Ghriba est unattentat-suicide, effectué par un kamikaze du groupeAl-Qaïda et survenu le devant lasynagogue de la Ghriba àDjerba (Tunisie). Il a fait 19 morts.
Un camion-citerne degaz naturel bourré d'explosifs saute à9 h 35 devant la synagogue tuant 19 personnes (quatorzetouristesallemands, troisTunisiens, un Franco-Tunisien et unFrançais[1]) et faisant trente blessés.
Les autorités tunisiennes présentent d'abord l'explosion comme unaccident[2], mais l'enquête menée par la Tunisie, la France et l'Allemagne montre rapidement qu'il s'agissait d'une attaque délibérée, ce que confirme une bande sonore, attribuée au réseau terroristeAl-Qaïda d'Oussama ben Laden, qui revendique la responsabilité de l'attaque et déclare « envoyer un message à l'Allemagne ».
Nizar Naouar, un Franco-Tunisien de 25 ans mort dans l'explosion du camion-citerne[3], est identifié comme lekamikaze qui a effectué l'attaque avec l'aide de son oncle Belgacem Naouar. L'enquête montre qu'il avait fait croire à ses proches, une famille originaire deBen Gardane, qu'il poursuivait des études entourisme auCanada, entre1999 et2001, alors qu'il s'entraînait dans des camps d'Al-Qaida enAfghanistan[4]. Dans son testament découvert dans la cache d'un membre d'Al-Qaida àKarachi, en, il y dit« sa haine des Juifs, des Américains et des régimes arabes impies qui empêchent leurs ressortissants de participer au djihad contre Israël » et indique avoir agi seul[5].
PourJalloul Jeribi,ministre des Affaires religieuses au moment de l'attentat,« en Tunisie, toute la société rejette complètement le fondamentalisme. Ce qui s'est passé à Djerba, cela vient de l'Occident »[6].
Les conséquences judiciaires de cet acte ont des ramifications dans divers pays, notamment en France.
Belgacem est arrêté au lendemain de l'attaque et incarcéré dans une prison deTunis.
Il est alors interrogé, notamment par le juge anti-terroriste françaisJean-Louis Bruguière, les enquêteurs l'accusant d'avoir aidé Nizar à faire monter une citerne remplie de gaz sur le camion. Il confirme alors que son neveu l'avait informé de ses intentions dès le9 avril, soit deux jours avant l'attentat[3]. Belgacem, qui encourt lapeine de mort, est condamné le par la quatrième chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis à vingt ans de prison ferme pour« complicité d'assassinat avec préméditation »,« participation à une association de malfaiteurs » et« complicité pour détention et fabrication de matières explosives ».
Il est préalablement interrogé durant une vingtaine de minutes par lejuge Tarak Braham en l'absence de ses avocats quiboycottent le procès après avoir demandé en vain de disposer au préalable du contenu de son interrogatoire par des juges allemands. Il nie alors les charges retenues contre lui et affirme tout ignorer des desseins terroristes de son neveu, reconnaissant seulement l'avoir assisté pour l'achat d'un véhicule qu'il devait utiliser dans uncommerce. S'agissant de l'argent et des papiers d'identité de Nizar retrouvés en sa possession, il soutient qu'ils y avaient été placés à son insu par son neveu.
Paul Sauvage et Mohamed Elkamel Fatmi, deuxressortissants français figurant parmi les morts[7], le parquet de Paris ouvre une information judiciaire[8] et fait perquisitionner le17 avril le logement de la famille Naouar àVénissieux (département du Rhône)[4] ; trois de ses membres sontmis en examen par le juge Bruguière qui instruit l'information judiciaire[8]. Parmi ceux-ci figure Walid Naouar, le frère cadet du kamikaze, soupçonné d'avoir acheté sous un nom d'emprunt, en date du, un téléphone satellitaireThuraya — avec lequel son frère aurait contactéKhalid Cheikh Mohammed pour obtenir le feu vert pour commettre l'attentat[1] — et de lui avoir fourni un modem et des faux papiers[8]. Niant ce fait dans un premier temps, Walid avoue finalement après la découverte du téléphone en Tunisie et se voit arrêté le12 novembre ; il est incarcéré à laprison de Fresnes où il passe sonbaccalauréat et entame des études d'histoire[4].
Considéré par les enquêteurs comme l'un des personnages centraux du dossier, Christian Ganczarski est un ressortissant allemand d'originepolonaise, converti à l'islam en1986, qui effectua des séjours auPakistan et enAfghanistan entre1999 et2001[3]. Suspecté d'être un membre important d'Al-Qaida[1], il est soupçonné d'avoir planifié l'opération puis d'avoir donné sa « bénédiction spirituelle » à Nizar Naouar — qui l'avait rencontré à plusieurs reprises à partir de2000 — lors d'un coup de fil passé au matin du 11 avril, jour de l'attentat[3],[8]. Il est interpellé le à l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle après son expulsion d'Arabie saoudite[7]. Au terme de l'enquête, Ganczarski ainsi que Khalid Cheikh Mohammed sont mis en examen pour complicité d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste. Ce dernier fait l'objet d'un mandat d'arrêt international car il est considéré comme le commanditaire et le financier de cette opération ; Naouar l'a d'ailleurs appelé au Pakistan avant de contacter Ganczarski[1].
Le s'ouvre le procès des trois hommes, devant la cour d'assises spéciale deParis, pour « complicité et tentatives d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste »[9]. Cheikh Mohammed ne comparaît pas puisqu'il est détenu sur labase américaine de Guantánamo où il est jugé par un tribunal militaire pour son rôle dans lesattentats du 11 septembre 2001[1] ; la cour décide le28 janvier de disjoindre son cas et de le traiter séparément[10]. Au terme du procès, le5 février, Ganczarski est condamné à 18 ans de prison alors que Naouar est condamné à 12 ans de prison, peines inférieures aux 30 et 15 ans de réclusion réclamées par l'accusation[11].
Le, Christian Ganczarski, ne voulant pas être extradé vers lesÉtats-Unis pour un jugement comme l'un des coordinateurs desattentats du 11 septembre 2001, attaque trois surveillants pénitentiaires avec un couteau[12].
En, cinq personnes accusées d'avoir financé cette attaque sont arrêtées enEspagne. Deux d'entre eux, l'homme d'affaires Enrique Cerda et lePakistanais Ahmed Rukhsar, sont condamnés à cinq ans de prison le.
Pays | Morts |
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![]() | 14 |
![]() | 3 |
![]() | 1 |
![]() ![]() | 2[13] |
Total | 20 |
Dix ans après l'attentat, à la suite de larévolution tunisienne et grâce à la liberté de parole et d'organisation, de simples citoyens de l'île de Djerba veulent briser le silence et rendre hommage aux victimes de l'attentat.
Le, leprésident de la République tunisienneMoncef Marzouki, l'ambassadeur d'Allemagne en Tunisie,Horst-Wolfram Kerll (de), et l'ambassadeur de France en Tunisie,Boris Boillon, participent à une marche silencieuse en mémoire des défunts. Le président tunisien rencontre les familles des victimes qui peuvent assister à la commémoration et prononce un discours au nom de l'État tunisien où il abhorre cet acte et exprime au nom du peuple tunisien une compassion et une solidarité pour les victimes et leurs familles.