
Lesattaques aériennes américaines au Pakistan sont des attaques de drones associées à quelques bombardements, menés dans lesrégions tribales de 2004 à 2018 par l'USAF et laCIA, en lien avec lapolitique américaine de lutte contre le terrorisme islamique, avec laguerre d'Afghanistan et l'insurrection islamiste au Pakistan.
Elles consistent essentiellement en des tirs dedrones, et parfois en des excursions d'hélicoptères d'attaques au-dessus du territoire pakistanais. Les bombardements de drones sont attribués auxÉtats-Unis et visent surtout leWaziristan et ne touchent pratiquement que leWaziristan du Nord depuis 2010. Ces opérations sont illégales et ont été secrètes jusqu'en janvier 2012, date à laquelle le président Obama a admis leur existence[1]. Les attaques visent à combler le manque d'actions menées par l'armée pakistanaise contre certains mouvements se battant enAfghanistan. Ainsi, au fur et à mesure que l'armée pakistanaise a étendu ses opérations militaires dans les régions tribales, les frappes de drones se sont recentrées sur le Waziristan du Nord.
Ces attaques ne sont pas officiellement comptabilisées par l'armée américaine. Selon diverses études, les attaques auraient tué entre 2 400 et plus de 3 700 personnes, dont au moins 10 % de civils. Surtout nombreuses de 2008 à 2014, les attaques cessent après 2018.
Dès 2012, des études tendent à montrer que ces attaques sont inefficaces : elles éliminent peu de «vraies cibles», causent de nombreuses victimes civiles et terrorisent la population. Cette même année, du fait des attaques« 74 % des Pakistanais [en viennent à considérer] les États-Unis comme un ennemi »[2].

Les États-Unis ont fourni au Pakistan dans le cadre de leur aide dans laguerre contre le terrorisme entre 2001 et 2010 un total de 17 milliards de dollars[4], dont entre 2002 et 2008 au titre duCoalition Support Fund, 6,6 milliards dedollars d'aide militaire pour lutter contre les talibans, dont une faible partie a effectivement été attribuée à cette tâche[5]. En octobre 2009,Barack Obama signe leEnhanced Partnership with Pakistan Act of 2009 connu sous le nom de plan Kerry-Lugar-Berman offrant une aide non militaire sous condition de 1,5 milliard de dollars par an au Pakistan répartie jusqu'en 2014 soit un total de 7,5 milliards[6] contre un aide non militaire de plus de 400 millions de dollars en 2008[7].
Un total de 14 Américains sont morts au Pakistan à cause du terrorisme, douze militaires, un diplomate et le journalisteDaniel Pearl, auxquels on peut rajouter les sept victimes de l'attentat-suicide de la base de Chapman contre un site de laCIA.
En 2009, 14 bataillons desFrontier Corps, soit 9 000 hommes sont entraînés par des militaires américains. L'effectif alors sur place varie entre80 et 100 militaires des forces d'opérations spéciales et du personnel de soutien, y compris environ 35 formateurs[8]. 3Marines participant à cette formation ont été tués dans un attentat lors de l'inauguration d'une école pour filles le 3 février 2010[9].
En septembre 2009, quatre personnels du SOC(FWD)-PAK ont été intégrés auFrontier Corps dans lesrégions tribales, fournissant des renseignements pour une opération. Ce soutien a été considéré comme hautement réussi, et a permis au FC d'exécuter une frappe d'artillerie sur une position ennemie. En octobre 2009, le quartier-général de l'armée pakistanaise a approuvé une demande du commandant du11e corps, le général de corps d'armée Masood Aslam, de déployer deux détachements de six personnels du SOC(FWD)-PAK à deux endroits, auWaziristan du Sud et auWaziristan du Nord, pour fournir un soutien en matière de renseignement et des conseils opérationnels généraux. Le soutien envisagé par les Américains comprendrait une réception-visualisation des vidéos prises par les drones. L'ambassade des États-Unis àIslamabad remarquait que ces deux demandes marquent un changement radical dans le haut commandement de l'armée pakistanaise, qui jusqu'alors avait absolument refusé d'attacher des forces américaines à leur unités en opérations. L'ambassade note également que ces déploiements sont très sensibles politiquement, et que s'ils venaient à être connus, les militaires pakistanais arrêteraient probablement les demandes pour ce genre d'assistance[10].
En juin 2011, à la suite des crispations créées par leraid contre Ben Laden, ce programme d'entraînement est terminé et 120 conseillers militaires américains ont quitté le pays, laissant une cinquantaine de membres desSpecial Forces qui était en soutien sur place avec une position difficile[11].
Tandis que le Pakistan mène des opérations contre les insurgés pakistanais, le gouvernement américain a émis le souhait que le Pakistan lance une offensive contre les talibans afghans présents auNord-Waziristan. Le gouvernement s'y est longtemps refusé[12], jusqu'au lancement de l'opération Zarb-e-Azb en 2014, qui vise cependant les insurgés pakistanais duTTP.
La relation politique et militaire entre les deux pays s'est profondément aggravée depuis le raid héliporté ayant conduit à la mort de Ben Laden le 2 mai 2011 et, en septembre 2011, les autorités américaines accusent formellement l'Inter-Services Intelligence de soutenir leréseau Haqqani, l'un des groupes taliban les plus actifs[13].
Le, la Haute Cour dePeshawar a qualifié de« crime de guerre » les tirs de drones américains dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan et ordonné pour la première fois aux autorités locales de prendre une série de mesures pour mettre fin à ces attaques[14]. Lors desélections législatives pakistanaises de 2013, ces frappes ont été critiquées par une partie de la classe politique.
Les États-Unis utilisent énormément lerenseignement d'origine électromagnétique (écoutes téléphoniques et informatiques entre autres) effectué par laNational Security Agency et la CIA dans la traque des militants pris pour cibles, lerenseignement humain américain au Pakistan étant plus faible qu'en Afghanistan. Il arrive que des attaques de drones soient déclenchées sur la localisation présumée de lacarte SIM de la cible sans confirmation visuelle[15].
LeWaziristan du Nord, qui fait partie desrégions tribales, accueille de nombreux talibans menant des attaques enAfghanistan, ainsi que de nombreux membres d'Al-Qaïda et duréseau Haqqani, dont ces derniers se servent comme « base arrière ». Les services secrets américains et l'ISI ont soupçonnéOussama ben Laden de s'y trouver[16]. C'est pourtant àAbbottabad, près de la capitale, que le, un commando héliporté d'une vingtaine de SEAL venu d'Afghanistan a effectué un raid sur la résidence fortifiée d'Oussama Ben Laden etréussit à l'abattre ainsi que deux autres membres de sa famille et deux collaborateurs. L'un des hélicoptères utilisé n'a pu repartir, et le commando emportant le corps de Ben Laden a quitté les lieux à bord des autres appareils[17].


Lesdrones de combat de l'USAF basés en Afghanistan, et probablement également depuis l'aéroport de Shamsi au Pakistan jusqu'en 2009[18] souvent pilotés depuis laCreech Air Force Base dans leNevada par la432d Wing[19], commandité par laCentral Intelligence Agency et probablement avec l'aide de sa brancheparamilitaire, laSpecial Activities Division, attaquent régulièrement la zone ciblant les extrémistes et insurgés avec comme armement de base des missiles air-solAGM-114 Hellfire[20] et des bombes guidéesSmall Smart Weapon - appelées aussiScorpion[21] - utilisés pour réduire lesdommage collatéraux[22]. En 2011, il est estimé qu'une trentaine de drones effectuent ce type de mission[23]. À la suite d’un débat sur la militarisation excessive de la CIA, le président Obama a signé le 22 mai 2013 une « presidential policy guidance » (directive) classée secrète, qui encadre les conditions d’emploi des drones : les militaires retrouvent le quasi-monopole des commandes sur les frappes ciblées, tandis que la CIA conserve des drones de renseignement.
Ils ont fait entre 830 et 1 210 morts début 2010, selon un rapport de laNew America Foundation de 2010 corédigé parPeter Bergen (en)[24], dont l'ancien chef des talibans pakistanaisBaitullah Mehsud en août 2009. L'administration Obama a généralisé ces attaques : en 2009, il y a eu plus d'attaques de drones que les huit années précédentes[24]. Le rapport affirme par ailleurs que 32 % des victimes de ces attaques depuis 2004 sont des civils[24]. Selon la fondation, les attaques auraient tué entre 2 366 et 3 702 personnes, dont 245 et 303 civils et 211 à 328 inconnus, entre 2004 et 2018[25].
Ces bombardements furent suspendus le temps de l'affaire Raymond Davis entre le 28 janvier et le 20 février 2011[26] puis après l'incident frontalier afghano-pakistanais du 26 novembre 2011 qui a contraint les Américains à quitter la base de Shamsi[27]. Il n'y a eu aucune attaque recensée entre le 25 décembre 2013[28] et le 11 juin 2014[29], ces dernières reprenant après unassaut terroriste contre l’aéroport international Jinnah de Karachi dans la nuit du 5 au 6 juin 2014 et faisant un minimum de 34 tués dont les 10 assaillants[30]. Les bombardements sont beaucoup moins nombreux après le lancement de l'opération Zarb-e-Azb par l'armée pakistanaise en 2014. La dernière attaque recensée se produit le dans leWaziristan du Nord, et tue un commandant taliban[25].
| Année | Frappes | Morts | Dont combattants |
|---|---|---|---|
| 2004 | 1 | 6 | 1 |
| 2005 | 3 | 15 | 5 |
| 2006 | 2 | 93 | 1 |
| 2007 | 4 | 63 | 51 |
| 2008 | 36 | 286 | 208 |
| 2009 | 54 | 543 | 371 |
| 2010 | 122 | 832 | 779 |
| 2011 | 70 | 505 | 416 |
| 2012 | 48 | 295 | 269 |
| 2013 | 26 | 143 | 139 |
| 2014 | 22 | 143 | 143 |
| 2015 | 10 | 55 | 53 |
| 2016 | 3 | 10 | 10 |
| 2017 | 10 | 40 | 37 |
| 2018 | 5 | 11 | 11 |
| 2019-20 | 0 | 0 | 0 |
| Total[25] | 414 | 3 040 | 2 494 |
La commission des droits de l'homme du Pakistan a annoncé, quant à elle, qu'en 2010, 957 personnes ont trouvé la mort au cours de ces attaques[31].
Le gouvernement pakistanais fin octobre 2013 déclare 2 227 personnes tuées dont 67 civils en conséquence de 317 tirs de missiles effectués depuis 2009[32].
De son côté, leLong War Journal, indique le bilan suivant sur ces attaques[33] :
Soit un total de plus 422 frappes au 30 mars 2017[36], 277 auNord-Waziristan, 89 auSud-Waziristan et 20 dans d'autres districts tuant, depuis 2004, 2 770 talibans présumés et 158 civils.
| Selon leLong War Journal[37]. | 2004-2006 | 2007 | 2008 | 2009 | 2010 | 2011 | 2012 | 2013 | 2014 | 2015 | Total |
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| Nombre de tués | 142 | 73 | 317 | 506 | 815 | 435 | 304 | 137 | 152 | 37 | 2737 |
| Nombre de frappes | 5 | 5 | 35 | 53 | 117 | 64 | 46 | 28 | 24 | 7 | 366 |
| dont auWaziristan du Nord | 2 (40 %) | 4 (80 %) | 18 (50 %) | 22 (42 %) | 104 (89 %) | 41 (64 %) | 39 (85 %) | 22 (80 %) | 19 | 4 | 277 (71 %) |
| dont auWaziristan du Sud | 1 (20 %) | 1 (20 %) | 14 (39 %) | 27 (51 %) | 7 (6 %) | 22 (34 %) | 6 (15 %) | 5 (22 %) | 4 | 2 | 89 (23 %) |
Ce type de frappes a lieu également auYémen (84 frappes entre 2001 et le 30 août 2013[38]) et enSomalie contre les mouvements extrémistes dans ces deux pays.
Les États-Unis ont parfois envoyé leurs forces spéciales mener des raids à l'intérieur du territoire pakistanais. LeJoint Special Operations Command (JSOC) dont saTask Force 145 auraient le pouvoir d'aller traquer les hauts responsables d'Al-Qaïda au Pakistan sans avoir à demander d'autorisation préalable aux autorités locales. Le nombre exact de ces opérations est inconnu ; trois de ces opérations ont été signalées par la presse :
Un raid avait également été envisagé en 2005 contre un complexe non loin de la frontière afghane, mais il n'a jamais été lancé[43],[44],[45].
| Liste des chefs des talibans |
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|---|---|---|---|---|---|---|---|
| Gouvernement en Afghanistan | |||||||
| Organisation politique et militaire | |||||||
| Organisation religieuse | |||||||
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