Movatterモバイル変換


[0]ホーム

URL:


Aller au contenu
Wikipédial'encyclopédie libre
Rechercher

Attaque de Mers el-Kébir

35° 43′ 10″ nord, 0° 41′ 20″ ouest
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
(Redirigé depuisAttaque sur Mers el-Kébir)
Si ce bandeau n'est plus pertinent, retirez-le. Cliquez ici pour en savoir plus.
Si ce bandeau n'est plus pertinent, retirez-le. Cliquez ici pour en savoir plus.

Cet articlene cite pas suffisamment ses sources().

Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant lesréférences utiles à savérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références ».

En pratique :Quelles sources sont attendues ?Comment ajouter mes sources ?
Page d’aide sur l’homonymie

Pour les articles homonymes, voirBataille de Mers el-Kébir (1501).

Attaque de Mers el-Kébir
Description de cette image, également commentée ci-après
Le contre-torpilleurMogador en feu, sa plage arrière détruite par un coup au but ayant fait exploser ses grenades anti-sous-marines.
Informations générales
Date au
LieuPort deMers el-Kébir (Algérie)
IssueOpération victorieuse britannique.
Belligérants
Drapeau du Royaume-UniRoyaume-UniDrapeau de la France France
Commandants
Amiral SomervilleAmiral Gensoul
Forces en présence
1 porte-avions
2 cuirassés
1 croiseur de bataille
2 croiseurs
11 destroyers
1 transport d'hydravions
4 cuirassés
6 contre-torpilleurs
Pertes
2 tués
4 avions
1 295 tués
1 cuirassé coulé
2 cuirassés et 1 contre-torpilleur mishors de combat

Seconde Guerre mondiale
Opération Catapult

Batailles

Campagne de la Méditerranée

1940

1941

1942

1943

1944

1945

Mer Ligure


Données clés
Coordonnées35° 43′ 10″ nord, 0° 41′ 20″ ouest
Géolocalisation sur la carte :Algérie
(Voir situation sur carte : Algérie)
Attaque de Mers el-Kébir
Attaque de Mers el-Kébir

modifier

L'attaque de Mers el-Kébir est une attaque menée du au par laRoyal Navy contre une escadre de laMarine nationale française dans le port militaire français deMers el-Kébir, enAlgérie. L'attaque est menée par leRoyaume-Uni dans le cadre de l'opérationCatapult, 15 jours après l'Appel du 18 juin, une semaine avant la remise des pleins pouvoirs au maréchalPhilippe Pétain. LaFrance et le Royaume-Uni n'étant pas en guerre au moment de l'attaque, elle marque une rupture entre les deux pays.

L’article 8 de l'armistice du 22 juin 1940 prévoyait de laisser la flotte française sous commandement français en lui imposant une stricte neutralité.Churchill était tout à fait au courant de ce point de la convention d'armistice signée quelques jours plus tôt. Néanmoins, il décida d'entreprendre cette opération. LeRoyaume-Uni était alors seul devant l'ennemiallemand etitalien.

L'attaque a été précédée d'un ultimatum, que l’amiral James Somerville adressa au vice-amiral d'escadreMarcel Gensoul, lui disant de rejoindre la flotte britannique afin d'éloigner les navires français de laMéditerranée, les mettant ainsi hors de portée de l'ennemi, ou de les saborder, avec un délai de six heures pour commencer à s'exécuter. L’amiral Gensoul ne se considérait pas en position de pouvoir prendre une telle décision, qui allait possiblement à l'encontre des termes de l'Armistice. Ne recevant aucune réponse positive, Somerville mit ses menaces à exécution.

L'attaque britannique, rapide et efficace, causa de lourdes pertes matérielles mais surtout humaines dans l'escadre française, faisant 1 295 morts chez les marins français. Les pertes les plus terribles étant celles du cuirasséBretagne, qui chavira et coula en très peu de temps lors de l'attaque du 3 juillet, avec 977 morts.

Contexte

[modifier |modifier le code]

Après ladébâcle de juin 1940, le gouvernement français, déplacé àBordeaux, doit choisir entre deux options : la capitulation militaire honorable avec occupation de toute la métropole par les Allemands et la poursuite de la lutte hors métropole à partir de l'exil (comme c'était déjà le cas des gouvernementspolonais,néerlandais ounorvégien) ou une demande d'armistice pour suspendre les combats, en violation del'engagement interallié du 28 mars 1940. Il est à noter que, côté français, cet engagement n’aurait pu avoir de valeur juridique et politique que s’il avait été ratifié par le parlement - ce qui ne fut jamais fait - car le Président du Conseil ne disposait pas du pouvoir d’engager seul la France concernant une décision aussi importante. Quant à une capitulation, elle aurait engagé la responsabilité de l'armée mais cette dernière s'y refusait, rejetant cette responsabilité sur le gouvernement de laTroisième République. En cas de capitulation, ce dernier aurait pu essayer de poursuivre la guerre en exil avec laGrande-Bretagne et ce qui restait des forces françaises (c'est-à-dire la Marine et les forces françaises d'Afrique). Unarmistice, au contraire, engagerait le gouvernement dans son ensemble à cesser le combat. Pour limiter le déshonneur, les conditions devaient être négociées avec beaucoup de soin.

Début juin 1940, leprésident du ConseilPaul Reynaud et, avec lui, la majorité du gouvernement penchent pour la capitulation. Au contraire, le général-en-chefWeygand, le maréchalPétain, vice-président du Conseil, et l'armée dans son ensemble considèrent que la charge de la défaite appartient aux politiques et souhaitent donc que le gouvernement endosse pleinement sa responsabilité en demandant l'armistice.Laval, de son côté, est également favorable à l'armistice, mais va encore plus loin ; particulièrementanglophobe, il penche pour un renversement des alliances. Laval et les militaires s'appuient sur l'anglophobie ambiante (le traité naval Germano-Britannique de 1935, puis la perception négativede l'évacuation de Dunkerque) pour amener les membres du gouvernement à rejoindre leur position, conduisant Paul Reynaud à démissionner de la présidence du Conseil.

SelonAlbert Kammerer (diplomate français opposé à l'armistice de 1940), l'amiralDarlan, qui était à la tête d'une des marines de guerre les plus puissantes du monde et qui n'avait pas été vaincue (à la différence de l'armée de terre), était début juin sur la même position que Reynaud. Il n'était pas anglophobe à l'origine mais le traité naval germano-britannique de 1935 avait attisé sa suspicion vis-à-vis des Britanniques. François Darlan avait beaucoup d'ambitions personnelles et le maréchal Pétain réussit à le faire changer d'avis en lui promettant de devenir ministre de la Marine dans lenouveau gouvernement.

Finalement, les relations entre les deux nations, dégradées depuis la bataille de Dunkerque, prennent une nouvelle tournure lorsque Reynaud démissionne et que le maréchal Pétain, maintenant président du Conseil, se prépare à signer l’armistice du 22 juin 1940 avec l’Allemagne (puis le24 juin avec l’Italie).

L'armistice impliquait d'être délié de l'engagement interallié, qui prévoyait qu’aucune paix séparée n’était possible sans l’accord de l’autre partie.Winston Churchill fait savoir à plusieurs reprises, d'abord à Reynaud et plus tard au gouvernement Pétain, qu’il comprend la position difficile dans laquelle se trouve la France et qu’il peut admettre que la France soit déliée de ses engagements en concluant un armistice séparé, mais à condition que la flotte française ne puisse jamais tomber dans les mains de l’ennemi, ce qui suppose ou bien que la flotte française se saborde, ou bien qu’elle rallie les positions britanniques ou américaines. En choisissant de se réfugier enAfrique du Nord jusqu’au mois de juin, la flotte élude les options présentées par Churchill et prend, aux yeux des Britanniques, le risque d’être engagée contre eux (ce qui arriva effectivement lorsque les Britanniques et les Français libres provoquèrent lescombats de Dakar,au Gabon,en Syrie,à Madagascar et en Afrique du Nord le 8 novembre 1942 lors dudébarquement des Alliés).

C’est à ce moment qu’un terrible malentendu se produit. Les conditions britanniques ont d’abord été adressées par deux télégrammes à Reynaud, mais elles n’ont pas été discutées en Conseil des ministres du puisqu'un autre télégramme britannique est venu proposer une« union indissoluble » avec le Royaume-Uni en vue de poursuivre la guerre. Seule cette dernière proposition a été discutée en Conseil des ministres. Quelques jours plus tard, la Chancellerie britannique a rappelé ses conditions au gouvernement Pétain, qui, d'après Albert Kammerer, a un comportement équivoque. Pétain déclare qu’il n’a pas l’intention de remettre la flotte française aux Allemands et que le projet d’armistice ne le prévoit d’ailleurs pas, ce qui est vrai, mais ceci ne répond pas vraiment à la demande des Britanniques, qui craignent que les Allemands puissent s’emparer de la flotte française contre le gré des Français. C’est pourquoi le télégramme, transmis le 16 juin et reconfirmé ensuite, exige que si l’armistice est signé, il ne puisse l’être qu’« à la seule condition que la flotte française soit immédiatement dirigée sur les ports britanniques en attendant l’ouverture de négociations[1] ». Durant la discussion de l’armistice entre la France et l’Allemagne, cet aspect est complètement omis. De plus, les Britanniques ne sont pas informés des clauses de l’armistice qui est finalement signé le 22 juin[2].

De facto, l’ambassadeur britannique ne prend connaissance de la clause 8 de l’armistice, exigeant que les navires français soient désarmés dans leur port d’attache sous contrôle allemand et italien, qu’après la signature (les navires devaient rejoindre leurbase navale habituelle en temps de paix). Comme le confirme l’historienMax Lagarrigue (en) :« […] Trois ports militaires de la marine française sont en zone d’occupation :Cherbourg,Brest etLorient, donc à la merci d’un coup de force de laWehrmacht. SeulToulon est en zone non occupée. Dans l’état actuel de ses forces, l’Angleterre ne peut prendre le risque de ne pas demeurer la première puissance navale du monde[3]. » Cette clause inquiète évidemment les Britanniques, qui n’avaient pas été informés que les installations portuaires de l’Atlantique et de laManche avaient été sabotées par les marins français[réf. nécessaire], avant l’arrivée des troupes allemandes, et que l’amiral de la flotte,Darlan, avait donné l’ordre à tous ses états-majors, le 24 juin 1940, de saborder leurs bâtiments si les Allemands essayaient de s’en emparer[4],[5]. Darlan ajouta même que s’il devait donner plus tard un ordre contraire sous la contrainte, il ne faudrait pas en tenir compte et que seul l’ordre de sabordage devrait être considéré[6].

Toutefois, moins d’un an plus tard et alors qu’il est président du Conseil, Darlan signera aussi des accords qui engagent la France à livrer du matériel militaire à l’Allemagne sous la protection de la marine française et qui envisagent en conséquence « un conflit armé immédiat avec l’Angleterre ou avec les États-Unis »[7]. En outre, un peu plus de deux ans plus tard, le, quand les Allemands tentent effectivement de s’emparer des navires français après avoir franchi laligne de démarcation le,la flotte se saborde effectivement à Toulon, mais les Allemands capturent par ailleurs, àBizerte (alorsProtectorat français de Tunisie)La Pomone,l’Iphigénie,laBombarde et trois 3 sous-marins.

Le, Churchill estima qu’il y avait un sérieux risque que la marine française passe aux mains duIIIeReich (qui a besoin de navires pour l'invasion de la Grande-Bretagne) et que ce risque devait être éliminé à tout prix. L’opération déclenchée le avait pour nom de codeCatapult.

ÀAlexandrie, où stationne laForce X française, des négociations entre les deux états-majors aboutissent à un compromis et évitent tout combat fratricide. Les Français acceptent de vider leurs soutes à mazout et de retirer les mécanismes de tir de leurs canons, et en échange, les navires restent sous le contrôle de leur commandement. Les navires restent alors internés à Alexandrie avec des équipages réduits. Après des accords signés le 30 mai 1943, toute la Force X bascule dans le camp allié.

Au Royaume-Uni, les Britanniques s’emparent par la ruse ou par la force des bâtiments français réfugiés à la suite de l'opérationDynamo : un officier français du sous-marinSurcouf et trois marins de laRoyal Navy perdent la vie dans cette opération.

Par ailleurs, une partie de la flotte française avait mis le cap sur lesAntilles. Le croiseur-écoleJeanne-d'Arc, le porte-avionsBéarn (avec à son bord 107 avions), mais aussi l’Émile-Bertin, l’un des croiseurs les plus rapides au monde, transportant 300 tonnes d’or de laBanque de France, jettent l’ancre devantPointe-à-Pitre etFort-de-France. Les trois navires sont désarmés du 25 juin 1940 à juin1943. Ils échappent de peu à une attaque le 3 juillet 1940, quand l’ordre donné par l’Amirauté britannique de couler les croiseurs fut annulé par l’intervention personnellein extremis duprésident des États-UnisFranklin D. Roosevelt. Leur présence et celle de l’or de la banque de France entraînent le blocus total de l’île de laMartinique par les navires anglais et américains. L’Émile-Bertin reste au mouillage en 1941 et 1942. Le 16 mai 1942, il commence à être désarmé sous la pression des États-Unis.

Le 2juillet 1940, la veille de l'attaque de Mers el-Kébir, leGénéral de Gaulle prononce dans son appel "Duquesne,Tourville,Suffren,Courbet,Guépratte, auraient-ils jamais consenti à mettre à la discrétion de l'ennemi une flotte française intacte ?"[8]. Cette déclaration sous-entend qu'une partie de la flotte française fut donnée à l'Allemagne. Cette déclaration est importante à prendre en compte dans le contexte de l'attaque de Mers el-Kébir, elle aurait pu influencer lesBritanniques dans leur décision d'attaquer la flotte française, croyant que certains bâtiments français furent déjà livrés aux forces de l'Axe.

L'ultimatum

[modifier |modifier le code]

L'amiralJames Somerville reçut donc l'ordre d'appareiller afin de mettre hors d'état de nuire la flotte française basée à Mers el-Kébir. Arrivé à l'aube du 3 juillet devant labase navale, l’amiral Somerville adressa au vice-amiral d'escadreMarcel Gensoul un télégramme imposant un ultimatum dont le terme échouait six heures plus tard. Il fit trois propositions :

  • soit la flotte française rejoignait la flotte britannique dans sa lutte contre l'Allemagne nazie ;
  • soit elle se sabordait ;
  • soit elle gagnait les ports britanniques, américains ou français des Antilles afin d'être désarmée.

Cet ultimatum revenait à exiger de la France qu'ellehonore ses engagements vis-à-vis du Royaume-Uni, contractés le, ce qui aurait rompu l'armistice qui venait d'être signé pour suspendre les combats entre la France et l'Allemagne.

Selon Kammerer, diplomate opposé à l'armistice de juin 1940, il y eut quatre propositions (et non pas trois ni deux) : la proposition de rejoindre les ports américains aurait en effet été très différente de celle de rejoindre les ports britanniques, puisque les États-Unis - officiellement neutres - n'étaient pas encore entrés en guerre. Kammerer écrit dans un ouvrage de 1945 que c'est legouvernement de Vichy qui aura fait croire que l'ultimatum ne laissait le choix que de se rallier à l'Angleterre ou de se saborder.

Selon les marins français rescapés, il semblerait que l'intention de Gensoul était de saborder (ou au moins de saboter son escadre française pour la rendre inutilisable) et qu'il en aurait fait part à Somerville. Toutefois, toujours selon Kammerer, Gensoul aurait attendu les ordres du gouvernement (qui était en train de s'installer à Vichy). Une éventuelle modification du statut de la flotte, conservée à la souveraineté française par les termes de l'armistice, ne pouvant se faire que par accord du comité de l'armistice (comprenant les Allemands), les ordres de Vichy n'auraient pas pu selon Kammerer aller dans le sens d'un sabordage.

Dans le courant de l'après-midi, un compromis était sur le point d'être trouvé, après que Somerville eut prolongé son délai. Mais l'un des adjoints de Darlan, le vice-amiral d'escadreMaurice Le Luc, aurait selon Kammerer fait savoir par radio à Gensoul que les escadres françaises deToulon et d'Alger se portaient à son secours. Les Britanniques auraient capté ce message etLondres ordonna alors à Somerville d'ouvrir le feu.

Liste des navires présents

[modifier |modifier le code]

Le, laRoyal Navy avait positionné enMéditerranée la force H deGibraltar, commandée par l'amiral Somerville. Cette flotte comptait 1porte-avions, 2cuirassés, 1 croiseur de bataille, 3croiseurs légers et 9destroyers. De son côté, la marine française, sous le commandement du vice-amiral d'escadre Gensoul, alignait dans la base navale de Mers El-Kébir 4 cuirassés, 1transport d'hydravions et 6contre-torpilleurs en majorité de laForce de Raid.

D'autres unités françaises qui se trouvaient dans le port de commerce d'Oran n'ont pas participé au combat du 3 juillet : les 10 torpilleursCasque,Corsaire,Bordelais,Boulonnais,Brestois,Tornade,Tramontane,Trombe,Typhon etLa Poursuivante, les 4 sous-marinsAriane,Danaë,Diane etEuridyce, ainsi que l'aviso colonialRigault de Genouilly, l'aviso dragueur de minesChamois, les patrouilleursSétoise,Toulonnaise etTerre Neuve, et enfin les remorqueursArmen etEstérel.

Navires ayant participé au combat de Mers el-Kébir
FrançaisBritanniques
Porte-avions-HMS Ark Royal
Transport d'hydravionsCommandant Teste-
CuirassésBretagneHMS Resolution
ProvenceHMS Valiant
Croiseurs de batailleDunkerqueHMS Hood
Strasbourg
Croiseurs légersHMS Arethusa
HMS Emerald
HMS Enterprise
Contre-torpilleurs/destroyersMogadorHMS Faulknor
VoltaHMS Fearless
Le TerribleHMS Foxhound
KersaintHMS Vidette
TigreHMS Foresight
LynxHMS Escort
HMS Keppel
HMS Active
HMSWrestler (en)
HMSVortigern (en)

Le déroulement de l'attaque

[modifier |modifier le code]

À16 h 53, l'amiral Somerville donne l'ordre d'attaquer la flotte française. Il a bien préparé son affaire : il a fait miner la passe du port avec les mines magnétiques larguées par avions. Embossés « cul à quai » à la jetée, les bâtiments français ne peuvent manœuvrer facilement et riposter aux tirs de la flotte britannique, qui est, elle, bien abritée par le relief[9]. De ce fait, l'artillerie principale des 2 croiseurs de bataille (2 tourelles quadruples de 330 mm), concentrée sur la plage avant, est orientée vers la terre. Les navires français sont écrasés sous des salves d'obus rapides et bien réglées par le guidage des avions duHMS Ark Royal. Le cuirasséProvence et le croiseur de batailleDunkerque sont touchés et s'échouent pour ne pas couler. Le cuirasséBretagne, atteint par une salve britannique, prend quant à lui feu puis explose. Il chavire et coule en quelques minutes, entraînant avec lui dans la mort 997 marins de son équipage.

  • Le croiseur de bataille Strasbourg appareille sous le feu de la Royal Navy.
    Le croiseur de batailleStrasbourg appareille sous le feu de laRoyal Navy.
  • Le cuirassé Bretagne en feu, quelques minutes avant qu'il n'explose.
    Le cuirasséBretagne en feu, quelques minutes avant qu'il n'explose.
  • Appareillage sous le feu de la Royal Navy. Le contre-torpilleur Le Terrible en ligne de file, dans les eaux du contre-torpilleur Volta.
    Appareillage sous le feu de laRoyal Navy. Le contre-torpilleurLe Terrible en ligne de file, dans les eaux du contre-torpilleurVolta.

Durant le combat, le croiseur de batailleStrasbourg, commandé par le capitaine de vaisseauLouis Edmond Collinet réussit à appareiller à17 h sans être touché. Suivi de six contre-torpilleurs, il gagne alors le large après un bref engagement contre un destroyer anglais. Le premier contre-torpilleur de la ligne de file, leMogador, est touché sur l'arrière par un obus de 380 mm qui fait exploser ses grenades anti-sous-marines. Hors de combat, il ne peut s'échapper. À ce moment, l'aviso colonialRigault de Genouilly, commandé par le capitaineLouis Georges Emile Frossard ne pouvant plus maintenir la vitesse duStrasbourg se retourne et ouvre le feu sur les Britanniques, et les ralentit ainsi. LeStrasbourg augmente sa vitesse et gagne la haute mer, escorté des cinq autres contre-torpilleurs. Le croiseur de batailleHMS Hood tente en vain de l'intercepter et renonce lorsque la nuit tombe. Les bâtiments français, indemnes, accostent au port deToulon le lendemain. Le Rigault de Genouilly est finalement coulé par erreur le lendemain matin par le sous-marin Britannique,HMS Pandora, qui l'avait pris pour un croiseur, à 11 km au nord du capTamentfoust. Le naufrage fait 12 morts. À la suite de cette erreur, l'amirauté britannique présenta ses excuses à l'ambassade de France.

Letransport d'hydravionsCommandant Teste, resté au mouillage, n'a pas été touché durant le combat. Il appareille seul pendant la nuit pour rallier Toulon. À18 h, le vice-amiral d'escadre Gensoul demande un cessez-le-feu pour évacuer ses blessés. Les Britanniques avaient déjà cessé le tir depuis plusieurs minutes, les fumées des tirs et des explosions leur cachant la vue du port.

À la suite de l'attaque, l'amiral Esteva, commandant en chef de la marine française en Méditerranée (Amiral Sud), annonce inopportunément à la radio que leDunkerque n'a été que légèrement avarié, cela afin de rassurer la population. Prévenue par la presse oranaise, l'amirauté britannique enjoint à l'amiral Somerville de retourner mettre le croiseur de bataille définitivement hors de combat. Le matin du6 juillet, une attaque est menée par trois vagues de bombardiers-torpilleurs du porte-avionsArk Royal. Malchanceux, leDunkerque a la coque éventrée par l'explosion des grenades sous-marines d'un patrouilleur auxiliaire, leTerre-Neuve, torpillé alors qu'il est amarré à couple du croiseur de bataille.

Bilan

[modifier |modifier le code]

Cet engagement fait 1 295 morts du côté français, tandis que les blessés sont évacués vers les hôpitaux d'Oran. La plus grande partie de l'escadre présente à Mers el-Kébir est hors de combat. Victime collatérale, l'aviso colonialRigault de Genouilly, qui avait appareillé d'Oran, est torpillé le4 juillet au large d'Alger par le sous-marin HMSPandora, causant la mort de 3 officiers mariniers et 9 quartiers-maîtres et matelots.

Pertes humaines de Mers el-Kébir du 3 au 6 juillet 1940
OfficiersOfficiers mariniersQuartiers-maîtres

et matelots

Totaux
Bretagne36151810997
Dunkerque937179225
Provence1348
Strasbourg235
Mogador33740
Terre Neuve1269
Armen235
Esterel156
Totaux482051 0421 295

Les Britanniques ont pour leur part perdu 4 avions (2 chasseurs et 2 avions-torpilleurs) et déplorent 2 morts. Avec cette attaque, le message du Royaume-Uni adressé au monde est clair : « Nous sommes résolus à continuer la guerre, quel qu'en soit le prix ».

Conséquences

[modifier |modifier le code]
Affiche de propagande allemande utilisant les morts de marins bretons consécutives aux attaques anglaises de Mers el-Kébir etDakar (Musée de la Résistance en Bretagne deSaint-Marcel).
affiche française en réaction à l'attaque.

ÀLondres, legénéral de Gaulle justifie l'opérationCatapult en déclarant le 8 juillet à la radio de Londres :

« […] en vertu d’un engagement déshonorant, le gouvernement de Bordeaux avait consenti à livrer les navires à la discrétion de l’ennemi. Il n’y a pas le moindre doute qu’en principe et par nécessité l’ennemi les aurait employés soit contre l'Angleterre, soit contre notre propre Empire. Eh bien, je le dis sans ambages, il vaut mieux qu’ils aient été détruits. »

On prétend souvent que cette attaque ainsi que la déclaration de De Gaulle ont porté un coup à la dynamique de l'Appel du 18 Juin. Toutefois, les renoncements à la poursuite de la lutte par les principaux gouverneurs de l'Empire étaient déjà antérieurs à cet événement.

De Gaulle écrira cependant plus tard dans sesMémoires de guerre[10] :

« […] contrairement à ce que les agences anglaises et américaines avaient d'abord donné à croire, les termes de l'armistice ne comportaient aucune mainmise directe des Allemands sur la flotte française.
En revanche, il faut reconnaître que devant la capitulation des gouvernants de Bordeaux et les perspectives de leurs défaillances futures, l'Angleterre pouvait redouter que l'ennemi parvînt un jour à disposer de notre flotte […]. »

Quand de Gaulle parlait de Mers el-Kébir, il évoquait un « coup de hache qui a fait couler du sang français »[11] qui n'avait pas facilité le ralliement de militaires français à la cause des Forces françaises libres. Si l'on revient au discours du 8 juillet 1940, le général avait qualifié l'attaque sur Mers el-Kébir « d'odieuse tragédie », mais admis que cet acte était compréhensible de la part des Britanniques. De Gaulle n'avait pas été mis au courant de l'initiative britannique et en concluait qu'elle était le résultat d'un affolement du gouvernement britannique à l'échelon le plus élevé, ce queWinston Churchill lui confirma.

Après la guerre, Churchill jugera que l'attaque de Mers el-Kébir avait été l'une des plus graves erreurs duRoyaume-Uni pendant le conflit et le fruit d'un terrible malentendu entre les deux pays.

En effet, d'une part, l'affaire de Mers el-Kébir choqua les Français, notamment ceux d'Algérie qui voyaient l'affaiblissement d'un élément essentiel à leur protection. Mais la population française n'était pas disposée à se jeter si facilement dans les bras de l'Allemagne. Seuls des collaborateurs engagés, commePierre Laval et l'amiral Darlan, étaient favorables à une déclaration de guerre immédiate auRoyaume-Uni. En l'occurrence, c'est lemaréchal Pétain qui joua un rôle modérateur, déclarant :« Une défaite suffit ». Cependant, les relations diplomatiques entre les deux pays furent momentanément rompues. C'est lors de cette période, le10 juillet 1940, que naquit le régime autoritaire deVichy.

D'autre part, cette attaque fut abondamment utilisée par la propagande vichyste pour justifier la collaboration avec leTroisième Reich et renforcer sa légitimité. Enfin, contrairement à une idée largement répandue, la plupart des officiers et des amiraux français n'étaient pasanglophobes[12]. Comme preuve, l'entente entre la marine nationale et laRoyal Navy pendant l'entre-deux-guerres était bonne, et la coopération fut remarquable entre les deux marines dès le début du conflit. Ainsi, la majeure partie des équipages de la marine française souhaitait, jusqu'à l'attaque du3 juillet qui choqua les esprits, continuer la lutte aux côtés des Britanniques.

Par la suite, la Marine française aux ordres duRégime de Vichy ne prit plus part au combat contre les forces de l'Axe. Au contraire, elle fut engagée ponctuellement plusieurs fois contre lesAlliés, notamment lesForces françaises libres et leurflotte. Ainsi, après l'attaque de Mers el-Kébir, plusieurs affrontements eurent à nouveau lieu :combats de Dakar,au Gabon,en Syrie,à Madagascar, et de nouveau enAfrique du Nord en 1942 lors de l'opérationTorch, lorsqu'une partie de l'armée (et donc de la marine) française restée fidèle à Vichy tira sur les forces alliées.

Cette position vichyste de passive neutralité et de collaboration eut également des conséquences néfastes le, lorsque l'amiralJean de Laborde refusa d'obéir à l'amiralDarlan, qu'il détestait. Darlan, après un revirement d'alliance (il avait, en effet, été un collaborationniste engagé jusqu'audébarquement allié de 1942[réf. souhaitée]), ordonna à de Laborde, à la suite de l'opérationTorch, de rallier lesforces alliées. Ce dernier, appliquant des ordres de Darlan datant de juin 1940, préféra ordonner lesabordage de la flotte française à Toulon afin qu'elle échappe aux Allemands[13], sans la livrer pour autant auxAlliés[14]. Quelques commandants, commeJean L'Herminier, choisirent toutefois de désobéir et de rejoindre lesAlliés.

La bataille dans la littérature

[modifier |modifier le code]

Un roman historique de l'auteur français Abel Benamza relate la bataille de Mers el-Kébir en suivant les destins de deux de ses personnages enrôlés sur leMogador. Cet ouvrage porte le titre deNoirs Embruns publié aux éditions Astobelarra[15].

Dans le roman deDaniel Pennac, Terminus Malaussène, le personnage Pépère appelle l'un de ses sbires prénommé Marcel par le sobriquet Kébir. Le calembour Marcel Kébir au lieu de Mers el-Kébir est explicité dans le roman page 205.

DansLa promesse de l’aube de Romain Gary, au chapitre XXXIV : « Nous arrivâmes à Gibraltar juste à temps pour assister au retour de la flotte britannique qui venait de couler noblement nos plus belles unités navales à Mers el-Kébir. On imagine ce que cette nouvelle signifiait pour nous : notre dernier espoir nous répondait par un coup bas. »

Hommages

[modifier |modifier le code]
Stèle érigée à Pornic à la mémoire des marins français tués lors de l'attaque du port de Mers el Kebir par la flotte britannique.

Les marins français victimes de cette bataille reposent au cimetière marin de Mers el-Kébir (à Oran)[16]. En2004, le cimetière a été profané. Il a ensuite été reconstruit, aux frais de la France, mais sans ses croix[17].

ÀPornic, près du port, ainsi qu'à Carnon Plage (stèle de l'ancre), un monument rend hommage aux marins morts durant l'attaque.

ÀBrest, au cimetière de Kerfautras, une stèle leur est également dédiée.

Bibliographie (ordre alphabétique)

[modifier |modifier le code]

Autres lectures

[modifier |modifier le code]

Vidéos

[modifier |modifier le code]

LesDossiers de l'écran. Mers el-Kébir, 1979, deArmand Jammot.

Références

[modifier |modifier le code]
  1. Lagarrigue 2007.[réf. incomplète].
  2. Lagarrigue 2007,p. 10.
  3. Lagarrigue 2007,p. 11.
  4. P. M. H. Bell, « Prologue de Mers el-Kébir »,Revue d'histoire de la Deuxième Guerre mondiale,no 33,9e année, janvier 1959,p. 30.
  5. RégineTorrent,La France américaine : Controverses de la Libération, éditions Racine,, 304 p.(ISBN 978-2-87386-378-4,lire en ligne),p. 117.
  6. JacquesBernot,Gaston Palewski : Premier Baron du gaullisme, Paris, Guibert,, 350 p.(ISBN 978-2-7554-0417-3,BNF 42274544,lire en ligne),p. 93.
  7. « Histoires de Français Libres - Les Accords Darlan - Accords Darlan », surfrancaislibres.net(consulté le).
  8. François Brigneau,1939-1940 L'ANNEE TERRIBLE, PUBLICATIONS FB,, 139 p.(lire en ligne),p. 99.
  9. Le site anglophoneMaritime Quest propose unephotographie de la rade en juillet 1940, probablement peu avant l'attaque.
  10. Charles de Gaulle,Mémoires de guerre – L'appel : 1940-1942 (t. I), éd. Plon, Paris, 1954 ; rééd. Pocket, 1999 (nouvelle édition 2007)440 p. (texte intégral),(ISBN 2266095269 et978-2-266-09526-6),chap.  : « La France Libre »,p. 98.
  11. De Gaulle, mon père,p. 290,Michel Tauriac, Plon, 2003,798 p. (entretien avecPhilippe de Gaulle).
  12. Toutefois, les chefs de la marine française se souvenaient encore dutraité naval germano-britannique de 1935. Cet accord, très mal accepté enFrance, autorisaitHitler à reconstruire une marine de guerre équivalente à 35 % du tonnage de la Royal Navy, soit un tonnage sensiblement équivalent à celui de lamarine nationale française.
  13. L'Allemagne viola à cette occasion la convention d'armistice en envahissant lazone libre.
  14. Cet acte sera jugé de haute trahison après-guerre.
  15. Benamza, Abel, 1948-....,Noirs embruns : roman, Mauléon-Soule, Astobelarra-le Grand chardon, dl 2018, 405 p.(ISBN 979-10-90126-26-8,OCLC 1048299112,BNF 45507728).
  16. Lieux de mémoire : comment ne pas les oublier, senat.fr
  17. Jean-Laurent Bras, « Le cimetière de Mers-EL-Kébir profané », suralgerie-francaise.org,.
  18. George E.Melton,From Versailles to Mers el-Kébir: the promise of Anglo-French naval cooperation, 1919-40, Naval Institute Press,(ISBN 978-1-61251-879-4 et978-1-61251-880-0,lire en ligne)
  19. « Avis sur le livre Histoire navale de la Seconde guerre mondiale - Craig L. Symonds », surculture-tops.ouest-france.fr(consulté le)

Articles connexes

[modifier |modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Liens externes

[modifier |modifier le code]
v ·m
Atlantique
Arctique
Pacifique
Méditerranée
Océan IndienBataille de Madagascar
Voir aussi
v ·m
Prélude
Début
 v ·m Participants
Participants
A – B
C – F
G – L
M – P
R – Z
Gouvernements
Parties et
organisations
Juridique
et traités
Idéologie
et politique
Portée
géographique
Presse et
propagande
Antisémitisme
et persécution
Lois
Administration
Rafles
Discrimination
etspoliation
Camps
Déportation
Armée
Forces armées
Régulières etpolicières
Milices
Auxiliaires
Batailles
Officiers
Dissolution
Répercussions
et impact
Histoire
et médias
Histoire et
historiographie
Cinéma
Romans

Notes - Références

[modifier |modifier le code]
Ce document provient de « https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Attaque_de_Mers_el-Kébir&oldid=230735423 ».
Catégories :
Catégories cachées :

[8]ページ先頭

©2009-2025 Movatter.jp