L’athlétisme (dugrec ancien ἀθλητής / athlêtês, « participant à une compétition », dérivé de ἆθλος / áthlos, « concours ») est un ensemble d’épreuves sportives codifiées comprenant lescourses,sauts,lancers,épreuves combinées etmarche. Il s’agit de l’art de dépasser la performance des adversaires en vitesse ou en endurance, en distance ou en hauteur. Les épreuves athlétiques, individuelles ou par équipes, ont varié avec le temps et les mentalités. L'athlétisme est l'un des rares sports universellement pratiqués, que ce soit dans le monde amateur ou au cours de nombreuses compétitions de tous niveaux. La simplicité, le caractère naturel et le peu de moyens nécessaires à sa pratique expliquent en partie ce succès. Les premières traces de concours athlétiques remontent aux civilisations antiques. La discipline s'est développée au cours des siècles, des premières épreuves à sa codification.
Lecalendrier est dominé par quatre types d'épreuves : les meetings, les rencontres inter-clubs, les championnats nationaux et les grands rendez-vous internationaux. LesJeux olympiques sont l'épreuve internationale la plus prestigieuse ; ils se tiennent tous les quatre ans depuis1896 et l'athlétisme en est la discipline phare. Depuis1982 laWorld Athletics (qui s'appelait encore l'association internationale des fédérations d'athlétisme -[1] IAAF), organisme chargé de la réglementation et de la discipline, a assoupli ses règles pour mettre fin à l'amateurisme. Les premierschampionnats du monde d'athlétisme ont été organisés en1983, ils ont lieu tous les deux ans depuis1991.
Longtemps éclipsés par lesJeux olympiques, les Agôn sont très nombreux en Grèce. Ainsi, pas moins de 38 cités grecques organisent des Jeux olympiques (aussi appeléesisolympiques pour les différencier des véritables Jeux se tenant àOlympie) et 33 desJeux Pythiques (ouisopythiques), notamment[5].
Rome pratique l'athlétisme dans deux versions différentes. La première est d'inspiration étrusque (cursores), la seconde est une adaptation des disciplines grecques (athletae) qui sont pratiquées àRome à partir de[6]. Lestade de Domitien construit en est entièrement consacré à l'athlétisme dit grec[7].
Depuis leXIe siècle, des sources font état de courses à pied enAngleterre[2]. L'engouement est tel que les autorités locales réservent un espace à ces compétitions en1154 à Lord[2]. La description d'un lancer de pierre figure dans les récits de Havelock le Danois en1275. Par ailleurs, selon les historiens, le roiHenri II d'Angleterre fait installer des terrains de sport dans les environs deLondres[8] pour la pratique du lancer du marteau de forgeron, le jet de la barre et de la pique, ainsi que des jeux de balle. À la même époque, la jeunesse londonienne se défie par le biais de courses interminables à travers la ville.
AuPays basque, leKorrikolaris est pratiqué depuis leMoyen Âge. Il s'agit d'une course pédestre opposant deux coureurs sur une longue distance.
Dans le reste du monde, l'une des courses médiévales les plus anciennes en dehors des îles britanniques est celle mise en place àRome au milieu duXVe siècle. Le papePaul II autorise la tenue de cette fête sportive annuelle qui se tient pendant deux siècles. Le programme reprend celui de l'athlétisme grec et les athlètes concourent à la grecque, c'est-à-dire nus[2]. L'Olympiade de la République est une compétition sportive qui s'est tenue en1796,1797 et1798 àParis. L'épreuve-reine de cette tentative de rénovation des Jeux olympiques est une course à pied. Cette compétition marque la transition entre le sport d'Ancien Régime et le sport moderne, comme en témoigne la première utilisation du systèmemétrique dans le domaine sportif. De plus, et pour la première fois également dans le domaine sportif, les courses sont chronométrées, à l’aide de deux montres marines[12].
Compétition d'athlétisme auDetroit Athletic Club(en) en 1888.W. G. George, recordman de l'heure de 1884 à 1897 (18,541 km).
Le premier meeting d'athlétisme moderne se tient en Angleterre en1825 à Newmarket Road, près deLondres[2]. Nombre d'épreuves manquent encore à l'appel, mais sous l'influence des épreuves duLord's Cricket Ground disputées depuis1826 et de Tara enIrlande (1829), le programme s'étoffe[2]. Le premier 100yards haies est couru auCollège d'Eton en1837[13]. En1849, l'armée britannique met en place des compétitions à l'arsenal londonien deWoolwich. Un clairon d'argent est offert à partir de1850 au vainqueur du plus grand nombre d'épreuves. Le capitaine Wilmot remporte l'édition de 1850, alors qu'est créée cette même année la premièrepiste d'athlétisme. L'Exeter College d'Oxford organise son premier meeting en1850 qui devient le meeting de l'université d'Oxford à partir de1856[14]. Le premier match d'athlétisme opposant Oxford etCambridge se tient en1864[15]. En1866, la première version d'une fédération nationale d'athlétisme est créée en Angleterre. Elle exclut d'emblée tous les professionnels, mais aussi les ouvriers et artisans afin de rester entregentlemen[2]. Les courses professionnelles se tiennent toutefois en marge de ces épreuves guindées et elles rassemblent un public nombreux. Afin d'ouvrir l'athlétisme aux classes sociales moins aisées, l’Amateur Athletic Association of England est créée le 24 avril 1880.
EnFrance, les courses à pied sont dotées de prix en espèces dès1853[16]. Pendant trois décennies, les coureurs professionnels français s'affublent de surnoms comme « Cerf-Volant », l’« homme éclair » ou l’« homme vapeur ». Au milieu desannées 1880, et dans la droite ligne de la vision sociale du sport anglais, Georges de Saint-Clair et Ernest Demay lancent une campagne de « purification » de l'athlétisme français et obtiennent l'interdiction de ces courses professionnelles. En réaction, l'Union des Sociétés Professionnelles d'Athlétisme est créée àParis[16]. L'Union des sociétés françaises de sports athlétiques, fédération omnisports fondée le par les clubs parisiens duRacing Club de France et duStade français, met particulièrement en avant sa volonté de lutter contre la professionnalisation du sport. L'USFSA, qui est à l'origine de la rénovation desJeux olympiques, impose cette vision comme modèle pour longtemps. Elle organise les premiers championnats de France d'athlétisme en1888 avec quatre épreuves au programme : 100 m, 400 m, 1 500 m et 120 m haies. Le Racingman René Cavally remporte deux titres en 1888 sur 100 et 400 m[17].
Dans le reste du monde, lesÉtats-Unis sont un pôle important de développement de l'athlétisme. L'Olympic Club de San Francisco est créé en1860[18] et le New York Athletic Club voit le jour en1868[19]. L'Intercollegiate Athletic Association est fondée en1876 et organise les premières compétitions sur le sol américain[2]. L'Allemagne est touchée en1874 grâce à un groupe d'étudiants anglais de l'université deDresde qui importe les épreuves anglaises[2]. Elle organise ses premiers championnats nationaux en1891, l'Australie en1893[20] après avoir organisé à Sydney un Inter Colonial Meet le[21]. EnBelgique, le premier championnat national disputé dès1889 se limite alors à deux épreuves : le100 mètres et le mile[22].
Avec les débuts du chronométrage électrique en1892 en Angleterre et la rénovation des Jeux olympiques, l'athlétisme entre dans l'ère moderne.
Alors que le sportamateur s'organise peu à peu, de nombreuses courses deprofessionnels sont disputées des deux côtés de l'Atlantique. Des matchs historiques opposent à l'occasion les meilleurs clubs américains et britanniques vers la fin duXIXe siècle. Par ailleurs, inspirés par l'épreuve dusteeple-chase, des concours depronostics sont organisés sur certaines courses d'athlétisme disputées le plus souvent sur des pistes en herbe d'hippodromes[23]. À l'image des grands duels deboxe, des promoteurs américains recrutent alors les meilleurs athlètes du moment afin de défier d'autres champions lors de face-à-face rémunérés.
Le baronPierre de Coubertin est le grand artisan de la création desJeux olympiques modernes dont la première édition a lieu en1896 àAthènes, et dont l'athlétisme figure naturellement au programme. Il souhaite alors, entre autres, mettre un terme aux pratiques d'argent dans le sport, et notamment dans l'athlétisme, au profit du « spectacle sportif » amateur. Nouvellement créée en1912, laFédération internationale d’athlétisme établit dans ses statuts le principe d’amateurisme, à l’image ducredo ducomité international olympique censé protéger la pureté des compétitions des combines des paris sur les courses professionnelles. L’AméricainJim Thorpe est l’un des premiers athlètes sanctionné pour avoir enfreint la règle de l’amateurisme. Peu après avoir remporté deux titres olympiques auxJeux de 1912, il est disqualifié à vie et est contraint de restituer ses médailles pour avoir perçu une rémunération d’une équipe debaseball locale. Autre athlète convaincu d’amateurisme marron, le FrançaisJules Ladoumègue est également radié à vie en1932 par la Fédération française qui tenait à faire un exemple en réaction à la montée en puissance du sport professionnel dans l'Hexagone[24] ; le football passe professionnel à cette même période. La réaction du public français est sans équivoque : il boycotte désormais l'athlétisme qui traverse une grave crise en France durant lesannées 1930.
Durant plus d'un demi-siècle, l'amateurisme reste la règle essentielle des compétitions d'athlétisme. De nombreux spécialistes n'hésitent pas alors à abandonner leur discipline pour rejoindre des équipes professionnelles, comme des clubs defootball américain ou debaseball aux États-Unis, ou des équipes derugby à XIII en Europe.
En1982, l'IAAF abandonne son traditionnel concept d'amateurisme en prenant conscience notamment du temps et des ressources nécessaires pour former et maintenir les athlètes d'élite. Dès1985, des fonds sont destinés spécifiquement à la formation et à l'entraînement des athlètes[25].
Aujourd'hui, les athlètes sont des travailleurs « free-lance ». Leurs revenus principaux proviennent en partie des cachets attribués lors des différents meeting en fonction de leurs performances. Des compléments de revenus peuvent être perçu grâce à des sponsors ou des mécènes, et varient en fonction de la notoriété du sportif. Par ailleurs, certains athlètes bénéficient d'une rémunération de la part de leur club. Ainsi, auxÉtats-Unis, leSanta Monica Track Club a l'habitude de rétribuer certains de ses licenciés, à l'image par exemple deCarl Lewis[26]. La rémunération d'un athlète de haut niveau est donc aléatoire et tributaire de l'état de forme et des performances de celui-ci. Récemment, de véritables « écuries » de courses regroupant les meilleurs athlètes et les meilleurs entraîneurs ont vu le jour, à l'image du système de management des fondeurs africains, ou dans la structure duHSI[27], véritable multinationale du sprint auxÉtats-Unis.
À partir desannées 1980 l'athlétisme devient de plus en plus universel et suit l'évolution géopolitique mondiale. Le nombre de fédérations nationales et celui des licenciés augmentent significativement dans les pays en voie de développement.A contrario, la pratique de l'athlétisme de compétition stagne dans les pays développés, en raison notamment de son niveau d'exigence en termes d'entraînement, mais aussi par la diversité accrue de l'offre sportive dite de loisirs[29]. Aujourd'hui toutefois l'athlétisme est demeuré un des sports de compétition les plus universels. Récemment, des athlètes issus de nations à faible population sont parvenus au sommet de ce sport. Lors deschampionnats du monde 2003,Kim Collins, sprinter originaire deSaint-Christophe-et-Niévès remporte l'épreuve reine du 100 m. Plus globalement, la réussite de la plupart des athlètes desCaraïbes s'explique par le fait qu'ils étudient dans desuniversités américaines offrant des meilleures conditions d'entraînement que dans leur pays d'origine.
Depuis le milieu desannées 1990 certains athlètes, en majorité africains, ont fait le choix de l'expatriation et du changement de nationalité. Ainsi en 1995, le coureur de 800 mWilson Kipketer fait figure de précurseur en optant pour la nationalitédanoise. Interdit par leCIO de concourir auxJeux olympiques d'été de 1996, l’ex-Kényan est suivi par la suite par plusieurs de ses compatriotes. En 2003 Stephen Cherono rejoint leQatar et se fait appeler désormaisSaif Saaeed Shaheen[30]. Autre exemple en date, le médaillé olympiqueBernard Lagat choisit en 2005 de poursuivre sa carrière avec la nationalité américaine. Cette fuite de talents, justifiée par les athlètes par un manque de reconnaissance de leurs pays d’origine, est surtout le moyen de conclure des contrats rémunérateurs avec des fédérations ou dessponsors[31].Actuellement[Quand ?], des États duGolfe, tels le Qatar ouBahreïn, ou encore laTurquie[32],[33], offrent des conditions financières confortables à leurs nouveaux ressortissants, et promettent aux jeunes athlètes de financer leur éducation et d’assurer leur reconversion[34]. En 2019, l'IAAF change de nom et de logo et devientWorld Athletics.
Le terme« athlétisme » recouvre un ensemble d’activités variées regroupées en deux grandes catégories : l’athlétisme de stade ou en salle comprenant les courses, les sauts, les lancers et lesépreuves combinées, et les épreuves hors stade comprenant notamment la marche athlétique, le marathon et le cross-country.
Épreuves officielles de l'athlétisme donnant lieu à un championnat du monde[35]
D’autres épreuves peuvent être disputées lors de meetings. Elles font l’objet d’unrecord du monde mais ne figurent pas au programme des championnats. Il s'agit notamment du1 000 m, duMile, du2 000 m, de l'Heure, ou des relais 4 x 200 m, 4 x 800 m et 4 x 1 500 m.
De toutes les activités athlétiques, les courses de vitesse ousprints sont les plus pratiquées, et ce dès les origines olympiques. Elles consistent à parcourir un espace court (jusque 400 m) dans un couloir individuel.
Le1 500 m, création purement continentale, est né vers1890 en France. Elle requiert de la part des concurrents une certaine endurance, un sens tactique de la course ainsi qu'une capacité d'accélération et de résistance dans le dernier tour. Lemile britannique (1 609,32 m) est proche du 1 500 m et està ce jour[Quand ?] la seule discipline reconnue par l'IAAF définie par une longueur non métrique. Les autres courses de demi-fond sont le1 000 m, le2 000 m et le3 000 m
Les courses de relais ont pour origine les sociétés antiques où des coursiers rapides et endurants se transmettent des messages de ville en ville[44]. Mais c'est auxÉtats-Unis que la discipline prend racine dans le cadre d'une course de charité organisée par les pompiers deNew York[45]. Lesrelais 4 × 100 m et4 × 400 m sont composés de quatre athlètes par équipe. Le but est de parcourir la distance le plus rapidement possible tout en assurant la transmission d'un bâton cylindrique nommétémoin. Les spécialistes de ces épreuves doivent combiner la capacité physique du sprinter avec le sens de l'anticipation et de la coordination pour la transmission du témoin. Les deux courses de relais sous leur forme actuelle ont fait leur première apparition olympique en1912. L'ekiden est une forme de marathon en relais de six coureurs développé dans les années 1980, au début au Japon.
Lesaut à la perche remonte aux sociétés antiques grecques, mais s'est développé à la fin duXVIIIe siècle enAllemagne au cours de compétitions degymnastique. Vers1850, des membres du Cricket Club d'Ulverston auRoyaume-Uni décident de mettre en place l'épreuve du« running pole leaping », littéralement bond à la perche avec élan. Le saut à la perche consiste, après une course d'élan d'une trentaine de mètres, à franchir à l'aide d'une perche une barre transversale sans la faire tomber[46]. Au fil des siècles, la technique de saut et le matériel ont été améliorés. Les perches enbambou utilisées aux Jeux de 1900 sont remplacées par des perches enfibre de verre en1956, puis enfibre de carbone aujourd'hui. L'épreuve fut au programme des premiers Jeux olympiques en 1896 et n'est disputée par les femmes qu'à partir desJeux de Sydney en 2000.
Letriple saut est une variante du saut en longueur. Née également en sol irlandais, l'épreuve s'est ensuite démocratisée en Amérique. Comme son nom l'indique, le triple saut consiste à effectuer une série de trois bonds après élan : un premier à cloche-pied, le pied d'appel étant également le pied de réception, puis un second saut toujours du même pied avant de terminer à la manière de la longueur[48].
Lejavelot[53], instrument de chasse utilisé par les plus anciennes civilisations mais aussi arme employée par de nombreuses armées de l'Antiquité, est à l'origine de la discipline du lancer de javelot.Hercule est réputé avoir été l'un des premiers lanceurs de javelot, épreuve figurant au programme desJeux olympiques antiques. Vers1780, lesScandinaves adoptent et développent la discipline, le javelot devenant même un symbole d'indépendance nationale pour lesFinlandais. Les performances n'ont cessé de croître au fil des siècles, à tel point que l'engin fut à plusieurs reprises redessiné dans les années 1980 afin de contrôler la sécurité et de réduire le temps de vol. Malgré ces mesures, des incidents surviennent encore aujourd'hui. En 2007, les athlètesRoman Šebrle etSalim Sdiri furent atteints accidentellement par un javelot lors de réunions[54].
Lesépreuves combinées requièrent toutes les qualités nécessaires à la pratique de l'athlétisme. Dès laGrèce antique, des compétitions multidisciplinaires furent disputées afin de récompenser l'homme le plus complet.
Une compétition d'athlétisme nécessite, par son nombre élevé d'épreuves, un matériel important[60]. Pour les courses (du 60 m au 400 m), la présence destarting blocks, si possible reliés avec un système de contrôle des faux-départs, est obligatoire. Ils permettent une meilleure impulsion et des départs sans dérapage. Par ailleurs, des plots de départ doivent indiquer les couloirs attribués aux athlètes. Afin d'homologuer les performances, l'IAAF impose la présence d'unanémomètre afin de mesurer et d’enregistrer la vitesse du vent[63], ainsi qu'un système de chronométrage entièrement automatique au centième de seconde.
Des matelas de réception, ainsi que des poteaux avec supports, sont requis pour les sauts en hauteur et à la perche. Les barres peuvent être en bois, en métal ou en fibre de verre. Destaquets fixés à des montants mobiles doivent être prévus à laperche. Les divers engins de lancer – poids, disques, marteaux et javelots – doivent respecter scrupuleusement les poids et dimensions conformes aux diverses catégories d’âge et de sexe[64]. Le témoin utilisé lors des courses de relais ne doit pas excéder 50 g et 30 cm. Des panneaux d'affichage doivent être utilisés pour renseigner les athlètes et les spectateurs des performances enregistrées.
La tenue typique d'un athlète est constituée d'un maillot, d'unshort et de chaussures de courses. Celles utilisées par un sprinteur ne possèdent ni talon ni voûte plantaire, et comptent 11 crampons ne devant pas dépasser 9 mm de longueur[65].
Officiel indiquant à l'athlète que son saut en longueur n'est pas validé.
Une compétition d’athlétisme est composée de divers officiels chargés de garantir le bon déroulement des épreuves et la validité desperformances, en veillant sur l'application constante des règlements internationaux.
Pour les compétitions le ou lesjuge-arbitre(s) devront veiller à ce que les règles des compétitions soient observées. Lestarter est chargé d’assurer au mieux le départ des courses, notamment en matière de tenue des athlètes, de placement, ou de positionnement dans lesstarting-blocks[66]. Il veille également à d’éventuelsfaux-départs et disqualifie le responsable. Lescommissaires de course doivent signaler au juge-arbitre toute entrave au règlement lors du déroulement des courses, notamment en cas d’empiétement du couloir de gauche en virage, de mauvais franchissements d’obstacles, de bousculades ou encore de mauvais passage de témoin lors des relais[60]. Les athlètes sont classés dans l'ordre dans lequel une partie de leur corps (torse, à l'exclusion de tête, cou, bras, jambe, main ou pied) franchit le bord intérieur de la ligne.
Le jury de course est secondé par deschronométreurs officiels qui doivent disposer obligatoirement d’un outil de mesure automatique au centième de seconde ainsi que d’unanémomètre.
Les concours desaut et delancer sont également encadrés par le juge-arbitre. Il est secondé par au moins cinq juges-officiels chargés de vérifier la bonne exécution et la validité de l'essai, ainsi que de mesurer au centimètre près la performance de l'athlète. Un essai est validé lorsque le juge lève un drapeau blanc, invalidé s'il lève un drapeau rouge. À la fin des épreuves, le juge-arbitre doit établir un classement définitif et accompagner les lauréats au podium.
Positionnement des athlètes lors d'un100m avant le coup de pistolet du starter.
L'IAAF a édicté des règles de compétition strictes et rigoureuses afin de garantir l'équité des concurrents lors des épreuves. Lors d'une compétition officielle, l'athlète doit être préalablement inscrit et pointer au secrétariat pour recevoir son dossard. Il dispose d'un terrain d'échauffement réservé à cet effet et doit se présenter à lachambre d’appel à un horaire déterminé. Il doit ensuite se diriger vers le lieu des épreuves accompagné des autres concurrents. Les athlètes doivent porter des tenues réglementaires reconnues par leur Fédération. Ces tenues doivent de plus être non offensantes et ne pas gêner la vision des juges. Un athlète a la possibilité de participerpieds nus, ou porter des chaussures à un ou aux deux pieds[65].
Lors des courses desprint, les athlètes courent dans le couloir qui leur est affecté, d’un bout à l’autre de l’épreuve et partent obligatoirement des starting-blocks où un juge (starter) donne les commandements de départ suivants : « à vos marques », puis « prêts ? » avant de déclencher le coup depistolet, lorsque les coureurs sont en position immobile[60]. Les concurrents ne doivent pas changer de couloir ni empiéter sur la ligne intérieure, surtout en virage. À partir du800 m, les athlètes partent en position debout, sans le deuxième commandement. Pendant la course, ils ne doivent ni se gêner, ni se bousculer. Pour lesrelais, les athlètes doivent respecter les zones de transmission marquées sur la piste et acheminer le témoin jusqu'à la ligne d'arrivée. Pour les épreuves d’obstacles, les coureurs doivent passer au-dessus de la haie et ne pas la renverser délibérément.
Lors dessauts en hauteur et à laperche, les montées de barre doivent être fixées à l’avance, et l'ordre de passage des concurrents nécessite un tirage au sort. Chaque concurrent dispose d'un temps imparti et de trois tentatives par hauteur de barre pour la franchir. Le classement est effectué en retenant la meilleure hauteur franchie. À lalongueur et autriple saut, tous les athlètes disposent également de trois essais, puis les huit meilleurs sauteurs ont droit à trois tentatives supplémentaires. Le saut est validé par les juges si le sauteur ne « mord » pas la ligne d’appel au cours de sa tentative et sort de la fosse de réception en avant de la marque laissée dans le sable.
Dans les compétitions internationales, un athlète est un représentant d'une fédération. Dans le cas de changement denationalité ou de double nationalité, il ne pourra représenter son nouveau pays pendant au moins trois ans à compter de la date à laquelle il a représenté pour la dernière fois la première fédération[67]. Un athlète peut être soumis à un contrôleantidopage dès la fin d'une épreuve. Dans le cas d'un relais, tous les membres doivent se soumettre au contrôle. Les échantillons sont ensuite envoyés à un laboratoire accrédité de l’AMA. L'homologation d'une performance et d'un record est soumise à la présence des résultats des analyses de ces échantillons dans le dossier. Plus tard, si un athlète reconnaît avoir eu recours à des substances interdites durant la période où avait été établi le record, celui-ci est retiré des tablettes. Le compétiteur dispose d'un droit d'appel. Il doit être déposé par un représentant de l'athlète ou l'athlète lui-même.
En1912, immédiatement après lesJeux de Stockholm, l'Association internationale des fédérations d'athlétisme (IAAF) voit le jour ; elle rassemble alors17 membres de la Fédération internationale d'athlétisme[68]. L'IAAF a procédé à la codification de l'athlétisme à l'échelle mondiale, en fixant des règles très strictes garantissant la régularité des épreuves. En 2019 l'IAAF change de nom et devient World Athletics[69]. En 2025, leBritanniqueSebastian Coe est le président de cette institution[70] dont le siège est situé àMonaco. Elle veille à la validation des records mondiaux, ainsi qu'à l’organisation des compétitions internationales[71].
World Athletics est subdivisée en six régions continentales (Afrique, Asie, Europe, Océanie, Amérique centrale et du Nord, Amérique du Sud) régies elles-mêmes par leur propre institution. L'Association européenne d'athlétisme est créée en1970[72], et comprend en 202551 membres.
Au total, 214[73] fédérations nationales membres sont affiliées à World Athletics, soit plus qu'il n'existe de pays dans le monde, certaines dépendances politiques desAntilles et d'Océanie y étant notamment représentées. EnFrance, laFFA voit le jour en1920[74]. Elle est notamment chargée de gérer la formation sportive à travers les différents clubs, d'organiser les compétitions et d'établir les règles techniques nationales. Sous sa tutelle, les différents Comités départementaux et Ligues régionales encadrent les milliers de clubs d'athlétisme en France.
De nombreux pays se sont dotés d'une structure professionnelle. EnFrance, laLigue nationale d'athlétisme a vu le jour le[75]. Elle regroupe une vingtaine d'athlètes français sous contrat qui perçoivent un salaire et une aide à la formation en contrepartie de leur participation à certains meetings[réf. nécessaire]. C'est la première fois enFrance qu'un sport individuel s'organise en ligue professionnelle.
Ces compétitions internationales se déroulent selon un calendrier quadriennal. Elles se composent desJeux olympiques, deschampionnats du monde et des championnats continentaux, et sont organisées parWorld Athletics, leCIO ou la fédération continentale (par exemple la Fédération européenne d'athlétisme). Seuls trois athlètes par nation sont autorisés à concourir dans chaque discipline. Afin de sélectionner les meilleurs athlètes, un grand nombre de pays ont mis en place le système desminima établi selon un barème de performances.
La principale compétition d'athlétisme se déroule tous les quatre ans lors desJeux olympiques d'été. L’histoire de l'athlétisme se confond avec celle desJeux olympiques, il fut en effet présent dès1896 lors de la renaissance desolympiades à l'initiative dubaronPierre de Coubertin. Il fait par ailleurs partie des cinqsports ayant toujours figuré auprogramme olympique[76]. Il est celui qui comprend le plus grand nombre d'épreuves avec la natation. De douze titres décernés lors des premiers jeux rénovés, le total des épreuves programmées pour lesJeux de Tokyo de 2020 puis deParis de 2024 s'élève à 48. Les femmes ont été autorisées à concourir pour la première fois lors desJeux de 1928, et cela contre la volonté de Coubertin[77]. Il existe aujourd'hui autant d'épreuves pour les hommes que pour les femmes[58]. Les compétitions se déroulent essentiellement dans lestade olympique, lieu des cérémonies d'ouverture et de clôture. Elles focalisent, durant le déroulement desJeux, l'attention des spectateurs et des médias. L'athlétisme est considéré comme le « sport roi » des Jeux olympiques.
Le stade olympique de Berlin accueillant les mondiaux 2009.
Longtemps dépourvu de rendez-vous mondiaux puisque les Jeux olympiques tenaient lieu de compétition suprême, l'athlétisme consacra sa grande mue par la tenue de ses premierschampionnats du monde àHelsinki enjuillet 1983, sur une idée de son président de l'époquePrimo Nebiolo. Ce rendez-vous mondial désigne un champion du monde pour chaque discipline. Depuis1991 la compétition est devenue bisannuelle, encadrant l'année olympique. La vingtième édition est organisée en2025 à Tokyo. En marge de cet événement, lecross-country bénéficie de ses propreschampionnats du monde disputés chaque année durant l'hiver (tous les deux ans depuis 2011). L'épreuve, sous la forme d'un cross long et d'un cross court, récompense les meilleurs athlètes individuels ainsi que la meilleure équipe. Leschampionnats du monde d'athlétisme en salle ont lieu également tous les deux ans, en alternance avec la compétition disputée en plein air. Une première édition s'est tenue en1985 àParis sous le nom deJeux mondiaux indoor, mais l'appellation officielle de championnats du monde en salle est donnée pour la première fois en1987 àIndianapolis.
Les fédérations continentales organisent leurs propres championnats visant à récompenser leurs meilleurs athlètes. Deschampionnats d'Europe sont ainsi organisés tous les quatre ans[78] par l'Association européenne d'athlétisme, au milieu d'un cycle olympique. La première édition eut lieu en1934 àTurin et la dernière en date s'est tenue en 2024 àRome, la compétition ayant adopté un cycle bisannuel à partir de 2012, en alternance avec les championnats du monde[79]. Depuis1966, deschampionnats d'Europe en salle sont disputés tous les deux ans. Les autres fédérations organisent également leur propre compétition en plein air, à l'image deschampionnats d'Afrique ou deschampionnats d'Asie. Les championnats du monde et/ou d’Europe de cross, de marche, de semi-marathon et de marathon font l’objet de classements par équipes.
Outre les Jeux olympiques, les championnats du monde, les championnats d’Europe et les championnats nationaux, l’athlétisme se décline également sous la forme de rencontres internationales appelées meetings. Elles s'appuient sur des partenaires publics ou dessponsors privés, et fonctionnent sur un programme réduit de quelques épreuves. Les athlètes participants sont invités par les organisateurs. Les meetings[60] sont organisés au niveau international, national et régional, et utilisent le système des primes d'engagement et des primes de performances. De très nombreux meetings d’athlétisme existent et sont classés par label en fonction de l'importance et du prestige de la compétition[80].
Le circuit de laGolden League, intégré dans leTour mondial d'athlétisme (World Athletics Tour) de1998 à2009 regroupe les « meilleurs » athlètes de l'année et bénéficie d'une importante couverture médiatique (retransmission télévisée) et de dotations importantes. En 2008, l'épreuve était composée de 6 meetings européens :Oslo,Rome,Paris,Zurich,Bruxelles etBerlin, la finale de la saison ayant lieu àMonaco. Les athlètes parvenant à remporter une même épreuve lors de tous ces meetings se partagent un « jackpot » d'un million de dollars enlingots d'or[81]. Les six épreuves féminines et six épreuves masculines sont choisies par l'IAAF.
Les autres meetings, moins prestigieux que la Golden League, sont ensuite classés (par ordre décroissant) par l'IAAF enSuper grand prix, puis enGrand prix. Ils doivent répondre à plusieurs critères : la qualité des infrastructures, la logistique, une dotation minimale, et une présence obligatoire d'athlètes en fonction de leur classement. Les autres meetings ne permettent pas aux athlètes de marquer des points au classement IAAF.LaFinale mondiale[82] regroupant les meilleurs athlètes de l'année est disputée en fin d'année jusqu'en 2009.
À partir de 2010, pour renforcer la popularité de l'athlétisme hors de l'Europe, la Golden League disparaît au profit de laLigue de diamant qui regroupe 14 meetings en Europe, Moyen-Orient, Asie et aux États-Unis. Contrairement à laGolden League, à chaque épreuve (16 épreuves masculines et 16 épreuves féminines) sont attribués des points en fonction de la place obtenue. À la fin des 14 meetings, le premier de chaque catégorie remporte un diamant de 4 carats.
Les catégoriesSuper Grand Prix etGrand Prix ont également disparu et été remplacées par une catégorie unique : leWorld Athletics Continental Tour qui regroupe de nombreux meetings sur tous les continents[83]. Ces meetings, moins prestigieux que ceux de la ligue de diamant, sont divisés en catégories de niveau, dont la plus élevée est la catégorie "or".
Les principaux meetings de World Athletics en 2025[84],[85]
Chaque pays organise ses propres championnats pour déterminer les meilleurs athlètes par discipline. Leschampionnats de France d'athlétisme sont organisés tous les ans par laFédération française d'athlétisme. Ils rassemblent des athlètes par clubs et se déclinent par catégories d'âge (cadets, juniors, espoirs et élite). Deschampionnats interclubs sont également disputés au niveau départemental et régional, avec des qualifications aboutissant au plus haut niveau.
Les championnats nationaux peuvent également servir d'épreuve qualificative à une future compétition internationale. AuxÉtats-Unis, les« U.S. trials » voient s'affronter les meilleurs athlètes américains. En sprint, le système de sélection s'avère souvent impitoyable puisque certaines finales sont de même niveau que les finales mondiales.
D'autres compétitions par équipes sont organisées, elles portent souvent le nom de « Coupe ». On peut citer notamment laCoupe du Monde des nations qui regroupe des équipes de continents, laCoupe du monde de marathon ou laCoupe du monde de marche. Au niveau continental, laCoupe d'Europe d'athlétisme est une épreuve par équipes regroupant les huit meilleures équipes du continent depuis1965. Disputée sur deux journées, elle récompense à l'issue d'un classement final les meilleures nations masculines et féminines européennes, et permet de refléter la réelle valeur athlétique d'un pays. La coupe d'Europe est disputée tous les ans depuis 1993[86], et est régie par l'EAA.
Les « matchs internationaux » sont des rencontres opposant des équipes nationales sur un programme pratiquement complet. Ces épreuves constituaient les compétitions majeures dans la période allant de l'après-guerre à la première édition desChampionnats du monde, surtout lors des années non olympiques. Les rencontres entre les équipes desÉtats-Unis et d'URSS étaient souvent considérées comme un événement majeur de la saison d'athlétisme. La France essaye de redonner un peu de gloire à ce type de compétition par l'intermédiaire duDécaNation. Autres compétitions internationales, lesJeux du Commonwealth, lesJeux Méditerranéens, ou lesJeux de la Francophonie sont souvent issues d'organisations historiques ou politiques. LesUniversiades, lesGoodwill Games (tombés aujourd'hui en désuétude) sont des compétitions multisports organisées sur le modèle desJeux olympiques[87].
En 2000, le livre édité par le quotidien sportif françaisL'Équipe,100 champions pour un siècle de sport[88], établissait un classement des 100 sportifs du siècle, parmi lesquels l'athlétisme était le sport le plus représenté. Par ailleurs, en1999, l'IAAF désigna les champions d'athlétisme duXXe siècle[89]. Chez les hommes, l'AméricainCarl Lewis devança son compatrioteJesse Owens alors que la NéerlandaiseFanny Blankers-Koen fut récompensée chez les femmes.
Aujourd'hui, la CroateBlanka Vlašić en saut en hauteur, la sprinteuse américaineAllyson Felix, la perchiste russeYelena Isinbayeva dominent dans leur spécialité. Par ailleurs, les ÉthiopiennesTirunesh Dibaba etMeseret Defar s'avèrent être les plus grandes spécialistes de fond au niveau mondial.
Une athlète participant à une compétition d'heptathlon.
En l’absence des hommes mobilisés lors de laPremière Guerre mondiale, l’émancipation du sport féminin est accélérée. C’est ainsi que des réunions sportives inter-usines ont lieu enFrance et auRoyaume-Uni. LaFédération des sociétés féminines sportives de France (FSFSF) est fondée le en s'appuyant notamment sur des clubs sportifs féminins fondés avant laGrande Guerre comme leFémina Sport (1912) qui pratique déjà l'athlétisme.Alice Milliat[102] devient présidente de la FSFSF. Se heurtant au refus du baronPierre de Coubertin et duComité international olympique d’accueillir des athlètes féminines, Milliat décide de créer en1921 les premiersJeux mondiaux féminins regroupant cinq nations européennes àMonte-Carlo[103], puis les Jeux féminins àParis en1922 et àGöteborg en 1926. En août 1922, lors du congrès de la Fédération sportive féminine internationale (fondée en 1921), on voit l'homologation des 38 premiers records mondiaux féminins d'athlétisme[104]. Le début desannées 1920 correspond également aux premières épreuves nationales et internationales féminines dans les autres nations européennes.
La progression des performances athlétiques au cours des siècles découle de l'évolution du matériel mais aussi des évolutions techniques propres à chaque épreuve. À la fin duXVIIIe siècle, un général américain invente le« crouch start », technique consistant à prendre le départ d'une course accroupi.Tom Burke, premier champion olympique du 100 m de l'histoire, utilise cette nouvelle méthode[110]. Aux Jeux de 1900, l'AméricainAlvin Kraenzlein innove en réduisant le nombre de foulées entre les haies. Dans les années 1920, des Américains introduisent une nouvelle technique de saut en longueur, le« hitch kick », consistant à effectuer des battements de jambes en l'air durant le saut[111]. Au lancer du poids, l'AméricainParry O'Brien invente la technique de lancer dos à l'aire de réception, et en effectuant une rotation à 180°. Juste après laSeconde Guerre mondiale, des entraîneurs soviétiques développent les différentes techniques de saut en hauteur.Valeriy Brumel est l'un des premiers athlètes à expérimenter la technique du « rouleau ventral » qui remplace aussitôt celle desciseaux. Quelques années plus tard, la discipline est une nouvelle fois révolutionnée par l'apparition du « fosbury-flop », du nom de l'AméricainDick Fosbury qui remporte le concours de la hauteur desJeux de Mexico en 1968 avec la technique du « saut dorsal »[90].
Avec l’apparition duprofessionnel au début duXXe siècle, les méthodes d’entraînement ne cessent de progresser. AuxÉtats-Unis, la préparation physique des sprinters est mise au point dès les premières compétitions nationales. La technique consiste à courir à l’entraînement à allure de compétition. Au début des années 1920, le fondeur finlandaisPaavo Nurmi est l'inventeur d'une méthode d'entraînement diversifiée et rigoureuse basée sur des séances d'endurance et de vitesse chronométrées[112]. Inspiré par l'exemple finlandais, l’entraîneur suédoisGosse Holmer met au point lefartlek, système où l'athlète est libre de pouvoir créer par lui-même un entraînement qui s'adapte à sa propre individualité. Holmer met en place un véritable camp d’entraînement situé en pleine nature suédoise composé d'un parcours sportif en forêt extrêmement sélectif comportant des séries de côtes et d’obstacles (tronc d’arbres, rivière…)[29]. Dans les années 1950, la technique de l’entraînement par intervalles, l'interval training, est mis au point par des médecins enAllemagne[113]. Ce système exigeant bénéficie dès l’après-guerre aux athlètes de l’Europe de l'Est, et notamment auTchèqueEmil Zátopek, coureur multi-médaillé aux Jeux olympiques. LaRDA, grâce à une politique de détection précoce, de formation d'entraîneurs de haut-niveau, et de recherches enbiomécanique ou enphysiologie[29], produit des sprinteuses de haut niveau. En même temps, lejogging est créé enNouvelle-Zélande, ainsi qu’un nouveau programme intensif basé sur l'endurance. Cette méthode est utilisée, entre autres, par le fondeurPeter Snell dans les années 1960[114]. ÀMelbourne, l'AustralienHerb Elliott reprend les méthodes suédoises d'avant-guerre dans un camp d'entraînement consacré à l'athlétisme.
Lesrecords du monde d'athlétisme masculins sont reconnus officiellement par l'IAAF depuis1912. Avant cette date, les performances des athlètes étaient établies par des statisticiens sans garantie de conformité, et sans réelle réglementation pour chaque épreuve. La première liste des records du monde est publiée pour la première fois en1914 et est composée de 53 records decourse à pied, 30 records demarche et 12 records de concours. En1936, les performances féminines sont diffusées à leur tour par l'IAAF. Ces dernières étaient régies auparavant par la FSFI, une fédération féminine autonome[115]. Depuis1987, la Fédération Internationale d'Athlétisme prend en compte les épreuves disputées en salle.Actuellement[Quand ?], près d'une cinquantaine de disciplines athlétiques (dont 22 pour les femmes) reconnues font l'objet de records au niveau mondial, continental ou national. Les épreuves non reconnues sont considérées comme des « meilleures performances ».
Les organisateurs de meetings font souvent appel à des « lièvres » lors d'épreuves de fond. Ces athlètes doivent donner à la course une allure suffisante et respecter des temps de passage définis à l’avance, pour permettre aux champions de battre un record. Dans ce cas, les lièvres bénéficient de primes de performance. En1997, au meeting de Rome, le KényanWilliam Tanui remporte la somme de 15 000 dollars pour avoir participé au record du monde du mile en tant que lièvre[117].
Les records du monde ont considérablement changé au cours duXXe siècle, plus particulièrement dans lesannées 1920 ainsi qu'à partir desannées 1950. Avec le progrès technique, notamment l'évolution du matériel, des méthodes d'entraînement, ainsi qu'avec l'aide dudopage, les performances athlétiques sont multipliées à partir desannées 1970. Depuis plusieurs années, les nouveaux records du monde d'athlétisme sont moins nombreux malgré l'amélioration des procédés d'entraînement et du recrutement des athlètes. Selon des études, les limitesphysiologiques de l'espèce humaine seraient atteintes dans une génération, soit vers 2027[118]. Ainsi, certains records du monde à l'image du 100 m féminin à l'actif de l'AméricaineFlorence Griffith-Joyner en 1988 (10 s 49) semblent aujourd'hui inaccessibles.
En 2009, lors de la finale du 100 m desChampionnats du monde de Berlin, le JamaïcainUsain Bolt a touché du doigt cette barrière en établissant un nouveau record du monde avec un temps de 9 s 58, avec un faible vent favorable.
La sprinteuse américaineMarion Jones a avoué en 2007 avoir eu recours au dopage.
En 2011, sur 2000 athlètes interrogés anonymement par des scientifiques, 30 % de ceux qui ont participé auxMondiaux 2011 et 45 % de ceux qui ont participé auxJeux panarabes déclarent s'être dopés[119].
Lesannées 1970 et1980 sont marquées par le dopage d’État, en particulier de celui des sportives d'Allemagne de l'Est. Durant cette période, les athlètes féminines de laRDA dominent le monde de l'athlétisme. Les soupçons de dopage qui existent alors sont étayés par les déclarations des quelques rares athlètes à réussir à passer à l'Ouest, comme Renate Neufeld en1977. Depuis la chute duMur de Berlin, de nombreuses sprinteuses ont dénoncé ce dopage institutionnalisé[124]. Ainsi,Ines Geipel demanda en2005 à la fédération allemande de retirer des tablettes ses performances et records[125]. En outre, denombreuses athlètes germaniques[Lesquelles ?] victimes de « grossesses d’État » quelques années auparavant se sont exprimées au grand jour. À l’instar des gymnastes, ces athlètes auraient été mis enceintes afin de profiter des effets physiologiques liés à la grossesse[126]. Il est toutefois possible qu'il s'agisse d'un« mythe des grossesses dopantes »[127]. Des coureurs de longue distance sont également contrôlés positifs à cette période, notamment desmarathoniens convaincus de prise d’anabolisants. En 1993, les stéroïdes sont considérés par des spécialistes comme la cause des décès des athlètesDetlef Gerstenberg etUwe Beyer[128]. Depuis1990, ledopage institutionnalisé sous le régime de laRépublique démocratique allemande est avéré, et les performances de certains athlètes sont remises en cause[129].
Le dopage est depuis cette époque considéré comme une tricherie et à ce titre sanctionnable. Des contrôles antidopage ont été mis en place pour tenter d'enrayer un phénomène que les instances nationales et internationales de l'athlétisme considèrent comme un fléau à la fois pour l'image des disciplines du stade et pour la santé des athlètes. L'IAAF participe à la lutte antidopage en multipliant les contrôles et le suivi des athlètes. Elle adhère par ailleurs au code de l'Agence mondiale antidopage[130].
Plusieurs athlètes de haut niveau incarnent à eux seuls l'importance du dopage dans l'athlétisme. Par exemple le sprinteur canadienBen Johnson, après une victoire et un record du monde aux 100 m desJeux olympiques de 1988 deSéoul, se voit déchu de son titre et de son record pour dopage. Après sa suspension, il est pris une nouvelle fois en1993[131] et finit suspendu à vie. En2004, le scandale du laboratoire pharmaceutiqueBalco éclate au grand jour[132]. Durant des années, il a fourni à des athlètes de haut niveau des substances interdites, notamment la THG, stéroïde anabolisant indétectable[133]. Après enquête, Victor Conte, le directeur du laboratoire, livre les noms de grands champions telsTim Montgomery,Dwain Chambers ouMarion Jones. Cette dernière met fin en octobre 2007 à plusieurs années de soupçons et rumeurs en avouant avoir eu recours au dopage[134],[135]. Elle est condamnée à six mois de prison ferme en janvier 2008 pour parjure[136]. D'autres grandes figures de l'athlétisme ont été sanctionnées par l'IAAF ces dernières années pour dopage. On peut citer notamment le cas du sprinteurJustin Gatlin[137] ou des coureurs de demi-fondHezekiél Sepeng[138] etSüreyya Ayhan[139].
Les retombées économiques de l'athlétisme reposent surtout sur les grands événements organisés par l'IAAF. LesChampionnats du monde d'athlétisme attirent les spectateurs et les téléspectateurs à travers le monde, et par la même occasion de nombreux sponsors. AuxChampionnats du monde 2003 organisés àParis, une autre compétition se déroule en coulisse, celle des grands équipementiers sportifs mondiaux. Profitant de l'attention suscitée par l'événement, les trois grandes marques du secteur (Nike,Reebok etPuma) choisissent de renforcer le sponsoring auprès des athlètes à forte notoriété afin de promouvoir leurs produits et d'acquérir de nouvelles parts de marché, notamment dans le secteur deschaussures de sport auprès du jeune public[140]. La fédérationjamaïcaine d'athlétisme conclut à cette occasion un partenariat privilégié avec la marque allemandePuma. En 2010,Puma reconduit le contrat le liant àUsain Bolt pour3 ans et24 millions de dollars, un montant équivalent à celui entreCristiano Ronaldo etNike (32 millions de dollars sur4 ans)[141]. Toutefois, les salaires des athlètes restent bien en dessous de ceux touchés dans le football, le basket ou le tennis.
Un grand championnat d'athlétisme permet aujourd'hui à une ville organisatrice de bénéficier d'importantes retombées économiques, par l'intermédiaire de la billetterie, dessponsors et des droits detélévision. Par ailleurs, il représente pour la ville hôte un afflux économique lié à l'industrie du tourisme[142]. Les meetings d'athlétisme attirent également les sponsors, à l'image duMeeting Gaz de France deSaint-Denis dont la manne financière du partenaire principal représente 200 000 € en2007. Les sponsors dumarathon de Paris doivent quant à eux débourser 400 000 €[143].
Athlète, copie romaine d'un original attribué àLysippe.
L'esthétique de la discipline inspire l'école grecque des sculpteurs qui signent de très nombreuses représentations d'athlètes en plein effort. Enlittérature, les Grecs dédient également nombre de poèmes et autres pièces de théâtre aux athlètes. Le poètePindare, au premier chef, offre des odes aux principaux vainqueurs olympiques. Le sophisteHippias d'Élis,Aristote,Ératosthène etPhlegon de Tralle consacrent même du temps à compléter les listes des vainqueurs olympiques, déjà incomplètes auIVe siècle avant notre ère[144].
LeMiroir de l'athlétisme fut le journal de référence de l'athlétisme en France. Proche duParti communiste français, le magazine fut créé au début desannées 1960 et compta parmi ses chroniqueurs d'anciennes gloires de l'athlétisme telsJules Ladoumègue. Aujourd'hui,Athlétisme magazine fait partie des derniers médias écrits spécialisés de la discipline. AuxÉtats-Unis, le magazineTrack and Field News fait figure de référence en la matière, et s'autoproclame la « Bible du Sport ».
Les grands événements de l'athlétisme peuvent être vus par le téléspectateur en direct ou avec un décalage dans à peu près tous les pays et les territoires de la planète et ils génèrent une audience élevée. La retransmission deschampionnats du monde d'athlétisme 2003 àParis (Saint-Denis) a été suivie par des millions de téléspectateurs[146], dont 5,4 millions en France pour une population d'environ60 millions d'individus. La présence au sommet deCarolina Klüft, deChristian Olsson a accru l'intérêt enSuède avec45 heures de diffusion, 2,2 millions de téléspectateurs pour une population de neuf millions d'habitants. L'Allemagne (83 millions d'habitants) a connu une audience maximale de 4,4 millions de téléspectateurs.
Lors desChampionnats d'Europe d'athlétisme 2002 àMunich, la Suède a vu au plus 1,8 million de téléspectateurs regarder la retransmission, pour 3,1 millions de téléspectateurs français et 5,9 millions de téléspectateurs allemands. En août 2009, la finale du200 mètres masculin auxChampionnats du monde, remportée parUsain Bolt, a été suivie en France par 4,7 millions de téléspectateurs[147].
Les épreuves d'athlétisme aux Jeux olympiques de 2012 ont réalisé des audiences record, avec notamment2 milliards de téléspectateurs pour la victoire deUsain Bolt sur100 mètres[148]. En France, les finales du100 mètres et200 mètres hommes ont réuni respectivement 9,6 et 9,3 millions de téléspectateurs[149] ; celle du 3 000 mètres steeple masculin, 9,3 millions (49,5 % de part de marché) ; tandis que le concours du saut à la perche masculin a été suivi par 8,7 millions de personnes (48,6 % de part de marché)[150]. En Grande-Bretagne, 17,1 millions de téléspectateurs ont assisté à la victoire du BritanniqueMo Farah sur 10 000 mètres[151].
↑Violaine Vanoyeke,La Naissance des Jeux olympiques et le sport dans l'Antiquité, Paris, Les belles lettres, 1992, chapitre « Les épreuves des jeux »,p. 89-97,(ISBN978-2-251-33812-5).
↑Yann Bouchez (Rio de Janeiro, envoyé spécial) et Anthony Hernandez (Rio de Janeiro, envoyéspécial), « JO 2016 - athlétisme : des records, le roi Bolt incontesté et des Bleus à la fête »,Le Monde.fr,(ISSN1950-6244,lire en ligne, consulté le).
↑Les cinq nations participantes aux Jeux Mondiaux de 1921 organisés par Fédération sportive féminine internationale (fondée en 1921) : Grande-Bretagne, Suisse, Italie, Norvège et France.
La version du 22 juin 2008 de cet article a été reconnue comme « article de qualité », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.