Alors qu'il se trouve auLiban pour ses études, en 1973, il rencontre sa future épouse,Rula Saade, une libanaise chrétienne[3]. Ils ont deux enfants :Mariam Ghani(en) et Tariq.
Son frère, Hashmat Ghani Ahmadzai, est le chef de clan des Ahmadzai et le grand chef du Conseil desKuchis. En 2021, une enquête publiée par l'Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) révèle qu'une société américaine a obtenu en 2014, trois jours après l'élection de son frère, un contrat d'achat dechromite, un minerai extrait illégalement, sans précautions sécuritaires ou environnementales et souvent par des enfants. Le chromite est un« précieux additif anticorrosion » noteLe Figaro. L'entreprise possède une filiale afghane dont Hashmat Ghani possède la majorité des parts. L'implication du président Ashraf Ghani au sujet de l'octroi du contrat est probable. Ledépartement de la Défense des États-Unis s'investit dans le projet afin de développer les industries afghanes, fournissant un concasseur et 3,8 millions de dollars d'équipements, tandis que la chromite est traitée dans une base de l'OTAN. Une ONG anticorruption finit par dénoncer l'opération et le Pentagone se retire du programme en 2013, lequel prend fin. En 2019, il est relancé via la filiale afghane[4].
Après lesattentats du et la chute destalibans, il participe à la reconstruction de l'État afghan, notamment comme conseiller spécial du diplomate algérienLakhdar Brahimi, alors représentant du secrétaire général de l'ONU dans le pays. Il joue un rôle dans les négociations desaccords de Bonn de. Il est ensuite conseiller d'Hamid Karzai, avant de rejoindre, en, le gouvernement intérimaire afghan dirigé par ce dernier ; il exerce les fonctions de ministre des Finances de à. Il devient ensuite président de l'université de Kaboul pendant une année. Candidat à l'élection présidentielle de 2009, il termine à la quatrième place avec 2,94 % des voix[3].
De nouveau candidat à l'élection de 2014, il se place en deuxième position au premier tour, le, avec 31,6 % des voix, loin derrièreAbdullah Abdullah (45 %). Le suivant, les premiers résultats du second tour qui s'est déroulé le sont annoncés par la Commission électorale indépendante et donnent Ghani vainqueur avec 56,4 % des voix[5]. Contrairement au scrutin de 2009, Ashraf Ghani s'est « ré-afghanisé » pour cette élection, notamment en rajoutant à son nom son patronyme tribal « Ahmadzai », en se laissant pousser la barbe, en portant desvêtements traditionnels afghans et en s'alliant avec des personnalités locales, notammentAbdul Rachid Dostom, un « seigneur de la guerre » d'origineouzbèke controversé qui devient par ailleurs son vice-président[3],[6]. Une crise politique s'ensuit, Abdullah Abdullah refusant de reconnaître sa défaite. Un accord intervient finalement entre les deux hommes et Abdullah Abdullah devientchef du gouvernement (« chef de l'exécutif »). En, il publie un décret présidentiel faisant deFarkhunda Zahra Naderi sa conseillère principale.
Ashraf Ghani et le président de la fédération de Russie,Vladimir Poutine,en 2015.
Pendant son premier mandat, le pays connait une croissance économique de 3 %, tandis que letaux de chômage reste aux alentours de 9 %. L'inflation connait une baisse sensible, passant de plus de 10 % en 2014 à 0 en 2018, tout comme la dette et le déficit public. Toutefois, l'Afghanistan reste toujours l'un des pays les plus pauvres du globe, et connait toujours unIDH très faible (0,498 en 2017, le pays se classant168e sur 189 pays)[7],[8].
Dans un contexte d’indignation mondiale à la suite de l’attentat islamique visantCharlie Hebdo, Ashraf Ghani condamne l’attaque mais aussi la publication de caricatures deMahomet par le journal français, estimant que ces dessins constituent une« insulte à la religion sacrée de l'islam et au monde musulman »[9].
Ashraf Ghani et le président américain,Donald Trump,en 2017.
Le, la Cour suprême proroge son mandat, dont le terme est prévu le, jusqu'à laprochaine élection présidentielle, repoussée au[10]. Pendant la campagne, un attentat aux abords d'un de ses meetings fait 24 morts et 31 blessés[11]. Le, la commission électorale afghane annonce qu'Ashraf Ghani est vainqueur de l'élection avec 50,64 % des voix[12]. Abdullah Abdullah, une nouvelle fois candidat contre lui, dénonce des fraudes, refuse de reconnaître les résultats et constitue un gouvernement parallèle[13]. Ashraf Ghani et Abdullah Abdullah prêtent serment le, chacun dans une aile du palais présidentiel[14].
Le, un accord de partage du pouvoir est signé entre le gouvernement officiel de Ghani et le gouvernement parallèle d'Abdullah, dans le but de mettre fin à la crise politique qui dure depuis mars et ainsi améliorer les négociations et la lutte contre les talibans (relancée par lesattentats du en Afghanistan) et lapandémie de Covid-19[15]. L'accord prévoit d'accorder la moitié des postes du gouvernement aux membres de l'ancien gouvernement parallèle, dont la fonction de Haut-Négociateur du Conseil pour la réconciliation nationale à Abdullah, en raison de son expérience en tant que diplomate, et la tête desForces armées afghanes au généralDostum qui l'avait rejoint[16].
Considéré par ses opposants comme une marionnette des États-Unis, Ashraf Ghani voit son bilan très critiqué, n'ayant pas réussi à tenir les deux promesses qu'il avait faites lors de son arrivée au pouvoir : redresser le pays et en finir avec la corruption[17].
Dans la première moitié du mois d’, l'offensive talibane — commencée en avec l’annonce du retrait total des troupes américaines par le présidentJoe Biden — fragilise grandement l’État afghan, qui ne parvient qu’à conserver la capitale et quelques poches de résistance. Ashraf Ghani appelle alors à la « remobilisation » de l’armée et annonce l’ouverture de « consultations » pour trouver « une solution politique »[18].
Le président Ghani décide finalement de fuir le pays le, avec sa femme et des soutiens politiques (Fazel Fazly, Hamdullah Mohib), quelques heures avant lachute de Kaboul[19]. Trois mois auparavant, il déclarait pourtant au magazine allemandDer Spiegel :« Aucun pouvoir au monde ne pourra me forcer à prendre un avion et quitter ce pays. C'est un pays que j'aime et je mourrai en le défendant[20]. » Il est accueilli auxÉmirats arabes unis[17].
Dans un message posté depuis l'étranger le soir même de sa fuite, Ashraf Ghani, qui n’a pas formellement démissionné[22], écrit : « Les Talibans ont gagné […] et sont à présent responsables de l'honneur, de la possession et de l'auto-préservation de leur pays »[23].
L'ambassadeur d'Afghanistan au Tadjikistan,Mohammad Zahir Aghbar, a déclaré qu'Interpol devrait appréhender Ghani et ses complices pourdétournement de fonds publics, l'accusant d'avoir emporté avec lui une somme de 170 millions dedollars[24]. Ashraf Ghani a démenti ses allégations, pour lesquelles aucune preuve n'a été apportée[25].