Ashkelon ouAscalon (enhébreu : אַשְׁקְלוֹן ašqelōn, enarabe : عسقلان ʿasqalān, enlatin : Ascalo, engrec : Ασχαλων, Askalōn) est une ville d'Israël située sur la côte méditerranéenne, dans ledistrict sud, au nord de labande de Gaza. Elle se trouve à 54 km au sud deTel-Aviv. Elle compte 149 176 habitants[1] en 2022.
La ville, qui s'appelaitAscalon dans l'Antiquité, était appeléeAl-Majdal ouMajdal (arabe: المجدل, hébreu: אל-מג'דל, מגדל) sous l'Empire ottoman et jusqu'en 1948.
Mention d'Ascalon sur lastèle de Mérenptah (Jsḳȝr(w)ny) accompagné desdéterminatifs de laterre étrangère et del'ennemi (vers 1200 av. J.-C.).Monnaie frappée en la cité d'Ascalon.Bataille d'Ascalon (1099).Plan de partage de 1947.
Ascalon est également le lieu oùSamson a détruit le temple desPhilistins lors de sa capture à l'aide de ses deux mains, le Parc Samson à Ascalon abrite les ruines de ce temple mythique (sourcebiblique).
Ancienne colonie deTyr, elle fut embellie parHérode Ier le Grand (qui y était né), et devint la seconde ville du pays par la grandeur. On y remarquait le temple deDercéto.
La ville est reprise parSaladin en 1187. La forteresse est rasée pour ne pas tomber entre les mains deRichard Cœur de Lion, roi d'Angleterre. Le roi d'Angleterre prend Ascalon etJaffa, négocie auprès de Saladin le libre accès des pèlerins àJérusalem et retourne en Angleterre en 1192.
Carte des environs d'Ashkelon dans les années 1950 montrant les positions de Majdal renommée Ashkelon (à l'est) et de l'ancienne Ascalon détruite par les Mamelouks en 1270 (à l'ouest).
L'Égypte ayant rallié le la décision des autres États arabes, prise le, d'attaquer Israël au lendemain desa déclaration d'indépendance[5], une armée égyptienne entre le dans la bande de Gaza. L'invasion avait été précédée de l'envoi en Palestine encore sous administration britannique de volontaires desFrères musulmans, en, et de volontaires de l'armée régulière égyptienne le[6].
Partant le d'El-Arich, où les troupes avaient été prépositionnées, les Égyptiens atteignent Majdal le et y installent leur quartier général ; le ils sont à Isdud (Ashdod)[7], la limite nord des terres allouées à l'État palestinien prévu par leplan de partage de la Palestine voté par l'Assemblée générale desNations unies. Entre-temps, du au, l'armée égyptienne attaque et détruit lekibboutzYad Mordechai, fondé en et situé sur une colline entre Gaza et Majdal. Puis, bifurquant à l'est, elle s'empare au nord-ouest duNéguev de territoires alloués à Israël pour poursuivre jusqu'àHébron. En, elle s'empare du kibboutzNitzanim entre Majdal et Isdud[8].
Après un cessez-le-feu ordonné par leConseil de sécurité des Nations unies, les hostilités reprennent. Le, les Israéliens envoient un nouveau convoi d'eau, de vivres et autres provisions pour ravitailler des communautés juives assiégées par des forces égyptiennes au nord du Néguev, les précédents convois humanitaires ayant été bloqués par les Égyptiens en violation de l'accord de cessez-le-feu[9]. Cette fois, les Israéliens lancent l’opération Yoav qui répond au feu. Ses avions bombardent les positions égyptiennes àEl-Arich, àGaza et à Majdal[10]. Au sol, ses bataillons percent et séparent les branches occidentales (côtières) et orientales (collines d'Hébron) de l'armée égyptienne[11] et parviennent à s'emparer deBeit Hanoun, puisBeer-Sheva ()[12], Isdud () et Majdad ()[13].
Devant l'avance israélienne, beaucoup des populations arabes s'enfuient vers Gaza[14] ; à Majdal, labrigade Guivati trouve moins d'un millier des dix mille habitants d'origine de la ville, le reste ayant fui[15]. Quant à ceux qui restent, ils reçoivent souvent la permission de rester de la part des chefs de brigade[16] mais ensuite les ordres venus d’en haut tendent à l'expulsion, d'abord des réfugiés d'autres villages, ensuite, par différents moyens car l'expulsion pure et simple des Arabes avait été exclue pour des raisons politiques[17], de presque tous les résidents qui n'avaient pas fui.
À la fin de l’opération Yoav, le, seuls restent1000 habitants à Al-Majdal[18]. Le généralYigal Allon ordonne leur expulsion, mais le commandant local ne l’exécute pas et la population remonte à2 500 habitants, par des réfugiés de retour, mais aussi des gens fuyant ou expulsés de villages alentour[18],[19] ; beaucoup sont des vieillards, des femmes et des enfants[19]. L’année suivante, les Arabes sont confinés dans une zone entourée de fils de fer barbelés, camp qu'un auteur juif appelleghetto[20],[19],[21].Moshe Dayan et le premier ministreDavid Ben Gourion étaient en faveur de l’expulsion, alors que leMapam et l’Histadrout s’y opposait[18]. Beaucoup des Arabes de Majdal, qui étaient et se sentaient isolés, voulurent rejoindre leur famille qui avait fui vers la bande de Gaza en[22], et le gouvernement israélien incita par diverses mesures les Arabes à partir, dont un taux de change favorable, mais aussi en semant la panique par des raids de nuit[18]. Un premier groupe estdéporté dans la bande de Gaza en camions le, exécutant un ordre d’expulsion[23]. La déportation était approuvée par Ben Gourion et Dayan malgré les objections dePinhas Lavon, secrétaire général de l’Histadrout, qui voyait la ville comme un exemple productif d’opportunités égales[24]. En, vingt familles seulement restaient encore à Majdal, la plupart étant ensuite déplacées àLydda ou Gaza[18]. Selon les archives israéliennes, 2 333 Arabes ont été déportés dans la bande de Gaza, 60 en Jordanie et 302 dans d’autres villes d’Israël, quelques-uns restant à Ashkelon[19]. Lavon relève que cette opération dissipa« les dernières traces de confiance des Arabes envers Israël, la sincérité de ses déclarations sur la démocratie et l’égalité, et les dernières traces de confiance des travailleurs Arabes envers l’Histadrout »[24]. Sur une plainte égyptienne, la commission d’armistice de 1949 prévoyait que les Arabes de Majdal pourraient revenir en Israël, mais cela n’a pas été mis en pratique[25].
Les logements arabes sont occupés par des Juifs à partir de, mais le processus commença lentement[20]. Le plan national de désigne al-Majdal comme le site d’un futur centre urbain de20 000 habitants[20]. À partir de, des immigrants et des soldats démobilisés s’installent, augmentant la population juive de2 500 personnes en six mois[20]. Ces premiers immigrants sont pour la plupart desjuifs yéménites, d’Afrique du Nord et d’Europe[26].
Après laguerre israélo-arabe de 1948-1949, les premiers habitants ont été des immigrants et des soldats récemment démobilisés qui ont résidé dans les maisons du village de Majdal, abandonnées pendant le conflit ou évacuées (et appropriées par Israël par laloi sur la propriété des absents), les habitants arabes ayant été transférés ailleurs dans un petitghetto[27] où ils furent soumis à la loi militaire jusqu’en.
Un camp de transit (en hébreuMa'abarot) a été établi vers près de Majdal, le camp de « Migdal Gad »[28], destiné à loger les nouveaux immigrants arrivés des pays musulmans, de Roumanie et de Pologne.
Le camp de transit provisoire est devenu un lieu d'habitation pérenne, uneville de développement, nomméeAshkelon. Le style de construction était celui qui avait cours dans les villes de développement : des blocs longs et gris, beaucoup de béton, et un grand nombre d'appartements dans chaque immeuble[29]. La ville devient célèbre pour son industrie textile.
En, Ashkelon compte 63 000 habitants mais elle accueille au cours des seulesannées 1990 40 000 nouveaux immigrants.
Aujourd'hui, Ashkelon est une ville de 130 000 habitants, ce qui la situe à la dernière place parmi les villes israéliennes de taille moyenne, aprèsAshdod,Beer-Sheva,Petah Tikva,Holon,Netanya,Bnei Brak,Bat Yam etRamat Gan[30]. La ville connaît des problèmes économiques et un taux de chômage relativement élevé par rapport au reste du pays. Les groupes qui y vivent ont tendance à se distinguer selon des critères ethniques : il y a à Ashkelon un district russe séparé, un district éthiopien, un district géorgien, etc[31].
↑Benny Morris 1948, « The decision to invade was finally taken on 29-30 April ».
↑Benny Morris 1948, « the invasion was preceded by the entry into Palestine... ».
↑Benny Morris 1948, « The Egyptians reached Majdal on 24 May and made it their headquarters… on 28 May they renewed their push northward, reaching Isdud (Ashdod) ».
↑Benny Morris 1948, « The Egyptians were to take one more settlement, Kibbutz Nitzanim, between Majdal and Isdud ».
↑Benny Morris 1948, « During the previous weeks, the Egyptians had regularly blocked with fire the passage to the beleaguered northern Negev settlements of supply convoys, contrary to the truce terms ».
↑Benny Morris 1948, « A captured Egyptian soldier described the raids: "In Majdal the IAF bombing hit an artillery communications position: four were killed, two were injured" ».
↑Benny Morris 1948, « the IDF had driven powerful wedges between the western (coastal) and eastern (Hebron Hills) arms of the Egyptian army ».
↑Benny Morris 1948, « On 21 October the three battalions stormed into Beersheba ».
↑Benny Morris 1948, « On 28 October Israeli troops occupied Isdud and the devastated site of Kibbutz Nitzanim ».
↑Benny Morris 1948, « In most places, the IDF did not have to resort to expulsion orders. The inhabitants, with or without Egyptian advice, fled as the Israelis approached or let loose with mortars and machine guns. Most villages were found abandoned or almost completely empty when the IDF entered... Elsewhere, with fleeing inhabitants infecting neighboring villages with panic, in a domino effect, the refugees moved directly toward the Gaza Strip ».
↑Benny Morris 1948, « at Majdal, the conquering Giv`ati unit found in place fewer than a thousand of the town's original ten thousand inhabitants; the rest had fled ».
↑abc etdOrna Cohen,"Transferred to Gaza of Their Own Accord" The Arabs of Majdal in Ashkelon and their Evacuation to the Gaza Strip in 1950, The Harry S. Truman Research Institute for the Advancement of Peace, The Hebrew University of Jerusalem, 2007.
↑"Ashkelon's first inhabitants were new immigrants and recently demobilized soldiers who took up residence in Majdal in homes that had been abandoned during the Israeli War of Independence or which were evacuated after the war to make room for Jewish occupants. The Arab residents of these homes were transferred to a narrow "ghetto" district, which even then was called a ghetto", "Periphery Without a Center ",Haaretz, 28 novembre 2003,lire en ligne
↑The Mizrahi Era of Rebellion: Israel's Forgotten Civil Rights Struggle 1948-1966, par Bryan K. Roby, lire en ligne :[1]
↑"The style of construction was that of the public housing projects that became the accepted format for development towns: long, gray apartment blocks, with an abundance of concrete and with a large number of apartments in each building", "Periphery Without a Center ",Haaretz, 28 novembre 2003,lire en ligne
↑"Its 130,000 residents put Ashkelon in last place among Israel's larger medium-size cities - after Ashdod, Be'er Sheva, Petah Tikva, Holon, Netanya, Bnei Brak, Bat Yam and Ramat Gan", "Periphery Without a Center ",Haaretz, 28 novembre 2003
↑"The population groups in this city tend to be distinguished by ethnic affiliation: There is a separate Russian district, a separate Ethiopian district (alongside the older socioeconomically disadvantaged public housing projects), a separate Georgian district, and so on.", "Periphery Without a Center ",Haaretz, 28 novembre 2003,lire en ligne