Un ou uneartiste peintre, ou simplementpeintre, est une personne pratiquant lapeinture, comme discipline desbeaux-arts ou desarts plastiques, comme activité de loisir (peintre amateur) ou bien comme métier (peintre professionnel). Ce terme est apparu au début du XIXe siècle enFrance, pour distinguer le peintre d'art de l'artisan, qu'il soitpeintre en bâtiment oupeintre décorateur dans la loi de finances du, après l'abolition descorporations.
Peintre sénégalais en train de peindre à Saint-Louis du Sénégal
Selon les périodes, lesartistes peintres ont eu des organisations professionnelles et des reconnaissances différentes. Leur métier a également évolué en fonction des techniques pratiquées :peinture à l'huile,aquarelle,fresque,pastel, peintures à base derésines synthétiques et aujourd'hui avec toutes techniquesinfographiques et numériques dans un but non technique (donc qui ne soit ni dudesign, ni dudessin industriel) qui apparaissent comme des techniques contemporaines, comme le fut en son temps lasérigraphie utilisée parAndy Warhol,Robert Rauschenberg et les peintres du mouvementPop art. AuXXIe siècle, les termes « artiste peintre » et « peintre » incluent ainsi également le terme « artiste plasticien », dont le sens va au-delà de la seule peinture.
Ils sont les témoins de leur époque. Ils ont également pour rôle de mettre en valeur un lieu en le décorant, une personne en laportraiturant ou bien encore de diffuser une vision d'un lieu, d'un événement ou d'une idée[1].
La peinture rupestre du Néolithique peut être considérée aussi bien comme une forme d'art lié à la transcendance ou à la magie, que comme un témoignage important de son époque, représentant sur les parois des cavernes les animaux qui entouraient les hommes. Il en est de même dans l'Antiquité, avec lesportraits du Fayoum, lesquels sont aussi les témoins de la diversité des populations vivant ou traversant l'Égypte. Une des fonctions de la peinture (avant l'invention de la photographie) est de représenter les scènes des grands événements : batailles importantes, grandes catastrophes, accords de paix, mariages, passations de pouvoir et autres événements marquant des tournants de l'Histoire, mais aussi de présenter les textes religieux ou poétiques. Cependant, la peinture n'est pas considérée comme un art à part entière pendant la période qui va de l'Antiquité à la Renaissance[2]. Elle est alors considérée comme unartisanat, suivant lesIdées dePlaton[3]. Les peintres sont alors soit des artisans (à l'époque romaine), soit des moines, peintres d'icônes orthodoxes ouenlumineurs etminiaturistes (au Moyen Âge).
C'est particulièrement de la Renaissance florentine que la peinture est considérée comme unart majeur (le peintre s'inscrit à une desArti maggiori), ainsiLéonard de Vinci, « qui affranchit la peinture en lui faisant atteindre à labeauté »[4]. Le peintre peint dès lors des événements réels ou fictifs de manière à les rendre convaincants d'un point de vue visuel. On comprend dès lors la complexité de la situation du peintre qui peut soit présenter les événements, les personnages de son époque pour les embellir, soit les présenter comme témoignages. Les événements historiques sont interprétés généralement selon une vision officielle, mais parfois selon une vision plus réaliste de l'artiste soucieux des problèmes de son époque. On peut citerJacques-Louis David, le peintre officiel deNapoléon, qui fait de celui-ci le héros, ou au contraireGoya dépeignant la cruauté et la barbarie de la guerre d'Indépendance de l'Espagne entre troupes françaises et guérilla espagnole (vols, enlèvements, viols, assassinats de civils), loin des clichés officiels. À partir duXVIIe siècle, les peintres effectuent parfois le travail fait aujourd'hui par les reporters photographes, les scènes de rue comme celles deJacques Callot, les paysages, les vues deVenise deCanaletto ou deGuardi. Il faut toutefois remarquer que l'œil contemporain sait difficilement distinguer les paysages embellis des paysages réels. Ainsi Goya note, pour lever toute ambiguïté dans ses dessins :« Yo lo vi » » (« je l'ai vu »).
Avec l'apparition de la photographie, la peinture tend à perdre sa dimension testimoniale au profit des recherches esthétiques des mouvements de l'art moderne. Toutefois, un peintre comme le péruvienHerman Braun-Vega, très influencé à ses débuts par les mouvements de l'art moderne, fait le chemin inverse et fait de la dimension testimoniale de son œuvre sa raison d'être[5].
Sous l'Ancien Régime, les peintres s'organisent en corporations, telles laGuilde de Saint-Luc, qui autorisent et contrôlent la pratique de la peinture et sa diffusion.
Il n’existe pas à proprement parler dans la plupart des pays occidentaux d’organisation officielle du statut d’artiste peintre. En France, les artistes sont affiliés à des organismes professionnels[7] qui gèrent leurs cotisations sociales et leurs différents droits. L’affiliation à ces organismes se fait sur dossier permettant de prouver qu’on exerce bien l’activité à un niveau professionnel (déclaration des ventes, impôts et cotisations sociales) mais elle n’a pas valeur de reconnaissance de formation ou de qualités esthétiques. Les artistes peuvent ou non, selon leurs affinités, se regrouper au sein d’associations, de sociétés, qui leur permettent d’une part de se retrouver pour dialoguer, d’autre part de faciliter l’exposition des œuvres dans des expositions, des salons ou des galeries. Le terme d’École (comme l’École de Paris, l’École de Nice, etc.) est encore employé pour certains « mouvements » esthétiques, sans qu’il y ait nécessairement un enseignement commun (encore moins un établissement « scolaire ») ou une organisation commune.
Les artistes peintres apposent généralement (depuis la pré-Renaissance) leursignature sur la face ou l'envers du support de leurs œuvres (châssis ou carton entoilés, bois…). À partir de la Renaissance, certains peintres se représentent eux-mêmes dans le tableau[8], au même titre qu’ils peuvent représenter le commanditaire, le donateur ou le destinataire de l’œuvre. Concernant lesicônes religieuses, ces œuvres chrétiennes orthodoxes, coptes, syriaques… sont considérées comme œuvre de la main de Dieu : l'artiste ne peut donc les signer.
Lapeinture est la dispersion de pigments dans un liant que l'artiste dépose sur un support. Par exemple, l'aquarelle, lagouache, la peintureacrylique, la peinture àl'huile. Lespinceaux permettent d'étaler la peinture sur des supports. Ceux-ci peuvent être durs (bois, carton, papier) ou en toile (lin, coton, soie…). Lescouteaux, utilisés dans les techniques de peinture à l'huile, disposent d'un manche en bois et d'une partie métallique de forme variée (souvent en forme d'amande) et aplatie. Les couteaux se scindent en deux catégories : lescouteaux à peindre et lescouteaux à palette. Lapalette de peinture est un instrument qui permet de mélanger les peintures. Il existe la traditionnelle palette en bois ou en plastique, la palette jetable.
Les ateliers des peintres sont organisés autour du maître, avec ses assistants, ses apprentis. L'apprenti, qui fait les fonds, est appelé un « barbouilleur » puisqu'il fait la « barbouille »[9]. Les peintres préparent eux-mêmes les matériaux nécessaires à la réalisation des peintures (broyage des pigments, préparation des huiles, pinceaux…).
Bien que les principes de création d'une œuvre d'art par l'artiste (ici le peintre) soient le caractère unique du tableau exécuté entièrement par la main même de l'artiste, des tableaux sont également produits en série dans des usines à tableaux. Il s'agit le plus souvent de reproductions d'après des peintures célèbres classiques, d'Impressionnistes, ou de poncifs touristiques vendus à bas prix à travers le monde sur les trottoirs deParis,Londres,Madrid,New York, etc. dans les supermarchés, dans les halls d'hôtel (et depuis lesannées 2000 sur Internet).
L'édition mécanique et la reproduction de tableaux est une technique ancienne dont la GalerieAdolphe Goupil où travaillaientVincent etTheo Van Gogh se faisait une spécialité auXIXe siècle. Après avoir été produits au Canada dans lesannées 1970[10], en Suède[11], puis à Taïwan et à Hong Kong (les « chromos » standardisés sont produits aujourd'hui principalement dans le village deDafen enChine, où des ateliers produisent environ 5 millions de tableaux par an. Il y aurait environ 8 000 à 10 000 peintres qui peuvent faire entre 20 et 30 tableaux par jour à raison de 12 h de travail). Le même type de fabrication existe auViêt Nam, enThaïlande, et ailleurs…
La France, dès lesannées 1980, à la suite des questions posées à l'Assemblée nationale[12], soulève le problème de ladénomination d'œuvres d'art pour les productions en série.
Adam et Eve chassés du Paradis parJames Tissot,peintre français universellement célébré de son vivant en1900 mais qui n'est pas passé à la postérité.
La reconnaissance de l'œuvre d'un peintre est liée à différents facteurs que l'on peut énumérer comme suit :
l'existence d'un travail suffisant en nombre, plusieurs centaines de toiles en général, dans un style identifiable et personnel (Monet, environ 4 000 toiles,Van Gogh, environ 3 000 toiles,Picasso, environ 40 000…) ;
« L'unicité, l'exécution à la main, la signature, l'originalité dans la pluralité de ses significations » sont les conditions qui font que le bien considéré répond aux désirs d'achat des acheteurs[15].
↑LesMuses qui « inspiraient » les artistes chez les Grecs étaient desnymphes, filles deZeus et deMnémosyne.
↑VoirIdea deErwin Panofsky, « Les 7 Arts dans l'Antiquité et le Moyen Âge sont : la rhétorique, la dialectique, la grammaire, l'arithmétique, la géométrie, l'astrologie et la musique »
↑Sophie DOUGNAC, « Je suis un témoin de mon temps »,L'Est Républicain,(lire en ligne) :
« Ma volonté depuis 40 ans est la même être le plus clair possible. Comme l'était la peinture avant l'invention de l'appareil photo; quand c'était la seule manière de garder en mémoire les événements. »
↑ Le cas de James Tissot est un cas spectaculaire illustrant l'engouement, la reconnaissance, puis l'abandon du public. En 1890, il reçut plus de 1 million defrancs or, pour illustrer la Bible (près de 3,5 millions d'euros) et pour reproduire ses tableaux. Un public nombreux venait voir l'exposition de ces peintures saint-sulpiciennes à partir de 1894. Ses expositions circulaient en France, en Angleterre, aux États-Unis : New York, Boston, Philadelphie, Chicago... Elles furent finalement achetées aux États-Unis par leBrooklyn Museum en 1900 grâce à une souscription publique organisée par les journaux américains.