Ses œuvres sont source d'émotions, de réflexion, de sentiments, de spiritualité, desublimations et/ou detranscendances. Le mot « artiste » vient dulatinartista, qui lui-même dérive dears, artis, signifiant « art » ou « habileté ». Au Moyen Âge, le terme désignait principalement les personnes pratiquant desarts libéraux, comme lagrammaire, larhétorique ou lalogique. À partir de laRenaissance, son usage s'est étendu pour inclure ceux pratiquant lesarts visuels, comme lapeinture et lasculpture, et il est progressivement devenu synonyme decréateur ou de personne exerçant un art.
Aristote différencie science théorique (épistémè) et arts appliqués (tekhnè).
Martianus Capella Allégorie de la grammaire dans un manuscrit duXe siècle
L'université de Paris est composée de quatre facultés :faculté des arts, faculté de théologie,faculté de décret etfaculté de médecine. La faculté des arts offrait aux étudiants l'enseignement nécessaire à l'entrée dans les trois autres facultés; Cet enseignement était fondé sur les septarts libéraux comprenant letrivium et lequadrivium. Cette codification s'était progressivement imposée à partir de l'œuvre d'un rhéteur latin d'Afrique de la première moitié duVe siècle,Martianus Capella, dans son romanallégorique ethermétiste lesNoces de Phililogie et de Mercure.Cassiodore avait appelé « arts » les trois parties du trivium qui traitent du contingent, et « disciplines » les quatre dernières parties qui portent sur le nécessaire et sont la seconde partie de la philosophie.Boèce a inventé le terme de quadrivium pour ces disciplines.Isidore de Séville reprend largement les arts libéraux définis par Martianus Capella et Cassiodore dans sesÉtymologies. Les arts libéraux sont considérés comme nécessaires aux hommes libres pour maîtriser l'expression orale et écrite (le trivium :grammaire,rhétorique etdialectique) et rendre compte de l'ordre du monde (le quadrivium :arithmétique,géométrie,astronomie etmusique). Ce système est resté inchangé depuis la Haute Antiquité jusqu'à la Renaissance[1].
Un étudiant ou un enseignant de la faculté des arts était appeléartiste[2]. Il terminait ses études en obtenant lamaîtrise dès arts.
Les sept arts libéraux sont représentés par sept femmes décrites par Martianus Capella.
En parallèle se développe le système des neufMuses venues de la traditionhomérique qui en fait les filles de Zeus et quePlaton décrit comme les médiatrices entre le dieu et le poète ou tout créateur dit intellectuel. Cependant il n'y a aucune Muse pour les arts manuels comme la peinture, la sculpture ou l'architecture.
Le milieu ecclésiastique considérait leur création de la beauté à partir de la matière brute comme une reproduction de l'acte divin de la création. Ainsi, saintThomas d'Aquin parle de Dieu comme étant l'artifex mundi. Cependant, pour saint Thomas d'Aquin, l'exécutant d'une œuvre doit la réaliser conformément aux règles définies par son commanditaire ecclésiastique.
Progressivement, les chroniqueurs vont montrer les mérites des créateurs des œuvres. PourHugues de Saint-Victor les arts mécaniques sont trop souvent méprisés et doivent acquérir un statut de science. Il les groupe en sept sciences mécaniques en reprenant la division des arts libéraux. Dans le second ensemble qu'il appelle l'armatura, il a placé l'architecture, la peinture, la sculpture et les arts dits mineurs. Dans sonDe divisione philosophiae,Dominique Gundissalvi soutient l'égalité desarts libéraux et desarts mécaniques. Dans leDefensor pacis,Marsile de Padoue distingue les arts mécaniques servant aux nécessités matérielles de ceux qui sont de l'ordre du plaisir et de l'agrément : la peinture, la sculpture et l'architecture. Il considère que ces derniers ont un statut intermédiaire entre les arts manuels et les arts libéraux[4].
Dans la littérature, la plus ancienne mention du mot artiste apparaît dansLaDivine Comédie deDante Alighieri. La première mention se trouve dans le chant XIII duParadis[1] :
Si la cire était ductile à point,
et que le ciel fût dans sa plus haute vertu,
la lumière du sceau apparaîtrait tout entière ;
mais toujours amoindrie la rend la nature,
opérant comme l'artiste,
qui a l’habitude de l’art et une main qui tremble
Le mot réapparaît dans le chant XVIII duParadis[2] où il évoque l'âme d'un de ses ancêtres :
Puis, se mêlant et se mouvant avec les autres lumières,
l’âme qui m’avait parlé me montra
quel artiste elle était parmi les chantres célestes.
Enfin, au chant XXX[3], où arrivé au terme de son voyage, sous la conduite de Béatrice, il ne peut décrire la beauté avec la parole humaine :
mais il faut maintenant que je renonce à suivre davantage,
derrière sa beauté, en poésie,
comme un artiste après son dernier effort.
Dante fait de l'artiste celui qui a le pouvoir de montrer la beauté jusqu'à la révélation de la splendeur céleste. Il introduit le mot dans la langue italienne, invente la figure de l'artiste et en fait l'égal du poète.
Le mot a été peu utilisé dans le sens donné par Dante pendant les deux siècles qui ont suivi. On le retrouve en 1360 sous la plume de Franco Sacchetti, puis Francesco Albertini, élève deGhirlandaio, connu entre 1493 et 1510, qui l'utilise à propos d'ex-voto de cire, « facte per mano di optimi artisti ».
C'estMichel-Ange qui va introduire définitivement le mot par son sonnet l'« Ottimo artista » :
Le grand artiste ne conçoit nulle idée
qu'un bloc de marbre en soi ne circonscrive
de sa gangue et seule la concrétise
la main obéissant à l'intellect.
Le philosophe florentinBenedetto Varchi, dans deux conférences faites en 1546 devant l'Académie florentine des lettres publiées en 1549, discute la signification du motartista. Dans ces conférences, Varchi rappelle l'usage des motsartifice venant du latinartifex, etartigiano qui correspond au françaisartisan.
Dans ses Mémoires,Benvenuto Cellini rapporte une discussion orageuse avecCosmeIer de Médicis au sujet de la statue de l'artiste,Persée tenant la tête de Méduse, vers 1548. Aux propos de Cosme de Médicis qui prétend parler de l'œuvre en connaisseur, Cellini lui répondit : « Vous vous y entendez comme un prince, mais moi comme un artiste ». Cellini devait connaître le sonnet de Michel-Ange car il était intervenu à la demande de Varchi pour les conférences publiées en 1549[5].
Les caractéristiques conférées à un artiste, et la notion en elle-même, sont particulièrement variables dans l'histoire et n'ont pas de définitions universelles (de même que pour l'art, un « faux concept »[6]anhistorique). Ces définitions ont comme origine uneexpérience, une appréciation personnelle, unregard[7] et sont la conséquence d'un intérêt collectif propre à uneculture[8]. De plus, la notion d'artiste – ou son absence – et l'imaginaire qui l'accompagne, est liée à l'idée desujet et d'altérité chez un groupe humain, à une époque déterminée.
Certains usages traditionnelsdistinguent l'artiste de l'artisan[9] en se fondant sur la condition d'auteur, ou d'interprète, du premier[10]. Soit un producteur de créations de l’esprit[11] en opposition auxtravailleurs manuels, aux exécutants[12]anonymes, à ce qui est utile oufonctionnel.
"J'appelleartiste celuiqui crée des formes... etartisan celui qui lesreproduit, quel que soit l'agrément ou l'imposture de son artisanat." dira ainsi Malraux[13].
Dans un sens commun, et plutôt péjorativement ou pour la disqualifier, on parle également d'artiste ou depoète à propos d'une personne étrange, marginale, oisive, rêveuse, qui fait n'importe quoi[17], de quelqu'un qui n'a pas le sens des réalités, des règles, et est parfois considéré comme rebelle ou fou[18] mais qui peut aussi à l'inverse être apprécié comme faisant preuve de génie.
En 1571[25], un fait marquant est le décret pris parCôme de Médicis exemptant les peintres et sculpteurs florentins d'appartenir à unecorporation. Cela est, huit ans après la fondation de l'Accademia del Disegno parGiorgio Vasari[26], un des prémices de la fin du système médiéval desguildes d'artistes et de leurs accès au rang d'hommes de science[27].
De même, trois personnages sont significatifs de la transformation du statut des artistes en occident, entre le Moyen Âge et la période contemporaine :Albrecht Dürer affirmant la « valeur ajoutée » qu'il apporte à l'œuvre, au-delà de la qualité des matériaux ;Nicolas Poussin, avec sacélébrité inédite, obligé de fuir ses commanditaires ; etPierre Paul Rubens pour l'importance prise par la vie sociale et intellectuelle, autour de l'artiste, désormais concurrente de l'œuvre elle-même[28].
La sociologueNathalie Heinich[33] propose plusieurs angles pour comprendre la place des artistes dans les sociétés modernes : « conditions de travail, statut juridique, encadrement institutionnel, position hiérarchique, catégorie d'appartenance, fortune, mode de vie, accès à la notoriété, critères d'excellence, représentation qu'eux-mêmes, et les autres, se font de leur position – et jusqu'à leur caractère ou leur aspect physique... ».
La France, par lecode général des impôts[34] et les organismes de sécurité sociale (La Maison des artistes etAGESSA), définit administrativement une ébauche de statut professionnel social et fiscal de l'artiste actuel. En date de 2012, en France, l'artiste est unindépendant[35] soumis à un régime social et fiscal original.
LeDictionnaire historique de la langue française publié sous la direction d'Alain Rey donne d'autres origines de ce mot au Moyen Âge, mais avec des significations différentes, qui pour certaines ne sont plus d'usage, comme « étudiant des arts libéraux à l'université ». Il a aussi été utilisé à la place d'artisan ou pour indiquer qu'un objet a été « fait avec habileté et méthode, avec art ».
Certains[45] constateront que le termeartiste « finira par équivaloir, dans lamodernité, à une sorte de titrenobiliaire », alors que les frontières délimitant le monde de l'art, dans les faits, sont fondées selon l'activité (art etmétiers d'art) ou l'implication de la personne (amateur ouprofessionnel), bien qu'une conception « vocationnelle » (doncindividualiste[46]) se soit imposée en France, par exemple.
L'Unesco a proposé une définition ouverte, déterminée par la conscience individuelle, dans saRecommandation relative à la condition de l'artiste (adoptée à Belgrade, le 27 octobre 1980[47]) :
« On entend parartiste toute personne qui crée ou participe par son interprétation à la création ou à la recréation d'œuvres d'art, qui considère sa création artistique comme un élément essentiel de sa vie, qui, ainsi, contribue au développement de l'art et de la culture, qui est reconnue ou cherche à être reconnue en tant qu'artiste, qu'elle soit liée ou non par une relation de travail ou d'association quelconque. »
Desesthéticiens, auteurs[48] d'un rapport académique sur ce thème, rappellent :
« Si par « être un artiste », on entend plutôt un statut, la question peut alors relever d’une approche objective, à la fois historique et sociologique. On sait bien que le statut de l'artiste a unehistoire, où se succèdent de grandes figures sans que jamais aucune ne soit entièrement abolie ou périmée par celles qui l'ont remplacée. [...] Cependant, le statut de l'artiste est toujours associé à unevaleur. Car soutenir que tel individu est un artiste, c'est afficher lareconnaissance publique de quelque chose dont le nom a varié au fil des époques et n'est jamais très sûr : aptitude, compétence, puissance, don... » C'est sur ce plan de la valeur queKant[49] a repris la vieille question dugénie[50], développée dans les oppositions de l’artiste et du savant, du talent et du cerveau, de la manière et de la méthode ; oppositions contestées presque terme à terme parValéry dans sonIntroduction à la méthode de Léonard de Vinci[51]. Enfin, il [paraît] difficile de passer sous silence la critique opérée parDubuffet, non seulement du génie unique, mais aussi de l'idéalisme créateur et du métier qui l'accompagne, en vertu duquel une œuvre résulte d'un plan intellectuel dont elle ne serait que la simple mise en application. Le théoricien italienLuigi Pareyson a finement montré que la création est le lieu sensible d'un débat dialectique[52] entre la « volonté de l'artiste » et la « volonté de l'œuvre », entre liberté et nécessité : « l'artiste est d'autant plus créateur qu'il est plus soumis à la volonté de l'œuvre » (Conversations sur l'esthétique[53]), attentif en somme à la résistance de la matière, comme à ses potentialités. »
« L'homme de génie se révélera toujours en dehors des écoles spéciales. Dans les sciences dont s'occupent ces écoles, le génie n'obéit qu'à ses propres lois, il ne se développe que par des circonstances sur lesquelles l'homme ne peut rien : ni l'État, ni la science de l'homme, l'anthropologie, ne les connaissent.Riquet,Perronet,Léonard de Vinci,Cachin,Palladio,Brunelleschi,Michel-Ange,Bramante,Vauban,Vicat tiennent leur génie de causes inobservées et préparatoires auxquelles nous donnons le nom de « hasard », le grand mot des sots[54]. »
« Bref, il s'agit de montrer comment s'est constitué historiquement le champ de production artistique qui, en tant que tel, produit la croyance dans la valeur de l'art et dans le pouvoir créateur de valeur de l'artiste. Et l'on aura ainsi fondé ce qui avait été posé au départ, au titre de postulat méthodologique, à savoir que le « sujet » de la production artistique et de son produit n'est pas l'artiste mais l'ensemble des agents qui ont partie liée avec l'art, qui sont intéressés par l'art, qui ont intérêt à l'art et à l'existence de l'art, qui vivent de l'art et pour l'art, producteurs d'œuvres considérées comme artistiques (grands ou petit, célèbres, c'est-à-dire célébrés, ou inconnus), critiques, collectionneurs, intermédiaires, conservateurs, historiens de l'art, etc. »
En conclusion de son chapitre sur lesProfessionnels intégrés, francs-tireurs, artistes populaires et naïfs,Howard Becker (p. 275) récapitule :
« Ce ne sont pas les différences de qualité qui séparent toutes ces sortes d'art. On trouve des œuvres plus ou moins intéressantes dans chaque catégorie. Mais nous considérons toujours les œuvres hétérodoxes (celles qui ne sont pas réalisées sous les auspices d'un monde de l'art) selon une esthétique qui émane d'un monde, probablement un monde de l'art, auquel nous participons. C'est cette esthétique qui nous permet d'opérer une sélection dans l'énorme production de toutes les personnes qui ne sont pas des professionnels intégrés, de reconnaître que quelques œuvres sont dignes d'intérêt et méritent de sortir de la marginalité. À un autre moment, les membres d'un autre monde de l'art feront une sélection différente, si tant est que les mécanismes de conservation permettent aux œuvres de survivre pour pouvoir être choisies (cf. Moulin[55], 1978, p. 244-247). »
Jean-Loïc Le Quellec[56] note (en référence à Richard Borshay Lee[57]) après saPetite histoire de la lecturechamanique de l’art préhistorique :
« Le réductionnisme biologique ne sachant voir dans l’art que le produit d’une alchimie cérébrale provoquée par la transe conduit à dénier aux artistes la possibilité d’une expression libre, originale, portant sur des thématiques variées et non inféodées à des lois neuropsychologiques universelles, contrairement à ce qui est généralement admis pour les autres cultures. »
Matt Crepinofsky, romancier russe, dans son ouvrageLa pendaison par l'amour, définit la notion d'artiste :
« Est artiste celui qui succombe aux charmes de la philanthropie. Seul le vrai philanthrope peut espérer plonger au cœur de la sensibilité artistique par l'amour qu'il porte à l'humanité. »
Trad. deLegend, Myth and Magic in the Image of the Artist : An Historical Experiment, New Haven, Londres, 1979 ; trad. basé surDie Legende vom Künstler : ein geschichtlicher Versuch, Vienne, 1934.
Trad. deThe modern system of the arts, dansJournal of the History of Ideas, 12 et 13, 1951 et 1952, p. 496-527 et 17-46 ; rééd. 1965 et 1980 ; nouv. éd. 1990.
Nathalie Heinich aborde ce sujet dans plusieurs ouvrages, dont :
L'Élite artiste. Excellence et singularité en régime démocratique, Paris, 2005(ISBN2-07-077492-9).
Être artiste : les transformations du statut des peintres et des sculpteurs, Paris, 1996 ; repr. 2005 (50 questions)(ISBN2-252-03532-3).
Ouvrage pratique et de synthèse, reprenant certaines conclusions de ses études précédentes :Du peintre à l'artiste : artisans et académiciens à l'âge classique, Paris, 1993(ISBN2-7073-1454-4) ;La gloire de Van Gogh : essai d'anthropologie de l'admiration, Paris, 1991(ISBN2-7073-1398-X) ;Le triple jeu de l'art contemporain. Sociologie des arts plastiques, Paris, 1998(ISBN2-7073-1623-7).
Camille Janssens,Devenir artiste professionnel, méthodes, modèles, contrats, bonnes pratiques pour vivre de son art, Ars vivens, 2e édition 2018(ISBN978-2-916613-46-8) (résumé).
Quelques autres approches consultées pour rédiger cet article
Morris Weitz,The Role of Theory in Aesthetics, dansJournal of Aesthetics and Art Criticism, 15-1, Philadelphia (PA), 1956,p. 27–35 (en ligne).
Xavier Desjeux,La Convention de Rome (10-26 octobre 1961) : Étude de la protection des artistes, interprètes ou exécutants, des producteurs de phonogrammes et des organismes de radiodiffusion, Paris, 1966.
Michèle Vessillier-Ressi,La condition d'artiste : regards sur l'art, l'argent et la société. Les écrivains, peintres, sculpteurs, graphistes, cinéastes, photographes, compositeurs... vus par eux-mêmes, Paris, 1997(ISBN2-84001-104-2) (extraits ;critique par Bernard Lahire).
Philippe Pujas, Jean Ungaro et Karelle Ménine,Une éducation artistique pour tous ?, Ramonville Saint-Agne, 1999(ISBN2-86586-701-3).
Marc Perrenoud,Partitions ordinaires. Trois clivages habituels de la sociologie de l’art questionnés par les pratiques musicales contemporaines, dansSociétés, 85 (2004-3), Louvain-la-Neuve, Paris, 2004,p. 25-34(ISBN2-8041-4591-3) (en ligne).
Sophie Lugon-Moulin,Naissance et mort de l’artiste. Recherche sur lesVies de Vasari [Thèse de Doctorat sous la dir. de Victor I. Stoichita et Pascal Griener], Fribourg, 2005 (texte en ligne).
Les peuples de l'art : actes du colloque de Nantes, novembre 2002, sous la dir. de Joëlle Deniot et Alain Pessin, Paris, 2006, 2 vol.(ISBN2-296-00228-5 et2-296-00229-3) (et un événementautour du colloque par Carole Launai).
Pierre Lauret et Olivier Schefer,Rapport sur l’épreuve écrite d'esthétique et sciences de l'art : Suffit-il, pour être artiste, de le vouloir ? et texte de Jean Dubuffet (L’homme du commun à l’ouvrage, Gallimard, Paris, 1973,p. 98-99), II. Éléments de réflexion sur le sujet, dansAgrégation arts, concours externe, option Arts plastiques : sessions 2006. Rapport, dir. Hélène Sorbe, Paris, 2006,p. 28-30 etbibliogr.p. 6 [Question au programme des sessions 2004-2005-2006 : « L’artiste »] (pdfen ligne).
Interviews [137 interviews d'artistes qui font la culture d'aujourd'hui : 1987-2007], dir. Christian Fevret et Pascal Bertin, Paris, novembre 2007 (Les Inrockuptibles. Hors-série collector)(ISSN0298-3788) (annonce).
Philippe Pataud Célérier,L’art (contemporain) de bâtir des fortunes avec du vent. Qui fixe la valeur d’une création ?, dansLe Monde diplomatique, Paris, août 2008,p. 22-23 (en ligne).
Jean-Michel Lucas[60],Repenser la place de l’art et de la création dans la société et auprès de la population [Séminaire aux Halles de Schaerbeek], Bruxelles, 2008 (en ligne).
Yves Michaud,Que font les artistes ? [Conférence du 5 février 2008 au Lycée Emile Duclaux, Aurillac], Paris, 2008, 70 min 39 s (Université de tous les savoirs au lycée) (en ligne).
Richard Ste-Marie,Qu'est-ce qu'un artiste ? La définition de l'« artiste » vue par différentes personnalités, émission de radio du 9 octobre 2005, Éd. Mémoire Vive (Québec).
↑cf.Françoise Bardon : « En vérité, l'art, qui est un faux concept, est ramené à l'objet et y inscrit une connotation idéaliste, parce que l'art devient l'objet séparé du travail qui l'a produit. » (Le concert champêtre. Vol. 1, Un défi à l'histoire de l'art, Paris, 1995,p. 168(ISBN2-911105-01-X)). Voir aussi Weitz, 1956,p. 30.
↑Voir Bourdieu, 1984,Anthropologie de l'art et Buscatto, 2008. Plus récemment,Richard Florida (The Rise of the Creative Class, 2002) propose de les considérer au sein d'uneclasse créative : « Le noyau de cette nouvelle classe est composé de scientifiques, d’ingénieurs, de professeurs d’université, de poètes, de romanciers, d’artistes, d’acteurs, de designers et d’architectes, d’avocats, etc. ». Cf. Julie Delporte,Villes créatives, dansQuartier libre, 13–6, Montréal, 16 novembre 2005 (en ligne).
↑Mais le débat est toujours d'actualité, voir par exemple chez Bernard Lafargue (L'artiste en artisans, dansFigures de l'Art 7, Pau, 2004(ISBN2-908930-87-0)) à propos des enjeux depuis leQuattrocento : « Plus encore qu'une lutte de savoir-faire, de canons, de recettes ou de dextérité, c'est une lutte de miroirs et de lumières. Une lutte théologique entre la Lumière qui vient de Dieu et la lumière qui vient de l'homme. Plus encore qu'une lutte des classes, c'est une lutte métaphysique entre des arts serviles qui relèvent de la main, de la matière et de la répétition machinale et des arts libres qui relèvent de l'esprit, des idées et de l'invention. » Et, plus bas, il interroge le rôle de l'artiste : « Qu'est ce qu'un artiste (nous) fait ? est une question philosophique cruciale. Elle a quatre entrées. La première relève de l'ontologie :qu'est-ce-qu'un objet d'art ? Question à laquelle on ne peut répondre qu'en se demandant :qu'est-ce-que l'art ? La seconde de l'anthropologie :qu'est-ce que vivre/créer/penser en artiste ? La troisième du politique :quelle place une culture peut-elle ou doit-elle donner à ses artistes ? La quatrième de la prospective :qu'est-ce-que l'art (nous) annonce ? »
↑Voir, pour avoir une idée de ce que cela recouvre, les pages d'homonymiesauteur etinterprétation.
↑SelonAgnès Rouveret, « Pour les Anciens, en effet, peinture et sculpture se rangent parmi les activités techniques, et rien ne les valorise par rapport aux autres pratiques artisanales. Elles sont des « arts » au sens classique du terme, c'est-à-dire un ensemble de règles et de recettes dont la mise en œuvre produit un résultat spécifique et déterminé au préalable. Le même mot detéchne s'applique aux arts plastiques, à la danse, à la musique comme à la médecine ou au dressage des chevaux. Il est probable que, en écrivant des traités sur leur art, les architectes, les peintres ou les sculpteurs ont cherché à s'élever au-dessus de cette condition commune, en essayant de constituer en véritable science leur savoir technique. La démarche est manifeste chezVitruve. Elle était déjà revendiquée par les peintres-savants duIVe siècle av. J.-C. :Euphranor d'Athènes, dont l'œuvre est au centre de l'opuscule dePlutarque,Sur la gloire des Athéniens, ou les artistes de l'école deSicyone. » (Critique d'art (Antiquité gréco-romaine), dansEncyclopædia Universalis). On peut élargir la question au statut de l'objet, ainsi « selonBelting, ce n'est qu'avec la Renaissance et la Réforme et, au fond, qu'avec l'essor des collections et la naissance de l'histoire de l'art comme genre littéraire [que les notions d'art ou d'œuvre d'art] prennent corps, envahissant le langage des contemporains et se substituant aux concepts et aux vocables qui s'étaient jusque-là imposés.Ce qui des siècles durant avait été désigné comme trace, empreinte ou réceptacle du sacré devient un objet artificiel, fait par l'homme pour son plaisir, et tirant précisément de cette origine sa dignité. Révolution radicale. Les mots de l'image sont bel et bien faits de main d'homme, résume l'historien. » (Olivier Christin, rencontre avecHans Belting,Un historien d'art sans frontières, dansLe Monde, Paris, 11 avril 2008 (texte payant en ligne).
↑« Pourquoi tous ceux qui furent exceptionnels en philosophie, en politique, en poésie ou dans les arts, étaient-ils de toute évidence mélancoliques, certains au point de contracter des maladies causées par labile noire, commeHéraclès dans les mythes héroïques ? Car lui-même semble avoir été mélancolique de nature, et c'est en référence à lui que les anciens appelaient "maladie sacrée" la maladie desépileptiques. » Aristote,Problème, XXX, I (trad. par Andrea L. Carbone et Benjamin Fau, Paris, 2004,p. 7 ; voir aussi l'éd. en grec et trad. latine de 1873). Cetouvrage, partiellement rédigé par Aristote, a été élaboré par l'École péripatéticienne puis complété au Moyen Âge.
↑Cf. Fabrice Roussel,Le concept de mélancolie chez Aristote, dansRevue d'histoire des sciences, 41,no 3-4, 1988,p. 299-330 (en ligne) ;Mélancolie : génie et folie en Occident [Catalogue de l'exposition], sous la dir de Jean Clair, Paris, 2005(ISBN2-07-011831-2).
↑cf.Nikolaus Pevsner,Les académies d'art, Paris, 1999 (1re éd. 1940),p. 59-64 et 225-231(ISBN2-85226-520-6) et Sylvie Deswarte-Rosa,"Idea" et le Temple de la Peinture. I. Michelangelo Buonarroti etFrancisco de Holanda, dansRevue de l'Art, 92, 1991,p. 20-41 (en ligne) : « Jusqu'à cette date [1571], ils étaient doncde jure des artisans, praticiens d'un art mécanique au même titre que les cordonniers ou les tisserands. À la différence des académies littéraires fondées pour « cultiver les lettres » ou pour « fuir l'oisiveté », et qui serviront par la suite à « diffuser » et à « contrôler » la langue, les Académies d'art reflètent le besoin réel et urgent de définition professionnelles et d'affirmation sociale. » (p. 34).
↑VoirPascal Brissette, « Poète malheureux, poète maudit, malédiction littéraire », dansCOnTEXTES, Varia, misen ligne le 12 mai 2008. Consulté le 16 décembre 2008.
↑Voir dans Roger Dadoun,Marcel Duchamp, le grand AnArt, 8 avril 2007 (en ligne) : « Un artiste aux œuvres déjà affirmées proclamant ainsi la mort (la mode aujourd'hui est de dire : la fin) de l'art – est-ce contradiction ? Non, c'est révolution. Et il ne s'agit pas seulement de la mort de l'art du temps, qui se débat ou se rabat dans un air du temps qu'empoisonnent, balayant les résistances de quelques « anartistes », lois du marché, idéologies bourgeoises, académismes d'arrière ou d'avant-garde, starification, etc. Duchamp annonce surtout la mort d'une conception de l'art qui, depuis des siècles, se voit parasitée et obnubilée par les religiosités, sacralités et autres cultes, alors même que l'objet de l'art est de saisir et de pénétrer l’essence de la réalité avec les seuls moyens humains, pour la reconnaissance, l'institution, la recréation permanentes de l'homme même – sans dieu ni maître ! »
↑Alain Badiou en conclut « C'est ça le but : faire de l'art chose commune, comme la directive deRimbaud. Ce n'est pas n'importe quoi est de l'art, ce n'est pas la métamorphose maisn'importe qui est un artiste. Il n'a cesse de dire lui-même qu'il a tout fait pour être méconnu, pour organiser le retard des choses. C'est une forme rationnelle de l'idée générique et ancienne d'un engloutissement de l'art par l'action ordinaire. » (voir la transcription par François Duvert deSur Duchamp [séminaire Ens], 9 mars 2007, Paris, texteen ligne).
↑Article 1460-2° du Code Général des Impôts et l'instruction du 30 décembre 1975, (6 E-7-75, § 91) : À propos de « [ceux] considérés comme artistes et ne vendant que le produit de leur art. » Voir l'irma, par exemple.
↑Camille Janssens,Devenir artiste professionnel, Ars vivens éditions, 2012.
↑« La vénération que j'y témoigne pour les arts qu'ils professent, leur fera voir que c'est uniquement par la crainte de répéter trop souvent la même chose, que je ne joins pas toujours au nom d'artisan le mot d'illustre ou quelqu'autre épithète convenable. » DansJean-Baptiste Dubos,Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Paris, 1719,p. 4 (Texte en ligne).
↑Par exemple le très court articleartiste, dans l'Encyclopédie, t. 1, dir. par Diderot et D’Alembert, Paris, 1751,p. 745. Mais l'articleart fait quatre pages, et aborde le sujet : « Rendons enfin aux Artistes la justice qui leur est due. LesArts libéraux se sont assez chantés eux-mêmes ; ils pourraient employer maintenant ce qu’ils ont de voix à célébrer lesArts mécaniques. C’est aux Arts libéraux à tirer lesArts mécaniques de l’avilissement où le préjugé les a tenus si long-temps ; c’est à la protection des rois à les garantir d’une indigence où ils languissent encore. Les Artisans se sont crus méprisables, parce qu’on les a méprisés ; apprenons-leur à mieux penser d’eux-mêmes : c’est le seul moyen d’en obtenir des productions plus parfaites. »,p. 717. Enfin,Lesystème figuré des connaissances humaines deJean d'Alembert est significatif de cette complexité. Voir aussi l'article plus important deClaude-Henri Watelet dans sonEncyclopédie Méthodique : beaux-arts, t. 1, Paris, Liège, 1788,p. 39-45.
↑Cf.Louis-Abel Fontenai de Bonafous, abbé deFontenay (1736-1806),Dictionnaire des artistes. Notice historique et raisonnée des architectes, peintres, graveurs, sculpteurs, musiciens, acteurs & danseurs ; imprimeurs, horlogers & méchaniciens, Paris, 1776 : repr. Genève, 1972.
↑Voir aussi son articleNotion générale de l’art, dansNouvelle Revue française, 266, Paris,1er novembre 1935, p. 683-693 (en ligne) ;Œuvres 1, Paris, 1957, p. 1404-1412 (Bibliothèque de la Pléiade).
↑Voir, à ce sujet, Bruno Péquignot,La question des œuvres en sociologie des arts et de la culture, Paris, 2007, p. 32(ISBN2296029337) (cité par Buscatto, 2008 :Compte-rendu) : « l’artiste n’existe pas avant l’œuvre, de même que l’œuvre n’existe pas avant l’artiste, la production de l’un est production de l’autre ».
↑Bibliothèque de la pléiade, t. IX, Paris, 1978, p. 804 (Wikisource).
↑Raymonde Moulin,La genèse de la rareté artistique, dansEthnologie française, t. 18, n° 2-3, 1978, p. 241-258 (tables).
↑Cf. Jean-Loïc Le Quellec,L’extension du domaine du chamanisme à l’art rupestre sud-africain, dansAfrique & histoire [Dossier : Chamanisme et art rupestre], 6, 2006/2 (en ligne).
↑VoirRichard Borshay Lee(en) etCorrelations Between the ‘Real’ and ‘Unreal’ in San Rock Art, dansRock Art : The Way Ahead [Proceedings of the South African Rock Art Research Association First International Rock Art Conference, 25-31 August, 1991, Cathedral Peak], dir. Shirley-Ann Pager, B. K. Swartz Jr. et A. R. Willcox, Parkhurst, 1991,p. 61-70 (Occasional SARARA Publication, 1).