Pour les articles homonymes, voirGiry.
Académicien Académie des inscriptions et belles-lettres | |
---|---|
à partir du | |
Archiviste Archives nationales | |
à partir de |
Naissance | |
---|---|
Décès | |
Sépulture | |
Nom de naissance | |
Nationalité | |
Formation | |
Activités |
A travaillé pour | École nationale des chartes(à partir de) ![]() |
---|---|
Chaires | |
Membre de | |
Arme | |
Conflit | |
Distinction |
Jean-Marie Joseph Arthur Giry, né le àTrévoux et mort le àParis6e, est undiplomatiste etpaléographefrançais.
Fils d’un receveur des contributions directes deJoigny, Giry entre, après des études classiques aulycée de Chartres[1], à l’École des chartes, où l’enseignement deJules Quicherat le porte à étudier l’histoire médiévale. Il suit parallèlement les cours de l’École des hautes études, dès sa fondation en 1868 et ceux de lafaculté de droit, où il obtiendra une licence en 1875.
Ses études ayant été interrompues par laguerre franco-allemande de 1870, il a fait la campagne de la deuxièmeArmée de la Loire, comme capitaine desGardes mobiles de l’Yonne[1]. Ayant obtenu le diplôme d’archiviste paléographe, il entre, en 1873, comme archiviste aux Archives nationales de Paris. Puis il est maitre de conférences à l’École pratique des hautes études, en 1877. En 1881, il est chargé de conférences à laFaculté des lettres de Paris. Le il est nommé, par décret, professeur de diplomatique à l’École nationale des chartes[2].
Giry commence ses recherches par l’étude des chartes municipales deSaint-Omer, sa thèse d’École des chartes ayant pour titre « Prolégomènes du cartulaire de l’église Notre-Dame de Saint-Omer » (1870). Il obtient rapidement un poste à l’École des hautes études (1874) puis est nommé directeur d’études : il publie alors son premier ouvrage d’importanceHistoire de la ville de Saint-Omer et de ses institutions jusqu’auXIVe siècle (1877). Il élargit alors son étude à d’autres villes, en suivant les pistes ouvertes parAugustin Thierry.
La consultation méthodique d’un très grand nombre d’archivescommunales etdépartementales lui permettent de renouveler l’étude des communautés urbaines dans la France médiévale : ses leçons de l’École des hautes études portent sur ce thème et il publie plusieurs livres, parmi lesquelsLes Établissements de Rouen (1883-1885),Étude sur les origines de la commune de Saint-Quentin (1887) ouSur les relations de la royauté avec les villes de France de 1180 à 1314 (recueil de documents, 1885).
Lesécoles historiques françaises etallemandes étaient alors en concurrence. Afin de n’être pas en reste, les études diplomatiques sont donc relancées enFrance, particulièrement à l’École des chartes où Arthur Giry devient l’assistant (1883) puis le successeur (1885) deLouis de Mas Latrie après avoir été secrétaire de l’École pendant sept ans (depuis 1878). Il devient ainsi le deuxième père de ladiplomatique, aprèsMabillon, publiant sonManuel de diplomatique (1894), encore utilisé aujourd’hui[α 1].
Il est élu à l'Académie des inscriptions et belles-lettres le. La même année, le, il est nommé chevalier de la Légion d’honneur[2].
Il entreprend aussitôt avec ses élèves l’édition des diplômes carolingiens pour lesMonumenta Germaniae Historica ainsi que des annales de l’époque, prenant lui-même en charge celles du règne deCharles le Chauve. Il meurt avant d’avoir fini ses dernières œuvres. S’intéressant également à l’archéologie, il étudie plus particulièrement les traités médiévaux parlant des procédés techniques en usage dans l’art et dans l’industrie. Il donne une nouvelle édition duDiversarum artium schedula deThéophile et passe tous ses samedis matin au laboratoire du chimiste Aimé Girard auConservatoire des arts et métiers. Les résultats sont utilisés parMarcellin Berthelot dans le premier volume de son ouvrageChimie au Moyen Âge (1894).
Participant actif à laCollection de textes relatifs à l’histoire du Moyen Âge, pour laquelle il écrit plus d’une centaine d’articles, il directeur de la section « histoire de France » deLa Grande Encyclopédie. Il rédige également plusieurs chapitres de l’Histoire générale deLavisse etRambaud.
Arthur Giry n’a jamais caché ses opinions politiques avancées. Ami dePaul Meyer ou deGabriel Monod, il collabore à la laïque et républicaineRevue historique. Franc-maçon, libre-penseur, il n’a cependant aucune activité politique. C’est un pur positiviste, radical, savant, érudit et athée, ce qui ne l’empêche pas d’adhérer à certaines entreprises telles que le Comité de défense des Arméniens ou le Comité pour la protection des indigènes.
Ses compétences de diplomatiste et de paléographe sont mises à profit lors de l’affaire Dreyfus : il est alors appelé comme expert aux côtés d’Émile etAuguste Molinier, dePaul Meyer ou dePaul Viollet.Émile Zola, lui demande, en 1898, d’expertiser le bordereau afin de déterminer s’il s’agit de l’écriture deDreyfus. Giry réagit devant les documents en cause comme devant une charte médiévale : il prévient Zola qu’il rendra ses conclusions publiques, qu’elles soient en faveur de Dreyfus ou non. Après étude, il conclut à l’innocence de Dreyfus et à la ressemblance des écritures du bordereau et d’Esterhazy. Dans une série d’articles parus dansle Siècle, il démontrera par la méthode la plus rigoureuse que la lettre lue parPellieux au procès Zola était un faux[3].
Il participe à la création de laLigue des droits de l’homme et fait partie du premier comité directeur. En 1899, il est de nouveau appelé à participer au procès en cassation (avec Charavay,Paul Meyer etAuguste Molinier), où il attribue formellement le bordereau à Esterhazy : la cour casse le verdict de 1894. Il participe encore au procès de Rennes la même année, où sa déposition a été un véritable modèle de critique pénétrante et lumineuse[3], mais meurt prématurément peu après de la fièvre typhoïde contractée à Rennes[4]. Son enterrement aucimetière du Montparnasse rassemble de très nombreuses personnalités dont Émile Zola,Joseph Reinach ouGeorges Clemenceau[5]. Le très catholiquePaul Viollet y lit un discours qui exalte l’humanisme du franc-maçon voltairien Giry. Ces obsèques constituent un hommage au dreyfusisme désintéressé et aux luttes menées dans le seul but de faire éclater la vérité[6].