Son analyse en douze volumes de l'essor et de la chute des civilisations,Étude de l'histoire (A Study of History), parue entre 1934 et 1961, est une synthèse de l'histoire mondiale, une « métahistoire » basée sur les rythmes universels de la croissance, de l'épanouissement et du déclin.
Toynbee a produit une théorie générale de l'histoire et de la civilisation. L'histoire comparée est son domaine de prédilection. La question se pose de savoir si Toynbee doit être rangé dans la catégorie des historiens ou des sociologues. Selon Robert Bierstedt, la question « n'est pas de savoir siA Study of History appartient à l'histoire ou à la sociologie mais seulement de savoir si c'est une bonne sociologie ou une mauvaise sociologie »[1]. Interrogé à ce sujet par Matthew Melko dans les années 1960, Toynbee se définissait lui-même comme un sociologue[2].
Il a travaillé auBritish Foreign Office pendant laPremière Guerre mondiale, et fut délégué à la Conférence de la paix de Paris en 1919. Avec son assistante de recherche, Veronica M. Boulter, qui fut aussi sa seconde femme, il était coéditeur du rapport annuel du RIIARevue des affaires internationales. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il a à nouveau travaillé auForeign Office et a participé aux pourparlers de paix après la guerre.
Il a été marié une première fois avecRosalind Murray(en), fille deGilbert Murray ; ils ont eu trois fils, dont Lawrence etPhilip Toynbee(en). Puis il a divorcé et s'est marié avec Veronica Boulter en 1946.
L'œuvre de réflexion de Toynbee sur la genèse des civilisations est inclassable. Son approche peut être comparée à celle deOswald Spengler dansLe Déclin de l'Occident. Il n'adhère pas cependant à lathéorie déterministe de Spengler selon laquelle les civilisations croissent et meurent selon un cycle naturel.
Toynbee présente l'histoire comme l'essor et la chute des civilisations plutôt que comme l'histoire d'État-nations ou degroupes ethniques. Il identifie les civilisations sur des critères culturels plutôt que nationaux. Ainsi, la « civilisation occidentale », qui comprend toutes les nations qui ont existé enEurope occidentale depuis la chute de l'Empire romain, est traitée comme un tout, et distinguée à la fois de la « civilisation orthodoxe » deRussie et desBalkans comme de lacivilisation gréco-romaine qui a précédé.
Une fois que les civilisations sont délimitées, Toynbee présente l'histoire de chacune d'entre elles en termes de défis et de réponses. Les civilisations surgissent en réponse à certains défis d'une extrême difficulté et alors que les « minorités créatrices » conçoivent des solutions pour réorienter la société entière.Défis et réponses peuvent être physiques. Ce fut, par exemple, le cas lorsque lesSumériens exploitèrent les marais insalubres du sud de l'Irak en organisant au Néolithique les habitants dans une société capable de mener à bout des projets d'irrigation de grande ampleur.Ils peuvent être sociaux, lorsque par exemple l'église catholique a résolu le chaos de l'Europe post-romaine en enrôlant les nouveaux royaumes germaniques dans une communauté religieuse unique. Quand une civilisation arrive à relever des défis, elle croît. Sinon elle décline.
« Les civilisations meurent par suicide, non par meurtre. »
La minorité dominante ne peut construire l’imposant appareil de l’État universel sans imposer son autorité et exiger la soumission : son action est donc basée sur la force et la répression. En conséquence d’une civilisation qui a cessé de séduire pour contraindre se forment deux types de prolétariats : un prolétariat intérieur constitué des sujets de la minorité dominante et un prolétariat extérieur constitué des peuples primitifs ou barbares sur lesquels la civilisation exerce un attrait. Toynbee souligne également le rôle essentiel de la religion dans la séparation des prolétariats : le prolétariat intérieur crée une religion supérieure, ou Église universelle, tandis que le prolétariat extérieur manifeste son nationalisme par l’intermédiaire de religions dérivées ou de l’hérésie. En fait, face à l’action coercitive de la minorité dominante, l’Église universelle représente l’échappatoire du prolétariat intérieur quand le prolétariat extérieur répond par la violence. Il en résulte un affrontement prolongé opposant l’État universel aux bandes de guerriers barbares.
Toynbee avait une grande admiration pourIbn Khaldoun et en particulier pour leMuqaddima, préface de l'histoire universelle de Khaldoun. Il admirait aussi énormément le prophète Baha'i,Baha'Ullah, tout en mettant en garde les Baha'is, tout comme John Charles Taylor, des dangers d'un fonctionnement sous la forme d'une organisation et non pas à titre individuel (« each individual has to place the plaques ») conformément au message du Prophète[citation nécessaire].
La théorie des cycles, point commun entreSpengler et les auteurs traditionalistes commeJulius Evola, est formellement critiquée par Toynbee, qui lui reproche son aspect mécanique et néo-déterministe. Pourtant, « ruse de la raison » dans le langage deHegel, il apparaît que la théorie des cycles resurgit dans la réflexion mythologisante et spiritualiste de Toynbee, en particulier par son adhésion à une vision platonicienne de cette genèse. La présence englobante de la théorie traditionnelle duYin et duYáng renforce cette ruse de l'esprit. Toynbee se refuse de la même façon à un chiffrage chronologique des trois périodes de la genèse d'une civilisation. Voir dans l'histoire l'incarnation de rythmes dictés par des principes métaphysiques qui qualifient le temps avant de le quantifier le rapproche ainsi malgré tout de la vision mécanique et donc déterministe dont il cherche pourtant à se distancier car dès lors qu'on admet dans le raisonnement des principes à la source de la succession des événements, il en découle naturellement que ces mêmes événements soient déterminés et déterminables à l'avance, la précision chronologique étant réduite à un détail technique finalement (c'est la fondation même de la vision cyclique du temps partagée par les astrologues et que l'on retrouve effectivement chez Platon, minutieusement décrite dans le Timée : "Dieu résolut donc de faire une image mobile de l'éternité ; et par la disposition qu'il mit entre toutes les parties de l'univers, il fit de l'éternité qui repose dans l'unité cette image éternelle, mais divisible, que nous appelons le temps.").
« La classification de Toynbee, très historique et faisant une large place aux grandes religions, agents de palingénésie, a pu être critiquée dans son esprit comme dans son détail, notamment quand elle aboutit à individualiser des civilisations "régionales" se réduisant à un peuple, mais elle fournit finalement une morphologie et une typologie méthodologique du phénomène des civilisations, et conduit à une rare vision de synthèse planétaire de la métamorphose des sociétés auxquelles beaucoup d'historiens rendent encore hommage. »
Certains critiques[Qui ?] reprochent à Toynbee l'importance qu'il attribue à la religion par rapport aux autres aspects de la vie lorsqu'il brosse le portrait des grandes civilisations. À cet égard, le débat rejoint celui, plus actuel, sur la théorie deSamuel Huntington sur le "choc des civilisations".
L'approche idéologique de Toynbee a été critiquée parPieter Geyl : « les spéculations métaphysiques sont érigées au rang d'histoire ». Toynbee engagea un dialogue public publié en 1949 (et réédité en 1968) :L'Empreinte du passé : pouvons nous la déterminer ?.
Karl Popper dansMisère de l'historicisme(1944) dénonce la vision historiciste, la méthode "scientiste" que Toynbee utilise dansA Study of History.
The World after the Peace Conference, Being an Epilogue to the “History of the Peace Conference of Paris” and a Prologue to the “Survey of International Affairs, 1920-1923”, Oxford University Press/Royal Institute of International Affairs, 1925[5]
The Conduct of British Empire Foreign Relations since the Peace Settlement, Oxford University Press/Royal Institute of International Affairs, 1928
A Journey to China, or Things Which Are Seen, Constable, 1931
(s/dir.)British Commonwealth Relations, Proceedings of the First Unofficial Conference at Toronto, 11-21 September 1933, préface deRobert L. Borden, Oxford University Press/Royal Institute of International Affairs/Canadian Institute of International Affairs, 1934
A Study of History[6], Oxford University Press, 1934 [tomes 1-3], 1939 [tomes 4-6], 1954 [tomes 7-10], 1959 [tome 11], 1961 [tome 12]
Tome I :Introduction. The Geneses of Civilizations
Tome II :The Geneses of Civilizations
Tome III :The Growths of Civilizations
Tome IV :The Breakdowns of Civilizations
Tome V :The Disintegrations of Civilizations
Tome VI :The Disintegrations of Civilizations (2e partie)
Tome VII :Universal States. Universal Churches
Tome VIII :Heroic Ages. Contacts between Civilizations in Space
Tome IX :Contacts between Civilizations in Time. Law and Freedom in History. The Prospects of the Western Civilization
Tome X :The Inspirations of Historians. A Note on Chronology
Tome XI :Historical Atlas and Gazetteer (avecEdward D. Myers, 1959)
Tome XII :Reconsiderations
(s/dir. avecJ. A. K. Thomson),Essays in Honour of Gilbert Murray, George Allen & Unwin, 1936
Democracy in the Atomic Age, Melbourne, Oxford University Press/Australian Institute of International Affairs, 1957 (tiré desDyason Lectures, 1956)
East to West: A Journey round the World, Oxford University Press, 1958
Hellenism: The History of a Civilization, Oxford University Press, 1959
A Study of History: Abridgement of Vols I-X in one volume, version abrégée par D. C. Somervell, nouvelle préface de Toynbee, Oxford University Press, 1960
BetweenOxus andJumna, Oxford University Press, 1961
America and the World Revolution, Oxford University Press, 1962 (tiré des conférences à l'université de Pennsylvanie, printemps 1961)
The Economy of the Western Hemisphere, Oxford University Press, 1962 (tiré des conférences à la Weatherhead Foundation/Université de Puerto Rico, février 1962)
The Present-Day Experiment in Western Civilization, Oxford University Press, 1962 (tiré des conférences du Beatty Memorial à McGill University, Montréal, 1961)
avecDaisaku Ikeda,Choose Life: A Dialogue, Oxford University Press, 1976.Choisis la vie – Un dialogue, Paris, 1981, Albin Michel ; puis Paris, 2009, L'Harmattan.
Richard L. Gage (s/dir.),The Toynbee-Ikeda Dialogue: Man Himself Must Choose, Oxford University Press, 1976
E. W. F. Tomlin (s/dir.),Arnold Toynbee: A Selection from His Works, Oxford University Press, 1978 (inluant des extraits deThe Greeks and Their Heritages)
The Greeks and Their Heritages, Oxford University Press, 1981
[collectif] art. "Greece", inThe Balkans: A History of Bulgaria, Serbia, Greece, Rumania, Turkey, Oxford, Clarendon Press, 1915
(s/dir.)The Treatment of Armenians in the Ottoman Empire, 1915-1916: Documents Presented to Viscount Grey of Fallodon byViscount Bryce, Hodder & Stoughton and His Majesty's Stationery Office, 1916
"The Non-Arab Territories of the Ottoman Empire since the Armistice of the 30th October, 1918" inH. W. V. Temperley (s/dir.),A History of the Peace Conference of Paris, vol. VI, Oxford University Press/British Institute of International Affairs, 1924)
Préface, traduction, édition
Greek Civilization and Character: The Self-Revelation of Ancient Greek Society, Dent, 1924
Greek Historical Thought from Homer to the Age of Heraclius, with two pieces newly translated by Gilbert Murray, Dent, 1924
Albert Vann Fowler (s/dir.),War and Civilization, Selections from A Study of History, New York, Oxford University Press, 1950
↑Cf. par exemple le séminaire sur le Cinéma du 14 au 23/03/82 :« Le milieu lance un défi à l’homme... ».
↑Note du bibliographe :Published on its own, but Toynbee writes that it was« originally written as an introduction to the Survey of International Affairs in 1920-1923, and was intended for publication as part of the same volume ».