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| Naissance | (65 ans) Roubaix (Nord,France) |
|---|---|
| Nationalité | Française |
| Profession | Réalisateur |
| Films notables | Comment je me suis disputé... (ma vie sexuelle) Esther Kahn Rois et Reine Un conte de Noël Trois souvenirs de ma jeunesse Roubaix, une lumière |
Arnaud Desplechin (/aʁ.node.plə.ʃɛ̃/[1]), né le àRoubaix, est uncinéastefrançais. Réalisateur de longs métrages associés au genre ducinéma d'auteur, il reçoit de nombreux prix cinématographiques liés à la catégorie « Art et Essai » dont leprix Louis-Delluc en 2004. Il obtient leCésar du meilleur réalisateur en2016 pourTrois Souvenirs de ma jeunesse.
Arnaud Desplechin est le fils de Robert Desplechin, représentant de commerce, et de Mado, mère au foyer devenue formatrice pour adultes[2],[3], habitantCroix près deRoubaix. Il a un frère,Fabrice Desplechin, diplomate, et acteur notamment dans plusieurs de ses films, et deux sœurs :Marie Desplechin, qui est romancière, etRaphaëlle Valbrune-Desplechin, scénariste[2]. Il a vécu avec la comédienneMarianne Denicourt au début desannées 1990.Uni ensuite pendant une décennie avec l'actriceHélène Fillières[réf. nécessaire], il est le compagnon deFlorence Seyvos avec laquelle il a un fils né en 2006[2].
Décidé à faire du cinéma depuis sa jeunesse[4], Arnaud Desplechin suit les cours de cinéma de l'Université Paris III (dont ceux deSerge Daney etPascal Kané) puis intègre en 1981 l'IDHEC (ancêtre deLa Fémis) à sa deuxième tentative[5], et en sort diplômé de la section « Réalisation et prises de vue » en 1984. Il rencontre à l'IDHEC plusieurs de ses futurs collaborateurs dontPascale Ferran,Noémie Lvovsky etÉric Rochant[4],[2]. Pendant cette période où Desplechin éprouve des difficultés à achever ses films de scolarité[5], il ne termine que deux courts métrages, inspirés de l'univers du romancier belgeJean Ray :Le Polichinelle et la Machine à coder en 1983 puisLe Couronnement du monde en 1984[6],[3]. Il découvre alors le travail d'un autre passionné de Jean Ray, le réalisateurAlain Resnais, dont Desplechin dira plus tard qu'il est « le cinéaste qui [l']a touché le plus violemment[6] » au cours de ses études.
Après son diplôme, Arnaud Desplechin travaille commedirecteur de la photographie surComme les doigts de la main (1984),French Lovers (1985) etPrésence féminine (1987) d'Éric Rochant, ainsi que surLa Photo (I fotografia) deNico Papatakis (1986) ; films dans lesquels il joue parfois de petits rôles[3]. Il participe aussi aux scénarios d’Un monde sans pitié (1989) d'Éric Rochant et dePetits Arrangements avec les morts (1994) dePascale Ferran[3].
En 1990, Arnaud Desplechin commence à travailler sur le moyen métrageLa Vie des morts. Le film réunit plusieurs acteurs qui lui resteront fidèles, parmi lesquelsMarianne Denicourt,Emmanuelle Devos,Emmanuel Salinger etThibault de Montalembert, et marque également la première collaboration entre Desplechin et le directeur de la photographieÉric Gautier. L'intrigue tourne autour d'une réunion de famille dans une maison de province, après la tentative de suicide de l'un des cousins.La Vie des morts est présenté pour la première fois auFestival Premiers plans d'Angers en, où il reçoit plusieurs prix[7], avant d'être sélectionné pour laSemaine de la critique auFestival de Cannes dérogeant ainsi de manière exceptionnelle à sa règle d'exclusivité[8]. Leprix Jean-Vigo du court métrage lui est décerné la même année.
La même année,Pascal Caucheteux crée sa sociétéWhy Not Productions, et financeLa Sentinelle, le premier projet de long métrage de Desplechin. Le film est coécrit avec Pascale Ferran, Emmanuel Salinger et Noémie Lvovsky. Le jeune cinéaste reprend une partie de l'équipe deLa Vie des morts, et collabore pour la première fois avecMathieu Amalric etLászló Szabó. Son frère Fabrice figure également dans la distribution. Le film, dont le thème rappelleMuriel, ou le Temps d'un retour de Resnais, traite des fantômes d'une guerre passée, ici laGuerre froide et les conflits européens. Le film est bien reçu par la critique et sélectionné dans les festivals. Il est notamment en compétition àCannes en 1992[9] et est nommé auxCésars pour le meilleur premier film, le meilleur scénario original et lemeilleur espoir masculin, que remporte Emmanuel Salinger, avant d'obtenir également leprix Michel-Simon 1993.
Fin 1994, Arnaud Desplechin démarre le tournage de son deuxième long métrage, coécrit avecEmmanuel Bourdieu,Comment je me suis disputé... (ma vie sexuelle). Mathieu Amalric interprète cette fois-ci l'alter ego de Desplechin, Paul Dédalus, un universitaire écartelé entre plusieurs femmes : Sylvia (Marianne Denicourt), Esther (Emmanuelle Devos), et Valérie (Jeanne Balibar). La sélection du film auFestival de Cannes, ses nominations aux Césars en 1996, son succès critique font de Desplechin un auteur important desannées 1990. Les critiques cinématographiques parlent alors de « génération Desplechin[9] » pour décrire le jeune cinéma français et la vague de nouveaux acteurs qu'il a révélés.
En 1997, Arnaud Desplechin est avecPascale Ferran, à l'initiative du Manifeste des 66 cinéastes appelant à ladésobéissance civile contre leslois Debré qui pénalisent l'hébergement d'étrangers en situation irrégulière.
En 2000, il coécrit avec Emmanuel Bourdieu un scénario adapté d'une nouvelle d'Arthur Symons.Esther Kahn est tourné en anglais et s'attache au passage à l'âge adulte d'une jeune fille anglaise issue d'une famille juive, à travers la découverte du théâtre et de l'amour. Le film semble un hommage à l'œuvre deFrançois Truffaut parce qu'il traite d'une éducation commeL'Enfant sauvage (1969), qu'il est tourné en anglais commeFahrenheit 451 (1966) etLes Deux Anglaises et le Continent (1971), mais aussi parce qu'il utilise des formes filmiques de laNouvelle Vague et plus particulièrement du cinéma de Truffaut comme les fermetures à l'iris ou les nappes de musique. Le film est également en compétition pour lapalme d'or, une troisième sélection pour Desplechin aufestival de Cannes[9].
Trois ans plus tard, Desplechin prépare un diptyque autour de l'adaptation deDans la compagnie des hommes d'Edward Bond avecNicolas Saada. Le premier film doit s'appelerRépétitions de « Dans la compagnie des hommes » et se composer principalement de vidéo tournée pendant les répétitions, et le second filmEn jouant « Dans la compagnie des hommes » et être composé d'images vidéo et d'images argentiques dans les proportions inverses du premier film. Entre la réalisation de chacun des deux films, Desplechin prévoit d'en tourner un troisième, alors titréRois sans arroi, reine sans arène[10]. Finalement, le tournage du troisième film est reporté à 2004, et Arnaud Desplechin termine successivement, après avoir présenté une version préliminaire de son travail aufestival de Cannes en 2003, les filmsLéo, en jouant « Dans la compagnie des hommes » qui est majoritairement en argentique, puisUnplugged, en jouant « Dans la compagnie des hommes » qui reprend les répétitions tournées enDV. DansLéo,Sami Bouajila interprète le personnage de Léonard Jurieu, fils adoptif d'un industriel, fabricant d'armes, joué parJean-Paul Roussillon, qui en décidant de s'affranchir de son père pour mener ses propres affaires va le ruiner. Desplechin mêle la trame d'Edward Bond avec celle deHamlet, en introduisant notamment dans l'histoire le personnage d'Ophélie, interprétée parAnna Mouglalis.Léo sort dans une seule salle, auCinéma du Panthéon à Paris, le, après avoir été diffusé surARTE la veille.Unplugged ne sera pas visible avant la sortie en DVD du film.
Cette même année, Desplechin achèveRois et Reine, coécrit avecRoger Bohbot. Le film trace deux récits, l'un burlesque et l'autre tragique, respectivement centrés sur un homme et une femme qui se sont aimés : Ismaël, un musicien excentrique et névrosé interprété par Mathieu Amalric — devenu son acteur fétiche etalter ego à l'écran[2],[11] —, et Nora, une bourgeoise ambitieuse, jouée par Emmanuelle Devos. Tandis qu'Ismaël se débat avec ses problèmes fiscaux dans un hôpital psychiatrique, Nora doit assister à la mort brutale de son père et l'aider à mourir, tout en se remémorant les circonstances éprouvantes du décès par balle de son premier mari. Le film marque aussi la deuxième collaboration de Desplechin avec Jean-Paul Roussillon,Hippolyte Girardot, et la première avecCatherine Deneuve, qui joue ici une psychiatre chargée du cas d'Ismaël. Le film est acclamé par la critique et connaît un important succès public.Rois et Reine reçoit plusieurs nominations et de nombreux prix, dont leprix Louis-Delluc en 2004, et leCésar du meilleur acteur pour Mathieu Amalric l'année suivante.
Desplechin est pris à partie à la sortie du film par l'actriceMarianne Denicourt qui l'accuse d'avoir utilisé des éléments de sa vie privée pour écrireRois et Reine[12]. En janvier 2005, elle publieMauvais génie, écrit en collaboration avec la journalisteJudith Perrignon, où elle décrit sa rencontre avec un réalisateur sans scrupules nommé Arnold Duplancher. Elle attaque finalement Desplechin en justice, pour atteinte à la vie privée, lui réclamant 200 000 euros de dommages-intérêts. Elle est déboutée le, mais n'est pas non plus condamnée en retour comme le demandait le producteur du film[13]. Le 29 août 2024,Marianne Denicourt revient sur cette affaire dans un entretien au magazineElle : « Avec ce film, Arnaud Desplechin a violé mon intimité[14]. »
Desplechin commence, en 2007, deux films ayant trait à la famille. Dans le premier,L'Aimée, Desplechin filme son père, son frère Fabrice et ses neveux dans la maison familiale de Roubaix à la veille de la vente de celle-ci ; ils évoquent le souvenir de la grand-mère d'Arnaud Desplechin, morte deux ans après la naissance de son père. C'est la deuxième incursion dans le documentaire du cinéaste après l'expérience autour deDans la compagnie des hommes. Le film est présenté à laMostra de Venise en, dans la section « Horizons documentaires », où il reçoit de laprovince autonome de Trente le prix du meilleur documentaire, avant de sortir le auCinéma du Panthéon.
Le second film,Un conte de Noël, reprend, en l'enrichissant, le canevas deLa Vie des morts, montrant une réunion de famille à Roubaix, autour de la mère, Junon (Catherine Deneuve), atteinte d'un cancer, que seule peut sauver une greffe de son fils Henri (Mathieu Amalric), « banni » de la famille des années plus tôt par sa sœur Elizabeth (Anne Consigny).Un conte de Noël est présenté en compétition au61e festival de Cannes, mais le réalisateur repart pour la quatrième fois sans distinction[9].
En septembre 2010, Arnaud Desplechin est membre du jury international du67e Festival de Venise sous la présidence du réalisateur américainQuentin Tarantino. Sont également jurés l'actriceIngeborga Dapkūnaitė, les réalisateurs et scénaristeGuillermo Arriaga,Luca Guadagnino etGabriele Salvatores, et le compositeurDanny Elfman.
En 2012, il tourne auxÉtats-Unis une adaptation dePsychothérapie d'un Indien des Plaines : réalités et rêve publiée par l'ethnopsychanalysteGeorges Devereux, en 1951[15], sous le titreJimmy P. (Psychothérapie d'un Indien des Plaines), avec, dans les rôles principaux,Mathieu Amalric etBenicio del Toro[16]. Le film est sélectionné en compétition officielle du66e festival de Cannes constituant ainsi la cinquième œuvre du réalisateur à concourir sur la Croisette[9].
En octobre 2013, Arnaud Desplechin prend position dans l'affaire Leonarda Dibrani en défendant la femme et les manifestations lycéennes qui la soutiennent et en dénonçant la décision du chef de l'ÉtatFrançois Hollande de ne pas remettre en cause l'expulsion de Leonarda dans une tribune publiée dans le quotidienLibération[17],[18].
En septembre 2014, Arnaud Desplechin commence le tournage deTrois souvenirs de ma jeunesse qui constitue, avec les mêmes personnages dans leur jeunesse, une « préquelle » àComment je me suis disputé... (ma vie sexuelle) sorti vingt ans auparavant. Le film est retenu dans la section de laQuinzaine des Réalisateurs lors duFestival de Cannes 2015. Dans le contexte de la sortie du film en mai 2015, il confie avoir vécu « en état d’apartheid » à Roubaix, sa ville de naissance, en précisant que dans son lycée « il y avait la cour avec les Algériens et la cour avec les Blancs »[19].
Durant l'été 2015, il se voit confier parÉric Ruf, directeur de laComédie-Française, l'ouverture de la saison de l'institution pour laquelle il choisit pour sa première réelle mise en scène – plusieurs de ses films étaient déjà consacrés à la fabrication de pièces de théâtre – la piècePère d'August Strindberg[20] qui reçoit un accueil très favorable de la critique dramatique.
En mai 2016, il est membre du jury des longs métrages lors du69e Festival de Cannes, présidé parGeorge Miller. Au même moment, il prépare son nouveau filmLes Fantômes d'Ismaël[21] dont le tournage débute durant l'été 2016. Le film fait, en mai 2017,l'ouverture du70e Festival de Cannes.
En août 2019, sortRoubaix, une lumière, avecRoschdy Zem,Léa Seydoux etSara Forestier, qui avait été présenté la même année en compétition lors duFestival de Cannes[22]. Le film obtient sept nominations auxCésar en 2020, dont celui du meilleur acteur décerné àRoschdy Zem. L’histoire marque les premiers pas du réalisateur dans le polar. Il s’est inspiré d'un documentaire relatant un fait divers de 2002 : le meurtre d'une personne âgée par un couple de femmes toxicomanes[23].

En, plusieurs affiches et spots publicitaires de prévention de sécurité routière qu'il a réalisés sont diffusés[24].
En 2021, Arnaud Desplechin décide de mettre en œuvre un projet ancien, vieux d'une quinzaine d'années[25], en adaptant le romanTromperie (1990) dePhilip Roth qui met en scène peu d'acteurs – dans un « magnifique dialogue amoureux » selon les mots du réalisateur. Au casting de ce long-métrage on retrouveDenis Podalydès,Léa Seydoux,Anouk Grinberg etEmmanuelle Devos.
En, son dernier film,Frère et Sœur, est sous le feu des projecteurs de la Croisette. Présenté en compétition officielle duFestival de Cannes, il narre l'histoire d'une relation conflictuelle entre un frère et une sœur qui approchent de la cinquantaine. Alice hait son frère, Louis, depuis plus de vingt ans, mais ils vont devoir renouer à l'occasion d'un événement tragique : un décès dans leur famille. La mort et les relations familiales sont une nouvelle fois au cœur de son film qui réunitMarion Cotillard,Melvil Poupaud,Patrick Timsit etGolshifteh Farahani[23].
Pour le retour surArte en 2022 de la série à succèsEn thérapie,Éric Toledano etOlivier Nakache font appel à quatre cinéastes différents pour réaliser les épisodes de chaque personnage dont Arnaud Desplechin qui réalise sept épisodes où il met en scène Lydia (interprétée parSuzanne Lindon), une jeune étudiante en architecture atteinte d’un cancer, qui refuse obstinément de se soigner[26].

Arnaud Desplechin a vu ses films sélectionnés dans de nombreuxfestivals de cinéma depuis le début de sa carrière. Tous ses films entreLa Vie des morts en1991 etLéo, en jouant « Dans la compagnie des hommes » en2003, ainsi queUn conte de Noël en2008 ont été présentés en compétition ou dans des sélections parallèles duFestival de Cannes.Rois et Reine etL'Aimée ont été présentés pour la première fois à laMostra de Venise. Il reçoit le césar du Meilleur réalisateur en 2016.
En tant que réalisateur, Arnaud Desplechin n'a pas obtenu d'énormes succès au box-office.Rois et Reine avec plus de 600 000 entrées est sa plus grosse audience.
| Film | Budget | France | Europe |
|---|---|---|---|
| La Sentinelle(1992) | NC | 186 019 entrées | Pas sorti |
| Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle)(1996) | 4 000 000 € | 251 929 entrées | 256 122 entrées |
| Esther Kahn(2000) | 10 600 000 € | 157 437 entrées | 170 585 entrées |
| Rois et Reine(2004) | 3 821 000 € | 646 962 entrées | 699 027 entrées |
| Un conte de Noël(2008) | 6 274 000 € | 548 033 entrées | 675 899 entrées |
| Jimmy P. (Psychothérapie d'un Indien des Plaines)(2013) | NC | 267 511 entrées | 291 553 entrées |
| Trois Souvenirs de ma jeunesse(2015) | 3 936 000 € | 233 732 entrées | 265 035 entrées |
| Les Fantômes d'Ismaël(2017) | 5 904 000 € | 384 034 entrées | 420 978 entrées |
| Roubaix, une lumière(2019) | NC | 378 173 entrées | 379 341 entrées |
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