L'Armée républicaine irlandaise provisoire (irlandais :Óglaigh na hÉireann ;anglais :Provisional Irish Republican Army,PIRA), devenue l'Armée républicaine irlandaise, est une organisation paramilitairerépublicaine irlandaise considérée comme terroriste par l'Irlande[2],[3] et le Royaume-Uni[4],[5], qui, de 1969 à 1997, a milité pour l'indépendance complète de l'Irlande du Nord vis-à-vis de la monarchie duRoyaume-Uni, et l'instauration d'un Étatrépublicainlibre etsouverain sur l'ensemble de l'île d'Irlande (Éire Nua,Nouvelle Irlande)[n 1].
Plus puissante organisation républicaine duconflit nord-irlandais (communément appeléThe Troubles en anglais), l'IRA provisoire est soupçonnée d'être responsable de la mort de 1 824 personnes entre juillet 1969 et, tandis que 275 membres du groupe trouvent la mort durant lesTroubles[6].
Scission de lafrange de la première IRA opposée auTraité anglo-irlandais, laProvisional Irish Republican Army se considère comme la seule héritière de l'insurrection républicaine de Pâques 1916[7]. L'appellation« provisoire » fait référence auProvisional Government of the Irish Republic (Gouvernement provisoire de la République irlandaise), utilisé par les insurgés dans leur proclamation de la République irlandaise[8]. Lors de laGeneral Army Convention de septembre 1970, l'organisation adopte le seul nom d'Irish Republican Army, mais le qualificatif de« provisional » et les surnoms associés continuent par la suite d'être utilisés pour désigner l'organisation et ses membres[7].
L'IRA provisoire se désigne par l'expressiongaéliqueÓglaigh na hÉireann (« les Soldats d'Irlande ») ou commeIrish Republican Army. Ils reçoivent différents surnoms :Provos,Provies… L'IRA officielle l'appelle au moment de la scission laProvisional Alliance (« Alliance provisoire »), l'accusant d'alliance avec le parti de droite dusud de l'île, leFianna Fáil[9]. L'IRA provisoire a reçu un temps le surnom dethe Pinhead en référence à leur utilisation d'une broche plutôt que d'un autocollant (préféré par les Officiels) pour arborer le« lys de Pâques », symbole de l'insurrection de 1916[10].
L'IRA provisoire est visée dès 1974 par la législation antiterroriste britannique (lePrevention of Terrorism Acts[18] puis leTerrorism Act 2000) et ainsi placée sur laliste officielle des organisations terroristes duRoyaume-Uni[19]. La condamnation maximum pour appartenance ou soutien à un groupe interdit est de 5 ans d'emprisonnement et d'une amende illimitée selon lePrevention of Terrorism Acts de 1974[20] et de 10 ans et une amende illimité selon leTerrorism Act 2000[21]. L'IRA provisoire est par ailleurs aussi considérée terroriste enIrlande, selon l'Unlawful Organisation (Suppression) Order 1939 enfrançais :« Ordre de dissolution d'une organisation illégale de 1939 »[22],[23],[24]. LeDépartement d'État des États-Unis désigne l'organisation comme« Group of Concern » (« groupe préoccupant »), sans l'inscrire sur saliste officielle des groupes terroristes, procédure sans effet légal[25].
Le à Andersonstown, une banlieue deBelfast, plusieurs partisans d'un réarmement de l'organisation se réunissent secrètement, tant des vétérans (Billy McKee,Joe Cahill,Leo Martin) que de nouveauxVolunteers (Séamus Twomey,Gerry Adams). Soutenu par la majorité des unités de l'IRA deBelfast, ce groupe pose un ultimatum le àCathal Goulding et au Quartier général de l'armée, accusés de trahison et sommés de démissionner[30]. À la mi-décembre, la Convention générale extraordinaire de l'armée, réunie dans un village d'Irlande et formée principalement de supporters deCathal Goulding, décide de mettre fin à l'abstentionnisme qui caractérise depuis ses débuts lemouvement républicain pour former unFront de libération national avec l'extrême gauche. Refusant ces motions,Seán MacStíofáin, Chef du renseignement de la brigade de Belfast, réunit une nouvelle convention à Belfast peu de temps après, rendant effective la scission. La nouvelle organisation prend le nom deProvisional Irish Republican Army et nomme Seán MacStíofáin comme Chef d'État-major, tandis que les partisans deCathal Goulding sont appelésOfficial Irish Republican Army (ouNational Liberation Front par moquerie)[31]. Le, l'Ard Fheis (nom gaélique du congrès du parti) duSinn Féin àDublin soutient à 154 voix contre 104 la ligne politique suivie par lesOfficials. Ses opposants forment leProvisional Sinn Féin, tandis que ses partisans se renommentOfficial Sinn Féin.Ruairí Ó Brádaigh devient président du Sinn Féin provisoire[29],[32].
Lors du premier Conseil de l'Armée, au début 1970, l'IRA provisoire se fixe trois objectifs : préparer la défense des ghettos catholiques, principalementnationalistes, pour l'été (saison des parades de l'Ordre d'Orange et desApprentice Boys of Derry), riposter en cas d'agression de l'Armée britannique contre les quartiers nationalistes et enfin, préparer une future offensive visant à mettre fin à la présence britannique en Irlande[34].
Pourtant, les relations entre laPIRA et l'Armée britannique, venue protéger les catholiques des risques depogroms, ne sont pas mauvaises au début de l'année 1970. Le retour des violences sectaires et policières au cours du printemps, et en particulier l'attitude des forces de l'ordre lors d'une émeute loyaliste à Ballymurphy pendant les commémorations de l'insurrection de Pâques, pousse la population catholique à demander l'aide de l'IRA provisoire pour sa protection[35]. Le, elle est ainsi appelée à la rescousse par les catholiques de Short Strand, un quartier deBelfast, pour protéger une église menacée par une émeute loyaliste. Cette première action de l'IRA provisoire, appeléebataille de Saint Matthew du nom de l'église, fait trois victimes, dont le premierVolunteer mort dans le conflit[n 3],[36].
Au printemps,David O'Connell est envoyé àNew York pour réactiver les réseaux de ladiaspora irlandaise. L'Irish Northern Aid Committee (NORAID) est ainsi fondé en avril 1970, officiellement pour soutenir la lutte politique des républicains, mais plus certainement pour financer l'achat d'armes[n 4]. Au cours de l'année 1970, l'IRA provisoire s'équipe de fusils, fusils d'assautFN Herstal etcarabines M1[37]. À partir du mois d'août, elle lance une campagne de sabotages économiques par des attentats à la bombe. Si elle hésite encore à s'attaquer à l'armée britannique, elle tue deux policiers de laRoyal Ulster Constabulary (RUC) le. Elle étend en outre son action à une activité de police dans la communauté catholique, tant contre la délinquance que contre la collaboration avec les Britanniques. En septembre,Seán MacStíofáin est réélu à la tête de l'organisation, tandis queTom Maguire, le dernier survivant du premierDáil Éireann qui lança laguerre d'indépendance irlandaise, apporte son soutien au Sinn Féin provisoire[38].
Le cessez-le-feu est rompu le mais les rencontres secrètes entre l'IRA provisoire et le gouvernement britannique continuent[54]. Le, c'est leBloody Friday : 22 bombes de l'IRA provisoire explosent à Belfast. Des avertissements sont donnés, mais, imprécis, ils sont inefficaces et les attentats font neuf morts. Dix jours plus tard, l'Armée britannique investit les zones sous contrôle de laPIRA lors de l'opération Motorman[55].
À la fin de l'année 1972, plusieurs arrestations touchent la direction du mouvement républicain :Máire Drumm,Seán MacStíofáin (remplacé au poste de Chef d'État-major par Ruairí Ó Brádaigh),Martin McGuinness[56],Joe Cahill,Séan Ó Brádaigh etRuairí Ó Brádaigh[57]. Malgré ces arrestations et les conflits entre l'aile conservatrice et l'aile gauche de l'IRA provisoire, l'organisation se procure de nouvelles armes : lance-roquettesRPG-7,mortiers, fusils[58].
À la suite de vagues d'arrestations fin 1972 et durant 1973, le Conseil de l'Armée choisit de transformer la structure du groupe pour le protéger de la répression et de l'infiltration. L'organisationparamilitaire en brigades est conservée mais des petites cellules de trois à quatre personnes, plus cloisonnées, sont créées. Ce changement se fait progressivement durant la seconde moitié des années 1970[59],[60],[61].Séamus Twomey devient chef d'état-major à la suite de l'arrestation deJoe Cahill, mais il est remplacé parÉamonn O'Doherty après sa propre arrestation en puis reprend le poste en 1974[62],[63].Dáithí Ó Conaill et Séamus Twomey entament une orientation vers la gauche tout en maintenant une activité armée[64].
La puissance militaire de l'organisation est améliorée avec des missilesSAM-7 et des détonateurs à télécommande[69], l'IRA provisoire tentant, depuis leBloody Friday, de limiter au maximum les victimes civiles[62] (les Britanniques brouillent en 1976 le signal de ces détonateurs, faisant exploser les bombes trop tôt[70]). Le,Joe Cahill est interpellé sur le bateauClaudia au large de l'Irlande. Le navire transporte 5 tonnes d'armes, munitions et explosifs en provenance deLibye[71]. En plus d'attentats à la bombe et d'attaques contre la police et l'armée en Irlande du Nord, laPIRA lance des opérations prouvant son soutien populaire : défilé en armes dansAndersonstown en, blocage des axes de circulation de Belfast le 9[69], grève dans le secteur de l'électricité àNewry en août 1974[72]… Dans le sud ducomté d'Armagh, l'IRA provisoire est particulièrement active (utilisant parfois le prête-nomSouth Armagh Republican Action Force)[73], au point qu'on le surnomme« République libre de South Armagh »[74]. Dans une optique de démoralisation, elle crée leBritish Deserters Group qui organise la fuite vers la Suède de déserteurs de l'armée britannique[75]. Alors qu'en Grande-Bretagne l'organisation est encore légale, le Conseil de l'Armée décide de viser Londres au début de l'année 1973. Si une première bombe explose le 8 mars[76], la campagne d'attentats (attentats des pubs de Birmingham,attentats des pubs de Guildford…) débute réellement en[77].
En 1974, plusieurs prisonniers responsables d'attentats à Londres entament une grève de la faim. Le 3 juin, l'un d'eux meurt à laprison de Parkhurst après avoir été nourri de force[72]. Le 31 octobre 1973,Séamus Twomey,Joe B. O'Hagan et Kevin Mallon s'échappent en hélicoptère de laprison de Mountjoy[78]. Des tunnels sont creusés par les prisonniers duMaze qui organisent de vastes filières d'évasion[79]. Avec la politique de criminalisation et la fin duSpecial Category Status le[80], des prisonniers républicains, principalement des membres de l'IRA provisoire, débutent laBlanket protest en refusant de porter l'uniforme des prisonniers de droit commun[81].
En décembre 1974, des membres du clergé protestant[n 5] rencontrent la direction de l'IRA provisoire, dontSéamus Twomey etDáithí Ó Conaill, pour tenter de les décider à mettre fin à sa campagne militaire. Le, l'organisation déclare un cessez-le-feu de 11 jours (étendu par la suite jusqu'au), proposant des pourparlers avec le gouvernement britannique. Des rencontres secrètes ont lieu entre des représentants du gouvernement et duProvisional Sinn Féin. L'IRA provisoire accepte une trêve bilatérale le 8[n 6] ou le 9[n 7] février[82],[83]. Durant les rencontres,Michael Oatley etJames Allan représentent les Britanniques,Ruairí Ó Brádaigh etBilly McKee le Conseil de l'Armée[84]. Des assassinats sectaires dès le mois d'avril troublent la trêve qui n'existe plus que de nom au mois de septembre[85]. Les rencontres entre laPIRA et les Britanniques cessent le[86].
LaBlanket protest s'intensifie dans lesH-Blocks (surnom des bâtiments de laprison du Maze, en forme de « H », construit pour recevoir les prisonniers paramilitaires après la fin duSpecial Category Status[87]), réunissant autour de 150 participants en 1977 et le double l'année suivante[88],[89]. En mars 1978, les prisonniers décident de déclencher une nouvelle action, une grève de la propreté, appeléeDirty protest[90]. En 1979, près de 500 prisonniers y participent. Après une premièregrève de la faim débutée le par des membres de l'IRA provisoire et de l'Irish National Liberation Army qui aboutit à un accord officieux entre leNorthern Ireland Office et laPIRA[91],une deuxième est lancée le parBobby Sands, un officier de l'organisation[92]. Le conflit des prisonniers républicains atteint avec elle une audience internationale, renforcée par l'intransigeance de laPremière ministre du Royaume-UniMargaret Thatcher[93]. Le, Bobby Sands est élu à laChambre des communes du Royaume-Uni et le 11 juin,Kieran Doherty est éluTeachta Dála, attestant du soutien populaire dont jouissent les prisonniers. Ils meurent tous deux avec neuf autres prisonniers pendant la grève de la faim[94]. Durant les sept mois de grève, 40 personnes (dont 5 civils) sont tuées par l'IRA provisoire[95]. Les officiers surveillants de prison deviennent des« cibles légitimes »[96].
Au milieu des années 1980, le trafic d'armes en provenance des États-Unis devient plus compliqué après la capture au large de l'Irlande duMarita Ann le. L'IRA provisoire se fournit désormais auprès du président libyenMouammar Kadhafi. En août 1985, leKula leur apporte sept tonnes d'armes et de munitions, dont 70 AK-47 et des pistoletsForjas Taurus. Deux mois plus tard, il ramène de Libye dix tonnes d'armes dont 100 AK-47 et 10 mitrailleuses. Son troisième voyage en juillet 1987 comprend 14 tonnes d'armes dont desmissiles surface-air. Le 27[n 6] ou le 30[n 8] octobre 1987, leEksund est intercepté en Bretagne par les Douanes françaises à son retour de Libye. Son chargement de 150 tonnes comprend 20 missilesSAM-7, 1 000 AK-47, des mitrailleuses lourdes, des mortiers, duSemtex, des grenades, etc.[97],[98]. Au moins jusqu'en 1982, l'Organisation de libération de la Palestine fournit des lance-roquettes à l'IRA provisoire[99].
Les Chefs d'État-major se succèdent.Séamus Twomey est arrêté le. Il est remplacé parGerry Adams[n 6],[n 9] ouBrian Keenan[n 8].Martin McGuinness est nommé à ce poste en 1978[n 6] ou 1979[n 8],[n 9]. En 1982,Ivor Bell le remplace pendant un an, puisKevin McKenna devient Chef d'État-major jusqu'en 1989, date à laquelleMartin McGuinness reprend la direction de l'organisation[n 9],[100],[109],[110]. À partir de 1981, les forces de sécurité britanniques « retournent » plusieurs membres de l'IRA provisoire. Appelés« supergrass » (« super-indicateur »), ils permettent des vagues d'arrestations dans le milieu républicain, comme celle d'Ivor Bell, Chef d'État-major, en 1983[111],[112].
Le 20 septembre 1986, la Convention générale de l'armée se réunit pour la première fois depuis celle fondatrice de l'organisation. Le 14 octobre, un communiqué annonce le maintien d'une politique de lutte armée mais surtout ouvre la voie à la fin de l'abstentionnisme qui caractérise pourtant le mouvement républicain depuis ses origines. LeArd-Fheis duSinn Féin le 2 novembre soutient cette transition vers l'électoralisme[113],[114]. À la fin des années 1980, leSocial Democratic and Labour Party, nationaliste modéré, tente de persuader leSinn Féin de désarmer l'IRA provisoire[115], tandis que leSecrétaire d'État pour l'Irlande du NordPeter Brooke envisage d'ouvrir des pourparlers avec elle si un cessez-le-feu est prononcé[116].
À la suite de rencontres secrètes débutées en entre l'IRA provisoire et le gouvernement britannique[123], l'organisation déclare un cessez-le-feu le 31 août 1994 pour minuit,« reconnaissant le potentiel de la situation actuelle et afin de renforcer le processus de paix démocratique »[n 10], débuté par laDowning Street Declaration, appelant à des négociations[124]. Néanmoins, sous le nom deDirect Action Against Drugs, laPIRA abat plusieurs trafiquants de drogue en 1995[125]. Dans les années 1990, elle mène plusieurs opérations de ce style, menaçant ainsi plusieurs trafiquants le 4 et[126] et tuantMartin Cahill[127].
L'IRA provisoire est peu satisfaite de l'absence d'avancée du processus de paix et déclare le 9 février 1996 à 17h30 reprendre ses opérations militaires« à contre-cœur »[n 11]. À 19h01 une bombe explose dans le quartier deCanary Wharf, à Londres[128]. Néanmoins, l'intensité des nouvelles attaques reste volontairement modérée pour ne pas gêner les progrès duSinn Féin[129]. En mai 1997, leLabour Party gagne les élections etTony Blair devient Premier ministre du Royaume-Uni. Il se déclare prêt à tenir des négociations avec les républicains si l'IRA provisoire met en place un cessez-le-feu. Le 19 juillet, l'organisation annonce un nouveau cessez-le-feu,« préparée à renforcer la recherche d'un accord de paix démocratique par de vrais et nettes négociations »[n 12],[130]. Au mois d'octobre, lors de la Convention générale de l'armée, réunie dans leComté de Donegal en Irlande, leQuartermaster General, la branche responsable de l'approvisionnement, demande la fin de ce cessez-le-feu[131]. En opposition avec la ligne générale de l'IRA provisoire, ses membres fondent dès l'automne une organisation paramilitaire dissidente, laReal Irish Republican Army[132].
Le 10 avril 1998, avec le soutien des principaux partis politiques nord-irlandais dont leSinn Féin, les Premiers ministres irlandais et britannique,Bertie Ahern etTony Blair, signent l'accord du Vendredi saint. Mettant en place les structures d'un nouveau système de gouvernement en Irlande du Nord[133] et largement accepté par les populations du Nord et du Sud[134], l'accord prévoit la libération des prisonniers paramilitaires et demande aux partis le soutenant« d'user de toute l'influence qu'ils peuvent avoir, pour achever le déclassement de toutes les armes paramilitaires dans deux ans »[n 13]. 20 jours après la signature de l'accord, l'IRA provisoire annonce que la décision de se désarmer lui appartient entièrement et refuse de rendre les armes[135].
Après son cessez-le-feu de février 1996, des membres de l'IRA provisoire sont suspectés d'être impliqués dans des assassinats de trafiquants de drogue[125] et de dissidents républicains opposés au processus de paix comme ceux de laReal Irish Republican Army[139].
La structure de l'IRA provisoire, à quelques détails près, est similaire à celle de l'Irish Republican Army, elle-même inspirée de celle de laBritish Army[145].
LaGeneral Army Convention (Convention générale de l'armée,GAC) est l'organe suprême de décision de l'IRA provisoire. Elle doit théoriquement siéger chaque année (il n'y a néanmoins pas de réunion entre 1970 et 1986). Le Conseil de l'armée prend les décisions lorsque laGAC ne siège pas[146],[147].
L'Exécutif de l'armée (Army Excutive) est l'organe décidant de la ligne politique directrice de l'IRA provisoire[33]. Ses membres, au nombre de 12[n 7],[147] ou 12 à 16[n 8] sont élus par un comité choisi par laGAC[n 8],[33] ou directement élus par laGAC[n 6],[n 7],[145],[147].
Il n'a aucun pouvoir de décision militaire, mais élit les membres du Conseil de l'armée, du Grand Quartier général et le Chef d'État-major[145],[33] ou seulement les membres du Conseil de l'armée[n 7],[148]. Il peut en outre ordonner la réunion d'uneExtraordinary Army Convention (Convention extraordinaire de l'armée)[149].
Le Conseil de l'armée (Army Council) est l'organe dirigeant les campagnes militaires de l'IRA provisoire[109]. Il est formé de 7 membres choisis par l'Exécutif de l'armée, 4 d'entre eux appartenant obligatoirement à l'Exécutif[33].
Selon Roger Faligot, le Président duSinn Féin et le Chef d'État-major (nommé par l'Exécutif) en font automatiquement partie[33]. Selon Richard English, le Chef d'État-major ne doit pas faire partie du Conseil de l'armée et est nommé par lui en même temps que les membres du Grand Quartier général[148].
Avec la création d'un Commandement nordiste à la fin de l'année 1976[109], son représentant fait partie du Conseil de l'armée[33].
Un Chef d'État-major (Chief of Staff) et son Grand Quartier général (General Headquarters) sont chargés du déroulement des opérations militaires et de l'entraînement desVolunteers[33].
Le Chef d'État-major est élu soit par l'Exécutif de l'armée[n 6],[145],[n 8],[33] soit par le Conseil de l'armée (il doit dans ce cas ne pas en faire partie)[n 7],[148].
Le Grand Quartier général est composé de six personnes, soit choisies par le Chef d'État-major[n 8],[33], soit par le Conseil de l'armée[n 7],[148] :Quartermaster-General (approvisionnement),Adjudant-General (adjoint du Chef d'État-major),Director of Finances (responsable des finances),Director of Training (entraînement),Director of Intelligence (renseignement),Director of Operations (direction des opérations militaires)[33].
L'organisation en elle-même a été dirigée par différents Chefs d'État-major. Les auteurs ne sont pas toujours d'accord sur les personnalités qui ont pu être à la tête de l'IRA provisoire.
Selon Roger Faligot,Joe B. O'Hagan aurait pris l'intérim pendant que Joe Cahill est en Libye en 1973[153]. Pour Peter Taylor,Ruairí Ó Brádaigh l'a déjà remplacé en. Il insiste de plus sur la rapidité du mandat.
Selon les forces de sécurité irlandaises. Il est décédé le 21 mars 2017.
Lors de la réorganisation de l'IRA provisoire dans la deuxième moitié des années 1970, la structure de commandement est complétée par deux organes : leNorthern Command (établi sur l'Irlande du Nord et lescomtés irlandais deLouth, deCavan, deMonaghan, deLeitrim et deDonegal) est responsable des opérations militaires tandis que leSouthern Command s'occupe de la logistique[148].
L'Irish Republican Army ayant vendu la plupart de ses armes à laFree Wales Army[162], les Provisoires n'en possèdent que quelques-unes, assez anciennes[163], et doivent constituer leur arsenal en en important illégalement. Dès décembre 1969, les réseaux de soutien que possèdent les républicains au sein de la communautéirlando-américaine sont activés. Le premier chargement est intercepté à l'aéroport de Dublin[163]. Le premier réseau d'approvisionnement en armes s'établit aux États-Unis au cours du printemps 1970 et les premières armes arrivent en Irlande du Nord durant l'été et l'automne[37]. Au début de l'année 1971, l'arsenal de laPIRA est constitué principalement de fusilsArmalite. Une équipe de 10 volunteers se charge de cacher les armes à New York dans le paquebotQueen Elizabeth 2 avant de les décharger àSouthampton, puis de les amener jusqu'à Belfast. Face à l'augmentation du volume d'armes transporté, ce moyen est abandonné en 1975 et l'importation d'armes passe sous le contrôle duGeneral Headquarters[164].
Durant les années 1970, les armes de l'IRA provisoire viennent principalement des États-Unis et de Libye[159]. En 1972, Seán MacStíofáin missionne leDirector of Supplies (Responsable de l'équipement) de trouver de nouvelles sources d'approvisionnement en armes auMoyen-Orient. LaRépublique arabe libyenne, dirigée parMouammar Kadhafi, y répond positivement, proposant desarmes lourdes, impossibles à obtenir aux États-Unis. Un premier chargement serait arrivé en Irlande au début du mois de novembre. Le 28 mars 1973, le bateauClaudia est intercepté par leIrish Naval Service avec à son bord 250 fusils, 240 armes de petits calibres ainsi que des mines antitanks et des explosifs, portant un coup dur à l'IRA provisoire selonJoe Cahill[165]. Au cours des années 1970, l'organisation tente d'obtenir des armes du reste du monde. Un de ses membres est capturé en essayant d'importer illégalement des armes de petit calibre depuis laRépublique socialiste tchécoslovaque.Euskadi ta Askatasuna lui fournit une cinquantaine de revolvers. Des lance-roquettesRPG-7 sont importés depuis une source européenne inconnue. Un chargement d'armes, dont des fusils mitrailleursBREN et des RPG-7, fournies par leFatah, est capturé en 1977 àAnvers[159].
LeJane's Information Group estime que le désarmement de l'IRA provisoire auprès de l'Independent International Commission on Decommissioning représente 1 000 fusils de toutes sortes, 20 à 30 mitrailleuses lourdes, 90 armes de poing, 7 missiles sol-air, 7 lance-flammes, 11 lance-roquettes, plus de 100 grenades, 2 tonnes de Semtex ainsi que 1 200 détonateurs[167]. Pour l'Independent Monitoring Commission, le 26 avril 2006, les possibles armes encore détenues par l'IRA provisoire ne seraient pas sous le contrôle du commandement de l'organisation, mais sous celle d'unités dissidentes[168].
L'effectif exact de l'IRA provisoire est, du fait de son aspect clandestin, difficile à estimer. Après sa scission avec l'Official Irish Republican Army, elle rassemblerait moins de 500 Volunteers[33]. En 1971, l'estimation de l'armée britannique donne entre 500 et 1 300 Volunteers,Roger Faligot considérant que l'organisation est alors composée de 2 500 membres actifs et 3 000 membres en réserve, ce qui constituerait son apogée en termes d'effectif[169]. Pour l'armée britannique, autour de 10 000 personnes sont impliquées avec laPIRA entre 1969 et 1972[170]. Après sa réorganisation de la fin des années 1970, elle ressemblerait entre 1 500 et 2 000 membres actifs autour d'un noyau dur de 200 membres, ainsi que 3 000 sympathisants[171]. Dans les années 1980, les estimations varient de quelques dizaines à quelques centaines de membres actifs, l'organe duSinn Féin,An Phoblacht, donnant en 1988 le chiffre d'une trentaine de membres actifs et autour de 500 en réserve[169],[172]. La majorité desvolunteers sont de confession catholique[173].
Au début des années 1970, le respect des traditions du républicanisme irlandais (lutte armée contre la présence britannique, abstentionnisme…) par l'IRA provisoire lui apporte un large soutien de la part de la population catholique, qui la voit comme sa principale protection contre les forces de sécurité britanniques et les loyalistes. Les exactions de laBritish Army, des mesures politiques perçues comme anti-catholiques ou anti-républicaines et les attaques des loyalistes favorisent le soutien de la population catholique à laPIRA[173]. Tandis qu'en 1973, 25 % des catholiques (principal support de l'IRA provisoire) considèrent que l'usage de la violence politique est légitime, en 1978, 35 % des protestants et 46 % des catholiques considèrent que l'IRA provisoire est patriotique et idéaliste. En 1998, 28 % des catholiques et 11 % des protestants éprouvaient de la sympathie pour la violence des groupes républicains[n 20],[174]. LeSinn Féin, considéré comme la branche politique de l'IRA provisoire, s'investissant à partir des années 1980 dans la politique électorale, obtient de bons succès électoraux. Il gagne principalement des voix au sein de la population catholique au détriment duSocial Democratic and Labour Party, parti modéré[171].
↑Son inaction est moquée, « IRA » servant alors à former« I Ran Away » (« Je me suis enfui »).
↑Néanmoins, l'IRA provisoire considère Michael Kane, mort dans l'explosion prématurée de sa propre bombe le 4 septembre 1970, comme« la première perte de la campagne ». VoirTaylor 1997,p. 86.
↑D'après George Harrison, un vétéran de l'IRA immigré aux États-Unis, les fonds destinés aux armes passaient par un réseau parallèle
↑« Recognizing the potential of the current situation and in order to enhance the democratic peace progress and underline our commitment to its success ».
↑« We want a permanent peace and therefore we are prepare to enhance the search for democratic peace settlement through real and inclusive negociations. »
↑« to use any influence they have, to achieve the decommissioning of all paramilitary arms within two years. »
↑« In that new context the IRA leadership will initiate a process that will completely and verifiably put IRA arms beyond use. »
↑« All Volunteers have been instructed to assist the development of purely political and democratic programmes through exclusively peaceful means. »
↑Mouammar Kadhafi a plusieurs fois émis des opinions antibritanniques et apporte tôt son soutien aux républicains irlandais. Ce soutien grandit après queMargaret Thatcher a accepté en avril 1986 que les avions deUnited States Air Force puissent se poser en Grande-Bretagne avant d'attaquer la Libye.
↑LeKula effectue trois voyages : en août 1985, en octobre 1985 et en juillet 1986. Les chargements comprennent des AK-47, des pistolets Taurus, des mitrailleuses et desmissiles surface-air.
↑LeVilla, deux fois plus grand que leKula, aborde l'Irlande en octobre 1986, avec à son bord 105 tonnes d'armes et de munitions.
↑Il est capturé le 27 octobre 1987 au large deRoscoff. Il transporte alors des missiles surface-air, des lance-roquettes RPG-7, du Semtex, des mortiers, des mitrailleuses et des grenades.
↑Ces chiffres sont néanmoins à pondérer, les partisans de la violence ayant tendance à reconnaitre une légitimité similaire à la leur à leurs adversaires.