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Arioviste est un roi germain installé enGaule et qui lutta contre les Romains lors des campagnes de conquête deJules César.
Il aurait été d'origineTriboque, ouSuève ou encoreMarcomanne. Mais dans tous les cas, son originegermaine est confirmé par le titreRex Germanorum que lui accordaCésar[1].
On connaît mal les débuts de la carrière d'Arioviste. Il a dû guerroyer en Germanie contre les autrescivitas voisines, avant de s'intéresser à la Gaule.
D'aprèsJules César, Arioviste était le commandant d'une coalitiongermanique desSuèves qui tenta de s'installer dans l'est de laGaule entre 75 et 58 av. J.C. Bien que Suève, il parlait le celtique, et portait un nom celtique.Ariovistos signifie :« qui voit au loin »[2]. Il peut être mis en relation avec la présence à ses côtés de prophétesses. Le monde romain ne lui était pas inconnu, puisqu'il se rendit à Rome. Il logea à cette occasion chez Marcus Mettius, un proche de César. Il était également en relation avec Metellus Celer, gouverneur de la Narbonnaise.Arioviste était polygame. Il a d'abord épousé une Suève au cours d'une expédition en Gaule, puis la sœur du roi desNoriques, sur leDanube. On ne possède aucun portrait, aucune description d'Arioviste. Ses traits de caractère peuvent se déduire de son comportement face à César.
LesSéquanes,peuple celtique installé dans le sud de l'Alsace et enFranche-Comté, décidèrent d'utiliser ces guerrierssuèves pour contrer leur adversaire principal : le puissant peuple desÉduens (peuple ami et allié desRomains). Entre 65 et 62 av. J.C. la coalition séquane-suève battit les Éduens qui perdirent une grande partie de leur cavalerie et durent laisser des otages chez les Séquanes. En récompense pour leur aide, les Séquanes durent laisser aux Suèves le sud de l'Alsace; eux-mêmes prirent aux Éduens les rives de la Saône, qui avaient été la source du conflit.
La défaite des Éduens ne pouvait laisser les Romains indifférents. Pour calmer les ardeurs d'Arioviste, César l'invita à Rome. Il le combla de cadeaux, le reconnut comme roi des Germains et lui donna le titre d'Ami du Peuple Romain. En fait, Arioviste a dû apprendre à Rome les visées de César sur la Gaule. Il fallait le devancer. Il fit donc passer à l'ouest du Rhin 120 000 Celtes de la vallée du Neckar. Les Séquanes et les Éduens se réconcilièrent et marchèrent contre Arioviste avec tous leurs alliés.
Au printemps60 avant notre ère, ils rencontrèrent lesSuèves à labataille de Magetobriga ouAdmagetobriga (dont l'emplacement précis n'est pas connu, certains érudits la situant versPontailler-sur-Saône/Heuilley-sur-Saône, auMons Arduus (Mont Ardoux), en Côte d'Or, aux limites des pays séquane, éduen et lingon)[3]. Les Germains infligèrent aux Gaulois une défaite extrêmement sévère (on estime l'effectif de chaque armée à environ 20 000 hommes). Arioviste exigea alors un second tiers du territoire des Séquanes, considérant désormais ce peuple comme un vassal. Il était question d'y implanter la tribu germanique des Harudes. Or, la ville principale des Séquanes, Besançon (Vesontio), se trouvait dans ce tiers. Le druide éduenDiviciacos se rendit en vain à Rome pour demander l'aide duSénat romain. En effet, Arioviste était également sur place et apaisait Rome.
Voulant ménager sa frontière septentrionale assez vulnérable (laprovince romaine deNarbonnaise commençant à la hauteur deGenève), Rome confia àCésar, à la fin de sonconsulat de l'année 59 av. J.C., la charge de proconsul pour les provinces de Gaule cisalpine, Illyrie… et puis deGaule transalpine. Contrairement à la règle qui stipulait que cette mandature ne devait pas excéder un an, César fut nommé proconsul pour cinq ans. Cette nomination conférait à César le commandement d'abord de quatrelégions. Il en recruta deux supplémentaires à ses frais.
L'année 58 a vu se dérouler deux campagnes, une contre les Helvètes, une autre contre Arioviste.
La première a été entreprise avec l'aval du Sénat, qui espérait éloigner César, jugé très ambitieux. Les Helvètes, qui avaient entrepris une migration vers l'ouest, furent battus à Bibracte puis ramenés dans les Alpes.
César, appelé pour protéger les peuples gaulois, entra ensuite en guerre contre Arioviste, faisant jouer la fibre anti-germanique, accentuant dans son récit de laGuerre des Gaules un danger pouvant toucher laGaule entière.
Après une rencontre houleuse avecCésar auquel il avait proposé une partition de suzeraineté en Gaule (le nord dominé par les Germains, le sud par Rome), rencontre qui eut lieu selon toute vraisemblance sur la colline du Gloeckelsberg surplomblant l'actuelleBlaesheim[4], Arioviste fut battu par les Romains le 14 septembre 58 av. J.-C., aux pieds des Vosges. Blessé, il aurait réussi à s'enfuir avec quelques compagnons d'armes, abandonnant ses femmes et ses filles aux Romains, et à passer le Rhin de justesse, poursuivi par la cavalerie de César, pour se réfugier enGermanie, où il mourut dans sa tribu en 54 av. J.-C.[5],[6].
Les sources de l'époque évoquent Arioviste et ses troupes en fuite vers le Rhin :
« Ils furent battus de façon éclatante, et César les poursuivit sur une distance de 400 stades (75 km) jusqu’au Rhin, remplissant cette zone avec leurs cadavres et leurs dépouilles. Arioviste (....) traversa le Rhin avec une petite troupe. »
— Plutarque,Vie de César, L. XIX ContreArioviste, Année 58
« Il fut longtemps poursuivi mais non rattrapé. Il put échapper à ses poursuivants dans une embarcation. Quant aux soldats qui l'avaient accompagné, les Romains en tuèrent une partie au moment où ils entraient dans le Rhin. Le reste fut reçu dans le fleuve et emporté par les eaux. »
— Dion Cassius,Histoire romaine, L. XXXVIII[7]
« Le combat fut ainsi rétabli, tous les ennemis prirent la fuite et ne s'arrêtèrent qu'après être parvenus au Rhin, à cinquante mille pas environ du champ de bataille ; quelques-uns, se fiant à leurs forces, essayèrent de le passer à la nage, d'autres se sauvèrent sur des barques. De ce nombre fut Arioviste qui, trouvant une nacelle attachée au rivage, s'échappa ainsi. Tous les autres furent taillés en pièces par notre cavalerie qui s'était mise à leur poursuite. Arioviste avait deux femmes, la première, Suève de nation, qu'il avait amenée avec lui de sa patrie, la seconde, native du Norique, sœur du roi Voccion et qu'il avait épousée dans la Gaule, quand son frère la lui eut envoyée ; toutes deux périrent dans la déroute. De leurs filles, l'une fut tuée et l'autre prise. »
— Jules César,Commentaires sur la Guerre des Gaules, Livre I, 53
La localisation précise de cette dernière bataille reste sujette à de nombreuses interprétations : la localisation généralement acceptée se situe au lieu-dit « Ochsenfeld », près deCernay, en Alsace ; une autre hypothèse situe le champ de bataille plus au nord, aux environs deBeblenheim ; une troisième la situe par recoupement des indications fournies par les sources de l'époque en Basse Alsace, entreEpfig, Saint-Pierre,Zellwiller etStotzheim[4], alors qu’une autre encore tient laFranche-Comté actuelle pour cadre du déroulement et non pas l'Alsace. Les textes sont incomplets et les fouilles archéologiques n'ont pu apporter de certitudes à ce jour.