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| Argonne | |
| Pays | |
|---|---|
| Région | Grand Est |
| Département | Ardennes,Marne,Meuse |
| Villes principales | Clermont-en-Argonne, Sainte-Menehould, Vouziers, Varennes-en-Argonne, Vienne-le-Château |
| Coordonnées | 49° 15′ nord, 5° est |
| Superficie approximative | 2 150 km2 |
| Relief | jusqu'à 350 mètres d'altitude |
| Régions naturelles voisines | Ardennes, Barrois, Champagne humide |
Localisation | |
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L'Argonne est unerégion naturelle de laFrance, qui chevauche lesdépartements de laMarne, desArdennes et de laMeuse, à l'est dubassin parisien. L'Argonne est une région deforêt et d'étangs. La principale localité de l'Argonne estSainte-Menehould.
Dans l'Antiquité, la région de l'Argonne s'est forgée une grande réputation pourses ateliers céramiques. Plus tard, dans l'histoire de France, elle est renommée grâce surtout à trois événements :
D'extension grossièrement nord-sud, l'Argonne se situe entre leMassif ardennais et lescrêtes préardennaises au nord, laChampagne humide et haute-vallée de l'Aisne à l'ouest, leBarrois de Bar-le-Duc et la vallée de l'Aire à l'est.
L'Argonne est desservie par lagare de Meuse TGV sur laligne à grande vitessede Paris à Strasbourg, par l'autoroute A4 (sorties deSainte-Menehould etClermont-en-Argonne) et par l'ancienne nationale 3. EntreChâlons-en-Champagne etVerdun, laligne ferroviaire classique est déclassée entre Baleycourt (ouest de Verdun) et Suippes.
Le cœur de l'Argonne, entre l'Aisne et l'Aire, bien qu'à proximité immédiate de la vallée de laMeuse, fait partie dubassin versant de laSeine.
L'Argonne présente un relief modéré, aux environs de 350 mètres pour les plus hauts sommets, avec un escarpement vers l'est. La topographie de l'Argonne forme un bastion naturel ponctué de cinq passages :Le Chesne,La Croix-aux-Bois,Grandpré,Le Claon etLes Islettes. Ce relief lui a valu de jouer un rôle stratégique important lors de nombreux conflits : notamment lecombat de La Croix-aux-Bois prélude de labataille de Valmy, laguerre franco-allemande de 1870 et laPremière Guerre mondiale.
La géologie de l'Argonne se caractérise par un relief decuesta développé par l'affleurement de lagaize (grèsglauconieux àspicules d'éponges cimenté par de l'opale) de l'étageAlbien (Crétacé).
L'emprise forestière de l'Argonne a évolué au cours de l'histoire.
Lesforêts domaniales d'Argonne résultenten partie dereboisements des années 1920 à titre deforêt de guerre[réf. souhaitée]. Ce sont notammentla forêt domaniale dela Croix-aux-Bois, la forêt domaniale d'Ariéthal et le site de la croix du Bayle[1] au-dessus deFléville, dans lesArdennes ; la forêt domaniale du Pont de l'Aune dans laMeuse ; la forêt domaniale de Haute Chevauchée[2] sur la commune deVienne-le-Château dans laMarne et sur les communes deBoureuilles etLachalade dans laMeuse ; la forêt domaniale deLachalade dans la Meuse ; la forêt domaniale du Mort-Homme au-dessus d'Esnes-en-Argonne ; la forêt domaniale du Grand Pays au-dessus desIslettes ; la forêt domaniale deChâtrices dans la Marne ; la forêt domaniale deBeaulieu dans la Meuse.
Lesateliers céramiques gallo-romains d'Argonne, notamment les fours deLavoye etAvocourt, produisent en masse de lacéramique sigillée auxIIe et IVe siècles. La région est connue également pour ses exportations de produitsverriers.
Les nécropolesmérovingiennes de la région qui reprennent parfois les emplacements de sites romains, montrent la possibilité d'une réoccupation voire d'une continuité d'occupation entre leBas-Empire romain et leHaut Moyen Âge[3].
AuMoyen Âge, le massif a connu les premiers défrichements, notamment autour desabbayes cisterciennes qui s'y implantèrent :Montiers-en-Argonne,Lachalade etChéhéry. Plusieurs villes neuves furent fondées pour attirer des nouvelles populations. L'initiative venait ducomte de Champagne ou ducomte de Bar :La Neuville-au-Pont,Florent-en-Argonne,Passavant-en-Argonne (pariage avec l'abbaye deChâtrices).
Longtemps, l'Argonne a été considérée, non comme une véritable entité, mais comme partagée entre les deux régions majeures que sont laChampagne et laLorraine.

En 1782, l'Encyclopédie méthodique de géographie moderne décrit l'Argonne comme suit :
« Contrée de France, qui s'étend en Champagne & dans le Barrois. Elle a environ 18 lieues de long sur une largeur fort inégale. Cette contrée n'est pour ainsi dire qu'une grande forêt, dans laquelle sont des vuides où l'on a bâti des villes & des villages. Les habitants en cultivent les environs avec le plus grand soin ; mais indépendamment de ce que la qualité du sol n'est pas bien bonne, les bêtes fauves dont le pays est rempli, les privent en grande partie du fruit de leur labeur. Le bétail leur réussit mieux, & le commerce des bois leur est encore une ressource. Sainte-Menehould est la capitale de cette contrée. »[4]
Durant laRévolution française, ce territoire proche des frontières est mis en exergue par lafuite de Louis XVI et son arrestation à Varennes en 1791, puis par labataille de Valmy en 1792 : c'est au célèbreMoulin de Valmy, le, que l'armée révolutionnaire sous les ordres deDumouriez etKellermann arrête l'invasion austro-prussienne, commandée par leduc de Brunswick.
Pendant laguerre franco-allemande de 1870, le centre et le sud argonnais sont investis par l'armée prussienne et ses alliés dès le 25 août. Le nord du massif argonnais passe sous contrôle allemand à l'issue de labataille de Beaumont le 30 août.
L'Argonne reste occupée en gage du paiement de l'indemnité de guerre due à l'Allemagne en application dutraité de Francfort. L'évacuation a finalement lieu en 1872 pour le département de laMarne et en 1873 pour les départements desArdennes et de la Meuse[5].
L'économie de la région auXVIIIe siècle et au début duXIXe siècle était d'essence locale. La présence de nombreux cours d'eau, de grandes forêts et de minerai de fer ont conduit à la construction de nombreux moulins et de petites forges au rayonnement local. Entre 1708 et 1880, de nombreusesfaïenceries ont existé en Argonne, la plus célèbre étant lafaïencerie des Islettes[6] (ou faïencerie du Bois d'Épense) située dans laMarne à la limite de laMeuse, à côté du bourg desIslettes[7].
AuXIXe siècle, la découverte des "coquins", nodules dephosphate de calcium ou "phosphate de chaux" selon la terminologie d'alors[8], va développer une petite industrie des engrais à partir du milieu du siècle (premier moulin en 1855) ; les anciennes installations de lavage du minerai de fer, en disparition, ainsi que des moulins vont être reconvertis pour le lavage et le concassage des coquins. L'activité se développe et pour envoyer l'engrais dans toute la France, les gares ferroviaires deSainte-Menehould, deRevigny-sur-Ornain, et deGrandpré qu'on agrandit, sont utilisées. L'activité durera plus d'un demi-siècle et s'éteindra progressivement à partir du début duXXe siècle face à la concurrence des nouvelles sources de phosphates. Le dernier moulin à coquins, situé àRarécourt, cessera son activité en 1947[9].

L'armée allemande s'installe dans le massif de l'Argonne dès l'automne 1914 après labataille de la Meuse fin août dans lesArdennes. Lescombats de Vaux-Marie, labataille de Revigny au sud et surtout labataille de la Marne plus à l'ouest, permettent à l'armée française de fixer le front dans le nord de l'Argonne sur la ligneServon -Varennes. L'Argonne reste ainsi l'un des accès à laplace fortifiée de Verdun, par laroute et lavoie ferrée. Labataille de Vauquois commence alors et durera jusqu'en 1918.
L'Argonne est le front oriental des batailles de Champagne notamment dedécembre 1914 à mars 1915 puis enseptembre-octobre 1915.
Pendant labataille de Verdun de 1916 etcelle de 1917, les points hauts en rive gauche de la Meuse tels que lacote 304 et leMort-Homme au nord d'Avocourt,Esnes etCumières, sont l'objet de combats meurtriers.
À l'automne 1918, l'armée américaine dugénéral Pershing passe à l'offensive en direction du nord entre Meuse et Argonne. Le front atteintVienne-le-Château,Varennes,Avocourt etEsnes dès le 26 septembre. L'armée américaine dépasse Vauquois et prend labutte de Montfaucon le lendemain puis s'attaque aux positions fortifiées entre le défilé deGrandpré sur l'Aisne etBrieulles-sur-Meuse. Elle s'empare de la ligne de crête au-dessus deRomagne-sous-Montfaucon le 14 octobre et franchit la Meuse àBrieulles début novembre[11]. Parallèlement, du 24 septembre à fin octobre 1918, les troupes françaises se chargent de l'offensive dans l'ouest du massif argonnais. Un détachement mixte français et américain opère entre l'Aisne etLa Harazée à la zone de contact entre les deux armées, l'information circule par les aviations française et américaine et, au sol, grâce à la cavalerie[12]. À la fin du mois d’octobre, l'offensive alliée est arrêtée au nord de l'Aire mais la progression se poursuit sur la rive gauche de l'Aisne et les troupes tchécoslovaques font une première percée au-delà deVouziers[12]. L'armée américaine atteint les faubourgs deSedan etMontmédy le 11 novembre lorsque l'armistice met fin aux combats. Les actes d'héroïsme les plus connus de l'offensive Meuse-Argonne sont le sauvetage dubataillon perdu dans les ravins de Charlevaux[13] au nord-est deBinarville et l'exploit dusergent York près deChatel-Chéhéry.
L'Argonne fait partie des lieux emblématiques du front ouest de la Première Guerre mondiale que l'association « Paysages et Sites de mémoire de la Grande Guerre » cherche à faire reconnaître par l'Unesco en vue d'une inscription collective aupatrimoine mondial[14]. Les nombreux cimetières militaires allemands, français et américains de la région témoignent des combats dans lesquels des milliers de soldats sont morts ; ce sont par exemple lanécropole nationale de Saint-Thomas-en-Argonne, le cimetière militaire allemand d'Apremont[15], lecimetière américain de Romagne-sous-Montfaucon et bien d'autres. Les zones de combat et les zones arrière les moins perturbées par les reforestations d'après-guerre se prêtent à des restaurations telles que celle du camp de la vallée Moreau[16] près deVienne-le-Château, ou à desfouilles archéologiques telles que celles réalisées par laDRAC Champagne-Ardennes en 2010 et 2011 sur l'emplacement du « Lager Borrieswalde » en forêt d'Argonne entreBinarville (Marne) etApremont (Ardennes)[17],[18]. De même, desprospections archéologiques américaines ont donné des résultats dans les ravins de Charlevaux sur les traces du bataillon perdu[13].
Aujourd'hui, ses structures d'accueil (gîtes ruraux, auberges, camping, etc.) permettent aux visiteurs recherchant le calme et la nature de passer un agréable séjour. Ses paysages vallonnés, ses forêts et son riche patrimoine desXVIe et XVIIe siècles (châteaux et abbayes) en font une région touristique attractive, mais insuffisamment mise en valeur.
Une des spécialités culinaires de l'Argonne est legâteau mollet, gâteau à pâte levée briochée cuit dans un moule à côtes. Le moule à gâteau mollet est plus trapu que son homologue àkouglof et la cheminée centrale est plus ample.
Le pied de cochon est aussi une spécialité culinaire de l'Argonne et plus particulièrement deSainte-Menehould où un restaurant en a fait une de ses spécialités.
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