L’ardoise, appelée parfoisphyllade, est uneroche métamorphique issue d'uneargile ayant subi unmétamorphisme généralfaible. Elle appartient à la famille desschistes, à l'intérieur de laquelle elle se distingue par sa résistance, la qualité de son grain (très fin et homogène), son aspect satiné et safissilité. Ces propriétés font qu'elle est surtout utilisée commematériau de couverture.
L'ardoise est d'unecouleur couramment gris très foncé, allant du gris neutre au gris bleuté. On dit aussi « gris ardoise » ou « bleu ardoise » :
██████ : Gris ardoise.
██████ : Bleu ardoise.
Il en existe d'autres couleurs dans le monde : de la bleu-vert voire mordorée et de la violette en Amérique du Sud.
Elle a un aspect lustré ou satiné en raison de la présence de petitsmicas blancs embryonnaires (variété appeléeséricite) issus de la transformation minéralogique des argiles en schistes ardoisiers[1].
L'ardoise est généralement une anciennepélite ayant étécompactée et très légèrement chauffée lors d'un début de métamorphisme. Dans ce contexte, elle acquiert uneschistosité ardoisière qui permet son débit par clivage naturel en feuillets fins. Ces plans de clivage (plans potentiels de rupture facile), serrés et francs, traduisent la petite taille moyenne du grain de la roche (quelques dizaines de microns) où dominent les minérauxphylliteux (argiles, micas) et sont responsables de lafissilité des matériaux ardoisiers[2].
Selon la nature et la géométrie de la structure plissée dans laquelle est inclus le schiste, le clivage ardoisier peut être une schistosité de flux, une pseudo-foliation ou unefoliation[Note 2].
Le schiste ardoisier« est riche en quartz (silice) et en minéraux argileux (silice et alumine[Note 3]), et doit être pauvre en calcaire et en sulfures de fer (pyrite). En effet, la calcite et la pyrite nuisent à la durabilité de l’ardoise et donc à sa qualité, car ce sont des minéraux aisémentaltérables. Leur altération peut engendrer des trous et réduire l’étanchéité de la toiture[4] ».
Le gisement le plus important en France se situait sur le territoire de la ville deTrélazé jouxtantAngers, enMaine-et-Loire. On y produisait entre 15 000 et 20 000 tonnes d'ardoise par an au sein de deux exploitations souterraines. Le 25 novembre 2013, faute de pierre exploitable, la direction des Ardoisières d'Angers annonça la fermeture des ardoisières. La société employait encore 153 salariés[9]. Malgré l'opposition des mineurs et d'une partie de la population locale, et l'étude de différentes options pour une reprise, le plan social est signé le 28 mars 2014[10].
Quelques données géochimiques sur l'ardoisière angevine
L'ardoise angevine s'est formée il y a 460 millions d'années, à l'ordovicien et est issue de la transformation d'argiles océaniques compactées, peu à peu métamorphisées en schiste très pur.
L'extraction peut s'effectuer à ciel ouvert ou bien de manière souterraine. Certaines régions,Corrèze etAnjou, ont vu les deux techniques coexister. Dans d'autres, comme dans lesArdennes, laSavoie, elle est ou fut exclusivement souterraine. Le principal facteur qui conditionne le mode d'extraction repose sur lependage de la veine.
Ensuite, les blocs sont découpés en blocs proches des formats d'ardoises à fabriquer, étape au cours de laquelle le fendeur veille à placer le longrain, qui correspond à la direction selon laquelle la roche a été plissée, dans le sens de la longueur de la future ardoise. Ensuite, vient l'étape du fendage qui consiste à diviser le bloc dans son épaisseur, en désolidarisant les feuillets de la roche. La dernière étape, la taille, consiste à donner à l'ardoise sa forme définitive.
« Utilisée dès le Paléolithique, il y a plus de 12 000 ans, comme élément de pavement des tentes ou comme support pour la réalisation de gravures, l’ardoise est largement employée comme matériau de construction à l’époque gallo-romaine. Après une éclipse au début du Moyen Âge, l’industrie de l’ardoise reprend vigueur avec l’expansion monastique desXIIe et XIIIe siècles[12]. »
Les régions traditionnelles de production sont aussi les régions où ce type de couverture est privilégié : il s'agit par exemple, en France de laBretagne, duMaine-et-Loire de laTouraine et desArdennes ainsi qu'en altitude dans les Pyrénées.
La durée de vie d'une ardoise est de 70 à 300 ans. La qualité du gisement, le type d'extraction (machine ou main) et bien sûr l'épaisseur, le type de pose (sur crochet ou cloutée), lepureau, ont une incidence sur cette durée. Il n'y a pratiquement pas d'entretien (démoussage) sur les ardoises. Pour les plus fiables, il faudra changer le support avant l'ardoise (changement de volige ou même de charpente). C'est pour cela qu'il y a un marché d'occasion pour les ardoises, et que lesmonuments historiques (leurs architectes et artisans spécialisés) préconisent en rénovation des ardoises à longue durée de vie.
Les ardoises de mauvaise qualité sont sujettes à la rouille. Ce défaut provient de la présence de minerai de fer (la forme la plus connue est celle de lapyrite, mais on rencontre également desgrenats, de lamagnétite) contenu dans certaines veines du gisement ou dispersée. C'est donc après l'extraction que les lots défectueux peuvent être mis de côté systématiquement par un test à l'acide. Le traitement des ardoises sur le toit est possible avec le passage d'un produit chimique (réaction acide-base)
En règle générale, l'ardoise est aujourd'hui moins utilisée, du fait de l'apparition de matériaux de construction synthétiques moins onéreux, dont certains imitant l'apparence de l'ardoise.
Les ardoises peuvent aussi servir de parement protecteur (ancienne gare àWuppertal).
Dans le domaine de la construction, l'ardoise ne se contente plus de couvrir les toits mais sert aussi de parement protecteur (bardage) et dedallage.
Elle sert aussi en revêtement extérieur : les pétales d'ardoise sont employées en aménagements paysagers, rocailles et l'ardoise concassée sous forme de paillettes est utilisée enpaillis comme couvre sol.
En outre, l'ardoise se sculpte et se grave. Des plaques commémoratives, ou funéraires, des plaques de rues ou décoratives sont réalisées par des artisans.
L'ardoise s'utilise en aménagement intérieur comme dallage, comme plan de travail (cuisine, salle de bains) ou plateaux rustiques[14], ainsi que pour des objets décoratifs ou utilitaires tels que les planches apéritives, sous-verres ou plaques murales, souvent personnalisés artisanalement ou par gravure laser.
Selon les enquêtes de l’UNICEM, en 2005, le chiffre d'affaires global des producteurs français est de 41 147 000 euros dont 20 383 000 euros à l'exportation, dans 39 entreprises ou sections d'entreprises.
La dernière grosse exploitation d'ardoise en activité en France ferme en mars 2014[15].
Toutefois, il existe encore aujourd’hui plusieurs petits producteurs régionaux comme les Ardoisières de Corrèze (19)[16],[8], Les Ardoises de Plevin (22), les Ardoisières du Neez (65), l’Ardoisière des Pyrénées (65) et l'Ardoisière des 7 Pieds (74).
↑Selon le degré de métamorphisme, l'ardoise présente des minéraux intermédiaires entre les argiles non-micacées et les micas, aussi est-il préférable d'utiliser le terme générique dephyllosilicates lorsque les critères de reconnaissance de ces minéraux sont peu évidents.
↑La schistosité de flux, très pénétrative, indépendante de la stratification, est caractérisé par une réorientation des minéraux phylliteux qui tendent à se disposer à plat perpendiculairement à la direction de contrainte maximale, ce qui détermine le longrain du schiste ardoisier (orientation générale de ses feuillets). Ce cas est celui de toutes les ardoises fines dont la schistosité tend à être parallèle aux plans axiaux des plis affectant la masse rocheuse, sa disposition par rapport aux strates variant en fonction de l'emplacement où l'on se trouve par rapport aux charnières des plis.« Une pseudo-foliation, schistosité coïncidant, du moins en première approximation, avec un litage stratigraphique planaire et très fin, par exemple millimétrique. Ce cas est celui de certaines ardoises rustiques. Une foliation, lorsque les faciès exploités présentent un degré de recristallisation déjà important (cas des lauzes)[3]. »
↑L'altération de ces minéraux explique la poudre obtenue en frottant le schiste ardoisier.
↑Pierre Cattelain (dir.),Au fil de l'ardoise... Au fil de l'eau, DIRE asbl,,p. 8.
↑PrudenceBoissière,Dictionnaire analogique de la langue française : répertoire complet des mots par les idées et des idées par les mots, Larousse,(lire en ligne).
↑Patrick de Wever,Le Petit Guide des roches et minéraux, First éditions,,p. 105.
Annie Remacle, « Les ardoisières de l’Ardenne belge. Intérêt biologique et état des lieux des sites en surface ». Région wallonne, direction générale des ressources naturelles et de l’environnement, division de la nature et des forêts, dansTravaux n° 30, 2007, 189 p.[(fr) texte intégral]