L’Ardenne est une région géographique debasse etmoyenne-montagne qui s'étend sur les territoiresbelge (wallon),français,luxembourgeois etallemand, située à l'est de laMeuse et de laSambre et limitée au sud par les plaines deLorraine et deChampagne. LeMassif ardennais est une ancienne chaîne de haute-montagne qui culminait à 8 000 mètres d'altitude[1], qui a été affectée par les plissements tectoniques calédoniens et varisques (aussi appelés plissements hercyniens). L'érosion ayant fait son travail durant plus de 300 millions d'années, le massif culmine aujourd'hui à 694 mètres au niveau dusignal de Botrange.
Arduenna est le nom, probablement d’origineceltique, d’une forêt située sur et aux abords du massif de l’Ardenne (ainsi que de la déesse celte de la faune et de la forêt,Arduinna), citée parJules César etStrabon[2]. Certains auteurs modernes défendent la couleur noire comme signification (du celtique Ar'Den qui signifie « la sombre »). Désormais, on applique les noms Ardenne(s) et Ardennais dans les dénominations de territoires naturels ou administratifs qui se situent sur le vieux massif forestier, traversé par la Meuse. Il est parfois difficile de reconnaître les limites de ces territoires, d’autant que les nombreuses tentatives d’appropriation de ce nom entretiennent une certaine confusion.
Tous pays confondus, le terme « Ardenne » est aujourd'hui généralement employé pour désigner l'ensemble des territoires français, belges, luxembourgeois et allemands couvrant l'espace occupé par l'ancien massif ; une marque touristique du même nom, créée entre les territoires français, belges et luxembourgeois, en témoigne. Par ailleurs, l'emploi des termes « les Ardennes » ou « les Ardennes françaises » renvoie à la partie française (qui est à distinguer du département desArdennes, découpage administratif datant de la Révolution française. L'ancien massif forestier ne couvrait que le nord du territoire de ce département). L'expression « Ardenne » peut aussi, en Belgique, être employée pour désigner la partie belge de ces territoires naturels, là où en France, on désignera ces mêmes espaces belges par les expressions « l'Ardenne belge » ou « les Ardennes belges ». Par abus de langage et par voisinage frontalier, l'expression « les Ardennes » peut parfois, si le contexte prévient de toute confusion, faire référence non pas aux Ardennes administratives françaises, mais à l'ensemble de la région franco-belge[3],[2].
L'Ardenne porte différents noms selon les différentes langues parlées sur son territoire.
Pour les langues romanes : Årdene enwallon, au singulier[3], Ardenes enchampenois.
LaSemois (affluent de laMeuse), près deBouillon.Revin est divisée en trois parties par les « boucles » de la Meuse.
L’Ardenne est un lieu où de nombreuses rivières prennent leur source, comme laLesse, l’Ourthe, l’Amblève, laSûre, laSalm, etc.
La région est bordée par un seul fleuve important, laMeuse, sur son flanc ouest. Cependant d'autres cours d'eau importants délimitent ses frontières avec la région de l'Eifel comme laMoselle et leRhin.
Outre le relief, le massif forestier contribue également à ce climat tempéré. Cette vaste couverture forestière capte une grande partie du rayonnement solaire, empêchant l'augmentation de la température du sol. L'air s'échauffe moins vite qu'ailleurs. Le phénomène inverse existe aussi : la nuit, les arbres empêchent la radiation nocturne, ce qui entraîne une forte diminution des températures.
La Meuse dans le Massif ardennais à Laifour - France.
Le sous-sol de l'Ardenne est composé de pierreschisteuse de couleur foncée, cette caractéristique géologique permet de distinguer l’Ardenne proprement dite des régions voisines (laGaume au sud, leCondroz au nord)[11].
« Kreuz im Venn »/« Roche à la Croix ». Hautes Fagnes.
Durant leMagdalénien, des groupes humains exploitent le gibier abondant de la région, au moins l'été. Une quinzaine de sites ont été identifiés sur le massif ardennais, presque tous à l'entrée de grottes, dans des parties calcaires, au fond des vallées de la Lesse et de la Meuse, mais aussi au bord du massif schisteux, àRoc la Tour[12]. Les premiers habitants sont appelés par certains auteurs les Ardenniens[12],[13]. Mais la croissance de la population dans ce territoire y fut lente. En effet, le climat de l’Ardenne est plus froid que celui des régions avoisinantes. Les rivières n’y sont pas navigables, à quelques exceptions, dont laMeuse. Le relief rend les déplacements plus difficiles qu’ailleurs. Lesterres agricoles produisent peu et, de plus, le territoire est parsemé de landes appeléesfagnes où rien ne pousse hormis lasphaigne., les premiers habitants de la contrée subissent des vagues d'envahisseurs venus de l'Est, en particulier des Celtes. Le centre des hauts plateaux schisteux de l’Ardenne est plus densément occupé vers 480/470 avant notre ère par ces Celtes[13].
Lechâteau de Bouillon mentionné pour la première fois en 988 est vendu en 1082 par Godefroid de Bouillon à Otbert, évêque de Liège, pour financer la première croisade.
L'évêque de Tongres Lambert de Maastricht (né vers 636 et mort vers 705) finit l'œuvre d'évangélisation de l'Ardenne. Avant l'an 700, un groupe de clercs réguliers s’établit à Ambra (Andain ouAndage[16]) et fondent l'abbaye de Saint-Hubert. Cette abbaye de Saint-Hubert commecelle de Stavelot deviennent des centres culturels importants[13].
Trois évêchés se partageant l'Ardenne, Liège (siège épiscopal ayant succédé à Tongres), Trèves et Reims[13]. Les carolingiens font de la forêt d'Ardenne un territoire de chasse de prédilection. Cetteforêt d'Ardenne couvre alors une vaste étendue de territoire depuis laVesdre au nord jusqu'à la Meuse à l'ouest, laChiers et la Moselle, ou tout au moins l'Alzette et laSûre au sud. Lepagus Ardennensis englobe primitivement tout ce territoire, c'est-à-dire l'Ardenne proprement dite, ainsi que leCondroz, laFamenne, une partie duLuihgau, de laWoëvre et peut-être de l'Eifelgau[17].
Mais l'insécurité de l'époque fait émerger progressivement des structures féodales[13]. Dès 839, uncomté d'étendue beaucoup plus restreinte est créé. Vers le sud, il ne dépasse pas les limites dudiocèse de Liège : c'est lecomté d'Ardenne, qui se divise rapidement[18]. Quelques grands domaines féodaux s'imposent toutefois dans la durée, comme le duché du Luxembourg, la principauté de Liège et celle de Stavelot, et le comté de Rethel[13]. En 1082, le château de Bouillon est hérité parGodefroy de Bouillon, duc de Lothier, qui le vend au prince-évêque de Liège pour financer sa participation dans la première croisade[19]. La seigneurie de Bouillon va être élevé auXVe siècle enduché de Bouillon. Ce duché fait partie duSaint-Empire romain germanique, mais devient la propriété de la même famille, laMaison de La Marck, qui possède la seigneurie de Sedan, placée, elle, sous la protection du roi de France, et qui deviendra aussi uneprincipauté[20].
Pendant lesguerres de Religion, de nombreux protestants sont accueillis dans laPrincipauté de Sedan, intellectuels,avocats, artisans, ils sont la source de la prospérité de cette ville. L'académie de Sedan attire professeurs et élèves. Mais la principauté de Sedan est annexée par le roi de France en 1642, à la suite des conspirations du prince de Sedan[21].
LaGuerre franco-allemande de 1870 touche durement la partie française de l'Ardenne, notammentSedan, mais ne concerne pas les parties belges ou luxembourgeoises[13].
Par contre, laPremière Guerre mondiale touche toute l'Ardenne. C'est le territoire des premiers combats (notamment de laBataille des Frontières, avec des impacts pour les populations civiles). Puis l'Ardenne est occupée pendant une grande partie du conflit par les forces allemandes. Les populations manquent de ravitaillement et souffrent d'exactions[13].
Un épisode important de la fin de laSeconde Guerre mondiale concerne aussi l'Ardenne. Labataille des Ardennes est l'appellation donnée à l'ensemble des opérations militaires qui se sont déroulées dans cette région de Belgique et dans le nord duGrand-Duché de Luxembourg pendant l'hiver 1944-1945. La bataille commence le par une attaque surpriseallemande à laquelle on a donné le nom d'« offensivevon Rundstedt ». Les Allemands l'appellent« opérationWacht am Rhein » et lesAnglo-Américains l'appellent« Battle of the Bulge » (« Bataille du Saillant ») vu la forme de coin que la ligne de front avait prise lorsque la pénétration allemande fut arrêtée. La bataille des Ardennes se termine fin janvier 1945 après le refoulement des Allemands au-delà de leur ligne de départ[13].
↑ Strabon,Géographie, III, 5 :Le pays desMorins, desAtrébatiens et desÉburons offre le même aspect que celui desMénapes, l'aspect d'une forêt, mais d'une forêt d'arbres très peu élevés, qui, tout en présentant une superficie considérable, n'a pourtant que les 4000 stades d'étendue que les historiens lui donnent. On désigne cette forêt sous le nom d'Arduenne.
↑Émile Poumon,Abbaye de Belgique, Office de publicité, S.A, éditeurs, Bruxelles, 1954,p. 105-106.