Le nom originel de laplace faisait référence auxvoies convergeant vers son centre.
L'Arc de Triomphe s'élève au centre de laplace Charles-de-Gaulle (anciennement place de l'Étoile) dans les8e,16e, et17earrondissements de Paris[1]. Il est situé dans l'axe et à l'extrémité ouest de l'avenue des Champs-Élysées, à 2,2 kilomètres de laplace de la Concorde. C'est untétrapyle haut de 49,54 mètres, large de 44,82 mètres et profond de 22,21 mètres, géré par lecentre des monuments nationaux[2]. La hauteur de la grande voûte est de 29,19 mètres et sa largeur de 14,62 mètres. La petite voûte mesure 18,68 mètres de haut et 8,44 mètres de large. Le monument pèse 50 000 tonnes — en fait 100 000 tonnes, en prenant en compte les fondations qui s'enfoncent à 8,37 mètres de profondeur. Le coût total de la construction a été de 9 651 116 francs[3].
NapoléonIer, au lendemain de labataille d'Austerlitz, déclare aux soldats français :« Vous ne rentrerez dans vos foyers que sous des arcs de triomphe. » L'Empereur s'est référé aux arcs de triomphe érigés sous l'Empire romain afin de commémorer un général vainqueur défilant à la tête de ses troupes[4].
Par un décret impérial daté du, il ordonne la construction de cet arc de triomphe consacré à perpétuer le souvenir des victoires des armées françaises[5]. Son projet initial est d'ériger le monument« à l'entrée des boulevards, près du lieu où était la Bastille, de manière qu'en entrant dans le faubourg Saint-Antoine on passe sous cet arc de triomphe ». Il veut ainsi en faire le point de départ d'une avenue triomphale traversant notamment leLouvre et laplace de la Bastille. Leministre de l'IntérieurJean-Baptiste de Champagny avise l'Empereur que le choix de la Bastille serait dispendieux et le convainc d'ériger l'Arc à l'ouest de Paris sur la place de l'Étoile qui permettait le dégagement de belles perspectives[6].
Le comteJean Bérenger, conseiller d'État, se charge du financement comme directeur général de laCaisse d'amortissement. Le décret impérial du, qui ordonne l'érection d'un arc de triomphe, prévoit en effet que« sera pris un million pour cet objet sur les contributions provenant de laGrande Armée. La Caisse d'amortissement tiendra chaque mois, à dater du, une somme de cinquante millefrancs à la disposition du futur architecte et celle de quinze mille francs pour les travaux d'art et de sculpture »[7].
Pour la conception du monument, l'architecteJean-François Chalgrin est en concurrence avec son confrèreJean-Arnaud Raymond, chargé de collaborer avec lui. Le premier souhaite orner l'arc decolonnes isolées tandis que le second les veut engagées. L'incompatibilité de ces deux conceptions rend impossible toute collaboration entre les deux architectes. Un arbitrage rendu parChampagny force Raymond à se retirer honorablement. Chalgrin supprime alors les colonnes de son projet[8] et s'inspire de l'arctétrapylede Janus et de l'arc de Titus à Rome, alors en pleine restauration[9].
Lapremière pierre en forme de bouclier portant une inscription est posée le (pour l'anniversaire de l'Empereur) et recouverte d'une plaque en bronze pour la protéger. Cette pose a lieu sans cérémonie officielle, dans l'indifférence générale[10]. Les fondations (un massif de 54,56 mètres de longueur sur 27,28 mètres de largeur et 7,55 mètres de profondeur)[11] exigent deux années de chantier. En 1810, les quatre piles s'élèvent à environ un mètre au-dessus du sol. À l'occasion de son mariage avec l'archiduchesseMarie-Louise et de l'entrée de celle-ci dans Paris, l'Empereur délègue des crédits qui permettent à Chalgrin de construire une maquette en vraie grandeur en charpente, stuc et toiles peintes qui restent assez longtemps en place et sous laquelle la princesse passe. L'architecte meurt assez subitement en 1811, suivi, huit jours après lui, par son confrère Raymond[10]. Les piliers de la construction ne s'élèvent qu'à une douzaine de mètres, au niveau des assises de la voûte de la grande arche quandLouis-Robert Goust, élève de Chalgrin, lui succède à la tête du projet[12].
L'Arc de Triomphe est inauguré le pour le sixième anniversaire desTrois Glorieuses. Au départ, une grande revue militaire en présence de Louis-Philippe est prévue. Mais, alors qu'il vient d'être visé parun nouvel attentat le, le roi décide de s'en abstenir. La revue militaire est décommandée et remplacée par un grand banquet offert par le roi à trois cents invités, tandis que le monument est découvert en catimini à sept heures du matin, en la seule présence d'Adolphe Thiers et de son ministre des Finances,Antoine d'Argout[13].
Arc de l'Étoile. Fondé parNapoléon en 1806, terminé parLouis-Philippe I en 1836. Aux Armées françaises. Médaille par Jean-Pierre Montagny (1789-1862).
En 1842,Honoré de Balzac en fait un symbole de la fidélité des soldats à l'Empereur :« mais tous les cœurs, même les plus hostiles à l'empereur, adressaient au ciel des vœux ardents pour la gloire de la patrie. Les hommes les plus fatigués de la lutte commencée entre l'Europe et la France avaient tous déposé leurs haines en passant sous l'arc de triomphe[14] ».
Dans l'esprit des concepteurs, le sommet de l'Arc devait êtrecouronné par un groupe sculpté monumental. Plusieurs projets, dont certains très fantaisistes, sont présentés : la France victorieuse, un aigle colossal, Napoléon sur une sphère, un réservoir d'eau, unéléphant, etc. En 1882, unquadrige conçu par le sculpteurAlexandre Falguière est installé sur le socle laissé vide : cette maquette en charpente et en plâtre, grandeur naturelle, représente une allégorie de La France ou de La République, tirée par un char à l'antique s'apprêtant à « écraser l'Anarchie et le Despotisme ». La sculpture monumentale, baptisée leTriomphe de la Révolution, est enlevée dès 1886 car elle commence à se dégrader, son remplacement définitif par un bronze ne s'étant jamais fait par la suite[15]. On peut observer le monument pourvu du groupe de Falguière sur diverses photographies, tout particulièrement celles prises lors des funérailles grandioses de Victor Hugo, en 1885 (voir section « Événements »). Une réplique en marbre de petite dimension (environ 1,2 mètre) duTriomphe de la Révolution est exposée ensalle 17 dumusée de Grenoble[16].
A l'occasion de lacérémonie du, uncénotaphe monumental, réalisé par l'architecteAntoine Sartorio, constitué d'une tour en plâtre doré de 17,5 mètres de haut pesant 30 tonnes, orné de déesses de la victoire, est placé sous l'Arc de Triomphe, une dizaine de mètres en avant et légèrement décalé vers la droite pour permettre le passage des troupes[18].
Latombe du Soldat inconnu est installée sous l'arc de triomphe de l'Étoile le. Elle accueille le corps d'un soldat français, mort lors de laPremière Guerre mondiale pour commémorer symboliquement l'ensemble des soldats qui sont morts pour la France au cours de l'histoire.
En 1938, un moulage de la sculpture originale deLa Marseillaise de Rude est effectué pour prévenir les éventuelles destructions dans une guerre, avec notamment le développement de l'aviation et des bombardements[19].
Le, à l'issue de la victoire 3-0 de l'équipe de France de football en finale de laCoupe du monde, plus d'un million de personnes célèbrent la victoire sur les Champs-Élysées. Le lendemain, les Bleus paradent sur l'avenue à bord d'un bus. Des scènes similaires se reproduiront en 2000 après la victoire en finale de l'Euro.
Vue aérienne deParis, centrée sur l'Arc de Triomphe, 1921.
En est inaugurée la nouvellescénographie permanente de l'Arc de Triomphe due à l'artiste Maurice Benayoun et à l'architecte Christophe Girault. Renouvelant l'exposition desannées 1930, cette nouvelle muséographie accorde une large place au multimédia. Intitulée « Entre guerres et paix », elle propose une lecture de l'histoire du monument prenant en compte l'évolution de sa symbolique jusqu'à la période actuelle, période où les valeurs du dialogue et de la rencontre prennent le pas sur le conflit armé. Une présentation multimédia raconte en sept stations et sur trois niveaux l'histoire du monument de façon contemporaine, interactive et ludique. Elle permet de découvrir ce qui aurait pu être (les projets non réalisés), ce qui a disparu et ce qui ne peut être facilement vu (le décor sculpté).
Ladégradation de l'Arc de Triomphe le a lieu lors de l'Acte III du mouvement des Gilets jaunes àParis. Le monument est investi par des manifestants et subit d'importantes dégradations. Le ministre de la Culture,Franck Riester, avance un coût global de remise en état à hauteur de1,2 million d'euros. Lors du procès de, huit manifestants sont reconnus coupables d'avoir pénétré par effraction dans l'Arc de Triomphe et dégradé celui-ci. Ils sont condamnés à des peines modestes, les principaux auteurs des faits n'ayant pas pu être identifiés[21],[22],[23].
Nouvellescénographie permanente de l'Arc de Triomphe, inaugurée en 2008.
Vue de l'Arc de Triomphe depuis l'avenue d'Iéna, 2012.
L'Arc de Triomphe fait partie des monuments nationaux à forte connotation historique.
Ladépouille du Soldat inconnu, tué lors de la Première Guerre mondiale, est inhumée sous l'arche le. La sépulture, entourée de bornes de métal noir reliées entre elles par des chaînes, se compose d'une dalle degranite deVire sur laquelle est inscrite l'épitaphe :« Ici repose un soldat français mort pour la Patrie, 1914-1918 ». Deux ans plus tard,André Maginot, alorsministre de la Guerre, a soutenu le projet d'y installer une « flamme du souvenir » qui a été allumée pour la première fois le par le ministre[24]. Elle commémore le souvenir des soldats morts au combat et ne s'éteint jamais : elle est ravivée chaque soir à18 h 30 par des associations d'anciens combattants ou de victimes de guerre[25].
Ce geste de ravivage symbolique a été accompli même le, où l'armée allemande est entrée dans Paris et défilait sur la place de l'Étoile : ce jour-là, le ravivage a eu lieu devant les officiers allemands qui ont autorisé la cérémonie.
L'élévation de cet arc monumentaltétrapyle est la suivante : devant les façades principales des piédroits, le premier registre est orné de groupes enronde-bosse sur des piédestaux. Ce bandeau est surmonté d'un premierentablement constitué d'unefrise degrecques et d'unecorniche saillante. Le second registre est animé de grands cadres de pierre rectangulaires, orné d'unbas-relief, et surmonté d'un entablement, comprenant une frise historiée, sous une corniche saillante. Le troisième registre dans la partition verticale de l'édifice est un important étage d'attique orné de30boucliers.
Le Départ des volontaires de 1792, aussi appeléLa Marseillaise, parFrançois Rude (face sud droite). Ce haut-relief représente le rassemblement de tous les Français, pour défendre la nation en partant au combat. L'ensemble et la diversité du peuple français sont mis en avant par la diversité des soldats, jeunes et moins jeunes. Au-dessus d'eux, leGénie de la Guerre les guide[26]. Cette figure fut vite considérée comme une allégorie deLa Marseillaise. L'architecture générale mélange le style antique (leGénie de la Guerre casqué et ailé portant l'égide, les drapés, les cuirasses, les armes, le nu) avec le style appartenant auromantisme caractéristique duXIXe siècle en France (gestes véhéments, expression marquée des visages, mouvement général).
Sixbas-reliefs plus petits gravés sur les faces de l'arc, retraçant des scènes de la Révolution et de l'Empire. Ils se situent au-dessus des quatre groupes ainsi que sur les côtés de l'arc :
Les grandesarcades qui sont rehaussées dans leursécoinçons de figures allégoriques représentant des personnages de la mythologie romaine (Renommées avec le pied posé sur un globe, leurs mains tenant une trompette etVictoires tendant une couronne de laurier), exécutées parJames Pradier[27].
UneRenommée tenant une trompette (face nord, écoinçon gauche).
UneVictoire tendant une couronne de laurier (face nord, écoinçon droit).
Sur les faces intérieures des piliers des grandes arcades, sont gravés lesnoms des grandes batailles de la Révolution et de l'Empire.
Batailles gravées sous les grandes arcades (noter les séparateurs).
Sur les faces intérieures des petites arcades, sont gravés lesnoms des personnalités de la Révolution et de l'Empire. Les noms de ceux qui sont morts au combat sont soulignés à l'instar du général françaisFrédéric Guillaume de Donop mort àWaterloo[28].
Pilier nord.
Pilier est.
Pilier sud.
Pilier ouest.
Quatrebas-reliefs se situent au-dessus desnoms des personnalités de la Révolution et de l'Empire. Ils portent le nom de batailles célèbres de la Révolution et de l'Empire :
En 1810, à l'occasion de son mariage avec l'archiduchesse Marie-Louise et de l'entrée de celle-ci dans Paris, l'EmpereurNapoléonIer fait construire parChalgrin une maquette grandeur réelle (afin de donner l'illusion du monument achevé) en charpente, stuc et toiles peintes en trompe-l'œil pour simuler les bas-reliefs des piédroits sous laquelle la future impératrice passa solennellement.
Le corps deVictor Hugo est veillé sous l'Arc la nuit du, avant d'être enterré auPanthéon. À l'occasion des funérailles, le monument est partiellement voilé decrêpe noir[29],[30].
L'aviateurCharles Godefroy passe sous la voûte de l'Arc de Triomphe le 1919.
Le, un aviateur militaire expérimenté,Charles Godefroy, réussit à passer en avion (avec un appareilbiplanNieuport 17 de 15 mètres carrés de surface portante et 9 mètres d'envergure à moteur de120 chevaux[31]) sous l'Arc de Triomphe, photographié parJacques Mortane[32]. Cet exploit est mis en scène en 1968 dans le filmLes Aventuriers deRobert Enrico. Le célèbre asJean Navarre s'était tué à proximité deVillacoublay le de la même année au cours d'un vol d'entraînement pour réaliser cet exploit[33].
En 1997, un Australien essaye de se faire cuire des œufs au plat sur la flamme du Soldat inconnu, ce qu'a fait quelques années plus tôt un chanteur de rock du nom d'Hector, à la suite d'un pari avecJean Yanne.
En, Alain Marchand réédite le passage sous l'Arc de Triomphe à bord d'unMS 880 Rallye ; il est condamné à 5 000 francs d'amende[34].
Dans le filmLes Aventuriers (1967), le personnage joué parAlain Delon envisage de passer en avion sous l'Arc de Triomphe, mais échoue à cause du drapeau qui y est déployé[37].
Des pics de sécurité sont installés[Quand ?] après que l'on eut constaté33 suicides depuis le toit du monument[38].
Six fois par an (les 7, 8 et et les 3, 4,), leSoleil se couche dans l'axe desChamps-Élysées. Pour une personne située sur les Champs-Élysées, le disque solaire est ainsi visible quelques minutes sous l'arche de l'Arc de Triomphe[39]. Le, le phénomène s'accompagne d'uneéclipse partielle de Soleil, observée par près de 200 000 personnes[40]. En sens opposé vu de laporte Maillot, le Soleil se lève quatre fois par an dans l'Arc de Triomphe, les 4, 5,, et le, informations confirmées par l'Institut de mécanique céleste et de calcul des éphémérides[39].« Des Napoléoniens convaincus à travers des brochures ou des sites internet, colportent encore à ce sujet plusieurs informations fantaisistes… Ils ont tenté de répandre l'idée que le soleil se couchait sous l'Arc de Triomphe le jour de l'anniversaire de l'Empereur, le, et qu'il se levait parfaitement dans l'axe le, jour anniversaire de labataille d'Austerlitz[39] ».
Timbre émis par laFrance en 1923 d'une valeur de 2 francs représentant l'Arc de Triomphe.
Dès 1929, l'Arc de Triomphe est représenté sur un timbre de France d'une valeur de 2 francs de couleur brun-rouge.
En 1938, il figure sur un timbre de 1,75 franc outremer, émis lors de la visite des souverains britanniques en regard de la tour du palais deWestminster. Le visuel est repris pour unentier postal.
Timbre émis par lesÉtats-Unis en 1945 d'une valeur de 3 cents.
En 1944, le Gouvernement provisoire en fait un symbole de la République et une série de dix timbres d'usage courant est émise (valeurs entre 5 centimes et 10 francs).Ces timbres sont émis par lesÉtats-Unis pour servir en France libérée. Une nouvelle série de dix timbres toujours imprimée aux États-Unis sort en 1945 ; les chiffres de la valeur sont en noir et compris entre 30 centimes et 3 francs.
En 1968, il est présent pour le cinquantenaire de l'armistice du sur un timbre à 25 centimes carmin et bleu.
En 1971, il est en arrière-plan d'un timbre rouge émis dans la bande émise à l'occasion de la mort dugénéral de Gaulle. Il représente la descente desChamps-Élysées en 1944.
En 1989, la poste présente un panorama de Paris sur une bande. L'Arc y figure en arrière-plan de deux timbres multicolores à 2,20 francs représentant l'arche de la Défense et latour Eiffel. Les visuels sont repris sur des entiers postaux.
En 1995, à l'occasion du cinquantenaire de la victoire du, il figure en arrière-plan d'un portrait du général de Gaulle pour une valeur de 2,80 francs.
En 2001, il figure pour une valeur de 3 francs ou 46 centimes d'euros, sur un timbre de très grand format émis à l'occasion du centenaire de la naissance du dessinateur et graveurAlbert Decaris.
En 2003, il est inclus dans un bloc feuillet : « Portraits de régions. La France à voir ». Dans cette série de dix timbres, il est le sujet unique d'un timbre à 50 centimes d'euro.
L'Arc de Triomphe vu depuis la terrasse Publicis en 2015.
L'Arc souffrait de désordres apparents, telles desfissures et chutes de pierres. Un examen visuel a permis d'identifier les fentes et d'en tracer le relevé. La conclusion des reconnaissances et investigations fut que la cause principale des perturbations était un tassement dû au délavage dumortier à lachaux aérienne des fondations par l'eau de ruissellement. Divers travaux de réhabilitation furent décidés, visant à redonner un aspect neuf au monument, à le prémunir contre de telles altérations et à le conforter. La restauration a été conduite par Michel Marot,architecte des bâtiments civils et palais nationaux. Le Bureau Michel Bancon, spécialisé dans les études de structure et de réhabilitation des édifices anciens, a été chargé de l'expertise du bâtiment afin de définir un programme de consolidation.Solétanche, entreprise spécialisée, a réalisé l'ensemble des travaux sous la direction de Jean-Pierre Gadret[44].
L'Arc de Triomphe et son échafaudage réalisé parCatherine Feff pendant la campagne de restauration de 1988.
Les travaux de confortement comportaient essentiellement la régénération desmaçonneries de fondation et la consolidation de la superstructure.
À partir de, d'autres travaux de restauration ont débuté. Trois parties étaient concernées : laterrasse et la balustrade de l'attique, lavoûte d'ogive intérieure et lessalles de la partie basse, la voûte en berceau de la grande arche centrale et son décor sculpté derosaces. Ces travaux, qui se poursuivront jusqu'en, ont été engagés pour des raisons de sécurité, d'entretien de l'édifice et s'inscrivent dans la perspective d'aménagements intérieurs.
Afin d'établir un diagnostic précis et déduire les origines du phénomène et la nature des travaux les plus rationnels, une série de mesures a été opérée :
mesures desvibrations au sol et dans la partie supérieure ;
équipement des fissures et mesures de leur évolution ;
pose sur l'édifice de niveaux de précision et suivi de leur évolution ;
mesures de la rotation des piles et de leur verticalité ;
mesures de l'horizontalité des corniches sur les quatre faces ;
forages dans les fondations au droit des piles et examens.
Plans de l'arc de triomphe de l'Étoile, Allgemeine Bauzeitung à Vienne, 1838.
Cette analyse, facilitée par l'existence desplans de l'édifice, a permis de constater que le bâtiment souffrait d'un tassement différentiel desjoints de maçonnerie des dix-sept assises de fondations (8,5 mètres), avec unmouvement hélicoïdal de l'Arc.
Les fondations constituées de gros blocs en pierre ont subi des mouvements consécutifs à la dégradation de leurs joints. L'eau de pluie de l'esplanade, l'eau de ruissellement desfaçades et l'eau de terrasse canalisée vers des collecteurs, sans doute fuyards, sont la cause des circulations d'eau qui délavent les joints entraînant une forte altération du mortier à la chaux aérienne.
Le tassement différentiel des fondations ainsi généré entraîne une déformation dite en selle de cheval en partie supérieure de l'édifice avec une tendance à l'éloignement des sommets de piles dans le sens des petits côtés et d'une convergence dans l'autre sens. Michel Bancon explique ce comportement différentiel par la configuration des nombreuses cavités ménagées dans l'Arc qui, par leur emplacement et leur géométrie, sollicitent plus le bâtiment dans l'axe des petits côtés. Une analyse par libération des contraintes montre que celles-ci varient à l'intérieur des maçonneries de 0 à 50bars.
Ces analyses ont permis d'établir un plan de confortement comprenant cinq phases :
Traitement des vides existant dans les joints de maçonnerie et régénération des mortiers délavés par injection partielle de coulis spéciaux dans les fondations ;
Traitement des fissures en superstructures par injection de coulis deciment ;
Confortement des superstructures par mise en place de tirants précontraints à l'intérieur de l'édifice ;
Injections complémentaires de coulis dans les massifs de fondations ;
Étanchéification des abords de l'Arc (plate-forme centrale, réseaux d'égouts…).
Coupe de l'arc de triomphe de l'Étoile, Allgemeine Bauzeitung à Vienne, 1838.
Pour remédier à la dégradation des joints de fondation, il a été décidé, à la suite d'une campagne dite de convenance, de procéder à des injections d'abord partielles, sur un huitième de la surface de trois massifs et sur un quart de la surface de celui qui supporte la pile nord-ouest. L'entreprise Solétanche a été choisie pour mener la première campagne d'injection nécessaire. Il a été décidé d'utiliser deux types de coulis, le « Microsol » et le « Silacsol », mis au point, l'un et l'autre, par cette entreprise.
L'usage d'un ciment classique était à rejeter, puisqu'il fallait, d'une part combler au maximum des vides dans les joints desmoellons, d'autre part conforter les parties de ces joints qui étaient désagrégées. Lagranulométrie des produits traditionnels (0 à 100 µm) et la formation qu'ils entraînent de paquets de grains (d'environ 500 µm) auraient empêché une exécution correcte de l'opération.
Dans le cas de l'Arc de Triomphe, il s'agit d'une précontrainte additionnelle réalisée à l'intérieur de la structure permettant de comprimer les zones fracturées et de recentrer les efforts obliques engendrés par la poussée des voûtes. Cette précontrainte additionnelle a été réalisée par 112 demi-tirants ancrés dans lesparements et raccordés par paires en leur milieu par des coupleurs actifs.
La répartition des tirants tient compte :
du rééquilibrage des contraintes qui nécessite quatre étages de tirants dans le sens du petit côté et deux étages suivant le grand côté ;
de la présence d'équipements existants à l'intérieur de l'ouvrage ;
du phasage des travaux, la mise en tension devant pouvoir se faire de manière progressive, afin d'équilibrer les efforts à répartir ;
de la possibilité de réglages ultérieurs des efforts dans les tirants ;
de l'esthétique finale du renforcement compatible avec le cadre de l'édifice.
↑On écrit « l'arc de triomphe de l'Étoile » (si on fait figurer le nom « de l'Étoile ») et « l'Arc de Triomphe » (pour désigner celui de l’Étoile — et pas seulement la structure, unarc de triomphe — si le nom « de l'Étoile » est absent, car il est alors implicite), ce conformément auxconventions typographiques concernant les monuments et bâtiments publics.
↑René Dinkel,L'Encyclopédie du patrimoine (Monuments historiques, Patrimoine bâti et naturel - Protection, restauration, réglementation. Doctrines - Techniques : Pratiques), Paris, éditions Les Encyclopédies du patrimoine,, 1 512 p.(ISBN978-2-911200-00-7,BNF36966587)
Chapitre IIIL'apport des techniques, La confortation des maçonneries et des fondations. A. Par injection de coulis : La confortation des fondations de l'Arc de Triomphe par injection de coulis, B. La confortation par précontrainte additionnelle, pp. 62 à 73.
↑La sociétéVinci a acheté, en 2007, 81 % du capital de Solétanche, maison mère de Solétanche Bachy, un des derniers groupes de BTP indépendant et l'un des leaders mondiaux dans les fondations spéciales, le traitement des sols, et la maintenance des barrages.