Les Arberèches ont conservé depuis cette époque une forte identité albanaise. Ils parlent un dialecte albanais du sud de l'Albanie, toutefois plus influencé par l’italien que l’albanais courant. Les Arberèches appartiennent aurite gréco-catholique datant d'avant l'occupation ottomane des Balkans, un rite catholique dispensé à l'époque en liturgie en langue grecque au sud des pays d'Albanie. Ils désignent eux-mêmes leur groupe par le terme d’Arbëria.
Les villages arberèches ont souvent deux noms, un enitalien et l’autre enalbanais, utilisé par les habitants du village. Ils sont répartis en îlots dans le sud de l’Italie :
La langue des Arberèches est l’arberèche (arbërisht)[1], une variante dutosque.
Aucune instance politique, structure administrative ou culturelle ne représente la communauté arberèche.
La languearberèche n’est pas reconnue officiellement, donc n'est utilisée ni dans l’administration (excepté dans les villages dePiana degli Albanesi en Sicile et deKatundi en Calabre), ni dans les écoles (sauf quelques crèches, et en dehors du cursus normal). Quelques associations essaient de protéger leur culture, essentiellement dans la province de Cosenza. L’arbërisht est utilisé sur quelques radios privées et par quelques publications. Les lois organiques du Molise, de la Basilicate et de la Calabre font référence à la langue et à la culture des Arberèches, mais les Arberèches estiment toujours que leur culture est menacée. Cependant, l’accroissement des efforts pour l’utilisation à l’écrit de l’arbërisht donne quelque espoir de faire survivre cette culture.
Avant l’invasionottomane de l’Albanie, les Albanais étaient appelés les Arberèches. Près de 300 000 d’entre eux quittèrent l’Albanie et s’établirent en Italie : ces Albanais nés en Italie continuèrent de se désigner comme Arberèches, alors que ceux qui étaient restés en Albanie prirent le nom de Shqiptarë (le mot albanaisshqip est présent dans le nom albanais du pays et de la langue albanaise).
En 1450, d’autres Arberèches interviennent en Sicile, et s’établissent à proximité dePalerme. Ainsi, ils contribuent à la création duroyaume des Deux-Siciles.
Lors de laguerre de succession de Naples, Ferdinand d'Aragon à nouveau fait appel aux Arberèches contre les armées franco-italiennes, et Skënderbeg débarque en 1461 àBrindisi. Après avoir remporté une victoire complète, les Arbëresh acceptent de nouvelles terres dans lesPouilles. Skënderbeg retourne organiser la résistance aux Turcs, qui font la conquête de l’Albanie de 1468 à 1492. Une part importante des Arbëresh émigrent en Italie, où le royaume de Naples leur accorde d’autres villages.
Les vagues de migrations d’Italie du Sud vers l’Amérique des années 1900-1910 ont vidé les villages arberèches de la moitié de leur population, provoquant un risque de disparition culturelle, malgré un début de renouveau artistique et culturel auXIXe siècle.
Depuis une quinzaine d’années, des Albanais du Kosovo et des Albanais d’Albanie se sont installés dans les villages Arbëresh. D’importantes différences existent entre les Arberèches et les nouveaux migrants, mais il existe suffisamment de ressemblances pour qu’ils s'interpellent par « Na Jemi Kushërirë, Gjaku jin i shprishur» (« nous sommes cousins, notre sang a été dispersé »). Leur intégration est généralement facile (principalement à Barile), et lors de la crise du Kosovo, les Arberèches se sont mobilisés pour les réfugiés[2].
Beaucoup de rues des villages arberèches sont baptiséesVia Giorgio Castriota, en l’honneur deSkënderbeg.
Alain Ducellier, Bernard Doumerc, Briinehilde Imhaus, Jean de Miceli,Les Chemins de l’exil : Bouleversement de l’Est européen et migrations vers l’Ouest à la fin du Moyen Âge, Armand Colin, Paris, 1992
Karl-Markus Gauss, Journée à Civita : « Chez les Arberèches de Calabre », inVoyages au bout de l'Europe, L'Esprit des péninsules, 2003 (trad. Valérie de Daran)(ISBN2-84636-048-0)