L'identité arabe est généralement plus large que la langue et l'ethnicité et englobe toute l'histoire et la géographie dumonde arabe. Les arabes ne sont pas une ethnie entièrement homogène, et ils comportent un éventail de sociétés et d'ascendance.
L’origine du mot « Arabe », dulatinArabus, (qui provient lui-même dugrec ancienάραψ /áraps, « d'Arabie ; arabe ») demeure obscure, malgré les nombreuses recherches[24]. Dans lamythologie grecque, ce nom vient duhérosArabos, né dans une vaste contrée à qui il donna son nom, l'Arabie, et à son peuple. Il pourrait provenir de l'akkadienArabu, qui veut dire « désert »[25].
L’étymologie arabe elle-même considère que le mot « arabe » dérive du verbe « exprimer »[pas clair][24].Ce radical[Lequel ?] pourrait également désigner « le lieu où le soleil se couche » (cf.Érèbe, les ténèbres), c’est-à-dire l’Occident. « Arabe » et « Europe » pourraient provenir de la racineereb d'une deslangues sémitiques, qui signifie « coucher de soleil » (donc occident) en hébreu.
« Arabi » a la même racine que « Erev » : le soir (« maarav » : l'occident, le couchant). L'arabe est mentionné à plusieurs reprises dans laBible, ce qui laisserait penser que l'hébreu (« Ivri » descend d'Ever / Eber, voulant dire la traversée, le passage) venait à l'origine de l'est de l'Arabie.
« Erev » (« soir » enhébreu) et Ever (personnage biblique ancêtres desHébreux, représentant le mouvement d'une traversée) sont constitués des mêmes lettres mais n'ont pas du tout la même racine (les langues sémitiques étant construites sur desracines le plus souvent trilitères, c'est-à-dire composée de trois consonnes) ; par ailleursErev etEver n'ont ni la même étymologie, ni la même signification[réf. nécessaire].
Le motAribi a été trouvé dans une inscriptionassyrienne qui date de853 av. J.-C. Le roiSalmanazar III relate une rébellion du princeGindibou l’Aribi[26]. Vers530 av. J.-C., le motArabaya est transcrit dans plusieurs documents persans. Le nom de lieuArabia est transcrit en grec parHérodote. Par la suite tous les écrivainsgrecs oulatins élargissent le sens en désignant l’endroit et les habitants par le mot arabique[26].
SelonIbn Taymiyya,« est arabe celui que l'arabité domine, même s'il n'est pas descendant d'arabes, mais celui qui a abandonné l'arabité n'est plus arabe, même s'il est descendant d'arabes »[30][réf. à confirmer].
Wilfred Thesiger, qui a beaucoup voyagé enAsie et enAfrique, avance en 1980 dans son livrele Désert des Déserts ceci :« Il y a cinquante ans, le mot Arabe signifiait celui ou celle qui habite l’Arabie et il était souvent considéré comme synonyme deBédouin. On donnait le nom d’Arabes non pas aux citadins ou aux cultivateurs mais aux membres des tribus qui, ayant émigré d’Arabie en Égypte ou dans d’autres pays, étaient demeurés nomades. C’est dans ce sens que j’emploie le mot « Arabe », et non dans celui qu’il a récemment acquis avec le développement du nationalisme arabe, désignant désormais quiconque a l’arabe comme langue maternelle, quel que soit son pays d’origine. »[31].
Avec l’expansion de la religion musulmane à partir duVIIe siècle, certains groupes sociaux ou politiques s’arabisent petit à petit. La culture arabo-musulmane se propage, en particulier au détriment des langues locales (grec, égyptien, syriaque, berbère), notamment auProche-Orient (Liban,Syrie,Palestine,Jordanie etIrak) et aussi enAfrique du Nord (Égypte,Maghreb,Soudan). Selon Maxime Rodinson,« les coutumes arabes admettaient et favorisaient l’adoption par les clans de gens de toute espèce et de toute origine qui devenaient ainsi des Arabes à part entière. [… De nombreux soumis] se rattachèrent aux Arabes, se considérèrent comme des Arabes, devinrent réellement des Arabes. Mais des masses encore bien plus nombreuses devinrent musulmanes »[32].
« Les Arabes font leur première apparition dans l’histoire en 854av. J.-C. : l’arabeGindibu soutintBin Idri deDamas (le Ben Hadad II de laBible) en lui amenant mille chameliers du pays d’Aribi à l’occasion de labataille de Qarqar […] Peut-être le camp de Gindibu était-il situé au sud-est de Damas. Il est certain que les éléments bédouins de la péninsule arabique - qu’on appelait probablement indifféremment Aram, Eber ou Haribu - devaient être installés, à l’origine, dans la région qui s’étend entre la Syrie et la Mésopotamie et qui fut, avec la Syrie le berceau le plus ancien des Sémites[33]. »
Une étude génétique récente publiée dans le "European Journal of Human Genetics" dans Nature (2019) a montré que les populations d'Asie occidentale, arabes,européennes, nord-africaines, sud-asiatiques (Indiens) et certaines populations d'Asie centrale sont étroitement liées les unes aux autres, et peuvent être distinguées des Africains subsahariens ou des populations d'Asie de l'Est[34].
L'histoire traditionnelle arabe classe les peuples arabes en trois catégories, à savoir les « arabes disparus » (proto-Arabes), les « Qahtanites » (Arabes du Sud), et les « Adnanites » (Arabes du Nord) ; ces derniers descendraient d'Ismaël fils d'Abraham.Qahtan, originaire duYémen, est considéré l'ancêtre des Arabes du Sud, etAdnan, le descendant d'Ismaël, celui des Arabes du Nord[35]. Selon les textescoraniques etbibliques, Ibrahim (pour les musulmans) ou Abraham (pour lesHébreux et leschrétiens) descendrait deSem fils deNoé. Il est considéré comme l'ancêtre principal du peuple arabe. Son fils Ismaël, ayant épousé la fille d'un descendant de Qahtân nomméMudâd, engendra les douze ancêtres des douze tribus ayant peuplé La Mecque avant de se disperser de toutes parts en Arabie[36].
Les Qahtanites (arabe: قَحْطَانِي; translittéré: Qaḥṭānī), du nom de leur ancêtre éponymeQahtan, sont les Arabes originaires d’Arabie du Sud et considérés — selon la tradition arabe rapportée par l'Encyclopaedia Britannica — comme les véritables Arabes[37]. Les tribus Qahtanites sont divisées en deux sous-groupes : celui deHimyar, et celui deKahlan, tous deux fils de Saba', lui même fils de Yashjub, fils de Ya'rub, fils deQahtan[38],[39].
Selon la tradition arabe, Saba' partagea le pouvoir entre ses deux fils :Himyar et ses descendants furent rois tandis queKahlan et ses descendants furent gouverneurs des provinces et chefs des armées[39].
Les Adnanites (arabe: عدنانيون, translittéré: 'Adnānī), du nom de leur ancêtre éponymeAdnan, sont les Arabes originaires d'Arabie du Nord et dont la lignée remonte àIsmaël[46] par l'intermédiaire de ses douze fils. L'un des douze estQidâr, père deAdnan qui généraMa'ad, le père deNizar. Le prophèteMahomet s'inscrit dans cette lignée des Adnanites
Selon la tradition arabe et islamique,Ismaël s'arabisa et appris la langue arabe au contact de la tribu Qahtanite desJurhum après leur arrivée àLa Mecque[46]. La tribu des Jurhum contracta une alliance avecIsmaël et sa mère,Agar.Ismaël épousa une femme Jurhumite, nommée Rala bint Mudad ibn 'Amr ibn Jurhum[46].
SelonIbn Khaldoun, les Arabes appartiennent à quatre groupes distincts, les Aribah, les Mustaribah, les Tabia lil Arab et les Mustajam[47]. D’après lui[48], les généalogistes arabes classent les tribus de leur nation en deux catégories. De la première, Qahtân, descendent les Kahlan et les Himyar comme expliqué ci-dessus, de la seconde, issue d’Ismaël[49] descend Nizar ibn Mu'id ibn Qîdâr, lequel Nizar eut quatre filsAnmâr,Iyad(ar),Rabîa et aussiMudr l'ancêtre lointain desQuraych et du prophèteMahomet, mais aussi de la familleAl Thani qui règne depuis 150 ans sur leQatar.
SelonTabari, un historien musulman,Ève aurait habité àJeddah etAdam seul à Sarandib (Sri Lanka) dans une montagne. L'explorateurIbn Battuta prétend avoir identifié cette dernière, qui porte maintenant le nom de pic d’Adam[50].Adam etÈve seraient passés par l’actuelleArabie saoudite, où Adam fit son pèlerinage et retourna à sa nouvelle demeure, à savoirLa Mecque actuelle[51].
D’autres philosophes musulmans pensent que la langue d’Adam était l’arabe, mais cela a été contesté parIbn Jinni(ar) auXe siècle[52].
Une « Apocalypse d'Adam » qui reprend divers psaumes et préceptes d’Adam est un ouvrage apocryphe dont existent quatre versions en langue arabe conservées auVatican[53], qui possède aussi deux versions ensyriaque de cet écrit[54].
D'après laTorah et leCoran, la mère d’Ismaël estAgar, uneÉgyptienne[55], et son père étaitAbraham[56]. Leroi égyptien avait quatre cents femmes, dont Agar. Il offre àSarah, l’épouse d’Abraham, de choisir deux jeunes filles parmi ces femmes. Sarah n'en choisit qu'une seule, Agar, qui occupait un rang plus élevé que celui des autres, et qui se prit d’affection pour Sarah[57].
La première mention connue des Arabes comme groupe distinct apparaît auIXe siècle av. J.-C. dans lemonolithe de Kurkh, un enregistrement en langue akkadienne de la conquête assyrienne d’Aram[8]. La partie finale du récit inscrit sur le monolithe contient le décompte des belligérants de labataille de Qarqar, lors de laquelle une « alliance de douze rois » combattit Salmanazar dans la ville syrienne deQarqar. Parmi ces rois figure Gindibu l'Arabe, roi deQédar[8]. Les inscriptions royalesassyriennes etbabyloniennes ainsi que les inscriptions nord-arabes duIXe siècle av. J.-C. auVIe siècle av. J.-C., mentionnaient les rois de Qedar comme roi des Arabes et roi des Ismaélites[66],[67],[68].
Selon leshistoriens grecs tels queStrabon etHérodote, lesPhéniciens étaient originaires de l’Arabie orientale, la région deDilmun[77],[78],[79]. Cette région était appeléeTylos par les grecs. La théorie fut d'ailleurs acceptée par l'historien allemandArnold Heeren : « Chez les géographes grecs, par exemple, nous lisons deux îles, nommées Tyrus ou Tylos, et Arad, Bahreïn, qui se vantaient d’être la mère-patrie des Phéniciens, et exposaient des reliques de temples phéniciens »[80]. Les habitants deTyr en particulier ont longtemps revendiqué des origines du golfe Persique, et une similitude des mots « Tylos » et « Tyr » peut être notée[81].
AuIVe siècle av. J.-C., lesNabatéens, à l'origine nomades arabes de lapéninsule arabique, établissent un état dans le sud de laSyrie. La première phase de leur établissement est marquée par la croissance de leur contrôle sur les routes commerciales, leur état est alors dirigé par un conseil d’anciens[85]. À partir duIIIe siècle av. J.-C., l’organisation commerciale et de la guerre favorisent l'établissement d'une monarchie[86], l'état nabatéen devient alors un royaume. La royauté desNabatéens était, selonStrabon, une royauté efficace, où leroyaume Nabatéen était « très bien gouverné » et où le roi était « un homme du peuple »[87]. Pendant plus de quatre siècles, le royaume nabatéen a dominé, politiquement et commercialement, un vaste territoire et a sans doute été l'un des premiers royaumes arabe de la région[85].
Le commerce a valu auxNabatéens des revenus considérables et leur capitale,Pétra, devint le centre de leur richesse. Particulièrement habiles dans la collecte de l’eau de pluie, l’agriculture et lasculpture sur pierre, lesNabatéens ont construit àPétra un ingénieux système hydraulique qui a permis un vaste établissement humain dans une zone essentiellement aride[89]. Les Nabatéens se font également connaître pour leur technique depoterie de très haute qualité[90]. AuIer siècle,Pétra est à son apogée, sa population culmine à environ 20 000 habitants et c'est à cette époque que sa célèbre structure, leKhazneh, considérée comme le mausolée du roi nabatéenArétas IV est construit[91].
Ruines de l’ancienne ville d'Hatra. Au premier plan, l'esplanade orientale et, au second plan, le groupe monumental dominé par le grand temple àiwans de la cour occidentale.
EnHaute Mésopotamie, les Arabes établissent le royaume d'Hatra auIIe siècle. Les auteurs grecs et romains nommaient d'ailleurs ce royaume « Arabie »[92]. Les premiers dirigeants d'Hatra utilisaient le titre demarya (seigneur), mais à partir des années170, ils ont commencé à utiliser le titre demalka (roi), prenant le titre de « roi des Arabes »[93],[94]. Étant une capitale d'un des principaux royaumes de la région et en raison de sa position stratégique le long des routes commerciales caravanières,Hatra est devenue un centre religieux important.
Buste funéraire d’Aqmat, fille d’Hagagu, descendant de Zebida, descendant de Ma’an ; inscription enpalmyrénien. Pierre, fin duIIe siècle Provenance :Palmyre,Syrie.
La ville faisait partie d’un réseau marchand reliant laSyrie à laMésopotamie et à la côteméditerranéenne. Le nom dePalmyre est mentionné pour la première fois dans les sources gréco-romaines en41av. J.-C., quandMarc Antoine lança ses troupes contre elle, pour leur procurer du butin.
Intégrée à l’Empire romain sousTibère, en l'an 19,Palmyre atteignit son apogée sousHadrien, qui la visita en129. À cette occasion, elle prit le titre d’Hadriana Palmyra, épithète qui traduit habituellement une aide matérielle puissante de l'empereur, sans qu'il faille y voir l'octroi juridique d'un statut de cité libre[100].
Quand sa veuveZénobie tenta de prendre le pouvoir comme impératrice avec son filsWahballat,Palmyre se retrouva, malgré elle, impliquée dans une guerre civile romaine et fut vaincue par l'empereur romainAurélien.
Dans le sud de lapéninsule arabique, à partir duXIIe siècle av. J.-C., plusieurs royaumes ont commencé à monter en puissance. Ces derniers étaientSaba,Hadramaout,Qataban etMa’in. Le plus puissant,Saba (enarabe : سَـبَـأ) est notamment connu pour être mentionné dans laBible[102] ainsi que leCoran[103]. Les souverains sabéens portaient le titre de « Mukarrib », signifiant « unificateur » ou « roi-prêtre »[104].
Vers1700 av. J.-C, les Sabéens ont construit legrand barrage de Marib[43]. Bâti pour résister aux crues soudaines saisonnières qui déferlaient dans la vallée, il fut considéré comme une merveille d’ingénierie dumonde antique et un des plus beaux exemples d’architecture dans lapéninsule Arabique[105].
Selon l'historienJean-Claude Grenier, les sociétés sudarabiques furent les « championnes de l'irrigation » et àMarib, « plus qu'ailleurs, les hommes ont su être des jardiniers du paysage »[106]. En effet, les premiers programmes d'irrigation à grande échelle dans la région ont commencé auIIIe millénaire av. J.-C.[106],[107].
À son apogée, sous le règne deKarib'il Watar, le royaume deSaba a étendu sa souveraineté sur une grande partie de l’Arabie du Sud et dans le nord de l'Éthiopie et l'Érythrée actuelles[108], où lesSabéens avaient fondé plusieurs colonies de peuplement[109]. La présence de l'influencesabéenne enÉthiopie et enÉrythrée se retrouve d'ailleurs dans l'architecture, la religion et les nombreuses inscriptions présentes[109],[110].
AuIIIe siècle av. J.-C., les royaumes deQataban,Hadramout etMa’in sont devenus indépendants deSaba et le sont restés jusqu'à l'unification de la région parShammar Yahri'sh, souverain d'Himyar[111]. Sous la domination Himyarite, l'Arabie du Sud a obtenu une nouvelle période de prospérité et de stabilité. Durant le règne d'Abîkarib As’ad (380-440), surnomméle Parfait,Himyar établit sa domination sur l'Arabie centrale (Nejd) et lejudaïsme devint la religion officielle de l'état[112]. À la suite de la conversion d'Abîkarib As'ad, les princes des grandes tribus ainsi que le peuple se convertirent, conduisant au déclin et à la disparition du paganisme enArabie du Sud[112].
Miniature duXVe siècle, réalisée parBehzad et décrivant la construction du palais d’Al-Khawarnaq à Al-Hîra.
AuIIe siècle, lesLakhmides s'installent dans le centre et le sud de l'Irak actuel et fondent leroyaume Lakhmide[45]. L'un des premiers rois Lakhmides, Imru'l-Qays, fils du roi 'Amr I ibn Adi, (à ne pas confondre avec le poèteImrou'l Qays), mena plusieurs campagnes militaires dans la région et s'empara de nombreuses villes d'Arabie dans le but de former un royaume unifiant tous les Arabes[45]. Imru'l-Qays forma également une grande armée et fit du royaume Lakhmide une puissance navale constituée d'une flotte de navires opérant dans legolfe persique[113]. Après sa mort, les Lakhmides devinrent vassaux des roisSassanides et furent chargés de contenir les incursionsByzantines,Ghassanides etBédouines enIrak[114].
LesLakhmides eurent une grande influencepolitique,religieuse etculturelle dans la région et sont restés influents jusqu'auVIe siècle. Leur capitale,Al-Hira, fut un centre majeur de piété et d’apprentissage chrétiensnestoriens dans le centre de l’Irak avec sesévêques, ses nombreuseséglises etmonastères et sa célèbre population lettrée de chrétiens arabes, les ʿIbād[115]. Ces derniers jouèrent un rôle important dans le développement dessciences.
L’Alhambra, vue partielle depuis le Mirador de San Nicolás, elle fut construite par lesNasrides.Gustave Boulanger,Un cavalier arabe, huile sur toile, 1865.
Expansion de l’islam.Lagrande mosquée de Kairouan enTunisie, élevée par le conquérant arabe Oqba Ibn Nafi à partir de 670, est la première mosquée de l’Occident musulman.
Après la conquête de la péninsule Arabique par l’islam, les Arabes ont conquis auxVIIe et VIIIe siècles les régions voisines duProche-Orient, l’Asie mineure, l’Afrique du Nord dans laquelle ils fondentKairouan première cité musulmane du Maghreb[121]. Après une conversion rapide à l’islam, une armée d'Amazigh et Arabes conquit l’Espagne pour le compte du califeomeyyade deDamas. Toutes les villes tombaient au pouvoir des Omeyyades. Plusieurs dynasties se sont maintenues pendant huit siècles, mais le règne des musulmans finit par tomber sous les attaques des chrétiens du nord. La seule dynastie survivante était la dynastie arabe desNasrides àGrenade, elle fut la dernière à tomber en 1492. En même temps, la découverte de l’Amérique fut entamée.
Les musulmans ont régné près de huit siècles (de 711 à 1492) enAndalousie. Ils conquirent aussi lePortugal. LesMaures furent expulsés de la péninsule Ibérique en 1609 sous Philippe III[122][réf. incomplète]. Une partie d’entre eux s’installe enFrance[réf. nécessaire] surtout les chrétiens. Le reste revient en Afrique du Nord. Certains pouvoirs en Andalousie s’entendaient avec les trois communautés religieuses chrétienne, juive et musulmane. À partir de 1492, les Espagnols diffusent en Amérique des techniques et des denrées empruntées à la culture maure (les techniques d’irrigation, le sucre, le café, etc.)[123].
LaSicile fut également sous domination musulmane pendant près de 250 ans et la majeure partie de ses habitants se convertirent à l’islam jusqu’à ce que les armées chrétiennes et normandes récupèrent l’île, fondant leroyaume de Sicile. Cette islamisation et cette arabisation furent d’autant plus radicales qu’une immigrationberbère importante suivit les famines qui ravagèrent l’Afrique du Nord de 1004-1005 à 1040.
LeProche-Orient et leMaghreb ont par la suite été intégrés en totalité ou en partie à d'autresempires (ottoman, espagnol, portugais, anglais, français, etc.).
Dans l'Antiquité, les habitants de l'Arabie pratiquaient des religions animistes[126] variées[127]. LaMythologie arabepréislamique comptait de nombreuses divinités[128] (Allat (parfois écrit Al Lât), Hubel, Quzeh, Al Ozzâ, Wadd (Amour),Amm(ar), Yagût, Nasr, etc.[127]). LaKaaba était un lieu sacré en Arabie avantMahomet[127],[129]. On peut mentionner aussi le mythe de laReine de Saba, appelée « Balqis » en arabe.
Des Arabes pratiquaient des religions monothéistes (christianisme, judaïsme, etc.) avant l’apparition de l’islam. De nombreux Arabes de religion juive vivaient dans la région[130], notamment à Yathrib (Médine) où ils étaient agriculteurs et artisans[131][source insuffisante]. Certaines y sont restées jusqu'auXXe siècle, en particulier au Yémen. Après l'hégire, une grande partie des Arabes embrassent la religion musulmane.
Parmi lesArabes du Brésil qui constituent environ 7 % de la population[133], la communauté arabe compte ainsi 8 millions[123]. Les chrétiens de laGrande Syrie sont venus au Brésil en 1837. En tout, il y a 17 millions d’Arabes en Amérique latine[123].
AuxÉtats-Unis, lesArabes sont estimés à 3,5 millions, dont environ 63 % sont chrétiens et 24 % musulmans[134]. Leur communauté qui s’est installée dès le début duXXe siècle en provenance de Syrie, du Liban et d’Égypte, regroupe une population peu nombreuse mais très bien assimilée, avec de nombreux exemples de réussites personnelles, telsJohn Sununu etRalph Nader dans la politique,Bobby Rahal dans le sport, ouPaul Anka etFrank Zappa dans la musique. Ces dernières années, de nouveaux immigrants sont arrivés d’Irak.
Après la création d'Israël en 1948, quand de nombreux pays arabes mènent une politique discriminatoire et répressive à l'égard des juifs, près de 900 000 d'entre eux partent ou sont chassés des pays arabes, où ils résidaient et étaient nés, et partent habiter dans le nouvel État dont ils obtiennent la nationalité ou ailleurs en Europe et en Amérique.
Il est communément admis que ce sont deschrétiens syriaques(en) qui ont traduit la majorité des textes des auteurs grecs en arabe et que les versions commentées d’Aristote, dePlaton ou d’autres sont parvenues en Europe avec des annotations des penseurs musulmans qui ont ainsi contribué d’une certaine manière au mouvement des idées sans en avoir été pour autant les importateurs exclusifs. La latinisation du nom de ces commentateurs montre leur prestige auprès des savants européens[137] :Ibn Rushd est devenuAverroès,Ibn SinaAvicenne,Ibn TufaylAbubacer,Ibn BajjahAvempace,Hunayn ibn IshaqJohannitius.
L’islam a rapidement conquis laPerse sassanide et la majeure partie de lachrétienté orientale où chrétiens et juifs reçoivent le statut dedhimmi soumis à l’impôt. Les conquérants exigent également de leurs tributaires unecontribution intellectuelle qui nourrira cette civilisation naissante en puisant dans les trésors de la pensée antique. La Syrie devint le principal centre de la pensée hellénique, après queJustinien a fermé les écoles d’Athènes. À l’exception de quelques œuvres traduites directement du grec en arabe, les ouvrages grecs étaient traduits ensyriaque, une forme tardive d’araméen, dans un mouvement qui s’amplifia après la conquête musulmane[138].
Lecalife abbassideAl-Ma'mūn qui est attaché à la doctrinemutazilite met en place au début duIXe siècle un atelier de traduction appeléBayt al Hikma (Maison de la sagesse) àBagdad[139] et envoient des caravanes àByzance pour acquérir des manuscrits grecs. Ce mouvement de traduction inclut des ouvrages tant de médecine, de logique ou de philosophie grecques que de littérature persane ou d’astronomie indienne qui font émerger une nouvelle culture philosophique et scientifique arabe appelée l’adab, imprimant un essor nouveau aux savoirs en général et à la science en particulier[140].
Parmi les traducteurs fameux, on peut mentionner auIXe siècle le médecinHunayn ibn Ishaq, connu en Occident sous le nom deJohannicius. Cenestorien arabe transcrit les corpus médicaux d’Hippocrate et deGalien qui serviront de base auCanon de médecine d’Avicenne qui sera lui-même traduit en latin et fera autorité durant cinq siècles. D’autres personnalités sont à mentionner telsal-Farabi (872-950) qui donne une interprétation d’Aristote et dePlaton harmonisant les deux philosophies ou encore le savantal-Biruni (973-1048), qui décrit l’histoire de l’Univers dans la tradition grecque. Enfin, l’œuvre d’Averroes (~1126-1198), philosophe, théologien et savant musulman, commentateur des œuvres d’Aristote, soulève des débats passionnés qui auront une influence telle dans l’Occident médiéval qu’on parle d’averroïsme.
Les traductions d’Aristote et d’autres auteurs antiques gagnent l’Espagnesarrasine et laSicile où l’on traduit activement les œuvres de l’arabe en latin.Tolède, conquise par les chrétiens en 1085, devient un lieu de contacts féconds entre culture musulmane et monde chrétien : de 1130 à 1150, l’archevêqueRaymond d’Agen emploie des «médiateurs juifs» qui parlent hébreux, arabe, castillan et latin ou encore des savants chrétiens commeGérard de Crémone. Ainsi les auteurs anciens et les commentaires arabes pénètrent en Occident influençant profondément la pensée d'auteurs chrétiens commeAlbert le Grand etThomas d’Aquin[141].
Cette théorie est aujourd’hui partiellement contestée par des historiens commeJacques Heers ouSylvain Gouguenheim[142]. Ce dernier explique dans un ouvrage fort critiqué par ses pairs,Aristote au Mont-Saint-Michel[143],[144], qu’à côté de la transmission arabe, il aurait existé une filière directe de traductions du grec au latin, dont leMont-Saint-Michel aurait été le centre au début duXIIe siècle, grâce àJacques de Venise. Selon le conservateur des manuscrits médiévaux des traités d’Aristote à Avranches, cette théorie relève du « roman », les renseignements sur Jacques de Venise étant pratiquement inexistants et le Mont-Saint-Michel traversant une période troublée à cette époque[145]. L’historien confirme néanmoins la reprise arabo-musulmane de nombreux éléments de la culture ou du savoir grecs, mais considère que la pensée d’Aristote n’y eut pas d’influence dans les secteurs de la politique et du droit, du moins duVIIIe au XIIe siècle[146].
Pour Gabriel Martinez-Gros, professeur à l’université deParis X,« si le Moyen Âge occidental minimise l’apport des Arabes, c’est qu’il cherche avant tout à renouer avec un patrimoine antique qu’il tient pour sien ; l’Islam médiéval quant à lui exalte une Grèce antique sans parenté avec l’Empire byzantin »[147].
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