| Arènes de Lutèce | |||||
Vue générale des arènes. | |||||
| Lieu de construction | Lutèce (Gaule lyonnaise) | ||||
|---|---|---|---|---|---|
| Date de construction | entre la fin duIer siècle et le début duIIe siècle | ||||
| Sous le règne de | Trajan ouHadrien | ||||
| Dimensions externes | 130,24 x 100,64 m | ||||
| Dimensions de l’arène | 51,80 x 44,40 m | ||||
| Capacité | 15 944 places | ||||
| Rénovations | 1892, 1915 (square des Arènes) 1918 (square Capitan) | ||||
| Protection | |||||
| Géographie | |||||
| Coordonnées | 48° 50′ 42″ nord, 2° 21′ 11″ est | ||||
Géolocalisation sur la carte :5e arrondissement de Paris Géolocalisation sur la carte :Paris Géolocalisation sur la carte :Paris et de lapetite couronne Géolocalisation sur la carte :Île-de-France | |||||
| Liste d'amphithéâtres romains | |||||
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Lesarènes de Lutèce, construites auIIe siècle, sont unamphithéâtre gallo-romain situé àParis. Il s'agit d'un complexe hybride, de type « amphithéâtre à scène » ou encore « amphithéâtre-théâtre », comportant à la fois une scène pour les représentations théâtrales et une arène pour les combats degladiateurs et autres jeux de l'amphithéâtre.
Le site est situé et accessible par lesrues Monge,de Navarre etdes Arènes.
Les arènes de Lutèce sont desservies par le métro aux stationsPlace Monge (ligne 7), etJussieu (lignes7 et10).
Elles sont aujourd'hui accessibles à travers l'immeuble du 49,rue Monge — où l'on peut reconnaître l'entrée grâce à un buste degladiateur situé sur l'entablement de la porte d'accès —, par larue des Arènes et lesquare Capitan. Elles sont ouvertes tous les jours de8 h 30 à17 h pendant l'hiver et21 h 30 pendant l'été.
Ces arènes ont vraisemblablement été construites dans la période duHaut-Empire, c'est-à-dire entre la fin duIer siècle[1] et le début duIIe siècle[2].
Il s'agit d'un monument original, composé d'éléments mélangés de l'Empire romain, de lacauea gallo-romaine par sa structure et grecque par sa forme, à l'arène dissymétrique, semblable à celles d'Afrique romaine, au front de scène calqué sur les édificesmicrasiatiques[3].
Jean Camille etJules Formigé (1918) ont pensé que l'édifice pouvait accueillir dans ses gradins, sesvomitoires, sesprécinctions et ses escaliers 17 000 spectateurs[4] ; à partir des places des gradins desarènes de Nîmes et de l'amphithéâtre des Trois Gaules de Lyon,Camille Jullian (1922) calcule ce nombre à précisément 15 944 places[5],[6].
Il serait en Gaule un prototype de théâtre associant dès sa construction une scène à une arène[1]. En effet, d'autres amphithéâtres pouvaient déjà accueillir les deux types de spectacle, comme celui deCherchell, dans l'actuelle Algérie, érigé dans les années 25 à 15av. J.-C., modifié à la fin duIer siècle par un creusement et un élargissement de l'orchestra sans sacrifier sa première fonction, théâtrale[7].
La scène de théâtre, dressée sur lepodium, mesure 41,20 m de longueur.
La piste centrale, de formeelliptique, possède un grand axe de 51,80 m et un petit axe de 44,40 m.

L'édifice est construit sur lamontagne Sainte-Geneviève, à proximité de la confluence de laSeine et de laBièvre ; ce sont d'ailleurs sur ses flancs que la cité antique deLutèce est implantée à partir duIer siècle.
Cette montagne est une formation decalcaire lutétien culminant à l'angle de larue de l'Estrapade et de larue des Fossés-Saint-Jacques. Bien que ce calcaire soit d'une constitution grossière, il est employé pour édifier la cité romaine ; ses carrières se situant en rive gauche de la Bièvre, à l'est et au sud de la colline, elles sont aux portes de la ville antique[8].
La colline culmine à 56 m d'altitude, son sommet est constitué d'un plateau dont la hauteur oscille entre 54,50 m et 56 m. Il s'étend du creux duVal-de-Grâce au sud, vers lesjardins du Luxembourg à l'ouest, et à l'est dans la vallée de laBièvre et le marais duboulevard Saint-Germain — où se déversaient les eaux de la Bièvre, au nord[9].

Lacolline Sainte-Geneviève est le site d'accueil de l'urbanitas romaine, c'est-à-dire le site d'implantation des édifices politiques, religieux, spectaculaires et judiciaires, liés à l'administration desParisii et de leur territoire. C'est sur sa pente nord, la plus abrupte, que seront érigés les édifices monumentaux de la cité[10].
Si la plupart des monuments lutéciens sont construits au plus proche ducardo maximus, l'axe principal autour duquel Lutèce est érigée, les arènes sont construites hors de ses murs, ce qu'une absence de niveau et de vestiges entre le monument et les limites de la cité du Haut-Empire confirment. Néanmoins, disposer des arènes en dehors de la ville reste une norme dans les villes de l'Empire[11]. Leur construction, à mi-hauteur de la colline, rend l'ensemble monumental visible d'une bonne partie de la vallée de la Seine et dans la région parisienne[7].
De par sa disposition, il semble que ce monument soit le prototype d'un édifice mixte, servant à la fois d'amphithéâtre et d'arène[1]. À cause de fouilles trop anciennes, à l'absence de stratigraphie et du peu de sources archéologiques, il n'est pas possible de dater avec assurance la durée d'occupation du monument[2].
Plusieurs hypothèses suggèrent que le site a cessé d'être occupé, voire a commencé à être démantelé, à partir duIIIe siècle, entre 308 et 360, au moment de la construction de l'enceinte duBas-Empire, sur l'île de la Cité[12],[13].
Des sépultures découvertes entre 1870 et 1915 font état de 22 squelettes humains adultes (hommes et femmes) et un de camélidé qu'une absence d'analyses stratigraphiques ne permet pas de dater avec précision. En l'attente d'analyse sur les ossements conservés et leurs moulage, une monnaie deGratien retrouvée dans un remblai fournit un élément de datation antérieur à son règne, soit la période 375 à 385, montrant un déclassement du site amorcé dès leIVe siècle[14].
Plusieurs indices laissés sur le monument permettent de constater qu'il a été remanié à plusieurs époques et sur plusieurs de ses secteurs. SelonAlfred Fierro (1996),ChilpéricIer,roi des Francs, aurait fait réparer l'édifice en577 pour pouvoir y donner des spectacles[15].Guy Le Coz (2012) considère que cette affirmation est basée sur une lecture allusive de l'Histoire des Francs[16]. Par ailleurs, il estime qu'il faudrait découvrir davantage d'artefacts mérovingiens sur le site avant de conclure à un réemploi du lieu — dans ses fonctions de spectacle — à l'époque médiévale[17].
« D'un texte deGrégoire de Tours, affirmant que Chilperic avait donné des spectacles de cirque à Soissons et Paris, on a parfois voulu tirer une allusion aux "Arènes de Lutèce", sans pouvoir en apporter la preuve (Félibien, Lobineau 1725 : 17-18). »
Il note une seconde allusion, toujours infondée, au sujet d'un cirque qui aurait été édifié à l'actuel emplacement de l'Institut du monde arabe[16].
« Bien que le motcircus n'ait pas un sens très précis sous la plume de Grégoire de Tours, on a également avancé l'idée que l'allusion pouvait faire référence à un cirque dont on suppose parfois l'existence du côté de l'ancienne Halle à Vins de Paris (Fig. 45, n°5), actuellement l'Institut du monde arabe, là encore sans véritable preuve (Quicherat 1885 : 463-466) »
Didier Busson (2019), dans l'Atlas du Paris Antique, admet qu'il est contestable de parler de rénovation mérovingienne[18].

Grégoire de Tours ayant seulement affirmé l'édification plutôt que la rénovation de cirques à Paris[16], c'est auMoyen Âge tardif que deux auteurs rendent véritablement compte de ruines de cirque ou d'arènes dans lequartier Saint-Victor.
Le premier est un poème en latin écrit parAlexandre Neckam. Cet abbé anglais qui a enseigné à Paris à partir de l'année décrit« des ruines [...] [attestant] l'existence d'un cirque près de la maison de Saint-Victor »[19],[20]. Le second est un acte de 1284 rapporté parBoulay qui parle d'un lieu-dit « les Arènes » devant Saint-Victor[21].
Les arènes sont alors ensevelies et leur emplacement exact reste ignoré. Le site aura été peu à peu effacé, en particulier par les terres de remblai lors du creusement des fossés de l'enceinte de Philippe Auguste à partir de la fin duXIIe siècle. À l'époque moderne,Adrien de Valois publie un texte en 1675 qui mentionne l’amphithéâtre[22].

Dans le cadre desgrands travaux d'aménagement du plan Haussmann, le percement de larue Monge, entre et, met au jour à 12 m de profondeur les premiers vestiges de lacavea supérieure. Ils seront détruits. Toutefois, le site ne sera véritablement reconnu qu'au moment où laCompagnie générale des omnibus, voulant construire un dépôt de tramway, révèle des éléments du couloir rayonnant, du couloir de service et de la scène.
Après trois mois de « bataille », et malgré l'engouement pour cette découverte, la société de transport est autorisée à raser cette partie de l'édifice présente sur sa parcelle, ce qu'elle finit par faire[23].Théodore Vacquer évincé, une partie dupodium et l'entrée nord sont épargnés et réenfouis. En, laSociété centrale des architectes commande le creusement de huit puits de recherche dans la parcelle voisine pour compléter les fouilles.
En, un nouveau projet de percement de rue met au jour la partie sud du site ; Vacquer est une fois de plus écarté. Dans le même temps, un comité des Arènes se crée dans le but de préserver les vestiges restants ; elle nomme Henri Martin à sa présidence. Avec le soutien de l'Académie des inscriptions et belles-lettres et deVictor Hugo[24], leconseil municipal de Paris[25] vote le 30 juillet 1883 la conservation du site à 36 voix contre 23[26].
La ville renonce à percer la nouvelle rue, vote l'acquisition du terrain et conserve les derniers vestiges mis au jour ; ils sont classés à la liste desmonuments historiques depuis[27].

La mise en valeur d'une première partie du site intervient en, sous la direction de l'architecte M. du Seigneur[28] : c'est le square des Arènes.
Pour mettre en valeur la seconde moitié du lieu, celle fouillée en 1870, la ville de Paris rachète à laCompagnie générale des omnibus sa parcellerue Monge, entre et. La municipalité met ainsi la main sur la dernière partie des vestiges reconnus, même si les immeubles construits du côté de la rue Monge ne permettent pas de compléter lacavea. Elle confie cette entreprise de « restauration » à Julien Formigé, qui place les vestiges sous la surveillance deLouis Capitan etCharles Magne[7].
Au début duXXe siècle, l'essentiel de lasuperstructure a disparu, les gradins que l'on voit aujourd'hui ont été ajoutés par les urbanistes chargés de l'aménagement du square. Seuls restaient une partie des fondations de la scène, des murs des paliers et des couloirs, ainsi que la base de certaines élévations du mur elliptique et celle des grands couloir latéraux[7].
Cette restauration a été critiquée parce qu'elle a servi à reconstruire une arène plutôt qu'à consolider les vestiges qui avaient été conservés et qui, bien que visibles, ne sont depuis plus discernables des éléments contemporains créés par Formigé[7]. Les vestiges s'ouvrent depuis sur un square paysagé, baptisé du nom deLouis Capitan.
Depuis leXXe siècle, le site est réutilisé comme lieu de spectacle.
En effet, les arènes accueillent régulièrement des compétitions de basketball, comme la finale du championnat de France de basketball du en présence du président de la RépubliqueGaston Doumergue[29]. Le, l’équipe de France dispute son premier match officiel dans l'hexagone devant 4 000 spectateurs puis y joue régulièrement jusqu'au. Les rencontres amateurs cessent en 1959[29].
Une démonstration decorrida s'y déroule le[30]. Près de cent ans plus tard, le, le torero nîmois El Rafi, de passage dans la ville, y réalise une démonstration detoreo de salon[31].
Les Bretons de Paris y ont organisés, pendant de nombreuses années, plusieurs ébauches de lafête de la Bretagne, de même qu'unpardon de laSaint Yves où se sont rassemblés environ 2 000 personnes entre les années 1960 et 1970[32]. La procession menée par une « duchesse Anne à cheval » partait des arènes pour aller àNotre-Dame,Saint-Gervais-Saint-Protais ouSaint-Germain-l'Auxerrois.
Des musiciens ont également l'opportunité de pouvoir s'y produire, comme à l'occasion de laFête de la musique ou lors du festivalLes nuits des arènes[33].
Au quotidien, les arènes sont le terrain de jeu de footballeurs en herbe et des joueurs depétanque. Elles accueillent plusieurs fois par an de petits festivals de quartier[34], des représentations théâtrales et des concerts[35]. Sur les gradins et les bancs qui l’entourent, on vient également s'asseoir pour une pause déjeuner ou y réviser si l’on est étudiant.
Par ailleurs, sur le site des arènes se trouve une « maison des oiseaux » proposant des découvertes pédagogiques ornithologiques pour les plus jeunes et un parcours botanique dans les différentes allées du site. Parmi les spécimens remarquables d'arbres se trouvent deuxfaux de Verzy — plantés en 1905 et classésarbres remarquables[36], unIlex aquifolium ferox (houx hérisson), unUlmus minor (orme champêtre) variété « Jacqueline Hillier », unBroussonetia papyfera (mûrier à papier), unPhotinia glabra et unLigustrum lucidum.
De même à Lyon l'espace réservé d'une place est de 0m39 à 40 (cf.Corpus, XIII, 1667). »
« Construit peut-être auIIe siècle, très vaste (130 mètres sur 100 [mètres]), il pouvait accueillir quinze mille personnes. »
« À la mort deSigebert Ier (575), sa veuveBrunehau se réfugie à Paris, mais un an plus tard,Chilperic s’empare de la ville, répare l’amphithéâtre antique et y donne des spectacles en 577. »
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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