Pour les articles homonymes, voirAquila.
| Naissance | |
|---|---|
| Décès | |
| Époque | |
| Activité | |
| Conjoint |
Aquila fut un traducteur de laBible duIIe siècle.
Natif deSinope dans lePont, il accompagne l'empereurHadrien, avec qui il était probablement lié par mariage, dans son voyage oriental. Vers130, alors qu'ils se trouvent à l'emplacement deJérusalem détruite, le souverain décide de reconstruire la ville sous le nom d'Ælia Capitolina et confie à Aquila la supervision des travaux.
Aquila se convertit peu après aujudaïsmenazôréen et il n'est pas exclu qu'il approfondisse sa connaissance du judaïsme sous la direction de rabbiAkiba peu de temps avant le déclenchement de larévolte de Bar Kokhba, en132, probablement déclenchée par la décision d'Hadrien de créerÆlia Capitolina .Tous les juifs, y compris les nazôréens dont Aquila, sont alors expulsés de Jérusalem.
Jérusalem a alors pour la première fois unévêque chrétien noncirconcis et rattaché à la « Grande Église »: Marc de Césarée. Il rassemble probablement une petite communauté de chrétiens non-juifs autour de lui. Cette communauté ne tarde pas à entrer en conflit avec Aquila, car elle le trouve probablement trop juif. Il est excommunié sous le prétexte qu'il refuserait d'abandonner la pratique de l'astrologie. On lui reproche aussi d'avoir voulu démontrer que Jésus était né deJoseph et deMarie au lieu de reconnaître qu'il était né miraculeusement de la seule Marie.
SelonÉpiphane de Salamine, il se met alors à apprendre l'hébreu, puis il traduit laBible en grec après140. Cette traduction est dite avoir eu longtemps une grande autorité auprès des Juifs et avoir même été préférée par eux à celle desSeptante. Mais du côté chrétien il reste accusé parIrénée de Lyon et Épiphane de chercher à contredire la naissance virginale deJésus de Nazareth, divergence très classique entre la « Grande Église » et les nazôréens-ébionites.
Cela n'empêche pasOrigène d'utiliser sa traduction, comme l'une des versions de sesHexaples dont il ne reste que des fragments.
La question de savoir s'il est aussi le traducteur de la Bible enaraméen, appeléOnkelos (le prosélyte) dans leTalmud, est débattue, bien qu'un consensus semble se dessiner pour distinguer les deux personnages. Dans les passages parallèles duTalmud de Babylone le nom de cet auteur duTargoum Onkelos prend la forme latineAquila. Pour les critiques qui identifient Onkelos et Aquila de Sinope, il est le fils de la fille de l'empereurVespasien appeléeDomitilla la Jeune avec Kelomenos.

Aquila de Sinope est un prosélyte dujudaïsme florissant à partir de129-130[1],[2]. On ne connaît pas l'exacte période de sa vie[3]. Elle peut être située au milieu duIIe siècle ou dans sa seconde partie[3]. C'était ungentil de naissance originaire de la ville deSinope, unecolonie romaine duPont[4]. L'essentiel de ce que nous connaissons sur Aquila de Sinope vient d'Épiphane de Salamine qui lui consacre une longue notice dans sonTraité des poids et mesures. Il vivait à l'époque de l'empereurHadrien auquel il était lié par mariage[4],[5]. Il était probablement son beau-frère[6],[4],[7],[note 1],[8].
Hadrien l'a établi« surveillant des travaux de construction de la ville[9] » lors de son passage àJérusalem[4]. Selon Épiphane, au moment de sa désignation comme bâtisseur de la nouvelle ville, Aquila accompagnait l'empereur en tant qu’interprète[9]. C'est probablement en130 qu'en visitant Jérusalem, Hadrien l'a refondée sous le nom deAelia Capitolina, alors qu'il était en route vers l'Égypte[10],[note 2]. Épiphane indique qu'Aquila est « devenu connu » la douzième année d'Hadrien (129-130)[1], ce qui correspond à ce grand voyage. Il dit aussi qu'il s'est converti auchristianisme sous l'influence de« ceux qui étaient revenu dePella[4]. » C'est ainsi que lesPères de l'Église désignent les descendants de l'église de Jérusalem qui ont survécu à laGrande révolte juive de66-73, parce qu'ils s'étaient réfugiés dans cette ville de laDécapole[11],[12]. Ils sont revenus à Jérusalem vers73, sous la conduite deSiméon de Clopas[11],[12], un cousin deJésus, lui aussi mort crucifié par les Romains, en107/108[13], ou en115-117[14]. Il s'agit des héritiers dumouvement nazôréen directement créé par Jésus[15],[16]. Les Pères de l'Église indiquent que leurs évêques étaient tous desjuifscirconcis[16]. Après le déclenchement de larévolte de Bar Kokhba (132), tous lesJuifs, toutes tendances confondues sont expulsés de la ville[17]. Les survivants du mouvementnazôréen créé par Jésus sont expulsés de la ville avec les autres juifs[18]. Selon latradition chrétienne, c'est après cette expulsion que la ville deJérusalem aurait eu pour la première fois un « évêque » non-circoncis[19], un certain Marc, deCésarée maritime. C'est probablement aussi à partir de ce moment que s'est formée pour la première fois une église rattachée à la « Grande Église ».
Il est rapidement entré en conflit avec les représentants de la « Grande Église » présents à Jérusalem et il a été excommunié[4]. Le motif avancé pour son excommunication était son refus d'abandonner l'Astrologie[4]. Une autre critique lui était faite par les Pères de l'Église : avoir voulu démontrer que Jésus était né deJoseph et deMarie au lieu de reconnaître qu'il était né miraculeusement d'une vierge. Il a même été accusé d'avoir « perverti » le passage qui parle du Messie qui doit naître d'une vierge selon laSeptante et d'avoir traduit « jeune-femme »[4], pour pouvoir soutenir ses positionsébionites[20],[21]. Ces deux critiques et le fait qu'il étaitcirconcis[4], tendent à montrer qu'il s'agissait d'un Judéo-chrétien qui avait adopté les représentations desNazôréens qui l'avaient converti[22].
Le premier auteur à mentionner Aquila estIrénée de Lyon dansContre les hérésies[23], il l'associe à « Théodotion d'Éphèse », un autre traducteur de la Bible[24]. Tous deux sont décrits par les hérésiologues chrétiens comme des prosélytes dujudaïsme. Théodothion étant qualifié d'ébionite, à moitié chrétien, à moitié juif, parsaint Jérôme[25]. En référence au passage controversé dulivre d'Isaïe 7:14 qui, selon les chrétiens, prophétise la naissance du Christ d'une vierge, Irénée classe Théodotion, aux côtés d'Aquila de Sinope, dans les « prosélytes juifs » qui traduisent le terme hébreu "almah" par son sens courant de « jeune femme qui n'a pas encore enfanté» et non par « vierge », tout comme lesÉbionites[24],[23]. Ce passage est repris textuellement parEusèbe de Césarée (H. E. v. 8)[23].
Selon Épiphane, c'est alors qu'il se serait mis à apprendre l'hébreu pour pouvoir traduire laBible engrec avec le but de changer le passage de laSeptante qui permettait à la « Grande église » de soutenir cette naissance virginale de Jésus[note 3],[4]. La même histoire est racontée dans leSynopsis Sacrae Scripturae (77) par le pseudo-Athanase et à nouveau par Épiphane dans leDialogue de Timothée et Aquila[4]. Toutefois, compte tenu de la polémique chrétienne contre Aquila de Sinope, plusieurs détails sont suspects[4]. La traditionrabbinique est en accord avec latradition chrétienne pour le décrire comme unprosélyte (ha-gēr)[26],[4]. Quelques passages duTalmud font allusion à lui, notammentMeguila 1, 11 etKiddushin 1, 1. Il y est présenté comme un disciple deRabbi Yehoshoua etRabbi Eliezer[27],[4].
Vers180[28]-190[1], lorsqu'il écrit sonlivre contre toutes les hérésies,Irénée de Lyon semble le considérer comme un contemporain[3] ou décrit en tout cas la traduction d'Aquila comme relativement récente[1]. Credner a montré queJustin de Naplouse ne cite pas cette version, comme on l'a pensé à un certain moment. D'aprèsJérôme de Stridon, Aquila aurait publié une seconde version de sa traduction[25], révisée de la première et rendue plus littérale[25].
Seuls quelques débris de sa traduction, provenant de l'Hexapla étaient connus jusqu'en1897, où quelques fragments importants duLivre des Rois et desPsaumes — plus de 40 versets en tout — ont été apportés en Angleterre et ont alors été édités, après avoir été identifiés[29]. Autant que nous pouvons en juger, les accusations formulées par des auteurs chrétiens commeIrénée de Lyon,Philastre de Brescia selon lesquelles Aquila aurait perverti les passages relatifs auMessie pour plaire auxJuifs, n'ont pas de fondement[25].Origène etJérôme de Stridon donnent toutefois un jugement bien plus positif sur la traduction d'Aquila[4], reconnaissant la maîtrise du traducteur et sa fidélité au textehébreu[4].Eusèbe de Césarée tout comme Irénée, lui reprochent uniquement la « perversion » d'un passage, celui du Messie qui doit naître d'une vierge selon laSeptante alors qu'Aquila écrit ici « jeune-fille »[20],[21], comme cela semble écrit dans toutes les versions de laBible enhébreu. En référence au passage controversé dulivre d'Isaïe 7:14 qui, selon les chrétiens du courant de la Grande Église, prophétise la naissance du Christ d'une vierge, Irénée classeThéodotion, aux côtés d'Aquila de Sinope, dans les « prosélytes juifs » qui traduisent, tout comme lesÉbionites, le terme hébreualmah par son sens courant de « jeune fille » et non par « vierge »[23]. On reconnaît là le célèbre point d'achoppement entre les théologiens de la « Grande Église » et lesNazôréens-ébionites[30]. Ce qui laisse supposer qu'Aquila était un judéo-chrétien, c'est-à-dire ceux que leurs opposants juifs appelaientnotsrim (Nazôréens) et qu'Irénée est le premier à appeler des Ébionites. Irénée et Eusèbe disent d'ailleurs que les Ébionites utilisaient sa traduction pour dire queJésus était le fils deJoseph[20],[21], alors que pour la Grande Église, le père de Jésus estDieu.
La traditionrabbinique est en accord avec latradition chrétienne pour décrire Aquila comme unprosélyte dujudaïsme (ha-gēr)[31],[4]. Il s'agit toutefois d'unjuif qui reconnaissaitJésus commeMessie, c'est-à-dire qu'il retenait la position desNazôréens qui l'avaient converti. LeTalmud de Jérusalem mentionne Aquila, auteur d'une traduction de la Bible engrec où l'on reconnaît Aquila de Sinope (Meguila 01:11, 71c), alors que le passage parallèle duTalmud de Babylone indique que leprosélyte Onqelos traduit laTorah enaraméen (Targoum) sous la direction deRabbi Eliezer etRabbi Joshua (Meguila 3a)[32]. Dans les passages du Talmud de Jérusalem qui font clairement référence à Aquila de Sinope, il y est présenté comme un disciple de Rabbi Joshua et Rabbi Eliezer qui selon le Talmud de Babylone ont aussi dirigé le travail de traduction d'Onqelos[33], en supposant que ce sont deux personnages différents. Pour Natalio Fernández Marcos, la convergence de ces noms et la similarité avec celui donné à l'auteur duTargoum Onqelos qui a traduit laTorah enaraméen a causé une confusion considérable[1]. Dans le Talmud de Babylone et dans laTosephta des incidents similaires sont décrits pourOnqelos et sont attribués à Aquila dans leTalmud de Jérusalem et dans lesmidrashim palestiniens[1].
Outre, cet écheveau de citations talmudiques à démêler et la similarité des noms voire leur identité, puisqu'Onqelos est probablement une déformation du nom romainAquila[note 4], un certain nombre d'éléments communs font penser à certains critiques que Onqelos le Prosélyte et Aquila de Sinope sont un seul personnage. En effet, tous deux sont des prosélytes, tous deux seraient des riches citoyens romains, proches parents de l'empereur — fils d'une sœur deTitus dans un cas, marié à une sœur d'Hadrien dans l'autre —, tous deux sont des traducteurs — de laTorah enaraméen pour Onqelos le Prosélyte, de laBible en grec pour Aquila de Sinope —. De plus, tous deux se sont convertis au judaïsme, ou à une forme de judaïsme pour ce qui concerne Aquila de Sinope. Nombre de rabbins soutiennent donc que les deux traducteurs sont le même personnage, Aquila de Sinope aurait simplement composé letargoum Onkelos après sa traduction de la Bible en grec.
Toutefois, il semble se dessiner un consensus pour dire qu'il s'agit de deux personnages différents. Ainsi Pour l'Encyclopaedia Judaica, il n'y a pas de doute que les deux traducteurs sont deux personnages différents[32].
Si on prend en compte, l'apprentissage de l'hébreu qu'Aquila entreprend après130, il est impensable qu'il puisse finir son travail avant140[1]. Cette date est compatible avec la remarque d'Irénée qui décrit la traduction d'Aquila comme relativement récente lorsqu'il écrit[1] (vers180[28]-190[1]). Aquila de Sinope effectue donc sa traduction au plus fort de la répression anti-juive qui suit larévolte de Bar Kokhba. Dans cette période, l'observance dushabbat, l'ordination desRabbins et l'étude de laTorah sont interdits, ce qui entraîne la fermeture des académies rabbiniques[34]. Cela semble difficilement compatible avec le fait que leTargoum Onkelos semble naître dans uneacadémie, celle de Yavné[35], au tout début duIIe siècle et en tout cas avant la révolte qui débute en132.
Les sourcestalmudiques etmidrashiques présententOnqelos comme étant le fils d'une sœur deTitus[36]. La seule sœur de Titus mentionnée dans les sources estDomitilla la Jeune[note 5] qui est morte vers65[37]. Cela ne cadre pas trop avec les indications chronologiques dont nous disposons au sujet d'Aquila de Sinope. D'autant plus, que selon le Talmud, Onqelos aurait assuré des funérailles royales àGamaliel l'Ancien (T.B.Avoda Zara, 11a)[38],[39], c'est-à-dire qu'il aurait été un adulte vers50. Ce qui rendrait totalement impossible qu'il soit le même qu'Aquila de Sinope. Toutefois, un certain nombre d'exégètes estiment qu'il y a là une erreur, qui crée un conflit chronologique[40]. Pour eux, il s'agit en fait deRabban Gamliel de Yavné[40] mort vers138-140[41] et cette attestation concernerait Aquila de Sinope.
Après avoir comparé les deux textes, le rabbinAzaria di Rossi (XVIe siècle) a été le premier à estimer qu'Onqelos et Aquila étaient deux personnes différentes parce que leurs traductions étaient beaucoup trop différentes[42]. Il travaillait sur deux versions différentes de la traduction attribuées à Aquila et il s'est aperçu que la seconde était très proche duTargoum Onkelos et très différente de la version préservée parOrigène dans l'Hexapla. Il en a donc conclu qu'il y avait confusion entre deux personnages[43].
Les traductions d'Onqelos et d'Aquila diffèrent totalement. Onqelos recourt à laparaphrase explicative, lorsqu'il en a besoin, tandis qu'Aquila a produit une version extrêmement littérale. Rédigée enaraméen,« la version d'Onqelos perpétue la longue tradition d'interprétation pratiquée dans les synagogues ». C'est une exégèse du texte enhébreu qui n'a pas pour but de remplacer l'original. La version d'Aquila en revanche s'adressait aux Juifs de culture grecque qui ne lisaient pas l'hébreu. Elle était destinée à remplacer laSeptante[44].
Les citations par le Talmud de Jérusalem de la traduction d’Aquila font apparaître des différences notables entre les traductions grecque et araméenne[45], la première affichant, contrairement à la seconde, un parti pris herméneutique de traduire le texte biblique mot à mot, y compris les prépositions grammaticales, aux dépens de la fluidité et du respect de la grammaire grecque[46].
Toutefois, certains auteurs suggèrent qu'une même personne serait l'auteur de ces deux traductions, la version grecque étant une œuvre de jeunesse tandis que le Targoum araméen serait celle de la maturité[45]. Ce qui reporterait l'écriture duTargoum Onkelos plusieurs décennies après140, bien après l'Académie de Yavné (90-132), son contexte d'écriture selon les spécialistes[35].
DepuisAzaria di Rossi (XVIe siècle), des tentatives ont été faites pour démêler la confusion entre Onqelos, le traducteur enaraméen et Aquila le traducteur en grec, mais sans parvenir à des solutions satisfaisantes.
Irénée de Lyon (mort en 202), dénonce « lagnose au nom menteur » en insistant sur lesigne de la Vierge d'Isaïe 7, 14 :« On ne saurait dès lors donner raison à certains, qui osent maintenant traduire ainsi l'Écriture : « Voici que la jeune femme (...) ». Ainsi traduisent en effetThéodotion d'Éphèse et Aquila duPont, tous les deux prosélytes juifs. Ils sont suivis par lesÉbionites, qui disent Jésus né de Joseph, détruisant ainsi autant qu'il est en eux cette grande « économie » de Dieu et réduisant à néant le témoignage des prophètes, qui fut l'œuvre de Dieu[21]. »
En ce qui concerne aussi la version, par lesSeptante, des Écritures inspirées de Dieu, voici ce qu'il (Irénée de Lyon) dit en propres termes :« Dieu donc se fit homme, et le Seigneur lui-même nous sauva en nous donnant le signe de la vierge, mais non pas comme le disent quelques-uns de ceux qui osent maintenant changer l'interprétation de l'Écriture : «Voici que la jeune fille aura dans son sein et enfantera un fils », comme traduisentThéodotion d'Éphèse et Aquila duPont, tous deux prosélytes juifs, à la suite desquels lesÉbionites disent qu'il est né deJoseph[47]. »
L'essentiel de ce que nous connaissons sur Aquila de Sinope vient d'Épiphane de Salamine qui lui consacre une longue notice dans sonTraité des poids et mesures. Des informations sont aussi présentes dans sonDialogue de Timothée et Aquila.
LeChronicon Paschale attribué au pseudo-Athanase.
Il existe probablement quelques mentions se rapportant à Aquila de Sinope dans les deux Talmud. Toutefois, la distinction avec celles qui se rapportent àOnqelos le prosélyte n'est pas encore consensuelle. Quelques passages duTalmud de Jérusalem font clairement allusion à lui, notammentMeguila 1, 11 etKiddushin 1, 1[27],[4].