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Uneapocope, du grecἀποκόπτω /apokóptô, « retrancher », est unemodification phonétique, parfois utilisée commefigure de style, qui se caractérise par l'abréviation du mot complet, en gardant uniquement son ou ses premiersphonèmes ousyllabes (vocaliques ou consonantiques)[1], par exemple « auto » pour « automobile ».
L’apocope est leprocessus proprement dit (dans l’exemple précédent, la chute de « -mobile ») tandis que lerésultat de l’apocope (ici, « auto ») est uneabréviation[2].
Elle correspond à un sens bien précis du mot complet lorsqu'il possède plusieurs homonymes. Cette contraction est souvent utilisée de manière familière pour simplifier le langage.
Elle peut être employée sciemment pour oraliser un discours ou pour brouiller le message dans un but esthétique particulier. Elle est proche de l'élision, de l'ellipse, et de l'abréviation et contribue à la formation denéologismes.
En français, la dernière lettre est quelquefois remplacée par la voyelle ou lesuffixe « -o » (par exemple dans apéro, dico, ventilo, etc.).
Enphonétique, une apocope est l'amuïssement d'un ou plusieursphonèmes en fin d'un mot : elle s'oppose à l'aphérèse, et toutes deux sont destroncations[3],[4]. L'élision est une sous-catégorie de l'apocope, elle-même sous-catégorie dumétaplasme. Bien que procédé phonétique à l'origine, l'apocope offre néanmoins des effets de style qui permettent de la catégoriser, dans son aspect d'écart par rapport à la norme linguistique admise, dans la classe des figures de style (les romantiques l'ont ainsi utilisée pour railler les règles poétiques figées des siècles précédents). Michel Pougeoise la classe ainsi parmi lesfigures de diction, comme l'aphérèse et la syncope, et dont la figure mère est lemétaplasme ou altération de mot.
L'apocope est très fréquente à l'oral en raison de l'usage des locuteurs qui tendent à ne pas prononcer la fin des mots ; dans cette acception, elle est un mécanisme original de création de mots nouveaux et de néologismes (voir les exemples ci-dessus)
L'argot a très souvent recours à l'apocope qui permet une souplesse de la langue indéniable dans des situations de communication où le principe d'économie prime« C'est une cata » (pour« C'est une catastrophe »).
Elle sert surtout à l'écrit pour guider le lecteur à prononcer les mots, ce qui permet au poète notamment de diriger et conditionner la réception de son texte, sur un rythme particulier par exemple comme dansChanson à boire d'Alfred Jarry :
L'apocope peut être classée selon son utilisation stylistique ; on distingue en effet :
Les apocopes intégrées :radio a donné par usage : « radiodiffusion », « radiographie », « radiophonie », « radiométrie », etc. Elles concernent alors soit une syllabe :colon pour « colonel »,ciné pour « cinéma », soit plusieurs syllabes :prof pour « professeur »,sous-off pour « sous-officier » ;
L'apocope populaire :champ pour le « champagne »,accro pour « accroché » ;
L'apocope dans les noms propres :Fred pour « Frédérique »,Jeff pour « Geoffroy » ou « Jean-François »,Sarko pour « Sarkozy » ;
L'apocope dans la chanson : usage stylistique destiné à permettre une meilleure prononciation ou éviter des sonorités déplaisantes le« pauv hom il est accro » ;
L'apocope dans les abréviations : à l'origine desacronymes :Goulag pour la définition russe de « Glavnoïe Oupravlénié Lagérieï » ou « Administration principale des camps de travail disciplinaires » ;
L'apocope dans le verlan ou dans l'argot :cata pour « catastrophe »,dej pour « déjeuner », etc.
En littérature, l'apocope est majoritairement employée pour mimer la langue orale et ainsi constituer des dialogues réalistes comme dansVoyage au bout de la nuit deLouis Ferdinand Céline : « t’ » pour « tu » comme dans « t’as raison ».
En poésie par ailleurs, son usage contribue à étendre le phénomène de connotation et de ressources symboliques. Très utilisée par les surréalistes pour qui la langue doit être déconstruite afin de parvenir à un langage primitif, l'apocope a donné lieu à des poèmes où le sens est à reconstruire[réf. nécessaire], comme dans lesExercices de style deRaymond Queneau, articleapocope :
« Je mon dans un aut plein de voya. Je remar un jeu hom dont le cou é sembla à ce de la gira et qui por un cha a un ga tres... »
De nombreux poètes ont utilisé l'apocope pour donner une dimension pseudo-archaïque à leurs vers, et ainsi donner plus de place à l'interprétation et à la réception du sens par le récepteur[réf. nécessaire].
PourFerdinand Brunot (La Pensée et la langue), l'apocope est semblable à l'abrègement, mécanisme de formation de mots nouveaux par opération sur le morphème.
Pour Jean Mazaleyrat etGeorges Molinié, l’apocope se définit comme« la disparition, en fin de mot, d’une caduc non élidable : « comm(e) lui » » (Vocabulaire de la stylistique).
Exemples en français contemporain de l'effet d'une apocope
Certains des exemples relèvent de la langue familière (ex. : « coloc »), tandis que d'autres sont devenus des mots « à part entière » (ex. : « auto »). Dans certains cas, l'apocope est tellement intégrée dans la langue qu'elle n'est pas sentie comme telle par le locuteur (ex. : « métro », « vélo », « taxi »).