« Lièvre de mer » redirige ici. Pour les autres significations, voirLièvre de mer (homonymie).
Règne | Animalia |
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Embranchement | Mollusca |
Classe | Gastropoda |
Sous-classe | Opisthobranchia |
Ordre | Aplysiida |
Famille | Aplysiidae |
Aplysia est ungenre demollusquesgastéropodes à corps nu, répandu dans toutes lesmers du globe dont les espèces sont souvent appeléesaplysie, et de manière plus généralelièvre de mer ou encorelièvre marin.
Les aplysies, de l’ordre desAplysiida, portent lenom vernaculaire de « lièvres de mer » en raison de leursrhinophores érigés qui font penser aux longues oreilles caractéristiques des lièvres. Elles peuvent parfois nager au moyen des expansions latérales du manteau[1], qui sont dressées dorsalement au repos. Les aplysies sont munies d'une fine coquille interne, invisible chez l'animal vivant. Certaines espèces peuvent atteindre des tailles impressionnantes, commeAplysia gigantea ouAplysia vaccaria, capables de dépasser les 50 cm de long ; cependant, la plupart des espèces dépassent rarement les 10 cm. En Europe, la taille moyenne des aplysies est de 8 cm[2].
L'animal respire par desbranchies visibles dorsalement où elles forment une structure ressemblant à un buisson. Ces branchies sontoperculées[3].
Les aplysies sonthermaphrodites ; lors des accouplements croisés de deux individus, chacun d'eux emploie successivement l'un ou l'autre de ses sexes. Quand d'autres aplysies voient un accouplement, elles s'y joignent, ce qui conduit à des accouplements collectifs pouvant rassembler un grand nombre d'individus. Dans ce cas, les animaux peuvent mobiliser en même temps leurs organes mâles et femelles.
On trouve des aplysies dans toutes les mers du globe, en particulier sur les littoraux riches en algues, dont elles se nourrissent. Par conséquent, ces animaux sont inféodés à lazone photique, c'est-à-dire les premières dizaines de mètres de profondeur.
On les trouve le plus souvent dans les herbiers àzostères (frange littorale) où les animaux viennent pondre.
En France métropolitaine, les espèces les plus courantes sont le Lièvre de mer commun (Aplysia depilans), l'Aplysie fasciée (Aplysia fasciata), l'Aplysie naine (Aplysia parvula) et le Lièvre de mer moucheté (Aplysia punctata). On y trouve aussi des lièvres de mer de la famille desAplysiidae appartenant à d'autres genres : le Lièvre de mer effiloché (Bursatella leachii) et l'Aplysie à pointes (Notarchus punctatus).
Comme certainscéphalopodes, les aplysies trompent leurs prédateurs grâce à un jet d'encre. Mais ce mode de défense est chez eux plus élaboré que chez lescalmars ou lespieuvres. En plus d'une encre pourpre servant de leurre, une deuxième glande sécrète un liquide visqueux nomméopaline.Cette sécrétion simule une nourriture détournant les prédateurs, telle une langouste, de leur proie. De plus, ce mélange riche enacides aminés perturbe les organes olfactifs (ici les antennes) du crustacé. Ce serait « le premier cas connu d'un système de défense fondé sur l'activation des sens du prédateur »[4].
Des neuroscientifiques étudient les transmissions synaptiques qui sont à la base des mécanismes d'apprentissage chez l'Aplysia[5].
Les aplysies ont joué un rôle important dans l'étude de l'activité électrique des neurones, car leur système nerveux relativement simple ne comprend que 20 000 neurones[8], et que ces derniers sont pourvus d'axones d'une épaisseur exceptionnellement élevée (« neurones géants »), ce qui en fait de bonsmodèles expérimentaux.
Les recherches sur la neurologie des aplysies ont commencé dans les années 1930 àTamaris par Antoine Jullien, Zhang Xi,Angélique Arvanitaki et son mari N. Chalazonitis, et se sont poursuivies ensuite à l'institut Marey et à lastation marine d'Arcachon parAlfred Fessard,Ladislav Tauc[9],JacSue Kehoe, et enfinEric Kandel[8] dont les recherches sur les mécanismes de la mémoire chez l'aplysie lui ont valu le prix Nobel en 2000.
« ... dans l’aplysie, animal marin très semblable aux limaces, mais respirant par desbranchies qui forment une espèce de buisson sur le dos, et qui sont recouvertes par unopercule particulier; le cerveau est placé comme dans le limaçon; mais les filets qui entourent l'œsophage produisent deux ganglions, un de chaque côté, qui sont réunis eux-mêmes par un filet mince[10]. »
— Frédéric Cuvier,Leçons d'anatomies comparées
« C'était un véritable chagrin pour moi d'écraser sous mes pas les brillants spécimens qui jonchaient le sol par milliers, les peignes concentriques, les marteaux, (...) les strombes ailes d'anges, les aplysies[11]... »
— Jules Verne,Vingt mille lieues sous les mers